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13/11/2007
La déprime de la sonde d’échographie.
Lundi 12 novembre 2007, depuis 5 minutes, j’essaye d’aligner mon angle de tir döppler sur le sommet de l’entonnoir mitral. L’opération ne risque pas de détruire une quelconque partie vitale, mais il est probablement fondamental d’obtenir des valeurs de E et A correctes chez cette patiente dialysée qui, comme tous les autres dialysés, a une échographie cardiaque demandée par le service de néphrologie tous les 6 mois.
Au cas ou.
Son examen est satisfaisant, et superposable à celui de mai dernier.
Les brancardiers amènent une dame âgée en brancard, mais comme ils ont besoin de ce dernier pour faire une course, ils l’emportent avec eux, une fois la dame installée.
Ils reviendront dans 5 minutes.
Je fais mon échographie, mais impossible d’allonger la dame ailleurs que sur ma table d’examen. Pourtant, il faut poursuivre la vacation.
Finalement, elle est surtout difficile à mobiliser. Avec mon IDE, je la mets dans un fauteuil roulant que nous poussons dans la salle d’attente.
Je donne un coup de main à mon aide soignante (AS) et mon IDE pour installer le patient suivant. Il a 84 ans, et visiblement il a très mal au dos.
Ne croyez pas que je suis un saint homme. J’ai toujours aidé à mobiliser les patients, mais à cette consultation c’est vital. Mon IDE a des lombalgies itératives (elle approche de la retraite), et mon AS a une cardiopathie ischémique sévère (FEVG 35%) et elle est porteuse d’un défibrillateur. Si je ne veux pas avoir une bloquée et une morte à la fin de la vacation, il est nécessaire que je les aide.
Je place un rouleau de papier sous le cou raide du patient.
Je demande à mon IDE le courrier médical expliquant le motif de l’échographie cardiaque.
Elle me désigne l’externe qui a accompagné le patient : il n’y a pas de courrier, mais l’externe doit savoir pourquoi.
- Je ne connais pas du tout ce Monsieur, on m’a juste demandé de le descendre.
Je ne sais pas pourquoi, mais je m’attendais à cette réponse.
Je lui demande de retourner dans son service, et de revenir avec une lettre explicative.
J’attends donc avec le patient sur le brancard de la salle d’échographie devant moi. Je ne comprends pas pourquoi ils ne l’on fait pas descendre dans son lit.
J’entends des lits que l’on gare dans la salle d’attente, devant la porte de la salle d’examen.
Ca bouchonne.
J’attends, le patient patiente.
L’externe revient avec un petit courrier : ce patient a un tassement vertébral (ça explique les douleurs) et une gastrite érosive. J’ai aussi son traitement qui ne comporte aucun traitement cardiovasculaire.
Aucune explication sur la raison de l’examen.
Je m’échauffe.
Je téléphone dans le service ou l’AS qui a répondu va chercher son IDE, qui elle-même cherche son interne.
J’attends, le patient patiente, l’externe compte les mouches, mon IDE bougonne.
Finalement, on me répond avec un accent exotique.
Je reste calme, et demande gentiment pourquoi on me demande de faire une échographie cardiaque à ce patient.
Blanc au bout du fil.
«Je ne sais pas, je croyais que c’était pour une échographie hépatique ».
Je réussis à rester correct (c’est limite).
On remet le patient grimaçant sur sa chaise roulante, et l’externe le ramène dans son service d’origine.
Dans la pièce, la dame âgée attend toujours.
17:22 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
soyons gentils pour les dialysés ce n'est pas drole mais je suis sur que mes néphrologues ne regardent jamais les résultats des échos au delà de la vague présence de l'épanchement péricardique
pour le deuxième cas hier le malade devait avoir une infiltration scapulaire :on lui a donc pris un rendez vous de doppler,je n'ai pas pu savoir qui avait besoin d'une réparation de sonotone
Écrit par : doudou | 13/11/2007
Ah là là, ces externes alors! :-)
Écrit par : Hérisson | 14/11/2007
En tant qu'externe je n'aurais pas accepté de descendre ce patient ni tout autre pour quelconque examen si ce n'est pas mon patient avec son dossier que je me dois de connaître. Et pour cet externe je vois trop le tableau, t'arrives le matin, on te dit de l'emmener (IDE, ou interne) tu le connais pas, tu ne sais pas pourquoi il vient, t'as pas le temps de lire le dossier etc.
Idem pour les fameux ECG chez le mec que tu connais pas et parfois dans un autre service !!!!...Toujours envoyer bouler pour ce type d'ECG quand on t'appelle pour le faire et poser les questions à la con :
Urgence=pourquoi attendre que je le fasse ? Préop ou préthérapeutique ou controle=non urgent et chez un mec qu'on connait pas j'ai le temps je regarde le dossier, j'ai pas le temps demandé à celui qui le soigne...
Soit tu dis non courageusement, soit tu dis oui mais deux secondes je jette un coup d'oeil et la mauvaise réponse oui en baissant la tête...
Ca peut être intéressant de servir de brancardier si tu regardes et que tu peux poser des questions pendant l'examen, mais trop souvent on accepte bêtement de descendre un bon ou un patient sans comprendre et c'est à cause de ça qu'on ne le demande de plus en plus !!!!!
Écrit par : serillo | 14/11/2007
Remarque intéressante de Serillo sur le rôle des externes, c'est vrai que nous pouvons être utiles en "brancardiers" s'il s'agit d'un patient que l'on connaît, sur lequel on peut éventuellement renseigner le radiologue / le spécialiste, et sur lequel on aura un point de vu encore plus complet puisqu'on aura assisté à son examen.
Et c'est vrai que faire bêtement le brancardier sans chercher à se renseigner, c'est idiot, et faut pas se plaindre après qu'on nous prenne pour les sous-merdes des services...
MAIS j'ai vu personnellement pas mal de fois que ça arrange tout le monde d'avoir l'externe sous la main pour le brancardage, ça évite d'attendre 3 heures que le service de brancardage de l'hôpital se décide à venir, mais si l'externe en question commence à poser des questions = devient pénible, alors là ça ne va plus. Du genre "mais pour qui il / elle se prend, après tout ce n'est pas lui / elle qui suit le patient"... Bon, attention, ce n'est pas une généralité, mais c'est une impression que j'ai déjà eue. Ou alors on te donne des infos au compte-goutte sans expliquer le pourquoi du comment.
Enfin bref. Tout ça pour dire que le post de Lawrence démontre avec brio que si l'externe s'était un peu renseigné, il aurait peut-être pu soulever le problème d'emmener un patient en echo coeur au lieu de l'echo hépatique... et de là, que NON l'externe n'est pas là que pour faire la plante verte dans le service....
Écrit par : Hérisson | 14/11/2007
ce que tu décris là est exactement similaire à ce que je vois tous les jours.
Absence de bon, bon rempli "echo cardiaque SVP".
parfois le patient explique qu'il a eu cet examen la semaine dernière en ville, mais personne n'a jugé bon de telephoner, (ca va plus vite d'ecrire sur un bon echo Cooeur SVP).
Écrit par : le concombre masqué | 15/11/2007
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