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30/12/2007

Les passeurs.

J’ai finalement terminé « Le livre des passeurs » de Armand et Eliette Abécassis (Ed. Robert Laffont).

Ce bouquin collecte des extraits d’œuvres qui ont jalonné 3000 ans de littérature juive ; « De la Bible à Philip Roth », comme le dit le sous-titre.

Je ne suis pas en mesure de commenter le choix des textes, mais ils me semblent remarquablement cohérents dans l’objectif de ce recueil qui est d’expliquer les pérégrinations de l’âme juive depuis 3000 ans.

Mes seuls bémols : je suis toujours un peu gêné par le caviardage du texte de Maimonide, et j’avoue avoir survolé de très très haut quelques textes de Rabbins exégétiques du Xème siècle.

Mais bon, je pars de loin aussi. Je crois l’avoir déjà dit, mais le seul cours duquel je me sois fait chasser un jour était un cours de catéchisme obligatoire avant ma première communion.

 

Les commentaires des auteurs sont heureusement là pour palier à mon ignorance crasse.

Les textes contemporains sont bien plus accessibles et assez inattendus pour certains auteurs.

J’ai complété ma liste sans cesse en mouvement des « livres à acheter ».

Notamment, j’ai envie de connaître Philip Roth (si vous avez des conseils, n’hésitez pas).

 

Mais ce qui m’a le plus fait réfléchir, c’est le terme même de « passeur ».

Chaque génération « passe » son savoir, sa culture à la suivante.

Chez les juifs, il me semble que la religion et le mode de vie sont liés, plus ou moins, mais ils le sont indubitablement. D’où l’importance de la transmission.

Mais chez nous, et notamment chez moi ?

Je suis athée, quasiment militant puisque j’ai rompu la tradition familiale probablement immémoriale en ne faisant pas baptiser mes enfants. Je trouvais préférable de leur laisser le choix de rentrer dans « la communauté des croyants » plus tard, lorsqu’ils seront en âge de comprendre.

Bon, si ils ont la malchance de tomber amoureux d’une fille adepte du « jamais avant le mariage », ils vont me haïr en ruminant leurs frustrations sur les bancs de la cure non chauffée du village, sous la houlette vigilante d’un brave curé couperosé.

 

Pour ma part, je n’ai jamais pensé à l’apostasie. Mes convictions athéistes ne vont pas jusque là.

Ne pas donner d’éducation catholique à mes enfants ne me gène donc pas pour son côté religieux. Par contre, nous vivons dans une société judéo-chrétienne et la culture, l’art, et les livres qui se parlent les uns aux autres, comme le dit si joliment Umberto Ecco font presque toujours référence au « Livre ». A tel point que la majuscule nous indique tout de suite de quel livre nous parlons.

Comment comprendre un Rembrandt, ou d’innombrables expressions comme « pauvre comme Job », ou « colosse aux pieds d’argile » sans connaître un minimum d’Histoire Sainte ?

Je la connais un minimum, car je ne me suis pas fait virer tous les jours du cours de cathé, et aussi car j’ai connu Caroline bien plus tard.

Mais mes enfants ?

Avec Sally (qui est aussi athée que moi), on a envisagé d’acheter une Bible illustrée. Ô ironie ! Je vais me retrouver à leur faire la lecture des évangiles chaque soir, comme dans n’importe quelle famille catholique pratiquante. Vision d’horreur à laquelle je ne me résous pas.

 

Heureusement, ils n’ont encore que 4 ans et 5 ans et demi.

J’ai encore quelques années pour résoudre la quadrature du cercle.

29/12/2007

Un présage favorable pour 2008 ?!

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12:50 Publié dans Kiva | Lien permanent | Commentaires (0)

28/12/2007

Les guildes et les médecins.

Ce matin, je voulais vous présenter une étude parue dans « The Annals of Internal Medicine » le 4 décembre dernier.

Mais le temps m’a manqué et je n’ai lu que l’éditorial rédigé par un certain Harold C Sox.

 

Ce médecin compare l’évolution actuelle de notre profession et l’évolution des guildes au Moyen-âge.

