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17/09/2008

Jeux paralympiques, Beijing 2008.

La France, combien de médailles ?

Le handicap, combien vont au-delà des déclarations d’intention, valorisantes et qui ne coûtent rien ?

 

04/03/2008

Tout ce qui est exagéré est insignifiant (et vice versa)

J’ai fait une petite relecture de la déclaration d’intention des promoteurs d’un site de notation de médecins non encore actif, mais qui semble pas mal faire parler de lui ces derniers temps.

 

Photobucket

 

Il est temps de lever une partie du voile sur ce que sera le site « ***** » et sur les réactions qu’il a suscité de la part de ses visiteurs.

 

Bon, je suis en retard, je ne me suis intéressé que très récemment à cette huitième merveille du monde.

Le nom me rappelle très vaguement le site qui voulait noter les professeurs. Je présume qu’il s’agit d’une incroyable coïncidence. On dit bien que les grands esprits se rencontrent, alors pourquoi pas les très grands ? Je n’ose pas imaginer qu’il s’agisse du procédé qui consiste à trouver un nom très proche phonétiquement d’un autre afin de s’approprier une partie de la popularité de ce dernier. A peine digne d’un contrefacteur chinois de troisième zone du comté de Shandan …

 

 

En premier lieu, nous vous annonçons la mise en ligne de ce nouveau service le 15 mars 2008 (jour de la Sainte Louise de Marillac qui, au cotés de Saint Vincent de Paul consacra sa vie à soulager de la souffrance les malades, plus pauvres parmi les pauvres…).

 

Enorme référence historique à une sainte universellement reconnue (j’avais raison en parlant de très grands esprits). Pourquoi ne pas avoir attendu le 27 septembre prochain, qui est la fête de Saint Vincent de Paul à l’éthique duquel semblent tant attachés les promoteurs du site. Ah ! Trop loin, le buzz risque d’être retombé ! Bon, OK, va pour Sainte Louise.

 

En effet, les nombreuses réactions (dont nous publions ci-dessous quelques extraits) ont achevé de nous convaincre de l’utilité d’un tel service qui s’inscrit dans une véritable démarche citoyenne d’information au service du plus large public qui soit : celles et ceux qui sont un jour ou l’autre malades et qui s’en remettent alors aux mains expertes des médecins, des professionnels de santé de façon plus générale.

 

« Démarche citoyenne » : mot compte double si vous arrivez à caser cette expression dans une conversation.

« Mains expertes » : ça sent la flagornerie avant le venin final (In cauda Venenum)

« Au service du plus large public qui soit » : pourquoi avoir choisi internet, et pas la TV qui est largement plus répandue, notamment pour toucher les personnes âgées ? Etant donné l’importance de la mission qu’ils se sont assignés, une émission TV me semble être le minimum. Ah, ça coûte plus cher que de tenir un site web, et la promotion est plus chère que de recopier une marque déposée en changeant une syllabe…

Bon, OK pour le site web, tant pis pour ceux qui sont du mauvais côté de la fracture numérique.

 

Et ceux-ci attendent alors notamment une qualité d’écoute, des explications précises et simplement formulées, une certaine disponibilité et, par-dessus tout, le respect de leur personne tant sur le plan moral que sur le plan physique.

 

Tout à fait d’accord ! Quel courage d’énoncer de telles vérités à notre époque. Je vous l’avoue, j’ai honte, je n’ai jamais écrit sur « Grange Blanche » que « La guerre, c’était mal ».

 

C’est hélas bien loin d’être le cas avec tous les professionnels de santé.

 

« Aux armes, Citoyens… »

 

Et qu’en est-il alors de la conspiration du silence qui couvre les mauvais au détriment des meilleurs ?

 

« Conspiration du silence » : expression qui est censée nous indigner. Mais, dans le contexte, je ne comprends pas trop. Ce site semble avoir le but suivant "Nous souhaitons simplement permettre aux patients de s'exprimer sur la disponibilité, la ponctualité, le matériel, la politesse et les autres qualités humaines de leurs médecins" (déclarations du promoteur du site sur LCI.fr).

Qui conspire ? Qui empêche que l’information circule librement entre les patients ?

