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06/07/2005

Enfin(?) seul.

medium_desert.jpgSally et les enfants sont en pèlerinage chez ma mère jusqu’au 12/07.
Quelle joie que celle procurée par la solitude !
Quelle liberté !
Quel silence !
Le lit pour moi tout seul, par pur défi, je dormirais presque en travers.
La vie est mal faite finalement.
Je me vautre avec délices dans une situation qui fait se lamenter des millions de célibataires.
Je le sais bien, ce n’est que provisoire, je ne dirais pas cela si j’étais « solo » comme on dit.
Je me lamenterais en cœur avec les autres en attendant l’âme soeur, comme je l’ai longtemps fait avant de rencontrer Sally.
Pourquoi ne pas en faire un commerce qui serait potentiellement lucratif, et sûrement d’utilité publique ?
Pendant une semaine, les adhérents au club, avec enfants, feraient profiter un célibataire de leur conjoint (homme ou femme) et de leur(s) marmot(s).
Ainsi, le célibataire verrait ce qu’est une vie de famille, et le conjoint restant pourrait profiter de la maison tout seul. De même, le conjoint qui part avec les enfants peut ainsi découvrir une autre vie, le/la sortant de son train-train quotidien
Une sorte d’échangisme familial, mes marmots contre ta liberté.
Le risque est bien entendu de faire éclater la cellule familiale, mais aurait-elle beaucoup plus duré si une simple semaine peut la mettre ainsi à bas ?
Il faudrait mettre quelques gardes fous, mais rien ne me semble rédhibitoire.
Rien à voir avec l’émission de télé, ce n’est pas la maman que l’on échange, mais 2/3 de la famille.
Il ne reste plus qu’à trouver un nom accrocheur, et des fonds de départ…

Quel va être le meilleur moment, que j’anticipe avec plaisir, celui qui n’est rendu possible que par cette séparation : aller chercher Sally et les garçons sur le quai de la gare, et les serrer tous dans mes bras.
Vivement le 12 !

Les études et le monde réel.

medium_pills.jpgNotre pratique médicale est basée en très grande partie sur des résultats d’études scientifiques effectuées sur l’être humain.
Cette recherche clinique doit être rigoureuse, sous peine d’obtenir des résultats erronés, et donc de mal traiter nos patients.
Un jour, je détaillerai tous les obstacles qui se dressent devant une étude clinique qui se voudrait rigoureuse, et si je suis en forme, quelques notions de statistique.
Un grand principe toutefois : les patients chez qui le praticien prescrit un médicament X doivent être les mêmes que ceux de l’étude. Il ne devrait avoir aucune différence entre la population initialement étudiée, pour prouver l’efficacité de tel ou tel produit, et les patients à qui l’on prescrit, en bout de chaîne, cette molécule.
Evident, vous pensez ?
Pourtant, ce n’est pas si simple à faire en pratique.
Les personnes enrôlées dans les grandes études sont sélectionnées, calibrées, éduquées, surveillées comme des vaches charolaises de concours. Donc, in fine, assez différentes du patient lambda.
Pourquoi ?
En grande partie pour éviter les facteurs de confusion que pourraient amener par exemple, l’existence de pathologies multiples chez un patient X ou Y.
Donc, les protocoles des études écartent le plus souvent les patients âgés, ou « complexes ».

Un exemple frappant est donné dans « theheart.org », à la date du premier juillet.
Je passerai sur les détails inutiles.
En 1999, une étude a remis au goût du jour une molécule, utilisée depuis une trentaine d’années. On s’est rendu compte qu’elle diminuait la mortalité de l’insuffisance cardiaque sévère de 30% environ. Ce « vieux » médicament a presque tout pour plaire : tous les médecins le connaissent, son prix est ridicule, et il sauve des vies dans une pathologie grave. Seul inconvénient, il provoque des effets secondaires parfois graves, si on ne surveille pas le patient (hyperkaliémie notamment).
Donc en 1999, l’étude est publiée dans le « New England Journal of Medicine », le Saint Graal de la littérature médicale. Elle est claire, méthodologiquement inattaquable, et les résultats sont remarquables.
La population étudiée est parfaitement définie, l’utilisation de cette molécule est limpide.
Comment cette étude a été transposée dans la pratique courante ?
Seulement 24.1% des patients satisfaisant aux critères de l’étude ont effectivement bénéficié de cette molécule.
17.4% des patients ne satisfaisant pas ces critères ont pourtant eu une prescription de ce produit
30.9% de ces prescriptions concernent des patients totalement différents de ceux étudiés en 1999.
En Ontario (Canada), le nombre d’hospitalisation pour hyperkaliémie a fait un bond de 2.4/1000 en 1994 (avant la publication de l’étude) à 11/1000 en 2001 (après).

