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22/06/2008

La déontologie médicale sur le web santé (suite).

Un éminent membre du CNOM, le Dr Jacques Lucas, qui est le rapporteur du document a lu ma note consacrée à ce sujet, ainsi que les commentaires.

Nous avons échangé quelques messages électroniques d’ou il ressort que les blogs personnels tenus par des médecins ne sont en rien concernés par ces recommandations.

Par ailleurs il a trouvé blessantes nos allusions sur l’âge des membres du CNOM, ce pourquoi j’ai tenu à m’excuser en mon nom, et en celui des commentateurs.

Par ailleurs, il a réitéré l’annonce faite sur le document du CNOM, c’est à dire qu’il y aura des mises à jours « régulières » des positions de l’ordre tenant compte de l’évolution des technologies de l’information.

10:20 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (2)

19/06/2008

Internet est merveilleux !

Je viens juste d’avoir un nouvel exemple de l’apport fabuleux d’internet dans le domaine médical.

Un patient arrive du CHU en post infarctus du myocarde. Le courrier décrit l’épisode, la coronarographie, et le traitement, rien de plus.

Nous sommes des cardiologues, et on n’en strictement a rien à braire des autres maladies que traitent nos tafioles de confrères ! Et je fais dans l’euphémisme.

Mais une partie du traitement, justement est curieux : Liorésal, Dantrium et Valium. C'est justement la partie qui n'a aucune posologie (Cf. paragraphe précédent). 

Je vais voir le patient, qui n’est pas francophone de naissance.

Je lui demande le pourquoi du traitement et de me préciser les posologies.

Il me dit que c’est une neuropathie de " *&$#@- Lorraine ", que ça fait des spasmes et que c’est un héritage de famille.

Merde, c'est une maladie neuro dégénérative à la con avec un nom impossible à dire et à mémoriser (Cf le paragraphe déjà cité). Je lui fais répéter plusieurs fois, jusqu’à ce qu’il me précise finalement qu’il s’agit du nom du monsieur qui a inventé la maladie, au cas ou je n'aie pas compris.

Enfin, heureusement, il connait parfaitement son traitement. Le "*&$#@- Lorraine" ne donc pas de troubles mnésiques, et n'est pas une démence. L'enquête progresse...

En sortant de sa chambre, je fonce sur Google.

Première requête : « neuropathie lorraine ». (j'ai tenté  la région pour commencer)

Je tombe sur une "maladie de Strümpell-Lorrain" qui me semble prometteuse.

Et hop, Orphanet, et hop bingo !

Un peu de temps devant moi, je tente la cerise sur le gâteau de whonameit.org, et hop encore bingo !

J’imprime la fiche d’orphanet que j’agrafe dans le dossier pour mes confrères, et j’imagine la même histoire il y a 15-20 ans.

18:00 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (6)

La déontologie médicale sur le web santé.

Les recommandations de l’Ordre sur la déontologie et le web santé sont enfin sorties le 22 mai dernier (les dernières dataient de 2000 !).

Le texte fait 9 pages, je vous conseille donc d’y jeter un œil.

Plusieurs remarques très nombrilistes, c’est à dire qui ont un lien avec mon statut de médecin blogueur, que je partage avec pas mal d’autres.

  • « Le Conseil départemental doit être informé préalablement de la mise en ligne du site, afin qu’il puisse formuler ses éventuelles observations. » (bas de la page 9).

Donc les sites déjà mis en ligne avant le 22 mai n’ont pas à être déclarés ? En tout cas, je comprends cela.

  • « Appellation WWW. Elle doit correspondre à l’identité du médecin. L’utilisation d’un pseudonyme, d’un nom de fantaisie, d’un lieu géographique est interdite. Elle peut faire référence à la qualification ou la discipline exercée pour l’orientation du public comme pour les autorisations ordinales d’inscription aux annuaires. Elle prendra alors la forme : www.discipline.nom. Toute autre forme de référencement doit être proscrite. » (page 6).

Ceci met donc hors recommandations la quasi totalité des blogs médicaux tenus par des médecins, qui sont soit anonymes, soit ont des URL « fantaisies ». « Grange Blanche », c’est fantaisiste ?

