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26/03/2007

Mon ami homo.

Je n’en ai jamais parlé ici, mais il a occupé une place importante dans ma vie.

 

 

Je me suis rappelé de lui car nous nous sommes téléphonés il y a peu. Notre amitié s’est distendue du fait de la géographie et de mon évolution. Car lui, il n’a pas bougé d’un pouce.

 

 

Nous nous sommes connus en seconde (1987-1988). Nous formions un trio inséparable durant les intercours avec un troisième, qui est devenu mon témoin l’an dernier.

 

Il n’y a jamais rien eu d’équivoque, d’ailleurs, je ne m’étais rendu compte de rien. Une seule chose me chiffonnait, il trouvait systématiquement vilaines les filles qui me plaisaient bien et que je lui désignais. A l’époque, j’incriminais plus mes goûts que les siens que je ne connaissais pas.

 

Il était triste et drôle, sincère et cynique, horripilant et attachant.

 

Nous sommes allés en fac, moi en médecine, lui en histoire. Le troisième a fait une bonne école de commerce.

 

Nous nous voyions deux ou trois fois par mois. A l’époque, du fait de mon inclinaison et surtout de la P1, je ne sortais jamais. Il m’appelait « l’ours ». D’ailleurs, ça m’est resté.

 

 

Et puis un soir, j’appelais un peu par hasard, quand il s’est mis à pleurer au téléphone.

 

Je venais juste de l’interrompre dans une tentative de suicide.

 

Il m’a alors raconté qu’il était homosexuel.

 

J’ai été secoué, car je ne m’y attendais pas. Nous avons continué à nous voir, presque comme avant.

 

Presque, car il matait maintenant ouvertement les types dans la rue : « Bon ça va, arrête, si ça se trouve, il n’est même pas pédé… ». Souvent, il l’était. C’est à cette époque que j’ai affûté mon « Gaydar », comme le dit si joliment Shayalone (c’est de toi ?). Maintenant, il doit être bien rouillé…

 

Il me racontait aussi ses sorties « dans le milieu ».

 

Avec le recul, je me demande comment il a pu échapper au SIDA (nous étions dans les années 1990-1995). Il a bien ramené quelques bestioles de ses virées, mais jamais rien de grave.

 

Il m’a fait connaître un peu ce « milieu ». J’avais l’impression que s’y épanouissaient tous les instincts animaux de l’homme.

 

J’ai fait quelques sorties avec lui, aussi, lorsque je n’arrivais plus à me concentrer après 10 heures de bachotage médical. Je me souviens d’un arbre de noël dans les locaux de « ARIS ». Je me souviens aussi d’une soirée lesbienne à l’ « escalier G » (« G, c’est pourquoi ? »), ou toutes les filles étaient vraiment magnifiques (j’étais un peu dégoûté, d’ailleurs…). Chaque fois, le même rituel, il m’annonçait en criant à la cantonade : « C’est un copain hétéro, pas touche », ou le plus subtil « Il est sympathisant, pas pratiquant ».

 

Il m’a ouvert l’esprit au même moment ou l’homosexualité sortait de son ghetto, malheureusement à cause du SIDA.

 

Chaque hétéro devrait avoir un ami homo, et vice versa.

 

Il n’a jamais eu de relation stable. Au début, je faisais un effort pour retenir leur prénom, puis après, j’ai arrêté. Leur identité se résumait à leur fonction : « c’est l’actuel ».

 

En prenant de l’âge, il s’est aigri, il avait l’impression de moins plaire. Je remarquai qu’il refaisait sa houppe (pur style Tintin) une bonne demi-douzaine de fois devant chaque vitrine réfléchissante lorsque nous descendions la rue Servient pour aller sous la queue du cheval. C’était presque devenu un TOC (j’ai appris ce que c’était à cette époque).

 

Il a commencé à couper les ponts avec des amis, notamment le troisième qui venait de rencontrer celle qui allait devenir sa femme.

 

Amertume devant un couple heureux ? Sorte de jalousie ? Il ne l’a jamais l’heureuse élue avant l’an dernier, pour mon mariage.

 

Il a arrêté la fac ou il était assez brillant (j’avais assisté alors à un cours de Bruno Gollnish à Lyon III, pour « voir ») et il a erré de petits boulots en petits boulots.

