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21/08/2007
L’origine du Monde.
Non, pas le Courbet cher à Lacan, mais pas loin.
Dans Second Life, il existe des maternités.
Et oui, ça parait incroyable, mais on peut y accoucher d’un bébé virtuel, garçon ou fille, au choix.
Je connaissais vaguement cette histoire depuis assez longtemps, mais j’avais largement négligé SL depuis quelques mois, et je ne m’y étais donc jamais intéressé.
Aujourd’hui, j’ai visité une de ces maternités, et ça vaut le détour.
Lacan aurait trépigné pleurant et en claquant des mains si il avait connu SL.
L’endroit est vaste et clair (marbre blanc de partout) et on trouve aux murs des affiches ou l’on peut choisir et payer la grossesse et l’accouchement que l’on désire.
Par exemple pour une grossesse de 4 semaines et un bébé, il faut compter 2500 L$ (environ 6.50 euros).
On vous fournit aussi un test de grossesse « sûr à 99% » pour être certaine que vous êtes enceinte.
Votre avatar se retrouve affublé d’un ventre qui ressemble à un ventre de femme enceinte (en fait de 4 à 8 formes de ventre selon d’avancement de la grossesse).
Mais ce n’est pas tout, la maternité vous donne des rendez-vous de consultation de suivi et d’échographies morphologiques (on peut repartir avec autant de clichés que l’on veut). Ce ventre a aussi quelques fonctions « spéciales » qui sont compatibles avec une marque connue de jouets sexuels virtuels. Mais si cela ne vous tente pas du tout, il comporte aussi en pièce jointe un recueil de gentilles fables à lire à bébé.
Et bien sûr, le point culminant, c'est-à-dire l’accouchement dont je n’ai trouvé que cette vilaine photo sur le net.
Tout y est, le monitoring, le fauteuil avec les étriers, la perfusion, le tabouret de l’obstétricien…
Les salles ont toutes une décoration différente.
Personnellement, je trouve la carpette géante en peau de vache du dernier mauvais goût, et surtout peu adaptée aux normes d’hygiène.
Mais bon, on est dans SL…
Après l’accouchement, vous pouvez vous reposer dans un vaste lit, avec le/les petit(s) à vos côtés.
Vous repartez avec votre bébé qui est équipé de quelques fonctions de base (comme un vrai bébé, en somme) et un certificat de naissance.
La gynéco a l’air sympa et professionnelle, vous pouvez y aller en confiance. En plus, elle est rousse…
Pour 500$L de plus, on peut coucher avec (non, c’est pas vrai, en tout cas pas indiqué dans les tarifs !).
Imaginons maintenant que vous désiriez avoir des cycles menstruels dans SL.
Et bien oui, ça manque dans le virtuel.
C’est possible pour la modique somme de 600 L$.
Il y a même un système de contrôle de l’ovulation.
Plus besoin de recettes de grand-mères, de thermomètre, ou d’une vague estimation temporelle pour tomber enceinte à coup sûr, le programme indique le moment exact ou il faut "le" faire.
Pour le prix, on vous fournit même des préservatifs au cas ou vous ne voulez pas tomber enceinte. Ce serait dommage, tout de même, d’avoir une grossesse non désirée dans SL…
Là, c'est moi.
Je ne me ronge pas les sangs dans la salle d'attente, mais moi aussi je profite de SL pour m'octroyer quelques plaisirs défendus...
19:55 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (11)
800ème note
07:50 Publié dans Divers et variés | Lien permanent | Commentaires (8)
20/08/2007
Cadeau.
Que font les cardiologues la majorité de leur temps de consultation ?
Et bien, nous pratiquons le difficile art de rassurer l’anesthésiste au cours de nos « avis cardiologiques pré opératoires ».
Les anesthésistes déclinent sans fin leurs angoisses existentielles à tous les temps :
- L’ai-je bien fait ?
- Le fais–je bien ?
- Le ferai-je ?
Ils ont souvent besoin d’un doudou qui les rassure, d’un parapluie qui leur évite d’être mouillés et d’une bassine en argent pour se laver les mains.
Si le cardio a dit qu’on pouvait l’endormir, ça me rassure (doudou).
De toute façon, si ça se passe mal, il a dit qu’on pouvait y aller (parapluie).
Ca c’est mal passé, mais le cardio avait donné son aval (bassine en argent).
Nous sommes tout cela à la fois.
Nous évaluons le patient et de notre pouce, indiquons si il pourra supporter une anesthésie en l’état, ou si nous demandons des examens complémentaires, voire le traitons de manière préventive.
Assez souvent, cette décision difficile nous est demandée la veille ou l'avant-veille de l’intervention, surtout si c’est un grand professeur qui officie et/ou si l’intervention est vitale (mais pas trop, sinon on se passe de notre avis).
Difficile de programmer une échographie dobutamine dans la nuit qui précède l’intervention, ou d’administrer 10 jours de bêta-bloquants sur 12 heures…
Par ailleurs, plus le temps passe, plus les indications de l’avis cardio s’élargissent.
Durant mon assistanat (2002-2004), c’était typiquement l’anévrysme de l’aorte abdominale chez un patient coronarien âgé et polyvasculaire.
Maintenant, je vois assez souvent des jeunes hommes ou femmes de 20-35 ans, sans antécédent, facteur de risque ou traitement particulier référés avant une anesthésie générale pour avulsion dentaire. D’ailleurs, curieusement, le courrier de l’anesthésiste se résume alors souvent à un formulaire pré rempli signé et complété par une infirmière (quand elle y pense).
Mais attention, pas de sarcasme facile, il ne faut pas sous estimer les risques cardiaques d’une telle intervention !
Ce sont tout de même des dents de sagesse ! De grosses quenottes, avec de très très grosses racines !
Le cœur pourra-t-il supporter l’induction puis l’effort de traction effectué par le stomatologue ?
Le plus simple est donc bien de demander au cardiologue.
Est-ce dû à un micro-climat spécifique aux anesthésistes de stomatologie dans mon CHU ?
J'espère que oui, sinon l’évolution de l’anesthésiologie risque d'être la suivante:
- D’abord l’avis cardio pré anesthésique à tout patient porteur d’un cœur. On ne sait jamais, tout patient à endormir est un cardiaque avéré ou potentiel.
- Puis dans quelques années, on nous demandera carrément de les endormir.
Ca me plairait pourtant bien d’endormir un anesthésiste du bloc de stomatologie pour une avulsion de 4 dents de sagesse.
J’utiliserai des doses homéopathiques de morphiniques/BZD.
On ne sait jamais, vous savez, les risques cardiaques…
Vous devez vous demander ou se trouve le cadeau dans cette note douce-amère ?
Il est là.
C’est tout ce qu’il faut savoir pour donner un avis cardiologique pré-opératoire.
22:00 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (4)