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03/04/2005
Thèse.
J’ai retrouvé, par hasard, ce soir ma Thèse de Médecine sur un CD jusqu'à présent perdu dans ma cave.
J’ai relu avec plaisir un petit texte de Fernand Pouillon, que j’avais mis juste après les remerciements dithyrambiques (toujours 1 page de gagnée…).
J’ai toujours pour habitude d’insérer un petit texte dans mes mémoires/thèses.
Ce texte concerne tous ceux dont le travail acharné a précédé leur activité artistique/manuelle/intellectuelle/professionnelle actuelle et future.
« Si, bien souvent, il est permis de s’étonner de la lenteur d’un projet, quelquefois aussi une tâche considérable sera rapidement conçue.
Le plus long, en ce qui me concerne, est l’attente, ensuite tout mon temps de réflexion.
Ces délais passés, le parti de l’œuvre arrêté, l’étape définitive peut être réglée en quelques jours.
Pourquoi ?
Cette question met en cause tout ce qui, dans la création, fait partie de l’accumulation des connaissances.
Tout artiste agissant, a, dans sa mine de plomb, son pinceau, son burin, non seulement ce qui rattache son geste à son esprit, mais à sa mémoire.
Le mouvement qui paraît spontané est vieux de dix ans ! De trente ans !
Dans l’art, tout est connaissance, labeur, patience, et ce qui peut surgir en un instant a mis des années à cheminer. »
Fernand Pouillon
Les Pierres Sauvages. Editions du Seuil 1964.
21:23 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (0)
Je me souviens.
Je me souviens de mes 8 semaines de stage, effectués dans les Hôpitaux de Montréal en 1997.
Je me souviens de la gentillesse, et d l’accueil de nos cousins d’Amérique.
Je me souviens d’avoir fait répété 3 fois sans jamais comprendre, le premier patient que j’interrogeais dans le service de cardiologie de l’Hôpital Saint-Joseph.
Je me souviens d’avoir pensé qu’ils étaient fous de prescrire des bêta-bloquants à des insuffisants cardiaques : « Il n'y a pas de précurseurs, il n'existe que des retardataires.» (J Cocteau).
Je me souviens d’avoir dit au revoir au pont Jacques Cartier, les larmes aux yeux.
Je me souviens de mes ballades en rollers, dans les Jardins des Floralies de l’Île Notre Dame, et sur le circuit Gilles Villeneuve.
Je me souviens de m’être démis le pouce lors d’une chute en rollers, sur le Pont des Iles.
Je me souviens encore du goût de mon dernier muffin aux bleuets de chez « Ogilvy ».
Je me souviens de noms fleurant bon le XVIIème siècle : « Tour de l’Isle », « Mont-Royal », «Théâtre du Nouveau Monde », « Compagnie de la Baie d'Hudson » …
Je me souviens de noms curieux, héritiers des deux civilisations qui ont forgé ce pays : « Quai King Edward », « Marché Atwater ».
Je me souviens du Cimetière du Mont-Royal, si vaste, si paisible, et si verdoyant. Une autre idée de la Mort.
Je me souviens d'avoir déjeuné dans un restaurant lyonnais, rue Saint Denis, non loin de restaurants afghan, breton, indien, pakistanais, bolivien, portugais…
Je me souviens d’avoir assisté à un « Cyrano de Bergerac » au Théâtre du Nouveau Monde, joué sans une once d’accent, puis de me souvenir brutalement où j’étais en entendant l’accent des comédiens se présentant sous les applaudissements du public.
Je me souviens des « Foufounes électriques », sur la rue Sainte Catherine.
Je me souviens de l'absolue sérénité se dégageant du jardin japonais, sur les Iles, au milieu du saint Laurent.
Je me souviens de « T’as pas du change ? » (avec l’accent) le long de la même rue.
Je me souviens d’une immense pauvreté à « Côte des neiges », et d’une huge wealthiness à « Westmount ».
