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12/04/2007

La réunion.

  • Bonjour, merci à tous d’être présent à cette réunion voulue par la nouvelle direction. Comme vous le savez, cette dernière, dans sa grandeur et son infinie sagesse désire mettre à plat, toutefois sans les toucher, vos pratiques médicales et préparer l’ensemble de l’établissement à la V2. Je vous rappelle que la prochaine réunion sur le codage du PMSI aura lieu tout à l’heure de 11h00 à 13h00. Exceptionnellement, nous allons reporter le staff pluridisciplinnaire bi-hebdomadaire du jour à demain, de 9h00 à 11h45, juste avant la CME qui se tiendra de 12h00 à 17h55. La semaine prochaine sera un peu moins chargée avec une réunion devant porter sur la validation des EPP mardi de 14h30 à 16h00. Chaque sous-commission se réunira par la suite, sur la fin d’après midi et probablement une partie du lendemain avec dans l’ordre d’apparition le CLIN, le CLUD, le CRUQ puis le CHSTC et enfin le CSSI.

 

  • Et, quand est-ce que l’on voit les patients ?

 

  • Qui ?

 

 ......

 

 

Je reprends conscience l’esprit embrumé. J'ai faim.

Ce n’était pas un mauvais rêve.

Entouré par un brouhaha de paroles vides, je regrette l’époque ou l’on nous demandait seulement de soigner les gens.

Je suis médecin, pas "marathoréunien".

 

 ............................................

 

Edition du 13/04/07 :

 

Un sympathique et attentionné lecteur m’a fait remarquer que le lien qui dirige vers le site de Castres-Mazamet permettrait aisément de m’identifier, car il n’y a qu’un seul cardiologue qui fasse aussi les soins intensifs.

Avant de lui envoyer des lettres d’insultes, sachez que:

  • Ce n’est pas moi.
  • Je n’ai jamais mis les pieds à Castres ou Mazamet de ma vie.
  • Je ne fais plus de soins intensifs cardiologiques depuis la fin de mon assistanat.

 

Donc pitié pour un innocent !

 

08:35 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (4)

11/04/2007

Havidol.

J’ai découvert cette œuvre d’art, grâce à l’excellent blog du petit Docteur.

Vous allez comprendre pourquoi je pense qu’il s’agit d’une œuvre d’art.

L’artiste australienne Justine Cooper a imaginé une composition se déclinant sur plusieurs supports : vidéo, site web, sculptures et même objets dérivés.

Cet ensemble tourne autour d’un produit miracle, mais totalement imaginaire, l’Havidol.

Il mime et plagie à merveille l’arsenal promotionnel qui entoure un produit pharmaceutique réel.

Ici, l’objet caricaturé est le produit pharmaceutique.

Ce n’est pas une simple pilule, et la promotion faite autour de ce produit, n’est pas une simple campagne publicitaire.

Faute de pouvoir sortir des molécules qui ont un rapport risque/bénéfice favorable, les laboratoires veulent vendre du rêve aux gens.

Du rêve, et pour être plus précis, de petites pilules qui auront pour vocation de corriger de petites imperfections liées à la nature humaine.

Vous n’arrivez plus à bander ? Vous avez parfois des coups de déprime, notamment après un deuil ? Vous vous sentez fatigués ?

Vous voulez être meilleur ? Tendre vers une jeunesse allongée ? L’industrie est là pour vous aider.

Sa critique dépasse largement celle que je pratique souvent, c'est-à-dire celle de certaines pratiques de l’Industrie.

Elle s’attaque à une quête perpétuelle vers le mieux être qui va largement au-delà du traitement des maladies.

Il est naturel de rechercher le mieux être, c’est même inscrit dans les textes fondateurs de l’OMS. Ce qui l’est moins, c’est l’utilisation qui en est faite par certaines campagnes de promotion des médicaments.

La campagne caricaturée n’est pas habituelle à nos yeux, puisqu’il s’agit d’une publicité directe destinée aux consommateurs. Ce type de publicité est pour l’instant formellement interdit dans notre pays.

Toutes ces publicités se ressemblent : des modèles resplendissant de santé pour représenter des malades souvent graves (les dépressifs ont l'air heureux et les insuffisants cardiaques évolués nagent comme Ian Thorpe).



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Des questionnaires qui vous font rendre compte que vous êtes malades. Certaines compagnies n’hésitent pas à gréer des maladies pour mieux vendre des médicaments a priori sans indication (le « disease monggering » : ici, ici et ici). De préférence, ces « maladies » doivent avoir des noms complexes, si possible sous forme d’acronyme, ça fait plus peur.

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Et parfois, fin du fin dans un pays ou les traitements coûtent très chers : 30 jours gratuits à l’essai.

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Revenons à l’œuvre de Justine Cooper.

Loin d’être une caricature balourde, la campagne promotionnelle de l’Havidol ne s’en différencie que d’un delta. Tout se situe là, dans ce delta qui sépare l’objet et sa caricature.

C’est lui qui fait réfléchir puisque surgit le doute sur l’existence du produit. Croire ne serait-ce qu’un seul instant qu’une telle molécule miracle existe rejette le ridicule de la caricature sur certaines campagnes.

Un seul exemple : le slogan du produit.

Des deux phrases qui suivent, quelle est celle de la caricature, et quelle est celle du produit caricaturé ? Quelle est la vraie ? Quelle est celle qui semble tout droit sortie d’un roman de Orwell ?

« When more is not enough »

« Feeling Better is Not Enough »

La réponse ici:

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C’est la réflexion qui fait l’œuvre d’art.

Et ici Justine Cooper nous fait réfléchir clairement sur le sujet, et avec probablement bien plus d'impact qu'un long article publié dans PLoS.

Ne riez pas, ce type de publicité devrait débarquer un jour ou l’autre chez nous. L’industrie fait tout pour.