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05/10/2008
Pfizer arrête la recherche dans le domaine cardiovasculaire.
La nouvelle a fait grand bruit, puisque le laboratoire Pfizer est un géant pharmaceutique et que ses produits ont la qualité qu'on leur connait .
Du reste, je ne parle que du sujet qui m’intéresse, mais d’autres domaines seront touchés :
“ We intend to exit these Disease Areas: Anemia, Atherosclerosis/Hyperlipidemia, Bone Health/Frailty, GI, Heart Failure, Liver Fibrosis, Muscle, Obesity, Osteoarthritis (disease modifying concepts only) and Peripheral Arterial Disease.”
Quelles sont donc les domaines médicaux qui vont bénéficier de la nouvelle affectation des crédits de Recherche et Développement ?
“Alzheimer's Disease, Diabetes, Inflammation/Immunology, Oncology, Pain and Psychoses (Schizophrenia) are confirmed as our higher priority areas. These large markets, with rapidly advancing science, are the areas where Pfizer can take a leading position.”
Les raisons en sont simples, et surtout totalement indépendantes des patients:
“As indicated in my note to you on Monday, I am planning a series of communications to share information about strategic decisions to drive the success of Pfizer. The message below, from the Therapeutic Area Advisory Group, describes important steps we are taking to prioritize our portfolio to deliver the most value. Next week, I will share third-quarter portfolio data that reflects our continued advances in aggressively delivering the R&D pipeline.”
“to drive the success of Pfizer”, quelle belle expression qui résume bien tout!
J’ai fait une recherche sur ce fameux mémo (cf le premier lien) : on y trouve aucun des trois mots suivants : « patients », « doctors », « cure » (patient, médecin et traiter)
Je suis allé sur Pfizer.fr pour voir si ils parlaient de cette nouvelle stratégie et je suis tombé sur le visage souriant d'un magnifique enfant, et en dessus la fière devise du laboratoire "Ensemble, oeuvrons pour un monde en meilleur santé". Ouf, je suis rassuré! J'ai cru un moment que le laboratoire avait un autre but que celui d'améliorer la santé des gens.
Et bien, mon gars, tu es bien mignon, mais t’a pas intérêt à avoir de problèmes cardiovasculaires à l’avenir !
Pas assez rentables...
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The Pfizer Memo, par Matthew Herper, Forbes.com, le 30/09/08.
Pfizer's Change Of Heart, par Matthew Herper, Forbes.com, le 30/09/08.
Catherine Desmoulins. Pfizer annonce la fin de la R&D en cardiovasculaire. theheart.org. [International Editions > Édition française > Sections > Actualités > On en parle]; 1 oct. 2008. Consulté à http://www.theheart.org/article/908503.do le 5 oct. 2008
16:24 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
Ces deux articles du Ny Times, celui sur la psychiatrie et celui -ci sur Pfizer, ont un trait en commun, le mercantilisme de Big Pharma.
Pfizer surtout avec son Lipitor est le premier groupe pharmaceutical mondial avec 8% du marche pharmaceutical mondial et 5.8% du marche francais.une manne de pres de 14 billions de $ en 2006 ...Oui mais, le hic , c est le Lipitor dont la licence va tomber dans le domaine public et va etre concurrence par le medicament generique...Pfizer a entre autre subi deux echecs cuisants
L insuline en inhalateur
le Torcetrapib
les futurs revenus de billions s evaporant tout a coup...
Sous la pression des actionnaires et de Wall Street, Tourniquet sur l hemoragie et direction recherches maladies chroniques, celles qui rapportent et sont garanties d un bel avenir ( un gamin de 5 ans, diabetique , 50 ans plus tard, toujours diabetique: de la clientele fidelisee)
Diabete
obesite
cancer
Alzheimer
Big pharma a 3 options actuellement pour des revenus
Fusionner et licencier a la pelle
recherche de molecules maladies chroniques
recherche de molecules maladies tres rares
Humanisme ou mercantilisme des laboratoires medicaux?......Il faudrait etre bien naif pour croire que Big Pharma fasse preuve d humanisme et je ne pense pas que mes propos soient cyniques, realistes simplement
Écrit par : therese Priest | 05/10/2008
Est ce qu'on connait leur bénéfice net annuel et la part qu'ils en investissent dans la recherche?
