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20/05/2006

La pré-hypertension.

Un article du New-York Times s’interroge aujourd’hui sur l’influence grandissante des firmes pharmaceutiques sur les comités scientifiques chargés de rédiger les recommandations portant sur le diagnostic et le traitement de telle ou telle pathologie.
L’exemple pris est celui de l’ASH (American Society of Hypertension).
Cette société savante a participé à la rédaction du JNC VII, dernière mouture en date des recommandations américaines sur la prise en charge de l’hypertension artérielle (the JNC 7 report. JAMA 2003 ; 289 : 2560-72).
Ces JNC (Join National Committee) sont un peu les « DSM » des psychiatres. Un comité d’expert se réuni régulièrement, et modifie la définition et la prise en charge de l’hypertension en fonction de la littérature.
Le JNC VI date de 1997, le VII de 2003.

  

Jusqu’à présent, on était hypertendu (TA > 140/90) ou non.
En fait, le « non hypertendu » était divisé en 3 catégories par le JNC VI:

  

tension « optimale » (<120/<80),
« normale » (<130/<85) et
« normale haute » (130-139/85-89).

   
Du point de vue pratique, seuls les patients classés dans la catégorie « normale haute » et présentant un diabète, une atteinte rénale, ou cardiaque (hypertrophie ventriculaire gauche, ou insuffisance cardiaque), justifiaient d’un traitement pharmacologique. Les tensions artérielles « normales » bénéficiaient de simples conseils hygiéno diététiques.

   
Avec le JNC VII, apparaît  la notion de pré-hypertension (120-139/80-89 mmHg).
La tension normale étant maintenant définie par <120/<80.
L’introduction précise même que le risque cardio-vasculaire existe à partir de 115/75 (!!!).
L’hypertension débute toujours à 140/90 (heureusement pour notre mémoire !!).

  

Les patients « pré-hypertendus »  bénéficient de conseils hygiéno-diététiques, ou d’un traitement en cas de morbidités/pathologies associées (insuffisance cardiaque, post infarctus du myocarde, haut risque de coronaropathie, diabète, prévention d’accidents cérébraux récurrents).

  

Pour résumer, les dernières recommandations ont nettement abaissé le seuil ou l’on considère la tension artérielle comme nocive. Ainsi, le seuil d’intervention s’est abaissé de 130-139/85-89 pour le JNC VI à 120-139/80-89 pour le JNC VII.

  

Bon, ceci étant dit, c’est là que le bât commence à blesser.

  

Primo, les recommandations européennes (J Hypertens 2003 ;21 :1011-53) sont restées assez similaires au JNC VI. Les comités européens considèrent en effet que les nouvelles études ayant amené la notion de « pré-hypertension » n’ont pas apporté d’argument décisif. Les européens prennent en compte bien plus que les américains la notion de risque cardiovasculaire global, intégrant non seulement l’hypertension mais aussi le diabète, le tabagisme…

  

Secundo, certaines voix américaines s’élèvent aussi sur la validité scientifique de cet abaissement de seuil.
Ce sont ces opinions que colporte l’article du « New-York Times ».
Par ailleurs, ce papier s'interroge aussi sur l'indépendance des comités de rédaction, vis-à-vis de l'Industrie pharmaceutique. Ainsi, Merck, Novartis et Sankyo on versé près de 700.000 dollars à l’ASH pour organiser des dîners afin de promouvoir les conclusions du JNC VII auprès des médecins. Geste probablement généreux, afin de diffuser la bonne parole, mais qui pose de sérieux problèmes d’indépendance. Si le JNC VII avait revu les seuils d’intervention à la hausse, aurait-il en lieu ?

    
Par ailleurs, 6 des 7 médecins qui ont écrit ces recommandations sont ou ont été des consultants rétribués de firmes fabriquant des traitements antihypertenseurs. Peut-on être juge et partie à la fois, et sans interférence ?
L’hypertension touche 65 millions d’américains (définition JNC VI), soit un chiffre d’affaire de 17 milliards de dollars par an. 59 millions d’américains sont « limites ». Le JNC VII va probablement en pousser une bonne partie dans le camp de ceux qu’il va « falloir » traiter. Imaginez la progression potentielle du chiffre d’affaire ! 

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Ceux qui ont bien suivi ce que j’ai écrit précédemment devraient avoir une remarque sur les lèvres.

Alors ?

Ce n’est pas grave, le sujet est assez aride ! 

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La remarque, c’est que le JNC VII ne préconise pas de traitement pharmaceutique aux patients « pré-hypertendus », sauf dans le petit sous-groupe le plus à risque.
L’industrie n’aurait donc pas grand-chose à  gagner  dans cette histoire?
Et bien, si !
Abracadabra !
Dans le NEJM, une étude a démontré l’intérêt de traiter la pré-hypertension pour qu’elle ne devienne pas une hypertension vraie.
Est-ce que le patient va vivre mieux et plus longtemps ?
L’étude ne le dit pas (elle n’a pas été faite pour cela), mais je parie que la visite médicale va lui faire dire que oui.
Je parie aussi que des études vont bientôt démontrer qu’un patient ayant une tension à 120-139/80-89 mmHg devra être traité. Dans quelques années, la limite sera, pourquoi pas, à 115/75 !
L’immortalité et le bien-être des actionnaires est à ce prix !

