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29/11/2007
Le doute.
« Sortez de mon cabinet, vous n’avez rien, vous vous regardez trop le nombril ! ».
Un stomatologue à un patient que j’ai vu mercredi en préopératoire d’une tumeur néoplasique du bord libre de la langue.
Bilan : 11 mois perdus.
On devrait organiser en fac de médecine un enseignement sur l’humilité et le doute.
Humilité: toujours être le plus humble du monde. Le doute: il tue quand il persiste et aussi quand il n'existe pas.
Mon mandala pour essayer de tendre vers ces préceptes qui sont si faciles à perdre de vue :
(Comme vous pouvez le constater, je suis toujours très influencé par mes lectures en cours ;-))
11:05 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (3)
You are the sunshine of my life…
Deux articles intéressants ont été publiés récemment dans le NEJM.
Le premier (malheureusement en accès payant), écrit par M Shuchman décrit la montée en puissance des « CRO » dans la réalisation des essais cliniques.
Qu’est-ce qu’un « CRO » ?
Un « Contract Research Organization » est une société commerciale qui vend « clé en mains » un essai clinique à une autre société, le plus souvent pharmaceutique.
Vous allez voir un CRO avec une idée d’étude, et ce dernier s’occupe de tout le reste : recrutement des centres, logistique, contrôle et récupération des données…
La part des essais publiés (phases 1, 2 ou 3) qui ont bénéficié de leur intervention est passée de 28% en 1993 à 64% en 2003.
Cette augmentation s’est faite au détriment des équipes de recherche clinique internes aux laboratoires et aussi de certaines équipes universitaires.
L’article pèse le pour et le contre de leur emploi.
D’un côté, les CRO sont extrêmement efficaces et rapides pour collecter des données cliniques.
Mais M. Shuchman insiste aussi sur la « mondialisation » des essais cliniques (et oui, là aussi…).
Pourquoi voit-on de plus en plus fleurir des centres de recherche de plus en plus « exotiques » (Inde, Chine, Russie, Pays de l’Est...) dans les articles médicaux.
Comme d’habitude, c’est bien moins cher et la législation locale de protection de l’individu est souvent moins étoffée que dans les pays occidentaux.
Bien évidemment, quid de la qualité des données ?
Par ailleurs, les CRO semblent employer du personnel moins qualifié (et donc moins cher), même lorsque ces études sont conduites dans des pays considérés comme développés.
L’article cite une phrase que j’aime bien : CRO « are data-production sweatshops » (Pierre Azoulay).
J’ai eu une seule expérience avec un CRO. Mon assistante de recherche clinique était alors ukrainienne, et elle s’appelait Nathalie (La place Rouge était vide. Devant moi marchait Nathalie. Il avait un joli nom, mon guide Nathalie…)
Ca s’est très bien passé (sur un plan purement professionnel…).
Puis j’ai eu à faire à un égyptien (ça c’est aussi très bien passé).
Shuchman M. Commercializing clinical trials--risks and benefits of the CRO boom. N Engl J Med. 2007 Oct 4;357(14):1365-8.
Deuxième article.
Disponible en texte complet, cette fois.
Eric G Campbell relate la publication aux EU d’un article de loi s’intitulant poétiquement le « Physician Payments Sunshine Act ».
Pourquoi « sunshine » apparaît dans l’intitulé de ce texte législatif aride ?
Laissons parler un des rapporteurs : because it aims to "shine a much needed ray of sunlight on a situation that contributes to the exorbitant cost of health care,".
Je vous laisse lire la suite pour vous faire votre propre opinion.
Comme beaucoup d’articles publiés dans la rubrique « Perspective » du NEJM, je trouve que celui-ci est de grande qualité.
Enfin, pour mémoire, Eric G Campbell est le principal auteur d’une étude sur les relations entre l’industrie pharmaceutique et les médecins, publiée dans le NEJM (disponible aussi en texte complet ici).
Campbell EG. Doctors and Drug Companies — Scrutinizing Influential Relationships. N Engl J Med. 2007 Nov 1;357(18):1796-7.
Campbell EG, Gruen RL, Mountford J, Miller LG, Cleary PD, Blumenthal D. A national survey of physician-industry relationships. N Engl J Med 2007;356:1742-1750
10:35 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (1)
Gandhi.
Je viens d’attaquer la biographie de Gandhi écrite par J. Attali (« Gândhî ou l’éveil des humiliés ». Editions Fayard).
Comme je m’y attendais, le texte est très bien écrit et plaisant à lire.
Au point où j'en suis, le monde vient de se plonger dans la grande guerre de 1914-1918, mais en feuilletant les documents publiés dans le bouquin, j’ai trouvé cette lettre étonnante qui n’est jamais parvenue à son destinataire :
(Cliché pris par J. Attali).
Ghandi fait référence à la "Sathiâgraha" concept plus complexe qu'il n'y parait à première vue et qu'il éclaire un peu dans les quelques lignes suivantes:
« En appliquant le Satyagraha, j'ai découvert, dans les dernières manifestations, que la poursuite de la vérité n'admettait pas que la violence soit imposée à son opposant, mais qu'il doit être sevré de l'erreur par la patience et la sympathie. Pour ce faire, ce qui apparaît comme vrai pour un doit apparaître faux pour l'autre. Et la patience signifie souffrance personnelle. En bref, la doctrine signifie la revendication de la vérité, pas par infliction de la souffrance sur l'adversaire mais sur soi. »
On peut aussi retrouver le texte du courrier à "Herr Hitler" page 156 de ce document tiré de «gandhiserve.org ».
09:10 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0)