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10/12/2005
Le vernissage.
Jeudi donc, vernissage d’une expo de peinture
Le peintre Giraudi était à l’honneur.
Sally et moi sommes donc sortis, en soi même évènement remarquable à l’échelle de notre couple.
Notre dernière sortie date de septembre.
Il faut trouver une nounou pour les petits, et pour mes patients à la Clinique (je termine habituellement à 20h00).
Une fois ces deux perles rares trouvées, en avant pour le centre de Marseille, aventure en soi même là aussi.
Les travaux du Tram, les modifications du sens de certaines rues ont rendu l’accès à l’hypercentre particulièrement laborieux.
La galerie était bondée, d’une population assez hétéro et homoclite.
La population habituelle des vernissages, en fait.
Deux hommes, étaient habillés, comment dire, de manière surprenante.
L’un portait un manteau sombre, une grande écharpe en fourure gris-beige, et sur le ventre, un sac à main recouvert de fourrure beige. Sur ce dernier s’étalait un large « LV » entrecroisé, en fourrure aussi, mais plus sombre et plus rase que le reste du sac.
Ils sont rentrés, jeté un coup d’œil un peu dégoûté aux autres invités, et on glissé un « nous reviendrons dimanche, quand il y aura moins de monde » à l’Hôtesse.
Plus loin, d’autres convives traçaient de grandes courbes, en parlant de façon animée devant telle ou telle toile, à la recherche d’une explication métaphysique sur l’inspiration de l’artiste.
De partout, des conversations, des joies de se retrouver en si bonne compagnie, des entrechoquements de coupes de Champagne.
Un couple, environ du même âge que nous, se fraye un chemin dans la foule ; la main de la jeune femme, qui tapote tel ou tel dos pour arriver aux petits fours, scintille d’un énorme solitaire.
Deux hommes parlent autour d’une sculpture.
L’un écoute depuis un certain temps les explications de l’autre.
Notre hôtesse nous demande si l’on désire rencontrer le sculpteur Gantelet., en nous désignant ces derniers.
« C’est celui qui écoute, je parie ».
Elle acquiesce en souriant.
Et l’artiste dans tout cela ?
Il est dans un coin, toujours l’air un peu las, en chandail gris-bleu un peu usé.
Nous parlons de sa façon de travailler, ses futures expos, son passé, nos présents.
Il est toujours aussi gentil, simple et abordable.
Globalement, il est totalement coupé des réalités du monde de l’art. Le coût de revient, la présentation, l’achat et la revente de ses toiles lui importent peu. Il sait qu’il ne peut plus vendre sur les marchés du dimanche, pour ne pas se dévaloriser, et il a conscience d’avoir perdu la majorité de ses premiers acheteurs en changeant radicalement de style.
Pour lui, ce changement est inéluctable et surtout irréversible.
Ce que j’aime bien en lui, c’est qu’il ne cherche pas à intellectualiser, ni à rendre plus vendables ses toiles. Il peint par besoin, ce qu’il ressent ; toujours un peu surpris que l’on puisse acheter ses toiles.
En partant, nous croisons Sandrine Rollin.
J’avais déjà remarqué plusieurs de ses toiles.
Brune, les yeux verts, elle est pétillante et très sympathique.
Ses toiles, souvent fleuries, étaient douces et harmonieuses, avec une dominante vert d’eau, ou au contraire, plus toniques, avec un fond rouge vif et des fleurs blanches emportées par le vent. J’aime un peu moins ses dernières œuvres. J’attends donc de voir la suite.
On a parlé de la difficulté de peindre, puis de se séparer d’une œuvre qui a fait partie de soi.
Le plus difficile, pour elle, étant de ne pas connaître leur devenir, les gens qui l’ont aimé, le cadre dans lequel elles sont exposées.
Nous lui avons promis, qu’elle pourrait accrocher chez nous une de ses toiles.
Nous lui prêterons un marteau et un clou.
Nous sommes partis avec le souvenir d’un ravissant dernier sourire.
14:40 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)
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