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12/08/2007

Borobudur (2).

Ou le bouddhisme pour les nuls, par un nul.

 

Le problème principal pour comprendre ne serait-ce qu’une infime partie de ce monument est qu’il faut avoir un minimum de bases sur le bouddhisme.

Or, cette doctrine a presque autant de variantes que de pratiquants, et il est assez difficile d’en faire un résumé synthétique.

 

Par ailleurs, comme moi, vous avez probablement remarqué que les termes utilisés pour le décrire sont particulièrement longs et qu’ils comportent des « a », des « o », des « d » et des « h » à profusion, et pas dans le sens ou nous avons l’habitude de les lire. On y trouve même quelques « ā », « û» et autres voyelles chapeautées. Il ne manque que des « å » et des « ø ». Ceux qui ont lu « Asterix et les Normands » comprendront.

 

J’aime ainsi particulièrement le terme « prajñāpāramitā ».

Pas facile à caser dans une conversation, mais si vous y arrivez, l’effet est grandiose.

 

Avec mon beau-frère cheminot hier :

« Si Sarkozy instaure le service minimum, tous les collègues vont se mettre en grève, plus aucun train ne roulera !

- Mouais, d’un autre côté, c’est ce qui se passe en cas de grève.

- Pas du tout, 40% des trains circulent, si la loi passe, ce sera 10.

- A moins que les cheminots accèdent à la prajñāpāramitā avant septembre. Dans le cas contraire, ce sont les usagers qui devront faire à leur corps défendant cette démarche. 

- … ».

 

Le bouddhisme est donc apparu en Inde au VIème siècle avant notre ère.

Il s’est ensuite répandu dans toute l’Asie avant de refluer devant l’avancée du christianisme, et surtout de l’islam.

Il est issu de l’enseignement d’un jeune prince insouciant, Siddhārtha Gautama, qui s’est « éveillé » à l’âge de 29 ans (« Buddha » signifie « éveillé » en sanskrit).

A cet âge, il se rend compte que la bulle dorée dans laquelle il vit au palais n’est qu’une illusion, et que le monde  n’est qu’un océan de souffrances et de mort.

Il fait 4 rencontres qui vont marquer le point de départ de sa nouvelle vie.

 

Je cite Wikipedia : « La légende rapporte que ce sont quatre rencontres qui changent sa vie : un vieillard lui fait prendre conscience de la souffrance du temps qui passe et de la déchéance du corps vieillissant ; un malade lui apprend que le corps souffre aussi indépendamment du temps et un cadavre que l'on menait au bûcher lui révèle la mort dans tout son caractère sordide. Enfin, un ermite lui montre ce que peut être la sagesse. »

 

Il quitte son palais et commence à vivre une vie d’ascèse et de mortifications qui ne mèneront à rien, il s’en rendra compte au bout de 6 ans (il est un peu long à la détente).

Au bout de 6 ans, donc il accepte finalement un bol de riz au lait de la part d’une jeune fille, une dénommée « Sujāta ». Que ceux qui ont dit ou même pensé « Mont Blanc » sortent.

Il décidera alors de suivre la «voie moyenne » : ni trop, ni trop peu.

Il va ensuite s’asseoir sous un ficus (Ficus religiosa, précise même Wikipedia) et fait vœu de ne pas bouger avant d’avoir atteint la Vérité. Là, vous remarquerez que ma petite histoire de syndicalistes SNCF n’est donc pas totalement hors sujet.

Māra, le démon de la mort essaye de l’effrayer, puis de le séduire à l’aide de filles lascives (cette histoire se rapproche un peu du « Vade retro Satana », sauf qu’il n’y a pas de ficus dans le désert).

En vain.

Ayant enfin atteint l’éveil, un naja le convainc d’enseigner ce qu’il a appris.

Dans son premier sermon, « la mise en mouvement de la roue de la loi », il énonce les « 4 nobles vérités », piliers de ce qui va devenir le bouddhisme (de « Bodhi », ou illumination), ainsi que le principe fondamental que chacun peut atteindre la « Bodhi »

 

Etant médecin, et intéressé par le sujet, je cite de nouveau Wikipedia :

 

« La première noble vérité est celle de dukkha, la souffrance. Elle enseigne que l'existence conditionnée, l'existence telle que nous la connaissons, est souffrance : la naissance est souffrance, la vieillesse est souffrance, la maladie est souffrance, la mort est souffrance, être uni à ce que l'on n'aime pas est souffrance, être séparé de ce que l'on aime est souffrance - et, finalement, les cinq agrégats d'attachement sont souffrance. Ce terme de souffrance est aussi utilement traduit par insatisfaction, puisqu'il désigne bien au-delà de la douleur physique.