Nous ? J’avoue que je n’ai jamais fait le guet derrière les fauteuils des coiffeurs ou c’est de notoriété publique, les usagères parlent de leur mari, de leurs enfants et surtout de leurs médecins entre deux colorations. Jamais je n’ai réduit au silence une dame en lui enfonçant le casque chauffant jusqu’aux clavicules. Et vous, mes confrères, l’avez-vous déjà fait ? Avez-vous établi un tour de garde dans vos villes afin de surveiller tous les endroits publics (salons de coiffure, bars, églises, synagogues…) ou l’on risque de parler de nous en mal ?

 

Peut-être alors que les concepteurs pensent aux médecins (les apprentis conspirateurs) qui envoient leurs patients aux « mandarins, […]notables, […]intouchables praticiens ».

Soit, admettons.

Ce site se refuse à juger la compétence des médecins : "La liste des médecins est publique, nous nous contentons de la reprendre. Nous ne nous permettrons pas de les juger sur leurs compétences médicales, leurs diagnostics, et les commentaires sur les autres sujets seront modérés" (Source LCI.fr) pour ne juger que la « disponibilité, la ponctualité, le matériel, la politesse et les autres qualités humaines de leurs médecins ».

La conspiration du silence, si elle s’appliquait aux médecins, conduirait donc sciemment ces derniers à adresser leurs patients à des malotrus se curant le nez, arrivant en retard et sous équipés ?

Je ne sais pas pour vous, mais moi j’adresse plutôt mes patients à des confrères gentils et compétents. Peut-être suis-je une exception ?

 

Elle jette des hommes et des femmes en position de faiblesse dans les cabinets de mandarins, de notables, d’intouchables praticiens qui les traitent alors comme une sorte de marchandise sans connaissances et donc, sans droits.

 

"Bravo", comme disent parfois nos amis américains debouts, la larme à l'oeil, terrassés par l'émotion devant un grand spectacle. Là, c’est beau. Ce petit paragraphe jette une ombre écrasante sur les derniers chapitres de « Germinal ». Je rajouterais même, sans toutefois trop en faire que l’humanité ne sera heureuse que quand on aura pendu le dernier mandarin avec les tripes du dernier intouchable praticien.

 

Et pourtant… le droit du patient est d’être écouté, respecté dans son âme et dans son corps, d’être instruit simplement mais efficacement sur sa maladie et son traitement et d’être traité d’égal à égal par celui qui, après tout, peut se retrouver un jour ou l’autre dans sa situation…

 

Idem que plus haut : quel courage !

J’aime bien aussi la petite flèche du Parthe avec les trois petits points de suspension: un médecin peut être malade ! Qu’il prenne garde ! Nous sommes tous égaux devant la maladie !

Ah bon, les médecins tombent malades et meurent aussi ? J’en apprends tous les jours. Merci, le site.

« Egal à égal » : je comprends le problème, on nous reproche souvent notre sentiment de supériorité et notre condescendance. Je le sais d’autant plus que je suis cardiologue.

Mais expliquez moi donc comment traiter un patient « d’égal à égal » ? Si on recherche une égalité parfaite, il ne faut sûrement pas la chercher dans la relation médecin/patient qui est tout (un partenariat, une relation de confiance…), sauf égalitaire. La maladie, d’un côté, la connaissance/l’expérience de l’autre rendent impossible l’égalité.

Encore une fois, plaisanterie mise à part, je comprends ce que le rédacteur a voulu dire. Je comprends surtout qu’il agite comme un chiffon rouge la démagogique utopie égalitaire pour attirer vers son moulin à euros le plus de monde possible.

 

C’est pourquoi ce nouveau service se propose d’être à la fois un observatoire de la relation humaine dans le domaine de la santé, un lieu d’échange entre les patients, un instrument d’alerte également afin de réduire les risques de nouveaux drames mis en lumière bien trop tardivement.

 

« Observatoire de » : mot compte triple (Observatoire de la franchise, Observatoire des inégalités, Observatoire de la parité. Observatoire de la parité entre les femmes et les hommes, Observatoire des Territoires, Observatoire de la Fonction Publique Territoriale…).

Donc les promoteurs feront une étude sociologique des patients et des médecins et proposeront leur rapport à l’INSERM dans un but de publication scientifique ? C’est ça ou ils compteront les clics ? (« Observatoire du nombre de clics sur Google Ads » ou ONCGA).

« Instrument d’alerte » ?

