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05/04/2008
Les études de marché.
J’aime bien faire des études de marché pour les firmes pharmaceutiques.
Et ça tombe bien, il y en a de plus en plus.
En général, l’industriel confie la réalisation de ces études à des prestataires français ou étrangers, connus (l’un d’eux est une filiale d’un célèbre organisme de sondages) ou non.
J’observe depuis 6 ans une multiplication de ces prestataires de service qui forment maintenant une véritable petite industrie, probablement très rentable.
Rentable, d’autant plus que la plupart de ces études se font maintenant sur Internet, pour un coût dérisoire.
Les questions sont toujours les mêmes.
« Si un nouveau produit X sortait avec telle ou telle caractéristique, le prescririez-vous ? »
« Si le produit Y était génériqué, le prescririez-vous ? »
« Quelle est le meilleur texte promotionnel parmi les suivants ? »
…
Ces questions sont intéressantes, car elles traduisent les angoisses profondes de l’industrie pharmaceutique.
Parfois, en cherchant un peu sur Internet à côté, on peut savoir ce que va être ce fameux « produit X » qui sera bientôt commercialisé.
On arrive aussi à savoir quel produit « blockbuster » va bientôt être déremboursé, ou quel produit de la concurrence fait peur au probable commanditaire de l’étude. En effet, bien que toujours anonyme, on arrive assez facilement à le démasquer en analysant un peu les questions.
Je vous avais aussi raconté la soirée que j’avais passée et où on nous avait interrogé ce qui est devenu le rimonabant.
Cette soirée m’avait ouvert les yeux sur le battage publicitaire qui a été fait ensuite, pour finalement aboutir à un gigantesque flop.
Bien sûr, en dehors de cette fenêtre ouverte sur l’inconscient des firmes pharmaceutiques, ces études sont aussi très bien rémunérées.
En dessous de 50 euros, je ne réponds même pas. En général la rémunération tourne autour de 75-120 euros pour un questionnaire de 45 minutes.
Le fin du fin est la rémunération sous forme de chèque-cadeaux Amazon, car dans ce cas, en plus, cerise sur le gâteau, c’est net d’impôts.
Je me suis ainsi constitué une belle bibliothèque grâce à ce système.
Bon, les questionnaires sont un peu fastidieux et parfois les questions, mal traduites de l’anglais sont curieuses. Mais je les complète souvent un peu au hasard lorsque j’en ai assez de réfléchir, ce qui finalement arrive assez rapidement. J’ai même un collègue qui les fait remplir par son fils de 7 ans et sa femme.
Deux petits écueils pour avoir accès à cette manne : avoir une relation appartenant à ce milieu des sociétés prestataires de ces études, et avoir le profil recherché.
Une fois que votre relation vous a mis le pied à l'étrier en vous faisant connaitre par un ou plusieurs prestataires, les études vont commencer à affluer dans votre boite mail.
La prolifération des études sur Internet gomme un peu le premier obstacle. Il existe même des sites ou n’importe quel médecin peut s’enregistrer afin de participer à des études futures.
Avoir le profil exact recherché est un peu plus difficile.
Etre spécialiste dans un domaine ou l’industrie gagne beaucoup d’argent et où la concurrence est féroce (par exemple en cardiologie !) aide beaucoup.
Ensuite, il faut répondre à une dizaine de questions préliminaires afin de préciser si vous correspondez bien au profil demandé.
A la moindre erreur, vous êtes éjectés.
Donc prudence dans vos réponses, sinon "adieu veaux, vaches, cochons et bons d’achat » !
Et encore, là aussi, il y a moyen de moyenner.
Je me suis fait récemment éjecter d’une étude. J’ai passé un coup de fil, et dans la soirée, j’avais un nouvel accès au site web et surtout les réponses à donner au questionnaire initial, envoyées par le prestataire lui-même.
Une firme pharmaceutique fait un gros chèque pour interroger 100 médecins. Si le prestataire ne les a pas à l'approche de la date limite, il devient bien moins regardant…
J’avoue que répondre de façon plus ou moins aléatoire à un questionnaire grassement rémunéré et censé mieux faire vendre des médicaments à l’industrie pharmaceutique me procure un plaisir intense.
Bon, quel bouquin je vais bien pouvoir choisir sur Amazon ?
Et pourquoi pas l’intégrale de « Calvin et Hobbes » qui me fait tant envie ?
10:16 Publié dans Prescrire en conscience | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
http://grangeblanche.hautetfort.com/archive/2008/03/25/la-therapie-du-miroir.html#comments
vaut bien un petit peu de temps à cocher qlqs cases :) Beaucoup plus même :)
Écrit par : xavier | 05/04/2008
Moi je crie misère! J'ai des études remunérées 15 euros et 20 euros! Comme je le disais, je suis modeste médecin généraliste de campagne et je n'intéresse personne, poor lonesome cowboy!
Écrit par : docteur vincent | 06/04/2008
quelque part ca me fait fait mal / me desole / me herisse... mais la blasitude me gagne et je commence a me faire une raison. L'argent, l'argent, l'argent... surtout dans le domaine de la sante.... bref... tu veux pas sous-traiter 1 ou 2 questionnaire ?
Écrit par : nine | 07/04/2008
Les commentaires sont fermés.