Donc, se pose ici clairement le problème de l’inadéquation entre les données fournies par la littérature, et la mise en pratique.
Par ailleurs, on ne peut même pas accuser l’industrie pharmaceutique, qui a fait très peu de marketing autour de ce produit ancien ,et très peu rentable. Pour ne pas faillir à ma réputation : l’industrie dépense des milliards pour nous faire prescrire des médicaments chers, mais peu/pas efficaces, et infiniment moins pour les molécules anciennes, bon marché, mais abaissant la mortalité de 30% dans une pathologie grave.

En fait, l’explication d’une telle différence semble être la suivante : les médecins, rassurés par leur connaissance de ce produit, et cherchant à sauver des vies, l’ont un peu prescrit à tors et à travers.
D’ou le nombre élevé d’indications incorrectes, et d’effets secondaires.

Encore une fois, rien n’est simple en médecine…


05/07/2005

Joyeux Bordel.

medium_puzzled.jpgLa première partie de la réforme du système a été mise en place le premier juillet, l’adoption de la CCAM aura lieu mi septembre.
Autant le dire, bien que « professionnel de santé », je n’y comprends pas grand-chose…
Je ne suis pas le seul, et même le personnel de la CPAM a du mal à répondre parfois.
Le pire de tout, est que cette réforme qualifiée politiquement de « majeure », ne va strictement rien changer à l’emballement fou du système de santé.
Les patients vont toujours demander plus de soins à des professionnels qui vont s’empresser de les dispenser.
Rien ne va changer, mis à part le travail administratif de chaque médecin, qui va encore se majorer.
J’ai fait médecine pour soigner des gens, pas pour faire des papiers.
Enfin, le choix du médecin traitant me semble illusoire. L’immense majorité des patients que je croise ne pratiquent pas le « nomadisme médical » tant décrié. Je ne vois là qu’une nième fausse bonne raison pour contrôler notre activité.
Comme je l’ai déjà écrit ailleurs (je ne sais plus où…), les cotations univoques de la CCAM sont un moyen supplémentaire pour nous fliquer et contrôler notre activité. Tout le monde s’en défend, mais c’est ce qui va arriver. Le dogme du libre exercice de notre pratique me semble en danger.
Nous l’avons probablement mérité, mais je regrette d’avoir à subir ces vagues successives de réformes, pour des excès dont je ne suis pas responsable.
D’un autre côté, j’ai vu près de six patients par semaine au cabinet sur les deux dernières semaines, et 3 ce lundi.
Prenez garde, je commence à creuser le trou de la sécu avec ma petite cuillère en plastic !!

J’ai appris une chose incroyable vendredi dernier.
Un ancien haut responsable du contrôle médical à la CPAM m’a dit qu’il doutait que cette dernière soit prête à appliquer cette réforme.
Ce n’est pas cela le scoop, n’importe qui peut s’en rendre compte simplement en leur demandant un renseignement, même simple.
Il m’a appris que l’on pouvait acheter une carte vitale dans certains marchés de la ville.
Quel intérêt ?
Il est immense pour les sans papiers, qui peuvent ainsi se faire soigner, et être pris en charge. Evidemment, les CMU et les 100% sont les plus recherchées…
Je n’avais même jamais pensé à cela !
Par ailleurs, il était aussi particulièrement dubitatif sur l’efficacité de tout ce tintouin.

Un autre gros bordel, qui m’exaspère malgré ma relative imperméabilité à la politique française. Je trouve incroyable le vent déplacé par notre actuel Ministre de l’Intérieur.
J’ai lu dans le TGV le « Canard Enchaîné » de la semaine dernière, et mes craintes, fondées sur les quelques signes que j’avais décelé depuis que ce personnage est sorti du néant politique, m’ont parues bien candides.
Ce numéro démonte assez bien le personnage, et rend son éventuel accès à l’Elysée en 2007 bien inquiétant.
Je m’imagine déjà avec une certaine gêne, glisser un bulletin de gauche au second tour…
Tout mais pas lui, même Jospin, même DSK voire Fabius (mais quand même pas Jack Lang).
Mon Dieu, mon Dieu (auquel je ne crois pas), faites qu’il trébuche du fait de son « Ubris ».

21:30 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (1)