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13/06/2008
Les yeux de Chimène.
Dans mon activité libérale, je « rends service » (expression cynique et consacrée par moi et quelques confrères cardiologues) à une maison de retraite voisine en leur faisant des dopplers et des consultations souvent au pied levé. 2 à 3 généralistes assurent le suivi, et il ne se passe pas une semaine sans que la surveillante m’appelle sur mon portable.
L’équipe médicale et para-médicale, que je n’ai jamais rencontrée est en tout cas adorable au téléphone. J’ai aussi un peu interrogé des patients, ou des familles qui m’ont confirmé que l’établissement était très bien.
C’est de la cardiogériatrie pure et dure, l’avenir de la profession (des deux côtés du stéthoscope, d’ailleurs) et aucun patient n’a moins de 80 ans. Mon record personnel étant une dame de 104 ans, qui avait eu l’honneur d’un article récent dans le journal local.Le suivi médical semble correct, et je constate rarement de gros soucis. Parmi ceux là, je constate pas mal de polymédicamentation, de iatrogénie et de prescriptions biologiques qui me semblent abusives.
Combien ai je pu faire de dopplers sur des D-dimères positifs chez des patients de plus de 75 ans, ou porteurs d’un érysipèle, et d’échographies cardiaques sur des peptides natriurétiques élevés ?
J’ai quand même trouvé pas mal de phlébites, et quelques cardiopathies valvulaires.
En fait, la cause la plus fréquente de consultation est la chute, le malaise.
La cause principale ?
Le plus souvent un excès d’antihypertenseurs, éventuellement associés à des psychotropes, parfois trop de diurétiques. En général, j'arrête plus que je ne prescris.Quand je trouve quelque chose de grave, je ne me mouille pas trop, je l’ai déjà dit. Je commence à connaître un peu les médecins généralistes, et ils aiment bien garder le contrôle. Par ailleurs, ils connaissent bien mieux la famille et le patient.
L’équipe semble être relativement satisfaite de mes services, car je vois toujours autant de patients.Mais hier, je me suis enquis d’un patient de 85-87 ans que j’avais vu avant mes vacances, et qui faisait des épisodes paroxystiques de dyspnée.
A l’époque, j’avais écarté (?) une embolie pulmonaire récidivante, et je tablais plutôt sur une coronaropathie, ou un trouble conductif.
L’ECG était normal, mon examen aussi, les mollets étaient souples. Son échographie cardiaque ne montrait rien d’inquiétant.
Et c’est justement cela qui m’inquiétait. J’étais un peu embarrassé.J’ai donc opté pour un traitement anti ischémique par bêta-bloquants en pariant sur une coronaropathie. Je ne voulais toutefois pas aller jusqu'à faire d’examens fonctionnels coronaires, ou pire, de coronarographie.
Mais bon, je suis parti en vacances pas très satisfait.
Donc hier, je demande à la surveillante ce qu’il est devenu.
« - Qu’est devenu le patient que j’ai vu juste avant mes vacances ? Ses malaises se sont améliorés ?
- Ah, Monsieur XXX ! Il a fait un gros malaise, le directeur l’a un peu massé. Il a été intubé et il est actuellement en réanimation polyvalente.
- …. Ah ! Sur le coup, j’ai donc été très mauvais !
- Mais non ! Il allait beaucoup mieux après être allé vous voir. Il avait déjà pris des bêta-bloquants jusqu’à il y a quelques mois. Ce n’est pas de votre faute, c’est comme ça…
D’ailleurs, le service de réanimation est incapable de nous donner une raison à ce qu’il a fait.
- Ah… »
Donc pas un grand succès pour le Dr Passmore. Arrêt moins de 1 mois après m’avoir vu !
On n’aura probablement jamais le fin mot de l’histoire, mais je n’ai probablement pas été décisif dans ce cas, du moins pas dans le sens escompté.
J’ai été touché par le ton de cette surveillante, ils doivent vraiment manquer cruellement d’environnement cardiologique !
20:20 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (0)
Il faut savoir déraper.
En ce moment, j’ai de la chance, et les patients aussi.
Je croise à plusieurs reprises, depuis 5-6 ans, en consultation et en hospitalisation un patient privé du chef de service.
D’abord en temps qu’interne puis CCA, et je l’ai revu récemment en consultation, toujours à l’hôpital, du fait de l’absence du patron.
C’est un ancien gendarme, sans facteur de risque , mais qui a un terrain athéromateux très impressionnant : coronaropathie pontée, sténose d’une artère rénale dilatée, artériopathies des membres inférieurs avec sténose iliaque…
Je le vois aussi au doppler lors de ses contrôles annuels.
Au cours de notre dernière rencontre, je devais regarder ses iliaques et ses rénales.
Comme d’habitude, nous avons pas mal discuté pendant l’examen.
A la fin, je lui fais signe et il se redresse sur son séant. L’examen est parfaitement normal.
Une idée me traverse l’esprit.
« Ca fait longtemps que j’ai regardé vos carotides ?
- ce n’était pas vous, mais l’examen est récent, je crois…
- Rallongez vous, il y en a pour 5 secondes ».
En fait il y en eu pour un plus longtemps, il y avait une sténose serrée de la carotide interne droite, confirmée plus tard au scanner.
Il vient de consulter le chirurgien vasculaire.
Ouf ! Il faut savoir faire déraper sa sonde sur le gel glissant, et faire un bilan vasculaire un peu plus étendu que ce qui est demandé. Un coup d’œil aux carotides prend quelques secondes et peut s’avérer salutaire.10:42 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (3)
Le Faucon Maltais.
J’ai lu ce chef d’œuvre du roman noir de Dashiell Hammett.
Bon, ça se confirme, je ne suis pas un amateur du genre.
Je n’aime pas trop ces situations emberlificotées et à la vraisemblance toujours un peu limite. J’ai toujours l’impression que l’auteur de romans noirs pense que plus l’intrigue est complexe et à rebondissements, et plus son lecteur aura l’impression d’en avoir pour son argent.
Bon, je n’irais pas jusqu’à dire que je n’y ai pas pris de plaisir.
Le personnage de Sam Spade est très bien planté et équivoque à souhait. Ce personnage va être d'ailleurs à l'origine d'une immense lignée de privés durs à cuir et cyniques. Ce roman est aussi à l'origine du film culte de Huston avec Humphrey Bogart.
Et le faucon maltais dans tout ça.
Bien que l’on en parle tout au long du roman, son rôle est finalement minime, d’autant plus que… Je n’en dirais pas plus.
Au fait, connaissez-vous le nom que l’on donne à une situation ou un objet qui catalyse l’action d’un film, d’un roman, par exemple. C'est-à-dire qu’il a un rôle déclencheur, mais qu’il ne prend que peu ou pas part à l’action ?
La réponse ici.
07:05 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0)