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23/08/2007
Une nouvelle pandémie mondiale ?
Un article de theheart.org m’a laissé assez rêveur ce matin.
Cet article résume une série d’articles parus dans le dernier Lancet.
Les auteurs qui ont publié dans cette très prestigieuse revue estiment que 90% de la population des pays développés sont à risque de devenir hypertendus.
Ils précisent aussi que l’hypertension devient un problème dans les pays sous développés.
Diable, 90%, ça fait un paquet de monde…
Ils précisent aussi que la théorie des seuils qui a cours actuellement est dépassée : «The issue of prehypertension has stirred tempers to an extent that seems more suitable to medieval theologians than modern scientists ».
Diable bis, nous traitons donc nos patients comme le feraient des théologiens médiévaux. Qu’on aille me chercher un entonnoir et 18 litres d’eau !
En fait ces auteurs pointent le fait que dans des études épidémiologiques, notamment Framingham, le risque cardiovasculaire apparaît dès 115/75, et qu’il se majore au fur et à mesure de l’augmentation des chiffres tensionnels. Autrement dit, les recommandations actuelles sont peut-être à revoir dans le sens d’une plus grande sévérité. J’avais déjà remarqué cette tendance à diminuer ces seuils d’intervention, mais je me rends compte maintenant que la pression s’accentue (sans faire de mauvais jeu de mots), et que les toutes nouvelles recommandations de juin 2007 vont peut être devenir obsolètes plus rapidement que prévu (les 3 tableaux suivants en sont tirés). C'est clair qu'en abaissant autant les seuils qui définissent l'hypertension artérielle, on peut facilement obtenir 90% d'hypertendus au sein d'une population.
Autant vous le dire tout de suite, je ne fais pas partie de la secte des hypertensiologues que l’ont voit germer dans les CHU, mais cette tendance m’inspire tout de même quelques remarques.
- A-t-on des études fiables qui montrent l’intérêt de prendre en charge ces chiffres tensionnels bas par une adaptation du style de vie, ou par des traitement pharmacologiques (en dehors bien entendu des patients à très hauts risques- cardiovasculaire et rénal notamment-) ? Quand je dis fiables, j’entends non financées par l’industrie, et avec une architecture statistique robuste (étude de supériorité, critères "non mous", notamment).
- Peut-on encore qualifier de maladie un état qui touche 90% d’une population ? (Je sais, la question est provocatrice, mais je suis un cardiologue rebelle)
- A qui le « crime » profite ? (Même remarque)
- Comment pourrons-nous suivre ces nouvelles normes alors que nous avons déjà du mal à équilibrer nos patients avec les seuils actuels qui sont moins sévères ?
- Vais-je devoir me mettre au régime, voire me traiter, étant donné que ma tension artérielle oscille entre 120-125 de systolique et 70-80 de diastolique ?
- Va-t-il falloir développer des pantalons anti-G, ou des airbags portables afin de prévenir les conséquences des hypotensions orthostatiques que ces nouveaux chiffres tensionnels risquent d’induire ? Question corollaire, faut-il dès à présent acheter des actions des sociétés qui fabriquent des prothèses de hanche, le marché risquant d’exploser dans les prochaines années ?
Mais peut-être suis-je réellement, et sans en avoir conscience, un cardiologue médiéval ?
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Petit addendum.
Je vais tacher de ne pas faire ironique, mais rester factuel (ça va être dur).
J’ai consulté la déclaration de conflits d’intérêts des auteurs de l’article du Lancet (Messerli FH, Williams B, Ritz E. Essential hypertension. Lancet 2007; 2007; 370:591-603).
La voici :
Autre fait « factuel », l’Hept-a-myl est un produit de Sanofi-Aventis.
AHAHAHAHAH ! OH ! OH ! AH ! AH ! AH ! HI ! HI ! HI ! WHA HA ! HA !
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Désolé, je n’ai pas pu m’empêcher…
08:55 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (7)
22/08/2007
Pour le meilleur et…
12:41 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0)
Brèves de döppler.
Hier un couple de 40-45 ans rentre dans la salle.
Elle est assise sur un fauteuil roulant.
Je dois contrôler une phlébite du membre supérieur sur une voie veineuse centrale (en fait, un PICC-line, voir ci-dessous).
Au cours de l’examen, elle me dit qu’elle a rarement rencontré un médecin aussi gentil que moi. Bon, je suis un peu gêné, mais je me demande comment on peut ne pas être gentil avec une patiente adorable qui n’en a plus que pour quelques mois à vivre.
°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°
Juste j’écris cette note (entre 2 patients qui se font attendre), et je vois arriver un autre genre que les döppleristes craignent : la femme (surtout lorsqu'elle n'est plus de toute première fraîcheur), qui travaille à l’hôpital et le montre (ou un proche, le mari dans ce cas particulier), qui vient pour strictement rien (suspicion de phlébite sur un hématome au dessus de la malléole externe et une vague douleur de cuisse après qu’elle se soit pris une armoire dessus), et qui a les pieds qui sentent.
Un autre signe qui ne trompe pas : le tanga blanc hyper échancré en dentelle (quand il est noir ou rouge écarlate, c'est encore pire...). J'ai même eu un peu de mal à l'attraper pour glisser une serviette en papier dessous (ça évite de mettre du gel de partout). "Du sublime au ridicule il n'y a qu'un pas" disait Napoléon qui s'y connaissait. De l'érotisme à la vulgarité, aussi, je dirais même qu'il n'y a que la largeur d'un tanga
Bref, cet ensemble de signes est pathognomonique de la bêtise la plus crasse (comme ses pieds), comme les quelques mots échangés un peu plus tard avec elle et les yeux de mon aide-soignante levés au ciel me le confirmeront.
09:45 Publié dans Des patients... | Lien permanent | Commentaires (0)