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21/04/2005

Cachez ce sein que je ne saurais voir.

medium_id13560.jpgLa nudité est toujours un problème en médecine.
Et encore, ma spécialité s’intéresse essentiellement à des personnes âgées, et au « haut ».
Mais bon, quel externe, et dans une moindre mesure au-delà, n’a pas bafouillé et rougi en demandant à un/une patiente de se déshabiller ?
C’est la pire des situations, car le/la patiente ressent immanquablement ce trouble, et la nudité envahit l’espace, étouffant par ses lourdes effluves un geste se voulant totalement asexuel.
Avec l’expérience, et la répétition, ça passe, rassurez vous petits Padawan.
La plupart de mes patientes sont âgées, et elles s’excusent souvent du triste spectacle qu’elles m’offrent.
Pour les trentenaires et en deçà, les choses se compliquent (je viens de remarquer que cette fourchette ne va pouvoir que s’élargir avec mon âge !)
Pour moi les choses sont claires, l’exercice de la médecine, et la sexualité sont totalement incompatibles. Un tabou absolu
Mais comme le dit si bien Tartuffe :
« Ah! pour être dévot, je n'en suis pas moins homme;
Et lorsqu'on vient à voir vos célestes appas,
Un cœur se laisse prendre, et ne raisonne pas.».


Heureusement/malheureusement les tentations sont rares.

Une fois seulement.
La fille d’un patient grec déprimé, qui ne faisait que syncoper.
Brune, sculpturale, très belle poitrine, beau sourire. Je l’imaginais volontiers en Déméter, ou plutôt Diane chasseresse, belle et généreuse. Une magnifique héllène, la Belle Hélène elle même, en fait.
J’écoutais son père d’une oreille distraite par sa contemplation.
Il parlait, parlait, parlait…
A la fin de l’entretien, ils se lèvent, et elle me dit « j’ai un souffle cardiaque, vous voudriez pas me voir en consultation ? ».
Je me suis alors dit que la Divinité (Aphrodite?) devait laisser traîner ses oreilles au dessus de ma salle de consultation juste à ce moment là.
Un don du ciel, une pomme d'or.
Pour une fois, pour moi.

« - Euuuh, prenez rendez-vous avec mon secrétariat, ou plutôt non, allongez vous, je vais vous ausculter ».

Comme son père était resté dans la pièce, il était de dos mais je n’ai même pas pensé à le faire sortir, je lui ai simplement fait remonter son petit pull-over noir, sans dégrafer son soutien-gorge en dentelle noire.
Moment délicieusement embarrassant, je n’ai même pas écouté son coeur au début.

J’ai un peu prolongé l’examen clinique : couchée sur le dos, sur le côté gauche, penchée en avant.
Je me disais : je n’entend rien d’anormal, est-ce que je la convoque pour une échographie ?

Evidemment, ce n’est pas l’envie qui m’en manquait : petite salle sombre, l’examen rend nécessaire d’enlever tout le haut…
Et puis, ce n’ai pas tout à fait une patiente, mais la fille d’un patient (je sais, c’est un argument un peu jésuitique…).

Uhmmmm.
Soyons fou ?

« Vous n’avez rien, c’était probablement un souffle fonctionnel, courant dans l’enfance ».

Ainsi passa le rêve de Lawrence.

Le patient.

medium_gp_c_overview1.jpg
Ouh làààà, c’est vide cette salle d’attente, il a pas beaucoup de client, le Docteur, t’es sûr qu’il est bon ?
T’es pas sûre, mais c’est le seul qui pouvait me recevoir rapidement…
C’est pas rassurant.

J’aurais jamais du l’écouter, les bonnes femmes, ça s’inquiète toujours pour rien, c’était qu’une petite douleur, une seule fois, enfin deux, si l’on compte la fois où…Pourvu qu’elle ne le sache jamais, elle serais pas contente…
Le voilà, il est jeune, pourquoi il est habillé en noir de haut en bas ? Un décès familial ? Pas un de ses patients j’espère…
J’aurais pas du venir…
Confortables ces sièges, ça y est, elle commence.

Pourvu que je fasse pas de gaffe, une seule fois, une seule, une seule, une seule…

C’est sûr que j’ai fumé, mais bon, tout le monde l’a fait. C’est pour ça que je suis peut-être un peu plus essoufflé depuis….quand ?

Qu’est-ce qu’elle raconte…Ca ne s’est pas passé comme ça, je n’ ai pas failli partir, elle dramatise tout. Par contre, j’ai eu un peu peur, je n’arrivais pas à reprendre mon souffle, et cet étau qui m’écrasait la poitrine.
C’est ça, une seule fois…
Si elle me laissait un peu parler, le Docteur verrait que ce n’est pas grave.

Qu’est-ce qu’elle raconte, il est cardiologue, pas gastro, il s’en fout de ma digestion, et de mes gaz.
La honte, pourvu qu’elle se taise…

Elle va pas me laisser placer un mot…et à lui non plus.
Je vais lui donner ma vraie version de l’histoire.
Surtout, ne pas parler de la première fois, et ne pas parler de l'étau, ca leur fera moins peur.

