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10/10/2008

Le Guépard (3).

« Un Falconeri doit être avec nous, pour le Roi ». Les yeux recommencèrent à sourire. « Pour le Roi, certes, mais pour quel Roi ? ». Le jeune homme eut une de ses crises de sérieux qui le rendaient impénétrable et si cher. « Si nous ne sommes pas là nous non plus, ils vont nous arranger la république. Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change. Est-ce clair ? ». Il embrassa son oncle un peu ému. « Au revoir, à bientôt. Je reviendrai avec le tricolore. ».

Les flatteries glissaient loin de la personnalité du Prince comme l’eau sur les feuilles de nymphéas : c’est l’un des avantages dont jouissent les hommes qui sont en même temps orgueilleux et habitués à l’être.

 

 

 

 

Giuseppe Tomasi di Lampedusa

Le Guépard

Traduction Jean-Paul Manganaro

 

08:08 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0)

07/10/2008

Le Guépard (2).

« Don Fabrizio avait eu beaucoup de soucis ces deux derniers mois : ils avaient débouché de toutes parts comme des fourmis à l’abordage d’un lézard mort. Certains avaient surgi des crevasses de la situation politique ; d’autres lui étaient tombés dessus à cause des passions d’autrui ; d’autres encore (et c’étaient ceux qui le rongeaient le plus) avaient germé dans son for intérieur, c'est-à-dire à partir de ses réactions irrationnelles par rapport à la politique et aux caprices de son prochain (il appelait caprices, quand il était irrité, ce qu’étant calme il désignait comme des passions) ; et ces soucis, il les passait en revue tous les jours, il leur faisait faire des manœuvres, se mettre en colonne ou se déployer en rangs sur la place d’armes de sa conscience, en espérant apercevoir dans leurs évolutions un sens quelconque de finalité qui pût le rassurer ; et il n’y parvenait pas. »

 

 

 

Giuseppe Tomasi di Lampedusa

Le Guépard

Traduction Jean-Paul Manganaro

 

21:28 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0)

06/10/2008

Le Guépard

« Il serait hardi d’affirmer que don Calogero tira parti tout de suite de ce qu’il avait appris ; il sut, dès lors, se raser un peu mieux et être un peu moins effrayé par la quantité de savon utilisé dans la lessive, rien d’autre ; mais ce fut à partir de ce moment-là que débuta pour lui et les siens l’affinement constant d’une classe qui au cours de trois générations transforme des rustres efficaces en gentilshommes sans défense. »

 

 

Giuseppe Tomasi di Lampedusa

Le Guépard

Traduction Jean-Paul Manganaro

 

20:53 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (2)