Une autre statistique intéressante serait le pourcentage de médicaments découverts par la recherche publique. C'est très surement délicat à calculer du fait des partenariats public/privé mais il doit ête possible de se faire une idée non?
Une dernière : Qu'est ce qui arrive quand une molécule prometteuse est trouvée dans disons un labo INSERM? Qui paye les coûteuses études necessaires avant toute mise sur le marché? On fonde une start-up et les investisseurs prennent le risque? On vend la chose à un gros labo?
Une façon réaliste, on en arrive donc à une situation où les labos privés laissent les domaines non rentables à la recherche publique. Tout est dans la définition de "non rentable"...
Aucune grosse entreprise ne fera jamais dans l'humanisme sans arrière pensées tout simplement car elle risquerait de se faire rapidement rachetée par une autre qui n'en fait pas. Le monde est ainsi fait.
Écrit par : xavier | 05/10/2008
Depuis quelques années, on observe de nombreux essais cliniques sur des molécules issues de la recherche. Et dans le domaine cardiovasculaires, nombreuses sont les études qui n'arrivent pas à démontrer un bénéfice supérieur pour la santé du malade...
D'autre part, la prévention des maladies chroniques par une modification, parfois même minime, du mode de vie a montré dans de nombreux cas une efficacité supérieure à celle des meilleurs médicaments... Notamment dans le domaine cardiovasculaire et dans le diabète.
Alors peut-être qu'il est temps que chacun reflechisse à ce qu'il peut faire pour améliorer la santé de nos concitoyens, sans toujours penser que l'autre n'a pas fait assez.
Les profits ne sont pas honteux, surtout lorsqu'ils sont utilisés pour une recherche de molécules ayant un réel avantage pour le malade, et pour faire connaitre ces molécules aux professionnels de santé.
Écrit par : Milllann | 06/10/2008
Le profit n'est en effet pas honteux.
Peu de médicaments vraiment utiles ont en effet émergés ces dernières années.
Ce qui est très drôle par contre, c'est la déconnexion totale entre ce que l'entreprise tente de faire passer comme message dans ses publicités (vous êtes mieux placé/e que moi pour en parler): humanisme, responsabilité, développement durable et j'en passe des meilleures, et la réalité bien plus prosaïque et pécuniaire des communiqués économiques.
Écrit par : lawrence | 06/10/2008
Bien sûr! Je suis tout à fait d'accord avec vous. La deconnexion qui existe parfois entre la communication 'corporate' de l'entreprise et la communication financière est parfois choquante... Pour qui ne sait pas que ces mondes ont chacun leur vocabulaire, leur 'jargon'... Qui peut être incompris de part et d'autre! La première des choses à faire est peut-être de communiquer pour se comprendre... C'est pourquoi des blogs tels que le votre sont des lieux d'échange importants. Il serait intéressant d'avoir le point de vue d'un financier...
Écrit par : Milllann | 07/10/2008
Un financier, uhmm, je n'en connais pas...
On doit pouvoir en trouver en ce moment à proximité de bords de fenêtres!
Je suis toujours à la recherche de "plumes" extérieures pour écrire sur des notes que je pourrais héberger. Ca ne vous intéresserai pas d'écrire quelque chose sur ce sujet, justement (déconnexion entre communication et "réalité"...)?
Écrit par : lawrence | 07/10/2008
Le sujet m'intéresse énormément en tout cas, c'est tout l'enjeu aujourd'hui de faire se rencontrer les différentes 'réalités': celle de l'entreprise, celle du malade, celle du professionnel de santé... De faire qu'elles soient cohérentes les unes avec les autres et que chacun y trouve sa propre réalité. Est-il possible de vous contacter directement par email?
Écrit par : Milllann | 07/10/2008
Bien sûr!
"Pour contacter l'auteur" en haut de la colonne de gauche.
Écrit par : lawrence | 07/10/2008
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