Sur quoi ? Obligatoirement encore et toujours sur la « disponibilité, la ponctualité, le matériel, la politesse et les autres qualités humaines de leurs médecins ». Ca va être bien difficile de ne pas déborder sur la compétence du médecin…

« afin de réduire les risques de nouveaux drames ». Comment les promoteurs vont réduire le nombre de drames ? Ils vont contacter le CNOM chaque fois qu’un médecin va arriver en retard, ou qu’une dermatologue aura ses ragnagnas et sera ronchonne ?

 

Quelques commentaires d’internautes…

« Je suis pour à la condition qu'il n'y ait pas de règlement de compte et être impartial.

Après tout, lorsqu'on est malade (comme moi actuellement) savoir où l'on met les pieds ne peut qu'être bénéfique, car l'incertitude des conséquences de la maladie pose déjà à elle seule des problèmes. Bref enfin un point positif pour moi ».

 

« j'en ai entendu parler aux infos et ce serait peut-être un outil pour les patients : trouver un médecin efficace et qui guérisse ! Dans mon cas plus de 10 médecins en 1 an qui ne réussissent pas à traiter à affection bénigne !

Je n'ai pas vu quels étaient vos points de notation mais avec, bien sûr, l'efficacité,  je suggère de mettre le temps d'attente, et la confidentialité  (20 personnes dans une salle d'attente c'est détestable quand on n’a pas envie de croiser sa voisine et de dire pourquoi on est là !). Je serais ravie de trouver sur ce site ces renseignements inaccessibles ailleurs, continuez ! ».

 

« Il (votre site) sera plébiscité par les malades ou futurs et anciens malades… et rejeté par les médecins. »

 

« Il me paraît très judicieux que les "mandarins" sortent un peu de leur toute-puissance et de leur immunité doctorale qui les fait parfois abuser de la faiblesse et de la dépendance de leurs patients... ».

 

« Quelles bonnes idées ces appels à la délation. C'est comme au bon vieux temps. Entre 39 et 44 où on pouvait dire tout le mal qu'on pensait de son voisin parce qu'il était juif ou pédé. Et toujours dans l'intérêt de la communauté bien sûr.

Bref j'espère que c'est un canular. »

 

« Vox populi, vox dei ». Le peuple a dit, le peuple a raison, il prédit même ce qui va se passer. Notamment le fait que je rejette cette idée.

 

Par contre, ils n'auraient pas du mettre le commentaire de la patiente qui se plaint d'avoir vu 10 incompétents. Ici, on franchit déjà la ligne rouge que les promoteurs avaient pourtant juré/craché de ne jamais outrepasser.

Je cite de nouveau les déclarations faites sur LCI.fr: "La liste des médecins est publique, nous nous contentons de la reprendre. Nous ne nous permettrons pas de les juger sur leurs compétences médicales, leurs diagnostics, et les commentaires sur les autres sujets seront modérés". Côté modération, ça commence fort avant même que le site soit ouvert ! Un exploit en soi même.

J’aime bien le contradicteur cité en dernier, ça montre que les promoteurs ont l’esprit ouvert. J’aime bien aussi la finesse du commentaire choisi (à moins qu’il n’y en ait vraiment qu’un seul de négatif) qui probablement se doit de refléter l’esprit de tous les critiques de cette idée grandiose.

 

 

Qui sommes-nous ?…

La société ***** est à l'origine de ce nouveau service conçu à l'image de toutes ses réalisations, comme notamment son portail de services dédiés à la rencontre, ****, qui place au premier plan de ses préoccupations le respect des adhérents.

Nous vous invitons à en juger par vous-même en parcourant ces deux sites...

 

Heureusement que ce sont des spécialistes du domaine de la Santé et de la relation médecin/patient qui vont gérer cet observatoire et permettre d’éviter de nouveaux drames !

(Je ne cite pas leur nom qu’il ne se sont pas encore fait en gérant des sites de rencontre).

 

Cette note est déjà bien longue, mais j’aimerais simplement rajouter deux remarques.