  • « Financement. Le médecin doit assurer le financement personnel de son site et ne peut faire mention de liens publicitaires de quelque nature qu’ils soient. Le site personnel du médecin ne peut être hébergé par des sociétés à vocation industrielle, associative, commerciale, pharmaceutique ou autres qui seraient de nature à compromettre l’indépendance du médecin. »

Même remarque que précédemment, car nous sommes presque tous hébergés par des sociétés commerciales (Hautetfort…). [erratum du 21/06, ma critique n'est pas justifiée, car j'ai mal copié la citation, dont j'ai amputé la denière partie. Donc à oublier, pardon pour les auteurs].

 

  • « Sous réserve que le médecin certifie avoir pris connaissance des recommandations applicables aux sites web des médecins adoptées par le Conseil national de l’Ordre des médecins, qu’il s’engage à les respecter et à modifier son site en fonction des nouvelles recommandations du Conseil national de l’Ordre des médecins et des observations éventuelles formulées par le Conseil départemental au tableau duquel il est inscrit, et qu’il signe une charte sur les usages reprenant les principes HON, le Conseil national pourrait établir un lien entre le site personnel du médecin et l’annuaire mis en ligne par le Conseil national de l’Ordre des médecins (www.conseil-national.medecin.fr). De cette manière le site du médecin pourrait prétendre dans le même temps, pour la qualité des informations destinées au public, à la certification HON-HAS d’une part et à l’inscription sur le site de l’Ordre d’autre part. »

Ah, enfin la carotte ! D’un autre côté, les recommandations ne parlent pas de sanctions ordinales.

Pour le médecin qui satisfait à toutes ces recommandations, le graal, être lié par le Conseil de l’Ordre !

Un blog fait-il clairement partie des « sites personnels », décrits paragraphe C, page 6 ?

Difficile à dire. Selon le titre du paragraphe, oui, mais, les recommandations qui y sont inscrites méconnaissent de toute évidence les spécificités de notre tout petit monde. Je n’y ai jamais rencontré de blog permettant la prise de rendez-vous, et présentant l’activité professionnelle de l’auteur, qui est, encore une fois le plus souvent anonyme. D’un autre côté, je ne prétends pas connaître parfaitement la blogosphére médicale qui évolue sans cesse.

En tout cas, ce document exige des aménagements de mon blog qui me semblent peu pertinents et difficiles à mettre en œuvre.

Et vous, les autres médecins blogueurs, qu’en pensez vous ?

15:30 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (13)

Les cent vues du Mont Fuji.

Voici 3 autres estampes tirées des « Cent vues du Mont Fuji » de Hokusai.

L’artiste y célèbre la beauté sans tache de la montagne et sa permanence qu’il oppose souvent avec ironie avec nos petites et frêles activités humaines, qui nous semblent pourtant si importantes. 

J’ai bien aussi son traitement de l’image. Parfois détaillé, mais jamais brouillon, le plus souvent épuré, son trait est l’aboutissement de décennies de travail et de recherches (il a 74 ans quand il publie ce recueil).

 

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 Le Fuji se reflète dans les calmes eaux du lac.

 

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 L'homme tombé à la renverse a lancé son ballon plus haut que le Fuji. Tout n'est qu'illusion.

 

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Le Fuji se dresse fantômatique derrière la toile d'araignée mise en péril par une feuille d'érable.

11:03 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (2)

18/06/2008

Sacré Karl!

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Un cauchemar d’externe.

J’ai moi même tiré cet ECG ce jour, avec les filtres au maximum, des électrodes vérifiées, un patient immobile et détendu, un bon appareil.

Je m’y attendais.


 

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Un diagnostic ?

17:53 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (9)

Le gluon de la bouche.

Je me gare quand la secrétaire du service de cardiologie me passe un patient atteint d’une maladie de Marfan, et que j’avais fait opérer il y a quelques mois (chirurgie aortique de type Bentall).

 

« Docteur, j’ai la salive gluante !

- Ah bon !?

- Oui, j’en ai parlé au généraliste qui m’a demandé de m’adresser au spécialiste. Ca vient peut-être d’un traitement.

- … Vous prenez quoi ?

- Previscan, Coversyl, Lasilix.

- Je n’ai pas le Vidal sous les yeux, venez me voir en consultation. »

 

Je n’ai quand même pas de chance, je tombe toujours sur des généralistes qui n’ont ni Vidal, ni DIU de salive gluante !

17/06/2008

Il n'y a de chance que pour la canaille.

J’appelle un nom dans la salle d’attente pour un doppler artériel à faire dans le cadre d’un bilan de diabète.

Une ombre massive et carrée se lève sur la limite gauche de mon champ de vision.

« Bonjour Monsieur ».

