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18/01/2008

Le biais de publication.

Un article très intéressant a été publié hier dans le NEJM.

Il montre que les études défavorables à la molécule étudiée ont bien moins de probabilité d’être publiées que celles qui sont favorables.

Par ailleurs, l’équipe qui a conduit cette étude a effectué deux méta-analyses : une sur les seules études publiées, et une sur l’ensemble des études (publiées et non publiées) sur 12 antidépresseurs différents.

Vous allez voir que les résultats diffèrent assez largement, et donc in fine,  que notre pratique quotidienne pourrait être inflencée par ce biais.

Le registre de référence est celui de la FDA, registre dans lequel tout promoteur a obligation d’inscrire son étude, mais qui n’est pas facilement accessible aux simples praticiens, contrairement aux études publiées.

La période est 1987-2004.

Les essais étudiés sont des phases II et III, concernant 12 anti-dépresseurs.

Le registre de la FDA comporte 74 études, englobant 12564 patients.

31% des études (23 publications) de ce registre n’ont jamais été publiées.

Parmi les 38 études considérées comme « favorables » par la FDA : 37 ont été publiées, 1 ne l’a pas été.

Parmi les 36 études considérées comme « défavorables » ou « douteuses » (c'est-à-dire que la FDA n’a pas pu trancher), 3 ont été publiées, 22 n’ont pas été publiées et 11 ont été publiées mais avec une conclusion « favorable » dans le texte de l’article (!!).

Si l’on regarde la littérature publiée dans des journaux scientifiques, 94% des essais impliquant un traitement anti-dépresseur sont positifs.

Si l’on regarde l’ensemble du registre de la FDA, le pourcentage d’essais positifs descend à 51%.

Maintenant, si l’on fait une méta-analyse sur ces 2 groupes d’études, individuellement pour chaque molécule, et globalement pour les 12, on retrouve une « amélioration » de l’efficacité comprise entre 11 et 69%, soit globalement une « amélioration » de 32%.

Publier sélectivement les études sur l’ensemble de ces 12 traitements anti-dépresseurs augmente donc leur efficacité de près de 32%. Et que dire des 11 études jugées négatives ou douteuses par la FDA, mais qui ont été publiées avec des conclusions plutôt positives ?

Les auteurs concluent ainsi :

« Selective reporting deprives researchers of the accurate data they need to estimate effect size realistically. Inflated effect sizes lead to underestimates of the sample size required to achieve statistical significance. Underpowered studies — and selectively reported studies in general — waste resources and the contributions of investigators and study participants, and they hinder the advancement of medical knowledge. By altering the apparent risk–benefit ratio of drugs, selective publication can lead doctors to make inappropriate prescribing decisions that may not be in the best interest of their patients and, thus, the public health. »

Réponse d’un représentant de l’industrie pharmaceutique dans le NYT :

« Alan Goldhammer, deputy vice president for regulatory affairs at the Pharmaceutical Research and Manufacturers of America, said the new study neglected to mention that industry and government had already taken steps to make clinical trial information more transparent.

“This is all based on data from before 2004, and since then we’ve put to rest the myth that companies anything to hide,” he said. »

Ouf ! Je suis rassuré, cette étude est donc parfaitement caduque car depuis 2004 l’industrie pharmaceutique a tourné la page des années noires et maintenant agit de manière totalement transparente et éthique….

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Commentaires

la clause de confidentialité demandée à un praticien rentrant des malades incluait au mons jusqu'à une époque récente non seulement les données et le protocle précis mais meme le principe de réalisation :ainsi un quidam qui se serait étonné d'une non publication auprès d'un collègue était attaquable devant les tribunaux ( un jour, pour jouer , j'ai essayé de négocier ce fut drole...)

Écrit par : doudou | 18/01/2008

Les commentaires sont fermés.