 

A partir de combien de commentaires indépendants peut-on juger que la critique d’un médecin soit valide ? Les promoteurs semblent dire qu’ils ne publieraient le nom d’un médecin qu’à partir de 5 (hypothèse soulevée par MF de Pange dans le Quotidien du Médecin dans un article du 03/03). Personnellement, je trouve ce chiffre un peu bas. Un médecin au caractère difficile peut être excellent par ailleurs, et un médecin adorable peut être une crapule ou un incompétent. Et il peut se passer des années avant que les conséquences de l'incompétence du médecin commencent à se faire sentir.

C'est dans l'air du temps 2.0, de laisser croire à tout le monde qu'il détient une part de la vérité, c'est l'intelligence collective.

L'avis de la masse meilleur que celui de l'individu, même expert dans le sujet concerné. Mais ce présupposé n'est vrai que lorsque le groupe qui juge est nombreux et que tous les individus sont indépendants les uns des autres. Pour ce site, il y aura peut-être 1,2,3 patients par médecin. Et là, je crois que cela ne sera pas du tout représentatif, ni informatif pour personne.
Comment un patient isolé ou un petit groupe de patients peut-il apprécier objectivement la qualité d'un médecin sur une période de quelques mois, voire quelques années (si ce site dépasse la première année) ?

Au premier janvier 2007, nous étions 213'995 médecins inscrits au tableau et en activité (source CNOM).

Il faudrait donc 1'069'975 commentaires au minimum (pour une hypothèse de 5) pour tous nous juger et donc pouvoir vraiment jouer les rôles d’ « observatoire » et d’ «instrument d’alerte ». Ca fait beaucoup.

Parce que si c’est pour dénoncer une poignée de brebis galeuses, je ne vois pas l’intérêt d’un tel système. Radio-coiffeur ou radio-bar s’en charge très bien depuis des temps immémoriaux.

 

Toujours dans le même article du Quotidien du Médecin, le promoteur déclare : « Nous sommes sûrs qu'il y aura plus de commentaires favorables aux médecins que l'inverse ».

Dis moi, tu n’aurais pas un peu un double langage ? Pour le grand public un appel sanglant à la dénonciation, et pour les lecteurs du Quotidien, une petite phrase rassurante du genre « les gens vous aiment, et vont vous le montrer… ».

 

Dis moi, tu ne nous prendrais pas tous pour des cons 2.0 ?

16/01/2008

Les animaux

Les Animaux malades de la peste

 

 

Un mal qui répand la terreur,
Mal que le Ciel en sa fureur
Inventa pour punir les crimes de la terre,
La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
Faisait aux animaux la guerre.
Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés :
On n'en voyait point d'occupés
A chercher le soutien d'une mourante vie ;
Nul mets n'excitait leur envie ;
Ni Loups ni Renards n'épiaient
La douce et l'innocente proie.
Les Tourterelles se fuyaient :
Plus d'amour, partant plus de joie.
Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis,
Je crois que le Ciel a permis
Pour nos péchés cette infortune ;
Que le plus coupable de nous
Se sacrifie aux traits du céleste courroux,
Peut-être il obtiendra la guérison commune.
L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents
On fait de pareils dévouements :
Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence
L'état de notre conscience.
Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons
J'ai dévoré force moutons.
Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense :
Même il m'est arrivé quelquefois de manger
Le Berger.
Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense
Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi :
Car on doit souhaiter selon toute justice
Que le plus coupable périsse.
- Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ;
Vos scrupules font voir trop de délicatesse ;
Et bien, manger moutons, canaille, sotte espèce,
Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur
En les croquant beaucoup d'honneur.
Et quant au Berger l'on peut dire
Qu'il était digne de tous maux,
Etant de ces gens-là qui sur les animaux
Se font un chimérique empire.
Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir.
On n'osa trop approfondir
Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances,
Les moins pardonnables offenses.
Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins,
Au dire de chacun, étaient de petits saints.
L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance
Qu'en un pré de Moines passant,
La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense
Quelque diable aussi me poussant,
Je tondis de ce pré la largeur de ma langue.
Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net.
A ces mots on cria haro sur le baudet.
Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue
Qu'il fallait dévouer ce maudit animal,
Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal.
Sa peccadille fut jugée un cas pendable.
Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable !
Rien que la mort n'était capable
D'expier son forfait : on le lui fit bien voir.
Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

 

Jean de la Fontaine.

La nuit morbide.

« Arrête de masser ».

J’intube cette petite dame de 84 ans qui a déjà une coloration grisâtre. Un quart d’heure avant, je ne la connaissais pas, je dormais profondément.

