04/05/2008
Printemps
18:02 Publié dans Divers et variés | Lien permanent | Commentaires (2)
01/05/2008
Lincoln et son castor
Le Rozerem®, vous connaissez ?
Il s’agit d’un mélatoninomimétique direct commercialisé aux Etats-Unis par les laboratoires Takeda avec l’indication d’insomnie chronique.
Sa DCI est le ramelteon.
Jetez un coup d’œil sur le site web de ce produit, ça vaut vraiment le détour.
Je dois me pincer pour me rappeler qu’il s’agit d’un médicament dont on parle.
On y trouve quand même une petite pincée de disease mongering avec la page « What is insomnia ? ».
J’aime aussi beaucoup le « Try Rozerem for 7 nights- FREE ! ».
Ca vous fait sourire ?
Moi aussi, mais par ailleurs, le « Department of Health and Human Services » a tapé sur les doigts de Takeda dans ce courrier en demandant au laboratoire de retirer une autre publicité (dont quelques captures d’écran sont ici) qui situait ce produit dans un contexte très pédiatrique. Alors qu’il n’a pour indication que le traitement de l’insomnie chez les adultes, et que le RCP précise :
«Use in Adolescents and Children
ROZEREM has been associated with an effect on reproductive hormones in adults, e.g.
decreased testosterone levels and increased prolactin levels. It is not known what effect
chronic or even chronic intermittent use of ROZEREM may have on the reproductive axis in
developing humans.
Pediatric Use
Safety and effectiveness of ROZEREM in pediatric patients have not been established. Further study is needed prior to determining that this product may be used safely in pre-pubescent and pubescent patients. »
Petit extrait du courrier adressé à Takeda :
« Although the TV ad does not state the drug product's indication or recommended dose, the statements and images suggest that Rozerem is indicated for children. Specifically, the TV ad includes the following statements and corresponding visuals: “Rozerem would like to remind you that it’s back to school season.” (visuals include chalk board, school books, school bus, laptops, school-aged children with backpacks). Ask your doctor today if Rozerem is right for you.” (product logo, collage of visuals noted above, and tagline, “Back to School”). The combination of these statements (“Back to School”) and images of school-aged children and school-related »
A votre avis, combien de temps après le début de cette campagne, l'autorité américaine de régulation a exigé son retrait ?
6 mois, c'est-à-dire largement plus que la durée de la campagne elle-même !
C’est dire l’efficacité des autorités de régulation, que ceux qui voudraient voir légaliser la publicité directe au consommateur en Europe mettent pourtant en avant chaque fois qu’un contradicteur s’inquiète des risques de dérapage.
Autre question : a combien s’est montée l’amende payée par Takeda ?
Zéro dollar.
La FDA a seulement fait les gros yeux, et encore pas longtemps.
Cette campagne a quand même gagné un prix en 2007, celui de pire produit au monde pour cette année, avec la mention « conduite irresponsable », décerné par Consumers International.
Et là, bien sûr, on trouve Lincoln et son castor bien moins drôles…
Souvenez vous :
Il faut faire confiance à l’industrie pharmaceutique
L’industrie pharmaceutique nous veut du bien.
Il faut faire confiance à l’industrie pharmaceutique
L’industrie pharmaceutique nous veut du bien.
Il faut faire confiance à l’industrie pharmaceutique
L’industrie pharmaceutique nous veut du bien.
…
15:46 Publié dans Prescrire en conscience | Lien permanent | Commentaires (8)
Passé, présent, futur (2).
Fin 2007, j’avais écrit cette note sur la possible évolution de l’hospitalisation privée (et publique, en creux).
Et bien pour une fois, mes prédictions semblent s’avérer exactes (en général, je me trompe toujours sur l’avenir).
Une grosse clinique familiale achetée l’an dernier par un fond de pension vient d’être cédée à une grosse compagnie d’assurances/mutuelles. Le fond de pension avait pourtant promis, via sa filiale, une ère de prospérité et de stabilité aux employés inquiets.
Cette ère a duré moins de six mois.
Le maillage se forme donc petit à petit.
Des patients assurés auprès de la mutuelle X seront un jour probablement incités à être pris en charge dans des établissements appartenant à cette même mutuelle.
Comme je l’ai déjà dit, la boucle de l’argent est bouclée. Il n’y a que des avantages pour la mutuelle : bénéfices à tous les étages et contrôle des coûts,
Ca ne va pas se faire brutalement, mais tout doucement, et comme cela se fera dans un contexte de désengagement de l’Etat, peu de voix s’élèveront pour critiquer la concentration du système de santé dans la paume d’un seul acteur.
La puissance financière de ces groupes leur permettra d’avoir les meilleurs équipements et les meilleurs médecins, qui jusqu’à présent étaient plutôt l’apanage des hôpitaux publics.
D’où une magnifique médecine à deux vitesses. D’un côté, les patients pouvant se payer une bonne mutuelle (ou les salariés d’entreprises la payant pour eux) iront dans des établissements privés et modernes, les autres, les démunis, se contenteront d’ l’hôpital public, réminiscence des hospices.
J’ai hâte de voir les premiers dépliants publicitaires des mutuelles qui vont vanter tout l’intérêt de se faire soigner dans un établissement « maison ».
Nous serons alors vraiment à l’aube du meilleur des mondes (Braaaaaziiil ; Braaaaziiil…).
12:47 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (9)