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14/04/2007

Monseigneur.

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Tous ceux qui travaillent dans un service, hospitalier ou privé savent qu’il existe mille et une traditions et surnoms donnés à untel ou untel.

 

Les traditions vont du verre rempli d’un peu de sel pour éloigner le mauvais sort à la fameuse chambre maudite ou tous les patients qui sont morts plus ou moins récemment en réanimation, y seraient morts, justement.

En fait, une fois trouvée cette chambre (dans la réa  privée ou je travaille, c’est la chambre 34), l’inconscient collectif oublie tous les décès survenus ailleurs pour ne retenir que ceux de la dite chambre, augmentant ainsi son supposé pouvoir maléfique.

Les médecins, c’est pareil.

Moi, je suis classé « noir » ou « chat noir » partout ou je passe.

Dès que les équipes de nuit arrivent en réa et me voient, une ou deux infirmières lancent invariablement un « non, encore lui !» avec un air mi souriant, mi inquiet.

 

Pour les surnoms, j'en ai deux.

J’ai déjà parlé d’un ici, c’est « Pistou ». Ne demandez pas, c’était chambre 34 que cela s’est passé.

L’autre, que j’ai découvert en surprenant une conversation entre les infirmières est « Monseigneur Passmore », ou plus simplement « Monseigneur » .

Je leur ai demandé pourquoi.

Peu de temps après ma première garde (ou j’ai intubé une patiente, chambre 34...), j’ai retrouvé l’aumônier de la clinique que je connaissais de vue (c’était l’ancien aumônier du CHU). En discutant avec lui, il paraît que j’avais les mains jointes devant mon bidon, un peu comme un prélat.

D’où le surnom. En plus, elles me disent que ça me va bien.

Un Prince de l’Eglise, ça aurait pu être pire…

Elles donnent des surnoms à d'autres, beaucoup moins sympathiques.

En plus, je crois qu’elles associent inconsciemment mes deux fonctions, la réelle, celle de médecin, et la fantasmée, celle d’écclésiastique lorsque survient un décès lors d’une de mes gardes.

Intubation puis extrême onction, en quelque sorte.

Ce n'est heureusement pas très fréquent, mais comme vous le savez,  les  superstitions  et  les  croyances  défient  les  lois statistiques.

 

Pourtant cette nuit, durant laquelle je n’ai pas dormi (comme assez souvent), j’ai fermé les yeux d’un patient, chambre 38.

Mais 38, n’est ce pas 34+4 ?

10:35 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (4)

13/04/2007

Comme tout le monde.

Je vais vous raconter une histoire que l’on m’a rapportée ce soir.

L’histoire se termine bien, en un sens.

 

Il était une fois (ainsi commencent toutes les bonnes histoires) un homme de 62 ans, sans antécédent particulier qui se plaignait d’avoir de grosses jambes.

Il va voir un médecin, une première pour lui, qui l’examine et lui trouve en effet de grosses jambes, mais aussi une ascite et un gros foie.

« Vous buvez ? » demande le praticien en connaissant déjà la réponse.

« Non, enfin comme tout le monde ».

« Mais oui… »

 

Le médecin l’adresse à un ami gastro-entérologue.

« Vous buvez ? »

« Non, enfin comme tout le monde ».

« D’accord…»

L’ami gastro-entérologue hoche la tête et annonce au patient qu’il a probablement une cirrhose hépatique. Il faut faire des bilans plus poussés, il l’envoie donc dans un gros centre privé (là même ou je fais mes gardes).

 

Il voit le résident du service.

« Vous buvez ? »

« Non, enfin comme tout le monde ».

« Pas un peu plus ? » lance-t-il au dessus de son épaule en sortant de la chambre, satisfait d’avoir vu une entrée de plus.

 

Le patient voit ensuite le chef de service.

« Vous buvez ? »

« Oui, je bois »

Le patron sourit, satisfait et programme les examens.

 

Le foie est en effet énorme, et qui plus est, une échographie cardiaque retrouve une hypertension artérielle pulmonaire sévère, à près de 80 mm Hg, avec des cavités droites dilatées.

« Oh, le beau cas d’hypertension porto pulmonaire, classique chez le cirrhotique sévère ! ».

Toutefois, les autres examens sont discordants : absence de varices oesophagiennes, pas de diminution spontanée du TP et surtout un cathétérisme hépatique qui ne retrouve pas de gradient porto-cave.

« Vous buvez bien ? »

« Bien oui, comme tout le monde ! »

 

L’hypertension artérielle pulmonaire assez conséquente motive une consultation cardiologique.

L’auscultation est normale, mais les signes évoquent plutôt, à bien y regarder, une insuffisance cardiaque droite sévère.

On programme un cathétérisme droit et un test au NO (monoxyde d’azote) qui est un vaso-dilatateur, afin de voir si l’on peut faire baisser les pressions, ou si elles sont fixées. Le cathétérisme confirme les 80 mm Hg, les pressions sont fixées et les pressions capillaires bloquées sont normales (ces dernières sont un reflet indirect de la fonction cardiaque gauche).

 

Le cathétériseur : « Vous fumez ? »

Le patient : « Oui, enfin, comme tout le monde… »

Le cathétériseur satisfait : « Haha ! On va faire une coro ! »

 

Les coronaires sont normales, mais à l’injection d’iode dans le ventricule gauche, le praticien met en évidence un passage discret, mais indéniable vers le ventricule droit.

