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11/06/2008

De l'art (13)

Que la médecine trouve facilement en elle les moyens de porter des secours efficaces, qu’elle ait raison de refuser le traitement des maladies incurables, et qu’elle soigne avec un succès infaillible celles qu’elle entreprend, c’est ce que l’on peut voir dans ce traité, c’est ce que les médecins habiles démontrent encore mieux par des faits que par des paroles. Ne s’étudiant pas à bien discourir, ils pensent en effet inspirer une confiance plus solide en parlant plutôt aux yeux qu’aux oreilles.

 

De l’Art

Hippocrate

 

(Fin)

 

08:04 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (0)

10/06/2008

Atterrissage.

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Deux consultations intéressantes depuis mon retour.

La première, une jeune femme de 19 ans, 3 mois post-partum d’un second accouchement qui s’est bien déroulé.

Au cours de sa grossesse, elle consulte un très distingué confrère pour des malaises, parfois avec perte de connaissance.

Ses malaises sont d’allure vagale, et n’ont pas de facteur déclenchant ou de chronologie particulière.

Le confrère fait une échographie cardiaque qui revient normale, et étiquette les malaises de fonctionnels.

Trois mois après son accouchement, elle continue à faire des malaises et l’inquiétude gagne le couple.

Ils reviennent voir les cardiologues à l’hôpital et tombent sur moi.

 

Les malaises ne me semblent pas inquiétants, en effet, mais j’essaye de tourner autour du problème pour trouver une ouverture et la cause de tout cela.

Ils sont sans emploi tous les deux, et elle allaite.

A première vue, elle mange convenablement. Je lui ai fait détailler un menu, car c’est incroyable le nombre de pathologies liées à une alimentation déséquilibrée chez des personnes en situation précaire, et il y en a de plus en plus.

 

Le menu n’est quand même pas fameux : boulettes de viande haricots verts en boite, ou viande et pâtes.

Je lui explique que ses malaises semblent sans gravité, mais que je vais faire un petit bilan complémentaire : NFS + ionogramme + bilan thyroïdien, afin de dépister un désordre en post-partum.

Je lui prévois un tilt test et un holter ECG, mais je ne suis pas convaincu.

Alors que je me lève pour lui prendre la tension couchée/debout, la chance me sourit enfin.

Elle me sort presque négligemment cette phrase : « Ah oui, je ne mange que le soir ! ».

« Ah bon ? Et Pourquoi ?

- Manger me dégoûte dans la journée, je fais ça depuis des années ».

C’est sûr, mais elle n’était ni enceinte, ni allaitante, ni occupée par deux enfants en bas âge avec toute la dépense énergétique que l’on peut imaginer.

Il ne restait qu’à en faire la démonstration, et encore une fois j’ai eu de la chance.

Elle m’a fait une superbe perte de connaissance avec prodromes (heureusement !) qui a cessé en la resucrant. La tension artérielle et son ECG n’ont pas bougé d’un pouce. Je n’ai pas eu le réflexe de lui faire faire un dextro (je ne sais même pas si j’ai un appareil dans mes petites consultations).

J’étais tout content de moi, même si le sort m’a beaucoup aidé dans l’histoire ; mais pas eux.

J’ai eu toutes les peines du monde à leur faire comprendre que la cause de tout ses problèmes venait probablement de là. Ils ont discuté, pinaillé, et ergoté.

Quand les gens viennent voir le cardio, inconsciemment, ils veulent une vraie maladie cardiologique avec un nom compliqué, mais si possible pas trop grave. Et pas qu’un médecin leur fasse la morale en leur disant qu’ils mangent n’importe comment…

 

La seconde est en fait un doppler artériel et veineux pour un bilan d’ulcère chez un homme de 81 ans dynamique mais avec un état général un peu moyen.

En général, je ne trouve rien. Mais dans ce cas l’ulcère était clairement artériel, et mon espoir a grandit.

Je n’ai pas été déçu : un anévrysme de l’aorte abdominale de 73 mm de diamètre maximal, partiellement thrombosé, une occlusion de l’artère fémorale superficielle à droite, et une sténose serrée de la fémorale superficielle gauche, du côté de l’ulcère, donc.

Je pense qu’une dilatation à gauche pourra améliorer les choses.

J’aurais volontiers fait un scanner pour voir si un geste endovasculaire sur l’aorte était jouable. J’ai appelé le généraliste qui prône l’abstention pour l’anévrysme. Je n’ai pas insisté, ça se discute, et il le connaît bien mieux que moi.

De l'art (12)

Quant à la médecine, dans les empyèmes, dans les maladies du foie ou dans celles des reins et dans toutes celles des cavités, ne pouvant faire d’observations directes (et cela est très évident pour tous), elle appelle en aide d’autres ressources ; elle interroge la clarté et la rudesse de la parole, la lenteur ou la célérité de la respiration, la nature des flux qui sont habituels à chacun et qui s’échappent par telle ou telle voie ; elle les étudie par l’odeur, la couleur, la ténuité, la consistance ; elle pèse la valeur de ces signes qui lui font reconnaître les parties déjà lésées et deviner celles qui pourront le devenir. Quand ces signes ne se montrent pas et que la nature ne les manifeste pas d’elle-même, le médecin a trouvé des moyens de contrainte à l’aide desquels la nature innocemment violentée produit ces signes. Ainsi excitée, elle montre au médecin habile dans son art ce qu’il doit faire. Tantôt, par l’acrimonie des aliments solides et des boissons, il force la chaleur innée à dissiper au dehors une humeur phlegmatique, en sorte qu’il distingue quelqu’une des choses qu’il s’efforçait de reconnaître ; tantôt, par des marches dans des chemins escarpés ou par des courses, il force la respiration de lui fournir des indices certains des maladies ; enfin en provoquant la sueur il jugera la nature de la maladie par celle des humeurs chaudes exhalées. Les matières excrétées par la vessie donnent plus de lumières sur les maladies que les matières excrétées par les chairs. La médecine a aussi découvert certains aliments et certaines boissons qui développant plus de chaleur que les matières dont le corps est échauffé, en déterminent la fonte et l’écoulement, ce qui n’aurait pas lieu si elles n’étaient pas soumises à l’action [de ces aliments et de ces boissons]. Toutes ces choses, qui réagissent les unes sur les autres et les unes par les autres, traversent le corps et dévoilent la maladie. Ne vous étonnez donc pas que le médecin apporte tant de lenteur à asseoir son jugement sur une maladie, tant de circonspection pour en entreprendre le traitement, puisqu’il n’arrive que par des voies si éloignées et si étrangères à la connaissance parfaite de la thérapeutique.

 

De l’Art

Hippocrate

08:03 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (0)