 

Chacun de ses maigres salaires passait dans des figurines Tintin hors de prix et des albums de Mylène Farmer « Collectors » (vous vous reconnaissez ? c’est toute une génération…), rangés de façon maniaque dans une armoire qu’il nous interdisait même d’approcher. Le reste du mois, il mangeait des pâtes au beurre midi et soir dans un petit appartement immaculé ou la poussière n’avait même pas le temps de tomber du plafond.

 

Nous sommes devenus étrangers au fur et à mesure qu’il s’enfermait dans son cercle d’amertume. J’en avais assez d’entendre toujours les mêmes histoires de trahisons, d’oublis d’anniversaires, de mesquineries qu’il reprochait un peu à tout le monde. A chaque fois la même litanie : « Je vais être égoïste dorénavant, moi aussi, je coupe les ponts ».

 

Qu’est-ce qu’un égoïste ? C’est quelqu’un qui ne pense pas à moi.

 

J’ai rencontré Sally (il l’aimait bien, car elle était « simple »).

 

J’ai eu des enfants, j’ai un peu oublié mon vieux copain irascible.

 

Je l’ai invité à mon mariage, un peu en souvenir du bon vieux temps, peut-être aussi par pitié.

 

Il a enfin revu le troisième (après 9 ans de bouderie), sa femme et ses deux enfants. Il a fait des remarques polies sur les miens : « Oh, un petit ours ! ». Polies, car il dit à qui l’écoute encore qu’il n’aime pas les enfants. Pendant le week-end du mariage, il a même fait quelque chose de grandiose, mais je ne peux pas en parler ici. Il m’a stupéfait et bien fait rire.

 

 

Je l’ai appelé ce dimanche.

 

Il est occupé à couper les ponts avec une de ses copines, car elle ne lui a rien offert pour son anniversaire, simplement un coup de fil.

 

« Je vais être égoïste dorénavant, moi aussi, je coupe les ponts »…

 

 

Il faut que je me rappelle de l’appeler de nouveau, un de ses jours.

 

Deux blogs intéressants.

[e-PHARMArketing. com] apporte un éclairage différent sur ce que va devenir la visite médicale et la communication de l'industrie pharmaceutique, en général. Je vois déjà un peu les choses évoluer dans ce sens, et mes vieux copains visiteurs médicaux, encore plus. D’ailleurs, ils sont de plus en plus nombreux à se faire pousser vers la porte de sortie. Personnellement, je préfère un site web à une jupe très courte. Au moins, si on veut, on n’y va pas (je sens que cette remarque va appeler des commentaires…).

Je suis bien plus inquiet devant la notion de « montée en puissance du patient, placé au centre des stratégies ».

Mettre le patient au centre, oui, mais plutôt comme un ballon pour marquer des buts, pour le plus grand bénéfice de l’industrie.

  

Ethicaceutic.Ce blog collectif est plutôt porté sur l’éthique (comme son nom l’indique). Des tas de notes informatives et bien écrites.

    

Bonne lecture !

20:05 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (1)

L’article.

J’ai enfin terminé d’écrire l’article que j’ai évoqué la semaine dernière. il s'agit  de  l'utilisation d'un marqueur  cardiaque  et  implicitement  de  la  collaboration  (souvent  orageuse )  entre  urgentistes  et  cardiologues.

Chose un peu nouvelle pour moi, je devais le coécrire avec un chef de service des urgences.

Donc à manier avec égards, comme tous les chefs de Service. En plus, en général, on écrit avec un patron que l’on connaît bien ou un co assistant ou interne. Là, c’était un peu un mariage arrangé.

 

Ca s’est bien passé, sauf que dans la présentation des médecins au début de l’article, j’ai confondu l’Hôpital dans lequel mon co-auteur travaille avec un autre.

J’ai lu cet article au moins 30 fois, mais l’erreur était tellement énorme que je suis passé dessus allègrement.

Il me l’a signalé par retour de mail. J’étais effondré de honte.

 

Enfin, il n’aimait pas le titre définitif, pourtant donné par la revue.

 

Je lui réponds :

«Désolé pour le lapsus...
j'espère que je ne vous ai pas froissé. (en plus, c'est surtout votre service que je connais, bien plus que celui de la XXX!)
Pour le titre, c'est celui qui était "fourni" par la revue et je trouvais qu'il avait l'avantage de faire ressortir le rôle du médecin urgentiste.
Mais celui que vous proposez me va également. ».

 

Réponse, 14 minutes plus tard :

« Restons sur le titre d'origine. ».

17:45 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (8)