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« L’ectropion du méat urinaire et autres complications (5). | Page d'accueil | Le tout se voit dans l’infime. »

18/07/2007

L’ectropion du méat urinaire et autres complications (6).

Cinquième patient.

 

Un homme jeune et un homme assez âgé entrent ensemble.

Je m’attends à tout.

Et je ne suis pas déçu.

 

Le jeune est le patron du vieux. Je n'ai pas trop compris leur boulot pour tout dire, mais je crois que ce dernier est manutentionnaire dans la société du premier.

Le jeune est sépharade, volubile, rondouillard, inquiet, flatteur et inquisiteur, et un peu agité. Il tient son indispensable portable à la main. Il me cite d’emblée le nom d'un médecin, peut-être un cousin, qu’à sa déception, je ne connais pas.

Il est un peu saoulant, pour tout dire (surtout après les 4 patients d’avant).

Le vieux est sec, peu de cheveux, tout habillé de noir et quasi mutique.

C’est en fait un arménien d’Arménie, en France depuis 2004. Et depuis quelques semaines, il a mal dans la poitrine.

L’autre, arguant de la mauvaise maîtrise du français du vieux petit monsieur, fait à la fois les questions et les réponses.

Ils faisaient un bien beau duo méditerranéen, tous les deux : le volubile et le mutique. J’ai vaguement pensé à « Astérix en Corse ».

J’ai quand même un peu recadré le jeune pour laisser parler le vieux (il commençait à me parler du triple pontage de son père…).

En fait, le vieux monsieur comprend et parle convenablement le français.

En se déshabillant, j’ai vu les cicatrices des impacts des balles qu’il s’est prises dans l’abdomen au cours d’un combat en Arménie. Quand ? Contre qui ? Personne d’autre que lui ne le sait.

Ce qu’il racontait était inquiétant, je l’ai hospitalisé sur-le-champ.

J’ai rassuré le jeune qui finalement était le plus inquiet. Il lui a probablement sauvé la vie, car le vieux monsieur serait mort avant d’avoir accepté d’aller voir un médecin sans son insistance.

Le vieux s’est levé et m’a serré la main en me disant « Je n’ai pas peur, j’en ai tellement vu, on m’a opéré le ventre sans anesthésie ». En me quittant, le jeune me demande de "tout faire" pour le sauver.

 

La différence d’âge, de culture, leurs liens probablement complexes, mais leur visible affection mutuelle m’ont ému.

 

 

 

 

Les autres patients étaient beaucoup plus « convenus ».

Bonne soirée à tous.

22:45 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

lors de mon installation un des mes ainés m' a dit arménien =coronarien,je n'en connaissais pas avant je l'ai largement vérifié,avec les émigrés récents on peut discuter des joies de la médecine soviétique qui perdurent dans toutes les républiques de l'ex urss,le plombier polonais étant largement arrivé on peut constater au contraire le vrai rattrapage des pays d'europe de l'est

Écrit par : doudou | 19/07/2007

"Arménien=coronarien"
Excellent, et tellement vrai en pratique.
C'est une source de rires continuels avec le MG de la clinique dont le nom se termine par -ian. On souhaiterait tous les deux que la SFC cîte plus souvent ce facteur de risque méconnu.

Écrit par : lawrence | 20/07/2007

Les commentaires sont fermés.