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26/02/2007
Genèse 3 :19
Grâce au blog de Loïc Le Meur, j’ai découvert celui de Jacques Attali. Curieux détour me direz-vous, en effet.
Une des notes du grand Jacques est encore plus curieuse pour un homme qui semble bien éloigné de l’univers de MySpace.
Sa note du 20/02 donne un lien (manifestement il ne sait pas encore bien manier l’hypertexte) qui conduit vers un site assez macabre : mydeathspace.com.
Ce site recense des utilisateurs décédés de MySpace.
La collecte d’information se fait grâce à un formulaire en ligne appelé sobrement « Submit a new death ».
Les utilisateurs de MySpace étant plutôt jeunes, la lecture de ce site est particulièrement déprimante.
Les causes de mortalité sont finalement assez peu variées mais assez caractéristiques des pays occidentaux : accidents de la route, suicides, overdoses, quelques maladies mortelles rares. Comme on est aux Etats-Unis, et qu’il faut bien qu’ils se démarquent, il y a un taux de tués par arme à feu qui est effrayant.
Le site donne la possibilité de visualiser les pages des défunts : dernières notes avant leur décès, mots d’amis venus se recueillir sur ce jardin du souvenir virtuel.
Jacques Attali termine sa note par cette réflexion :
« La plupart des autres sites de communautés contiennent aussi de tels cimetières virtuels. Beaucoup de blogs ont aussi cessé de fonctionner pour les mêmes raisons et flottent dans l’univers virtuel ; de même, et c’est plus vertigineux encore , les espaces créés sur Second Life continuent d’exister après la mort de leurs créateurs.
Dans un monde d’extrême précarité, l’éternité virtuelle est comme une illusion suprême. ».
Je suis un peu étonné de cet étonnement.
N’est ce pas la destinée humaine de disparaître totalement, hormis dans le souvenir assez bref des proches, eux aussi destinés à trépasser ?
Sauf justement certains qui ont laissé depuis la nuit des temps leur empreinte par une œuvre pérenne : une découverte, un monument, un livre.
La nouveauté est plutôt là : c’est la possibilité pour tout un chacun d’avoir une part « d’éternité virtuelle ».
Une sorte de droit à l’éternité opposable, en somme.
21:01 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (4)