17/05/2006

19 stents.

Un patient arrive pour un syndrome coronarien aigu dans une clinique de la région.

A la coronarographie : lésions tritronculaires.

Je n’ai pas les détails, mais à la fin de la procédure, il se retrouve avec 19 (dix-neuf) stents conventionnels intra-coronaires.

Sachant que le pourcentage de sténose est de 20% par stent à 12 mois, calculez le risque que ce patient repasse sur la table de coronarographie à six mois, et à 12 mois.

Autre détail qui a son importance : en général, les stents sont non pontables.

16/05/2006

Changement d'heure.

Depuis une semaine, je ne porte plus de montre.

Et je ne m’en porte pas plus mal, au contraire. Je me sers de mon portable pour lire l’heure.

Je connais la date du jour, alors que j’en étais incapable en portant une montre à quantième (nom prétentieux de la petite fenêtre de la date).

Incroyable comme une béquille peut désapprendre à marcher !

Finie aussi ma quête de la montre idéale.

Pas bracelet cuir car allergie, habillée ou sportive ? Quel métal ? Quel mouvement ? Quelle complication ? Quelle marque ?...

Comme pour le Graal, elle était vouée à durer éternellement.

La montre absolue, ultime, est devenue in fine idéale, comme le paletot de Rimbaud.

Je ne les regarde (presque) plus dans les vitrines, je ne fais plus de « watch-spoting » dans la rue ou dans les films (la datejust de Bill Murray dans « Lost in Translation »…).

Les discussions hyper techniques dans les fora spécialisés me laissent de glace (en fait, ça a toujours été le cas).

J'ai appris des tas de choses en fréquentant ces derniers, et fait la connaissance de quelques utilisateurs devenus des amis (notamment Robert-Jan le néerlandais). De ces heures, je retiens un aphorisme qui vaut pour beaucoup de choses: "The first scratch is always the deepest" (variante du "The first cut is always the deepest"). 

Maintenant, je vais passer à autre chose : des maquettes  de tracteurs agricoles en allumettes, une collection d’étiquettes de camembert…

Je vais voir.

Schéhérazade en Corse.

La consultation hospitalière du lundi matin, c’est un peu la cour des miracles, en pire.

 

Quasiment que des consultations des services de gérontologie de l’établissement, une sorte d’ « âge de cristal » inversé ou tout être de moins de 80 ans serait impitoyablement pourchassé et abattu.

 

Ce lundi, pourtant deux consultations sont venu égayer mon quotidien.

 

La première : un couple, la quarantaine s’installe devant moi et d’emblée déclare en cœur : « nous sommes venus de Corse pour vous voir ! ».

Sur le coup, je n’ai pas trop fait attention, le service ou je travaille ayant une certaine réputation en dehors des frontières du département.

En fait, le problème du monsieur, puisqu’il s’agit de lui, est assez bénin.

Nous discutons un peu, et je reviens sur leur entrée en matière :

« On vous a conseillé le service, en Corse ?

- Non, non, c’est vous qu’une amie nous a conseillé !

- Sans rire ?

- Elle nous a dit que vous étiez un excellent cardiologue, et que vous pourriez répondre à nos inquiétudes ».

Diable, c’est bien la première fois que quelqu’un vient me voir pour mon nom à l’hôpital.

Je n’ai pas trop forcé mon supposé talent, en dissipant ces inquiétudes qui n’avaient pas lieu d’être.

La fin de la consultation fut euphorique, j’ai même trouvé du charme aux couches pleines !

 

Mais la dernière patiente, et surtout sa petite-fille allaient achever de me mettre de bonne humeur.

La vieille dame est âgée, avec des lésions coronaires et une double valvulopathie inopérable.

La petite fille est magnifique, une sorte de Schéhérazade moderne. Petit jean, petit haut de tailleur noir, une voix douce, dénuée d’accent des banlieues. Je lui ai demandé ce qu’elle faisait : elle est conseillère clientèle dans une grande banque.

J’ai aussi rarement vu quelqu’un d’aussi prévenant pour sa grand-mère.

 

Un ange passe.

 

Mémé/mamie se dit hanaa (ou quelque chose approchant) en arabe.

10:08 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (3)

L'expert en taxicologie

Histoire retrouvée ici sur TF1.fr.

 

La vidéo est visible ici.

Comment ce type a pu se laisser entraîner dans une telle galère ?

 

Il a du suivre Wharol à la lettre : « Dans le futur : tout le monde aura son quart d'heure de célébrité» !

 

Quoiqu'il en soit, la tête du pauvre taxi est à mourir de rire!

L'expert le prend avec beaucoup d'humour sur son blog.