 

La deuxième vérité est celle de l'origine de la souffrance (samudaya). C'est la soif et l'ignorance qui engendrent les trois racines du mal : la convoitise, la haine et l'erreur ; tout acte (de l'esprit, du corps ou de la parole), bon ou mauvais produit un fruit (phala) positif ou négatif pour son auteur.

 

La troisième vérité est celle de la cessation de la souffrance (nirodha). Elle énonce qu'il y a une cessation de la soif. Cette fin des peines est le nirvāna.

 

La quatrième noble vérité est celle du chemin menant à la cessation de la souffrance (magga). Ce chemin est le "noble sentier octuple" ou "sainte voie aux huit membres" : opinion correcte, intention correcte, parole correcte, activité corporelle correcte, moyens d'existence corrects, effort correct, attention correcte et concentration mentale correcte ; ce chemin permet d'atteindre le nirvana.»

 

En d’autres termes : diagnostic, bilan étiologique, bénéfices attendus du traitement et mise en place de ce dernier. Ca ne vous rappelle rien ? C’est ce que l’on fait tous les jours. En lisant l'histoire de Siddhārtha, je me suis rendu compte que les études médicales et la pratique de la médecine ne sont pas si éloignées que cela d’une sorte de quête de l'illumination bouddhique.

 

L’enseignement du Bouddha est assez rapidement touffu (il a quand même vécu 80 ans) et difficile à suivre (toujours ces satanés mots sanskrits…). Par ailleurs, on ne peut pas vraiment dire que je sois un grand amateur d’abstraction. Je vais donc tâcher de faire le singe savant grâce à Wikipedia, sans faire trop de contresens,.

 

L’existence humaine possède 3 caractéristiques (toujours recopié de Wikipedia):

 

« Le non-soi ( skt. Anātman pal. anatta), ou interdépendance (plutôt coproduction conditionnée) ou encore impersonnalité : de l'atome à l'univers - en passant par les êtres humains et leurs états d'esprit - il n'y a rien qui ait une existence indépendante et réelle par lui même.

L’impermanence (skt. anitya pal. anicca) : tout est constamment changeant, tout est flux, rien n'est figé une fois pour toutes. "Rien n'est constant si ce n'est le changement".

L'insatisfaction (skt. duhkha pal. dukkha), ou souffrance : ce n'est pas que la souffrance physique ; du fait de l'impermanence des choses, rien ne peut nous satisfaire de manière ultime et définitive. »

 

En résumé, donc : « Tout phénomène conditionné est insatisfaisant, tout phénomène conditionné est éphémère et toute chose est sans soi. ».

 

C’est en comprenant cela, et en supprimant le désir ou l’envie, par nature insatiables et qui vont donc provoquer une souffrance infinie que l’on peut atteindre le nirvana.

 

Une grande partie de l'enseignement du Bouddha vise donc à libérer l'être vivant de l’emprise de ces poisons. Pour cela, il apprend à discerner par la méditation que l’ensemble de ce qui nous entoure n’est que « vacuité » (Śūnyatā), qu’un mirage.

Attention, « vacuité » ne veut pas dire néant :

« Selon le bouddhisme, tout est en essence vacuité (shûnyatâ ou śūnyatā), tant le samsâra que le nirvâna. Shûnyatâ ne signifie pas « vide ». C'est un mot très difficile à comprendre et à définir. C'est avec réserve que je le traduis par « vacuité ». La meilleure définition est, à mon avis, « interdépendance », ce qui signifie que toute chose dépend des autres pour exister. [...]  Tout est par nature interdépendant et donc vide d'existence propre.» (Ringou Tulkou Rimpotché).

Déjà, ce n’est pas très simple, mais il y a encore plus fin. Selon le bouddhisme mahâyâna (les constructeurs du Borobudur appartenaient à cette école), il existe 18 formes différentes de vacuité. Votre vacuité, vous la voulez plus ou moins vide ?

Pour ce distinguo subtil (bien trop pour moi), je vous propose de lire cet article publié dans l’excellent site atheisme.free.fr. et bien sûr l’article « vacuité » de Wikipedia.

 

Evidemment le chemin est long, et les embûches nombreuses. Le bouddha énonce notamment trois poisons de l’esprit qui vont le troubler et gêner son éveil : l’avidité ou soif (trishnâ), la colère et l’ignorance ou indifférence (avidyâ).

Enfin, cette souffrance enferme l’être vivant (pas seulement l’être humain) dans un cycle infernal de renaissances, c’est le samsāra. La somme de ce qu’un être vivant a fait, fait ou fera est le fameux karma. Ce karma va grandement influer (en bien ou en mal) sur le samsāra.