Qu’est-ce qu’il dit, il a un drôle d’accent, je comprends rien ce qu’il dit.
Un électrocardiogramme ?
Ca fait pas mal, au moins ?
Il faut s’allonger ?
Il faut se déshabiller ? le haut ? le bas ? Je garde le slip quand même? C’est bien la première fois qu’un Docteur me fait déshabiller complètement, en médecine du travail, je gardais mon bleu. Y m'ont jamais rien trouvé.
Y serait pas de la jaquette le Docteur ?
Aide moi, au lieu de parler, j’arrive pas à enlever mes chaussures, avec mes pieds gonflés.

Houlààà, la banquette est froide, c’est quoi ces fils ?
Je vais pas m’électrocuter ?
Pourquoi il sourit tout le temps ?
C’est pas idiot comme question, avec tous ces fils….
Pourquoi il ne dit plus rien et ne sourit plus ?
C’est grave ?Y a quelque chose ?
Ouf, c’est l’appareil qui marche pas, c’est bien ma veine...
Ca remarche, a priori, rien.
Le stémachin, il va être encore gelé.
Oulààà, il l’a sorti du frigo !!
Il reprend son air sérieux…
Un souffle ?
C’est quoi ? Je souffle pas pourtant, enfin, un peu.
Mal dans la poitrine?
une fois...
Une petite pointe.
Une valve qui marche pas ?
C’est quoi une valve ?
Je vais pas lui demander, il va encore sourire, et je me gèle à poils.
Une échographie ?
C’est quoi ? Je verrais bien ce que c’est.

Oulàààà, c’est froid, ca s’appelle comment déjà, du gel ? Ca porte bien son nom.

Si j’ai eu un rhumatisme articulaire dans l’enfance, c’est quoi ? non je crois pas….
J’ai un rhumatisme sur les genoux, mais c’est normal, j’ai carrelé toute ma vie.
Un rhumatisme sur la valve aortique ?? On peut avoir du rhumatisme sur la valve ? C’est une articulation ? Je comprends rien, je demanderai plus tard à Henri, il avait un souffle au régiment, et on lui a mis des ressorts l’an dernier. Et sa fille cadette est infirmière. Il me dira ce que c’est cette histoire d’articulation du cœur.
Une grosse fuite ? Une fuite ou ?
Sur la valve ? A travers le rhumatisme ? Je comprends rien ce qu’il raconte….
Une opération ? On endort localement ? Non ! C’est une anesthésie générale ?
Il faut ouvrir le cœur ?
Oulàààààà.
Arrête donc de parler, tu me donne le mal de crâne, il s'en fout des ressorts du cousin Henri.
Ca y est, c'est reparti sur ma digestion...
Je veux pas me faire ouvrir le cœur, on a réservé 15 jours à Majorque le mois prochain !
Ah bon, y faut opérer assez rapidement ? Pas plus de quelques mois ?
On peut prendre l’avion quand même ?
C’est risqué comme opération ? Pas trop quand même, c’est rien qu’il dit, j’aimerais bien le voir à ma place.
Et si on n’opère pas ? On peut pas mettre des ressorts, comme Henri ?
C’est pas du tout pareil ? il sourit encore…
Pas d’autre choix ?
Mais je n'ai eu mal que deux fois.
MERDE, vite, vite une histoire...
Le cœur qui grossit ? Je vois pas le rapport avec le rhumatisme de la valve. C'est pas plus mal qu'il soit gros?
Non?
Ben voyons…
Dès qu’on rentre à la maison, on téléphone à Henri pour lui demander l’adresse de son cardio, qui met des ressorts. Il allait beaucoup mieux après. Il est bien gentil le Docteur, mais je veux les ressorts, c’est plus rapide.

On verra ça après les vacances…

08:04 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (0)

20/04/2005

La cérémonie du thé.

medium_cup-of-tea-big.jpgJ’aime bien le café, un peu moins le thé, à deux exceptions.

Tout d’abord le Assam« Tippy Golden Flowery Orange Pekoe » ou « TGFOP » pour les intimes.
Assam est un lieu mythique en Inde, lieu de naissance de l’exploitation du thé à grande échelle.
« TGFOP » décrit le thé en lui-même.
Vous ne vous retrouvez pas avec des miettes de thé, comme dans les sachets « Lipton », mais avec des feuilles jeunes et leur bourgeon. La cueillette ne se fait, bien évidemment qu’à la main.
Le goût et la couleur du thé sont fabuleux, ils me rappellent mes jeunes années en Grande-Bretagne.
J’ai découvert ce thé en répondant à un questionnaire téléphonique sur un nom de médicament. J’ai reçu à la maison une petite boite en bois de la prestigieuse maison « Fortnum and Mason » à Londres.
J’ai retrouvé ce thé presque 7 ans après, il y a deux semaines à « Old England », dans le quartier de l’Opéra à Paris.
La vendeuse, à l’accent délicieusement anglais est en fait… allemande !

Mon deuxième thé favori est un thé vert chinois, le « West Lake Lung Ching Tea ».
Je l’ai aussi découvert par hasard. Mon PH de coronarographie avait eu comme patient un consul de Chine. Ce dernier lui offrit 200 g de ce thé, mais mon PH, n’aimant pas le thé, me le cédât.
Il est excellent, et possède lui aussi de grandes feuilles vertes.

Comme vous le voyez :
Primo, le hasard fait bien les choses
Secundo je suis un garçon simple ;-)

Plus d'informations ici et ici.
Crédit de l'image ici.