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19/01/2008

« Unexplained Dermopathy »

Vous avez entendu parler de la maladie des Morgellons (Wikipedia Fr et En) ?

Non ?

Lisez cet article et regardez ce que les vidéos que Youtube propose quand on tape « morgellons » dans son moteur de recherche.

Je vous défie de ne pas vous gratter après.

 

La vérité est ailleurs.

 

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Figments of the Imagination?

By Brigid Schulte

The Washington Post

Sunday, January 20, 2008

07:59 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (3)

18/01/2008

Le biais de publication.

Un article très intéressant a été publié hier dans le NEJM.

Il montre que les études défavorables à la molécule étudiée ont bien moins de probabilité d’être publiées que celles qui sont favorables.

Par ailleurs, l’équipe qui a conduit cette étude a effectué deux méta-analyses : une sur les seules études publiées, et une sur l’ensemble des études (publiées et non publiées) sur 12 antidépresseurs différents.

Vous allez voir que les résultats diffèrent assez largement, et donc in fine,  que notre pratique quotidienne pourrait être inflencée par ce biais.

Le registre de référence est celui de la FDA, registre dans lequel tout promoteur a obligation d’inscrire son étude, mais qui n’est pas facilement accessible aux simples praticiens, contrairement aux études publiées.

La période est 1987-2004.

Les essais étudiés sont des phases II et III, concernant 12 anti-dépresseurs.

Le registre de la FDA comporte 74 études, englobant 12564 patients.

31% des études (23 publications) de ce registre n’ont jamais été publiées.

Parmi les 38 études considérées comme « favorables » par la FDA : 37 ont été publiées, 1 ne l’a pas été.

Parmi les 36 études considérées comme « défavorables » ou « douteuses » (c'est-à-dire que la FDA n’a pas pu trancher), 3 ont été publiées, 22 n’ont pas été publiées et 11 ont été publiées mais avec une conclusion « favorable » dans le texte de l’article (!!).

Si l’on regarde la littérature publiée dans des journaux scientifiques, 94% des essais impliquant un traitement anti-dépresseur sont positifs.

Si l’on regarde l’ensemble du registre de la FDA, le pourcentage d’essais positifs descend à 51%.

Maintenant, si l’on fait une méta-analyse sur ces 2 groupes d’études, individuellement pour chaque molécule, et globalement pour les 12, on retrouve une « amélioration » de l’efficacité comprise entre 11 et 69%, soit globalement une « amélioration » de 32%.

Publier sélectivement les études sur l’ensemble de ces 12 traitements anti-dépresseurs augmente donc leur efficacité de près de 32%. Et que dire des 11 études jugées négatives ou douteuses par la FDA, mais qui ont été publiées avec des conclusions plutôt positives ?

Les auteurs concluent ainsi :

« Selective reporting deprives researchers of the accurate data they need to estimate effect size realistically. Inflated effect sizes lead to underestimates of the sample size required to achieve statistical significance. Underpowered studies — and selectively reported studies in general — waste resources and the contributions of investigators and study participants, and they hinder the advancement of medical knowledge. By altering the apparent risk–benefit ratio of drugs, selective publication can lead doctors to make inappropriate prescribing decisions that may not be in the best interest of their patients and, thus, the public health. »

Réponse d’un représentant de l’industrie pharmaceutique dans le NYT :

« Alan Goldhammer, deputy vice president for regulatory affairs at the Pharmaceutical Research and Manufacturers of America, said the new study neglected to mention that industry and government had already taken steps to make clinical trial information more transparent.

“This is all based on data from before 2004, and since then we’ve put to rest the myth that companies anything to hide,” he said. »

Ouf ! Je suis rassuré, cette étude est donc parfaitement caduque car depuis 2004 l’industrie pharmaceutique a tourné la page des années noires et maintenant agit de manière totalement transparente et éthique….

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17/01/2008

Le retour au bled.

Le retour au bled (bilad) de mes patients maghrébins est toujours un peu angoissante pour moi.

 

Quand je dis bled, je pense aux petits villages reculés, mais aussi aux grandes villes : Alger, Oran, Constantine, Tunis, Sfax, Casablanca, Marrakech… Le danger se trouve aussi bien dans les villes, que dans les champs.

 

Le patient cardiaque, littéralement tiré par la manche d’amis en amis, de cousins en cousins, passe son séjour à banqueter, ripailler, et parfois oublier la dure réalité de la maladie.

Vous savez ce que c’est, loin du toubib (طبيب , tubiib) loin du cœur…

 

D’un côté, c’est bien, mais d’un autre, se goinfrer de délicieuses sucreries (as-sukkr) pour un coronarien dyslipidémique et diabétique, ou de sel pour un insuffisant cardiaque à une tablée où le café (kawa, qahwa) coule à flots continus peut avoir des conséquences non négligeables.

Et que dire du séjour qui devait durer 2 semaines, et qui se prolongea plusieurs mois ? Une fois le stock de médicaments épuisé, notre cigale se trouva bien dépourvue quand « labess moins bien  » fut venu.

Le réseau de soin au Maghreb, surtout en Algérie, semble-t-il, (tu confirmes, Kropo ?) est parfois plus erratique que chez nous. D’où, parfois des situations difficiles.

 

Que faut-il faire ?

Je l’avoue, j’infantilise comme une maman qui envoie son enfant pour la première fois en colo. Je répète 10 fois mes conseils de prudence au patient et à sa famille, je leur fais apprendre l’ordonnance par cœur, avec interrogation surprise parfois : « Combien de Plavix ? Quand prendre le Lasilix ? Un makrout ou une orange (narandj) et un abricot (al-barkuk) ? ». Mais bon, vous savez aussi bien que moi ce que c'est, les klebs (kalb) aboient mais la caravane passe quand même. Le chiffre zéro (as-sifr pour les deux) n'existe pas en matière de risque.

J’essaye d’adapter l’ordonnance en prescrivant des molécules que je sais être disponibles là-bas. Dans ces cas, j’utilise pas mal le captopril qui est ubiquitaire (mes quelques rares essais avec le ramipril ont été aussi assez concluants).

Ca tombe bien, vous le savez, en général je ne suis pas un adepte « de la dernière nouveauté qui va fondamentalement révolutionner le traitement de telle ou telle pathologie ».

 

Je l’avoue, depuis quelques temps, je me fais dédommager mes angoisses.

Je demande aux patients que je connais bien de me ramener des fruits secs, notamment des dattes du bled.

Celui qui n’a pas goûté des dattes directement descendues de l’arbre, du séchoir puis de l’avion ne sait pas ce qu’est une datte.

Caton s’est servi de figues fraîches cueillies trois jours avant en Lybie devant le Sénat Romain pour faire raser Carthage, moi je me sers de dattes (algériennes dans ce cas particulier) pour apaiser mes inquiétudes.

La semaine dernière, j’en ai mangé quasiment 1Kg à moi tout seul en 48 heures (moins quelques dattes pour les infirmières et mon épouse).

 

"Quand est-ce que vous repartez ?

Ah, dans si longtemps !?"

 

Je ne suis pas un assassin (hachchachi, mais c'est discuté), juste gourmand!

 

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Merci à Wikipedia (comme d’habitude).

Merci à Projet Babel.

Merci à Plutarque.

Merci aux arabes pour tout ce qu’ils nous ont apporté.

Merci à mes patients pour les dattes.