Sur le coup, je n’ai pas trouvé cette image très pertinente, jusqu’à ce que, un peu par hasard, j’en discute plus tard avec un jeune infirmier.

 

Tout d’abord, comme souvent, l’auteur de l’éditorial est américain. Il décrit donc une réalité qui n’est pas tout à fait la même que chez nous, à la fois sur le plan structurel et des mentalités.

Mais je n’en trouve pas moins intéressante cette comparaison, d’autant plus que les Etats-Unis sont assez souvent un reflet de notre avenir, pour le meilleur et pour le pire.

 

Pour ceux qui pensent que le Moyen-âge est fidèlement décrit dans le « Seigneur des Anneaux », une guilde (ou corporation) était un regroupement fermé de professionnels ayant des règles et des privilèges précis (notamment le monopole de fabrication et/ou de vente accordé par la municipalité, voire le Roi).

Je ne vais pas paraphraser plus longtemps l’article de Wikipedia, jetez-y un coup d’œil.

 

Ces professionnels se cooptaient, se devaient assistance, avaient des rites et des coutumes qui faisaient que chaque individu devait œuvrer pour le bien commun, pour la défense des intérêts de la guilde.

Une confrèrie, en sorte.

Monopole d’exercice, cooptation, rituel d’intronisation, confrèrie, confrère…

Vous voyez où je veux en venir ?

Notre profession n’est rien d’autre qu’une guilde, régit par un code de déontologie et un Conseil de l’Ordre.

La cooptation ?

Assez souvent médecin est issu de médecin, et si les concours donnent l’illusion d’une ouverture au monde extérieur, chacun sait que l’Hôpital sélectionne plus ou moins ouvertement ceux qui vont appartenir au sérail, quitte à modeler les individus.

Pour couronner ces longues années d’apprentissage (où, je cite Wikipedia «ils [les apprentis] ont très peu de droits, mais beaucoup de devoirs, ils sont tout en bas de l'échelle », vous voyez de qui je veux parler…), l’apprenti-médecin est consacré par ses « Maîtres » au cours d’un magnifique rituel d’initiation en costume, s’il vous plait.

 

Les guildes ont disparu au XVIIIème  sous les coups de boutoir du mercantilisme, et le développement du commerce.

 

Ce sont le manque d’investissement, et la sclérose du système des guildes qui ont conduit à leur disparition. Le commerce et les échanges ont permis de produire plus, parfois mieux, et à plus faible coût. Chaque fabricant étant aiguillonné par la concurrence, contrairement aux guildes où tout le monde (en tout cas les maîtres) avait son petit pré carré bien tranquille. Le pouvoir, qui leur était initialement favorable a finalement signé leur arrêt de mort en 1791, séduit par la liberté d’entreprise prônée par Turgot et consorts.

 

Quand est-il de notre profession ?

Elle ne sera pas poignardée par les méchants capitalistes, en tout cas, ce ne seront pas eux qui frapperont en premier.

Le monopole de l’exercice de la médecine, le faible nombre de médecins, la longueur des études médicales concourent à rendre de plus en plus difficile la satisfaction de la demande de soins de la population générale.

Et vous savez tous que cela ne va faire qu’empirer avec les années. La lecture de le l’Atlas de la démographie médicale de 2007 est édifiant. Cinquante pour cent des cardiologues masculins ont plus de 50 ans. Qui va les remplacer dans 10-15 ans ?

Par ailleurs, nous coûtons cher. Notre niveau d’étude, notre pouvoir décisionnaire encore largement intact augmentent une facture qui gonfle déjà mécaniquement avec l’âge de la population et le coût de plus en plus important des avancées techniques.

On ne peut pas non plus « importer » larga manu des médecins étrangers.

 

Tout pousse donc vers une « libéralisation » de notre profession, avec un glissement de nos compétences vers des professions aux parcours moins longs, donc moins coûteux et qui plus est, plus facilement "maniables" ; les infirmiers/infirmières, par exemple.

D’ailleurs, la tendance n’est-elle pas de faire rentrer ces derniers dans un cursus universitaire ? Les IADEs peuvent déjà effectuer légalement des actes d’anesthésie, les IDE bientôt prescrire certains dispositifs médicaux, et ne parle t’on pas de remplacer le cardiologue échographiste par un technicien (les « sonographers ») ?