Je me souviens du « Square Saint Louis », et de ses maisons rouges et mauves.
Je me souviens que le Saint Laurent fait passer mon Rhône bien aimé pour un ruisseau
Je me souviens d’avoir eu le cœur serré sur les Plaines d’Abraham.
Je me souviens que la question de la Souveraineté est omniprésente, presque obsessionnelle.
Je me souviens d’une émeute devant la plaque commémorative du « Vive le Québec Libre » du Général, après 30 ans jour pour jour.
Je me souviens d’avoir entendu, 30 ans après, le cœur des québécois s’accélérer lorsqu’il L’a dit.
Je me souviens d’avoir pensé que les québécois avaient pris le meilleur de l’ancien, et du nouveau Monde.
Je me souviens qu’Ils vivent juste à côté de l’ogre américain. Après eux, ce sera notre tour.
Je me souviens d’avoir dévoré une partie de Michel Tremblay, illustre inconnu ici, illustre tout court là-bas.
Je me souviens de « Je me souviens ».
Merci à Joe Brainard et Georges Perec.
11:20 Publié dans Mon passé | Lien permanent | Commentaires (0)
02/04/2005
Sally.
Sally est ma compagne depuis 1998.
Ca commence à faire, à tel point que je n’arrive plus à imaginer ma vie avant elle, et maintenant avant les enfants.
Nous nous sommes rencontrés à l’Hôpital (pas très original), et c’était une infirmière (encore moins original) des soins intensifs.
Elle était mariée depuis 7 ans, sans enfant, et son couple battait de l’aile.
Ce qui n’aurait du être qu’une passade s’est pérennisé jusqu’à maintenant, et j’espère, pour encore longtemps.
Nous sommes issus de deux milieux aux antipodes l’un de l’autre.
Moi, d’une famille de paysans enrichis, du Dauphiné, et elle d’une famille noble auvergnate, remontant au Xème siècle, mais ayant absolument tout perdu au début du siècle dernier.
Elle est vicomtesse en titre, et son nom de jeune fille est à double particule. Son arrière grand père a été un des derniers Ducs Pontificaux de l’Histoire de France.
Elle n’en tire aucune gloire, et ne le raconte à personne.
Si elle lisait ces lignes, elle serait gênée.
De mon côté, au début du siècle, il y avait des poules et de la paille dans ce qui servait de cuisine dans la ferme familiale.
Mon grand-père, qui ne vivait que pour sa passion de l’automobile a bradé veaux, vaches, cochons et poulets, et la boulangerie de sa mère pour exercer divers métiers (mécanicien auto, vendeur de peinture auto…). Il a plutôt bien réussi, sa fille, ma mère, est devenue Sage-Femme. Mon père était issu d’une famille de fromagers de l’Ain, dont je sais quasiment rien.
La guerre de 14-18 a joué un grand rôle dans la toute petite histoire de la famille.
Mon arrière grand mère, femme de boulanger, a perdu son époux dans les Vosges en 1917. Elle s’est remariée peu après avec le mitron, qui est devenu ainsi mon arrière grand père (personne ne sait si le mitron n’avait pas déjà poussé ses pions avant le décès de son patron…).
Cette dualité est très bien, j’ai toujours été pour les mélanges. J’avoue aussi que je tire un peu de gloriole de la très longue ascendance des mes deux fils. La splendeur passée de la famille de Sally reste à mes yeux un avertissement. Rien n’est jamais acquis.
Les racines d’une famille, aussi humble soit-elle sont importantes, et servent de socle pour la faire progresser. J’ai hérité ce concept de mes ancêtres dauphinois; tout faire pour faire progresser la famille, et améliorer la vie de ses membres.
Mon arrière grande tante est morte à 14 ans d’une tuberculose pulmonaire dans les années 30-40.
Plus jamais ça.
14:40 Publié dans Famille | Lien permanent | Commentaires (0)