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20/02/2008

Silence gêné.

Fin de la vacation de döppler au CHU.

Tous les appareils sont occupés.

La dernière patiente est littéralement au fond de son lit médicalisé.

 

Il faut démonter les barrières, ainsi que la tête et le pied du lit pour le faire entrer dans ma salle d’examen.

Malgré tout, le lit ne rentre pas.

La surveillante, une étudiante, une IDE et moi-même nous retrouvons dans l’étroit couloir borgne qui amène à ma salle, autour du lit désossé mais coincé dans l’encadrement de la porte.

Le problème est qu’on ne peut pas enlever le pied du lit qui soutient le classique mécanisme de dégonflage et gonflage du matelas anti-escarres, mais aussi un autre boîtier, plus mystérieux.

Ce boîtier est en fait une aspiration, que l’on appelle entre nous « VAC », et qui est reliée par un tuyau souple à une mousse appliquée contre le pied de la patiente.

Il sert à assurer une détersion continue des plaies délabrantes, souvent infectées et qui ne cicatrisent pas avec les moyens habituels. En général, c’est le dernier recours avec le caisson hyperbare avant… Vous voyez ce que je veux dire

Je dois simplement contrôler si la ponction d’une artériographie récente n’a pas provoqué de lésion artérielle au niveau du scarpa.

Je tire l’appareil d’échographie à 75000 euros à côté de la porte de la salle, et je fais ce döppler dans ce petit couloir borgne.

Un autre vacataire sort de sa salle et s’en va en nous regardant tous, l’air effaré. Le lendemain, il va d’ailleurs le raconter à tout le monde pour décrire les conditions dans lesquelles « il travaille » (nous travaillons tous).

Je commence, en me disant que si des membres de l’association des usagers passaient par là, par hasard, ils en syncoperaient d’indignation.

La patiente qui porte en plus un Dujarier est âgée et philosophe sous les coups redoublés de ses problèmes de santé et entourée d’une bande de pignoufs dans ce petit couloir sombre.

Enfin, philosophe ou sous morphiniques.

Nous ne disons rien, accablés.

Finalement, l’infirmière juge ce silence trop oppressant :

« Et, vous en êtes contente ? », en désignant le « VAC » à la patiente d’un petit mouvement de tête.

Le ton était souriant, plein de sollicitude, presque badin. Elle a posé la question comme à une amie, à l’heure du thé autour de la table du salon pour s’enquérir des performances de sa dernière acquisition : une Clipso de Seb, ou une Citroën C2.

Nous avons tous refreiné un fou rire débutant.

Finalement, j’ai renoncé à faire cet examen dans ces conditions épouvantables, nous avons remonté tout le lit, trouvé un appareil d’échographie plus ancien et emmené le tout dans une salle vide, de l’autre côté du service.

11:47 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (2)

Commentaires

Combien vrai ! Et heureusement, car autrement il y en a combien qui ne serait pas traité si l'on s'en tenait au sacro sainte rêgles !
Rodrigue

Écrit par : emin | 20/02/2008

bon, bah c'est partout pareil a ce que je vois/lis...
Chapeau à l'IDE pour le "vous en êtes contente?" j'aurais pas fait mieux!
MDR

Écrit par : benead | 20/02/2008

Les commentaires sont fermés.