Cette patiente est hospitalisée aux soins intensifs cardiologiques qui jouxtent la réanimation de chirurgie cardiaque où je suis de garde.

Il est d’usage d’appeler tous les médecins et infirmières disponibles quand survient un arrêt, et quand j’arrive encore pataud de sommeil, le médecin responsable du SIC, ses infirmières et les miennes s’affairent autour de la patiente.

Tout se passe comme d’habitude, stress et bordel, jusqu’au moment ou arrive le tour d’une fille pour masser. Je ne la connais pas. Elle a une quarantaine d’années et appartient à l’équipe du SIC.

C’est la première fois qu’elle masse.

Ses copines, debout au pied du lit, décident d’immortaliser le moment en la prenant en photo avec leur téléphone portable tenu au bout de leur bras levé.

 

Dans deux téléphones portables appartenant à deux infirmières, se trouvent actuellement des photos d’une pauvre dame toute nue, maintenant morte, en train d’être massée par une soignante souriante et prenant la pose pour le cliché.

 

En retournant me coucher, j’étais honteux.

Honteux pour elles et honteux pour moi, pour ne pas les avoir réduites en poussière.

07/08/2007

Le travail c‘est la santé.

En fait pas vraiment, vous allez le lire après cette petite blague belge que j’aime énormément car elle sous-tend un vécu plus profond que ce qui semble à première vue. Pardon à Merlin et à tous nos amis d’outre-Quiévrain qui me lisent.

 

Un couple de vacanciers belges roule sur une autoroute du sud de la France. Un flash spécial passe sur 107.7 : « Attention, on signale une voiture en contresens dans le sens nord-sud au niveau de la sortie Valence-Sud ! ».

Le monsieur se tourne vers sa femme (avec un gros accent belge quand on la raconte, SVP) : « Ils se trompent, c’est plutôt 200-250 voitures qui sont en contresens ! ».

 

Donc le travail c’est la santé, sauf peut-être dans le domaine de la santé, justement.

Vendredi dernier, une collègue m’a laissé une bonne quarantaine de formulaires administratifs à remplir (ceux des 2 dernières semaines, en fait), alors que c’était à elle de les remplir.

C’était la goutte qui a fait déborder le vase, la veille elle avait déjà essayé de me refiler en douce la rédaction de courriers de sortie lui incombant.

J’ai fulminé d’une colère froide toute lyonnaise.

Cette nuit, j’étais de garde en réa de chirurgie cardiaque. L’interne de réa polyvalente me demande de descendre pour l’aider à cadrer un problème cardiologique à 2h30. Ah bon, m’étonnais-je, et les deux cardiologues de garde ? « L’un n’a pas voulu descendre, et l’autre est peut-être à la maison. ».

Je n’ai pas fulminé, je me suis exécuté.

En remontant, je demande gentiment aux 2 aides-soignantes qui lisaient un « Closer » avec avidité, bien calées dans les fauteuils de l’office si elles pouvaient me stériliser la sonde d’ETO.

Elles râlent : « C'est pas à nous de le faire. Tu te rends compte, il faut surveiller le chronomètre ! ».

Non, mais c’est terrible, c’est « Germinal », leur travail !Je leur précise que toute la réa poly réanime la patiente pour laquelle je suis descendu, et qu'elles ne semblent pas trop surchargées de travail.

Je fulmine, et suggère aux infirmières de leur faire un lovenox en prévention d’une thrombose veineuse profonde toujours possible en cas d’immobilité prolongée. L’embolie pulmonaire est la cause de mortalité la plus fréquente dans les aéroports, et certains offices.

 

En ce moment, Je vois tous les jours des tas de gens qui ne veulent plus rien foutre à l’hôpital ou en clinique. En pensant à ma blague belge, je me demande qui est en contresens.

 

Petite variation sur la même blague.

Si une famille agressive trouve que tous les médecins qui se sont penchés sur le cas de leur proche sont des incompétents (dont moi), je leur raconte cette blague.

Mais en général, ils ne comprennent pas.

16/11/2006

Ted Haggard

medium_Ted_Gayle_Haggard.jpgJ’ai d’abord lu cette histoire dans l’excellent « Inside the USA ».

 

C’est le nom de l’ancien président de la NAE (National Association of Evangelicals) qui regroupe 30 millions de croyants.