Si j’osais une comparaison qui ne se veut pas du tout méprisante (mon infirmière d’épouse peut en témoigner) : la stalactite et la stalagmite se rejoignent.

 

Quand à notre pouvoir décisionnaire, il est au milieu des recommandations, comme on peut l’être en plein coeur des sables mouvants. A la limite, je me demande si nous ne serions pas sur-diplômés pour appliquer des recommandations à la lettre. Faut-il vraiment 11 ans d'études pour prescrire (ou non) un traitement pour prévenir les épisodes thrombo-emboliques chez un patient en fibrillation auriculaire lorsque l'on a sous les yeux ce type de document ? Est-ce qu'un professionnel de santé non médecin, ou un médecin avec un cursus universitaire abrégé ne serait pas capable de le faire (un médecin "fast track"). Mais c’est un autre problème.

 

Je vois que quelqu’un au fond de la classe voudrait que je dise un mot sur les méchants capitalistes qui vont nous achever.

Je vois, je vois dans ma boule de cristal un autre glissement, horizontal celui-ci, la privatisation d’une partie de l’assurance maladie.

Une protection minimale, de type « string » pour tous, notamment les plus démunis et les assurances privées plus ou moins protectrices pour ceux qui pourront se le permettre.

Et là, ce sera le pompon. Non seulement le médecin aura au dessus de sa tête l’HAS ou une de ses émanations et ses multiples  recommandations/accréditations mais aussi et surtout les assurances privées qui ne vont pas se priver de lui faire baisser son coût de revient à coups de pied dans le derrière.

 

 

Je n’arrive pas à entrevoir d’avenir bien réjouissant pour notre profession. Comment résoudre cette quadrature du cercle ?

Petit espoir, je suis de nature assez pessimiste…

 

Conclusion empruntée à l’auteur de l’éditorial :

« The parable of the craft guilds teaches us that community institutions, such as the professions, must adapt or wither. »

 

S'adapter ou disparaître, éternel problème...

 

Bonne nuit à tous.

 

 

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Sox, HC. Medical Professionalism and the Parable of the Craft Guilds. Ann Intern Med. 2007; 147: 809-810.

 

 °0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°

 

Edition du lendemain à 6h50:

Je viens de me re-relire, et avant de me faire crucifier par des collègues bien pensants, je tiens à préciser que je n'adhère pas du tout au sacrifice de nos statuts. Je ne suis pas le Clodius de la Médecine.

J'essaye simplement d'imaginer ce qui risque de nous arriver.

 

23:45 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (2)

Un troll : sa vie, son œuvre…

Bon, on peut quand même dire que ce troll a accompli quelque chose dans la vie.

Il a réussi à faire un article complet dans le WSJ.


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Découvert via Respectful Insolence.

Pour tout savoir sur les trolls, c'est ici.

Un piège à Troll pour Wordpress.

08:35 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (2)

Dévastation


Bhutto Assassination Sparks Disarray

By Salman Masood and Carlotta Gall

Published: December 28, 2007.

NYT

 

 

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Photo: John Moore/Getty Images

Image trouvée ici.

 

25/12/2007

Kiva sur Second Life.

La dynamique petite équipe qui milite pour Kiva.org dans Second Life (SL) s’est dotée d’un nouveau lieu d’accueil, situé dans les « Non Profit Commons » (web, SLURL).

Cette zone qui regroupe des dizaines d’organisations caritatives est offerte par la société de Anshe Chung, connue comme ayant été la première millionnaire en vrais dollars de SL.

 

Le bureau de Kiva est encore  en cours de décoration, mais il est déjà opérationnel.

 

L’inauguration officielle aura lieu le 5 janvier entre 19h30 et 21h00, heure de Paris au bureau 23. Il suffit de cliquer sur le panneau indicateur ci-dessous à l’arrivée sur zone, pour y être téléporté.

 

N’hésitez pas à venir nombreux !

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19:45 Publié dans Kiva | Lien permanent | Commentaires (0)