Manqué, c’est une dame de 72 ans, un peu rougeaude et un peu carrée de visage et de tronc, mais c’est indéniablement une dame si on la regarde un peu attentivement.

Ca commence bien…

Je commence le doppler.

En fait, c’est une « figure » de la ville. Pas pour sa trogne et ses joues vermillonnes, mais parce qu’elle a été derrière les fourneaux d’un restaurant bien connu de la ville, et aujourd’hui défunt, durant près de 2 décennies.

Elle connaît « tout le monde », notamment des tas de médecins agrégés ou non, qui sont surreprésentés parmi les amateurs de bonne chaire.

Elle achetait ses fromages chez la mère Richard, et sa charcuterie chez Colette Sibilla. La crème de la crème, donc.

Elle a longtemps soigné son diabète au vin rosé et au champagne, en alternance.

Son carnet d’adresse lui permet encore actuellement de proposer à certains gourmets amateurs du « gibier interdit ».

Elle cuisine encore un peu, pour elle, et parfois donc,  « rend service ».

Elle rigole de son foie gras, de sa rate bosselée et de son diabète rosé. Elle m’a raconté qu’à Marseille, quand elle était petite (elle y est née), le tramway s’arrêtait au milieu du Boulevard Chave pour respecter une partie de pétanque en train de se dérouler.

Une bonne vivante, avec qui j’ai passé un excellent moment.

Typiquement la patiente qui fait n’importe quoi, mais que l’on ne peut pas admonester ou raisonner, tant son épicurisme est communicatif.

A la fin de l’examen, j’avais faim.

Et ses artères ?

Et bien, magnifiques, à peine calcifiées.

Je lui ai dit qu’il n’y avait de la chance que pour la canaille.

Nous avons éclaté de rire.

 

 

 

Mais finalement, l'état de ses artères m'étonne peu, elle n'a jamais touché une cigarette de sa vie.

16/06/2008

L’égyptien (2).

L’échographie d’effort (c’est finalement ce qui était le plus rapide) est très positive en territoire antérieur.

Prochaine étape, et après un petit traitement médical, la coronarographie !

L’égyptien.

Alors que Youssef Chahine se meurt, je vois ce matin un de ses compatriotes d’une cinquantaine d’années.

Il n’a pas grand chose pour lui : sans papier « intégré » en France depuis 30 ans, plus ou moins en instance d’expulsion, sorti récemment de prison, il fume et a des douleurs dans la poitrine depuis 1 mois.

Ces douleurs quasi quotidiennes surviennent surtout à l’effort, et irradient dans le bras gauche, mais il est vrai qu’elles peuvent aussi évoquer aussi une oesophagite.

Donc, si une chose est certaine dans son histoire, c’est qu’il faut faire rapidement la part des choses entre l’œsophage et les coronaires.

En effet, des douleurs quasi quotidiennes pour des efforts de la vie courante sont quand même particulièrement inquiétantes dans le cas ou ce sont ses coronaires qui le font souffrir.

Il est allé consulter dans deux services d’urgences distincts. A chaque fois, l’ECG, et je le présume, les enzymes étaient normales. Comme vous le savez, cela n’élimine pas une origine coronaire, notamment si les douleurs sont intermittentes.

Chaque fois, on l’a fait sortir en lui disant d’aller consulter un cardiologue (Ah bon, il n’y en a plus au CHU ?)

 

Si il avait été consul d’Egypte, ou mieux, français, l’aurait-on pris en charge de la même façon ? Ne l’aurait-on pas « mis dans un coin », en cardio ou ailleurs, le temps de lui faire une épreuve d’effort et une échographie cardiaque qui auraient enfin répondu à ce doute pénible, coronaire, ou œsophage ?

 

J’ai fait l’échographie cardiaque ce matin, elle est normale. J’ai programmé une épreuve d’effort le jour même, pas à l’hôpital car le délai est à 2 mois, mais dans une clinique privée (avec laquelle je n’ai aucun lien).

 

Je n’ai pas de prévision sur le résultat : précocement positif, ou totalement négatif. Je n’exclus même pas qu’il ait un peu mis en scène des douleurs pour retarder sa procédure de reconduite aux frontières, mais je lui laisse le bénéfice du doute.

 

La seule chose dont je suis sûr, est que le doute tue en médecine, et qu’un patient, qui qu’il soit et quoiqu’il ait fait mérite qu’on le soigne avec un minimum de conscience et de respect.

Et pourtant, vous savez que je n’ai rien d’un dangereux médecin gauchiste ;-)