Il s’agit donc d’une communication inter-ventriculaire probablement congénitale, passée totalement inaperçue durant 62 ans. Sa localisation, très apicale la rendait extrêmement difficile à voir en échographie cardiaque.

 

Vous allez me dire, pourquoi personne n’a entendu de souffle ?

Tout simplement car, au stade ou il a consulté, les pressions du cœur droit sont presque devenues égales à celle du cœur gauche, d’où diminution, voire disparition du shunt. C’est juste le stade avant l’Eisenmenger.

 

Tout les médecins, satisfaits d’avoir trouvé un diagnostic rare et beau se sont donc réunis autour du lit du patient pour lui annoncer la bonne nouvelle : il ne boit pas et fume raisonnablement, comme tout le monde.

Alors qu’ils allaient tous sortir, le patient, un peu impressionné mais content d’être enfin reconnu sobre, pense tout de même à poser à tout cet aréopage une dernière question :

« Et, c’est grave, ce que j’ai ? ».

Ils se regardèrent tous, consternés et gênés, puis le plus âgé et le plus sage des cardiologues lui demanda :

« Vous êtes croyant ? »

Le patient, qui avait compris, eut juste le temps de gémir un « Comme tout le monde… », avant que la porte ne se referme.

 

***********************

 

J’ai totalement inventé  certaines situations et les dialogues , notamment ceux de la fin, mais le cas clinique est vrai. Personne n'a encore eu le courage de dire au patient la vérité. On discute d'une transplantation coeur-poumons à 62 ans.

21:40 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (3)

L’espace temps.

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Petit résumé de ces 4 jours pris pour Pâques.

Avec ma petite famille, nous sommes partis en Partner (au volant, j’ai l’impression de piloter le Nostromo, par rapport à ma relativement plus nerveuse petite Yaris, d’autant plus que derrière gigotent constamment 2 petits « aliens ») pour explorer la région de Carcassonne et les Cévennes.

Carcassonne à cause du Château comtal (en fait vicomtal) et des murailles. En effet, même si cela fait la troisième fois que nous visitons la "Citée", les petits sont en pleine période chevaliers/châteaux et ils nous réclament à longueur d’année d’aller voir « le Château de Carcassonne ».

Nous avons ensuite visité la superbe abbaye cistercienne de Fontfroide. Elle appartient à une famille d’anciens vignerons et négociants en vin de la région de Béziers. Lovée dans une vallée couverte de chênes, de pins et de thym sauvage en fleur, cette abbaye est absolument magnifique.

Je vous recommande aussi les petits pains d’épice (4 parfums : figue, citron, orange et nature) en vente à la boutique, ils sont à se rouler par terre.

 

Ensuite, changement de décor.

Direction les Cévennes, à Anduze plus précisément.

La ville en elle-même n’a pas d’intérêt fabuleux, hormis son cadre : une vallée taillée dans des masses rocheuses impressionnantes et plissées, ou serpente une petite rivière, le Gardon.

Mais c’est un point de départ idéal pour découvrir les Cévennes.

A ne manquer sous aucun prétexte : la ligne de chemin de fer touristique qui relie Anduze, la bambouseraie (j’y reviendrai) et Saint Jean du Gard.

Des passionnés adorables font revivre de vieilles loco à vapeur et diesel.

L’impression de vie que dégage une loco à vapeur est réellement stupéfiante.

La « bête humaine » n’a pas usurpé son surnom.

Pour ne rien gâcher, les paysages traversés sont superbes.

Enfin, pour un dépaysement total, il ne faut manquer à aucun prétexte la Bambouseraie du domaine de Prafrance.

Vous lirez son histoire sur son site, mais ce lieu est magique.

En plein pays cévenol, vous vous retrouvez dans une forêt de bambous, à arpenter un village laotien. On y trouve quelques séquoias et même un magnifique jardin japonais. Les explications sont claires et nettes, et après 1h45, vous saurez tout sur le bambou, plante injustement peu connue en Europe.

C’est vraiment un havre de paix et de fraîcheur ou les bambins peuvent gambader et admirer les bassins ou nagent paresseusement quelques carpes Koï.

Pas très loin, mais on ne l’a pas fait cette année, je vous conseille vivement le Musée du Désert. Ce musée, situé dans un hameau de pierres, perdu au milieu de nulle part retrace les persécutions dont ont été victimes les huguenots.

Même si vous n’êtes pas protestant ou croyant (c’est mon cas), ce musée est didactique et émouvant. Encore un endroit qui montre que la tolérance doit être une lutte de tous les instants.

 

Dans Anduze, nous avons mangé à l’Establet (1 place du 8 Mai 1945 30140 Anduze. 04 66 61 64 50). Menu très rustique (charcuterie cévenole, saucisse d’Anduze et frites, tarte tatin pour moi par exemple) mais excellent et à un prix très raisonnable pour la qualité (17.50 euros).

 

Enfin, dernière étape, mais à éviter, celle là, le musée du bonbon Haribo près d’Uzès.

Je ne suis pas rentré, j’ai gardé le petit Thomas qui faisait une sieste, mais Sally m’a dit qu’il ne valait pas le détour. On y distribue bien quelques sacs de bonbons et la boutique est énorme, mais le musée semble avoir très peu d’intérêt.

En gros, y aller uniquement pour refaire ses provisions, pas pour y apprendre quoique ce soit sur la fabrication des friandises.

 

 

 

 

 

 

 

(image empruntée à Wikipedia, dans l'article "Bambouseraie de Prafrance")