Il était connu pour ses positions extrêmes, notamment contre l’homosexualité.

Pour résumer, les homosexuels ne méritent que ce qui est inscrit dans la bible, c'est-à-dire, à ma connaissance la mort (merci Wikipedia!).

Le problème est qu’un ancien prostitué male, Mike Jones l’a publiquement accusé d’entretenir une relation avec lui depuis 3 ans et de prendre de la métamphétamine.

Après avoir nié, le bon pasteur a avoué dans une lettre ouverte lue à ses  ouailles le 5 novembre dernier (ici, celle de sa femme). Je ne vais  même pas me laisser aller  à  des remarques  ironiques et agnostiques,  je le trouve  tout simplement  pathétique.

 

Histoire édifiante pour plusieurs raisons.

 

Primo, car elle montre que l’obscurantisme a encore de beaux jours devant lui.

 

Secundo, car ces « guides spirituels » qui demandent à leurs fidèles de vivre selon des préceptes stricts (et discutables) ont assez souvent une vie privée qui viole tous ces préceptes.

JE Hoover est un autre bon exemple. Les tenants de l'ordre moral (j'ai failli écrire "tenanciers") m'ont toujours semblé hautement suspects.

 

Tercio, j’ai du mal à imaginer une telle dichotomie chez cet homme. Au moins, si il était resté « neutre » sur l’homosexualité, passons, cela n’aurait été qu’une affaire d’adultère de plus chez un religieux. Mais là, après s’être envoyé en l’air avec son kiné sous métamphétamine, il vomissait sur les homosexuels, et probablement les drogués (peut-être aussi les kinés, qui sait ?)!

 

Je me suis toujours fait cette remarque : les personnes qui visent la « pureté » délibérément et ostensiblement sont souvent les pires de tous. D’ailleurs combien de victimes sont mortes au nom de cet « idéal » qui n’a même pas de définition précise ?

 

Vivre et laisser vivre.

02/12/2005

2 décembre 2005

medium_austerlitz.3.jpgIl y a 200 ans jour pour jour; Austerlitz.

 

En France, aucune commémoration.

 

Nous ne sont même plus capables de nous souvenir de nos victoires.

07/11/2005

Quand va-t-on arrêter de se foutre de notre gueule ?

Grosse grosse colère ce matin.

Je retrouve dans ma boite intranet hospitalière, une circulaire de l’administration nous avisant que les plateaux repas des médecins de garde vont être payants, et soumis à la possession d’un ticket repas.

Je fais encore 1-2 gardes par mois à l’hôpital, en réanimation cardiaque.

Voilà ma réponse, envoyée à tout le carnet d’adresse (tous les médecins, toute l’administration du CHU, soient plusieurs centaines de personnes) :

 
« Je me permets d’intervenir dans cette histoire.
 
Je suis praticien attaché, et je fais des gardes en réanimation de chirurgie cardiaque depuis 1999-2000.
Il est tout à fait scandaleux que des médecins qui fassent « tourner » un tableau de garde ne soient plus nourris gratuitement par l’administration hospitalière, comme cela l’a toujours été.
Comment des médecins, qui ne comptent pas leurs heures, pourraient, sans se rabaisser,  faire la queue pour quémander un ticket repas entre 8h à 12h et de 14h à 16h, « côté quai de chargement » ?
Contrairement à beaucoup, l’immense majorité des médecins travaille durant ces heures.
 
Quand devrons nous payer la nuit en chambre de garde, comme une chambre d’hôtel ?
Quand devrons nous payer un loyer pour avoir le droit d’utiliser le plateau technique au cours de la garde ?
 
Pourquoi des médecins dévoués devraient payer l’incurie de l’administration ?
(la couleur de la nouvelle moquette vous convient-elle, comment trouvez vous le nouveau et « indispensable » peinturlurage des cages d’escalier de l’hôpital ?).
 
Bien sur, je ne pourrais pas faire comme XXXX (un chirurgien cardiaque), que je soutiens totalement, c’est à dire faire la grève de la cotation CCAM.
Mais il est clair que le jour ou cette mesure prendra effet, je cesserai ma participation pour le prochain tableau de garde.
 
Quand va t-on enfin cesser de tondre les gens qui donnent déjà le plus ? »