 

Il passe le reste de sa vie à enseigner sa doctrine et meurt à l’âge respectable (pour l’époque) de 80 ans.

Petit détail, mais qui a son importance : peu avant sa mort, Il pria ses disciples d’enterrer ses cendres sous un tumulus funéraire. Ses disciples lui demandèrent alors quelle devait être la forme de ce monument. Bouddha prit alors son vêtement, le plia en carré, posa dessus son bol à offrandes et y planta son bâton de pèlerin : la forme du stûpa était née.

 

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N’oubliez pas cette histoire de renoncement au désir, à la colère et à l’envie, et au bol renversé, on va en reparler dans une prochaine note.

Un site sur le bouddhisme ici (l'image vient de là).

 

 

 

 

 

Edition le 13/08/07: quelques rajouts et améliorations après avoir médité toute la nuit sur le bouddhisme.

Borobudur (1).

Petit avertissement préliminaire : je ne connais strictement rien au bouddhisme et à l’architecture de ses temples.

J’ai simplement eu envie d’écrire cette note car j’ai retrouvé un bouquin qui m’avait beaucoup marqué en 1994.

Ce livre s’appelle tout simplement « Borobudur », il a été publié la même année par la prestigieuse « Imprimerie Nationale », celle-là même qui imprime nos formulaires administratifs. A l’époque, cette administration avait une branche édition qui s’était spécialisée dans les « Beaux livres », et je trouvais à l’époque que cette expression était un euphémisme. Je me souviens que dans le milieu des années 90, j’écumais les rayonnages de la FNAC-Bellecour afin de trouver des ouvrages sortant de leurs presses. Actuellement, je ne sais si ils sortent de nouveaux livres. J’ai simplement entendu dire qu’ils étaient en difficulté et que le patrimoine de cette vénérable maison était en danger.

Vous trouverez d’ailleurs ici une pétition afin de le défendre.

 

Pour en revenir au Borobudur, je ne désire pas faire un exposé sur le bouddhisme, ou son architecture, ce dont je suis bien incapable, mais essayer de vous transmettre ce que j’ai ressenti et ressens en lisant ce livre.

Ce qui m’a fasciné c’est que l’édifice entier est le reflet d’une doctrine, et que l’ascension effectuée par les fidèles en pèlerinage correspond à leur progression intime dans le bouddhisme. Cet édifice est en fait un immense mandala de 113 mètres de côté qui sert de support à la méditation du pèlerin bouddhiste en quête de sa voie.

A part notre chemin de croix, je ne connais pas d’exemple similaire.

 

Pour obtenir des renseignements complémentaires, je vous conseille vivement les ouvrages et sites suivants :

 

Borobudur. Jean-Louis Nou et Louis Frederic. Imprimerie Nationale 1994.

 

Wikipedia en français et en anglais.

 

Le site de la Fondation Berger

 

Le site de l'ANU (malheureusement non achevé)

 

Le site Borobudur.fr

 

Enfin pour ne pas faire une note gigantesque, j’ai l’ai divisée en plusieurs parties, que je suis en train d'écrire.

07/08/2007

Weekly World News.

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Je suis tombé sur un bel éloge funèbre dans le Washington Post.

Qui enterre-t-on ?

Un journal dont je n’avais jamais entendu parler avant, ou peut-être une vague référence dans un « Men in Black ».

Ce journal, le « Weekly World News » (WWN pour les intimes) crée en 1979 a compté jusqu’à 1 million de lecteurs dans les années 80, alors qu’ils sont moins de 90000 actuellement. Ce journal ne devrait pas passer le mois d’août. RIP.

Il relatait toutes les semaines les histoires les plus loufoques possibles, du genre Elvis n’est pas mort, ou Hillary Clinton a adopté un bébé extra-terrestre.

Vous voyez le genre.

 

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Le rédacteur du Washington Post est plein d’humour et de sollicitude envers son confrère mourrant.

Il insiste notamment sur le fait que le WWN a toujours su trouver des sujets d’articles plus sensationnellement loufoques que la réalité de l’époque, et que c’est de moins en moins facile (les quelques exemples choisis sont en effet éclairants).

Qu’est ce qui a tué le WWN ?

DES INSECTES GEANTS VENANT DE MARS S’ABATTENT CHAQUE SEMAINE SUR LES EU ET DEVORENT LE DERNIER NUMERO DE WWN.

Même pas, plutôt une mauvaise gestion, et le départ ou le décès des rédacteurs de la première heure.

 

 A lire, la vie et la mort d’un journal pas comme les autres : ici.


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BOOM !