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11/06/2008

Loin des yeux…

A Malte, le bouquet satellite laissait le choix entre la RAI 1, TVM (la chaine publique maltaise), une chaîne allemande surréaliste (j’y reviendrai), BBC World news et TV5 Monde.

Entre 2 ballades, nous zappions un peu.

La chaîne allemande était curieuse, puisque l’écran était divisé en deux moitiés égales : images parfois fixes en haut, et texte en bas. Une chaîne pour les nostalgiques de la presse écrite, en somme.

J’ai un peu regardé la RAI, malgré la barrière de la langue, ce qui m’a permis de voir pour la première fois en entier la version italienne d’un jeu que je n’ai jamais regardé en France, avec Arthur, des boites, un téléphone, et surtout de grosses sommes en jeu.

Le candidat, soutenu par son épouse et ses parents a quand même empoché 250.000 euros. Il avait tiré la boite à 500.000…

Pas de quoi attraper une méningite, sans le décorum, les gros plans sur les visages crispés par l’avidité et le blabla incessant de l’animateur, ce jeu pourrait facilement être achevé en 5 minutes chrono, coupure publicitaire comprise.

La mauvaise réception de la TV maltaise, un comble, la rendait non regardable longtemps, sous peine de conjonctivite !

Restent la BBC et TV5 Monde.

La comparaison est riche, tout est une question de point de vue.

Si vous voulez avoir l’impression d’assister, voire de faire partie du village global qu’est devenu le monde avec ses joies et ses misères, si vous voulez vous informer sur les tenants et les aboutissants des grandes nouvelles qui balayent le globe, sans raccourci et grâce à des débats lumineux, regardez la BBC.

L’augmentation du prix des denrées alimentaires y a été traitée de façon tout à fait remarquable.

Enfin, les journalistes, qui méritent bien leur nom, me semblent largement plus incisifs que chez nous. J’ai assisté à un entretien où un journaliste, toujours très correct sans un mot plus haut que l’autre, et très pointu dans ses connaissances, a secoué comme un prunier un ancien ambassadeur israélien.

Quand on se targue de l’impertinence supposée de certain(e)s de nos journalistes, je me gausse en repensant à cet entretien.

Je ne parle pas de l’impertinence façon bouffon, et démagogique à la Karl Zéro, mais d’une impertinence liée à une connaissance profonde du sujet qui permet de l’éclairer.

 

TV5 Monde, c’est un autre univers.

Une sorte d’ « Histoires Naturelles » qui passerait 24 heures sur 24, entrecoupées par des rediffusions de journaux TV français, suisses et canadiens.

La nature, les petits oiseaux, le terroir, des escapades culinaires, parfois des sujets plus graves (un excellent reportage canadien sur la naissance de la troisième génération de séropositifs à Montréal)…

L’absence de mouvement est la caractéristique fondamentale de TV5 Monde.

Idéale donc pour les angoissés et les stressés : il ne se passe rien dans le monde, tout va bien, bonne nuit les petits…

Si un étranger veut se faire une idée des pays francophones en regardant TV5 Monde, il doit surtout avoir une impression de nonchalance, de point fixe dans le monde toujours en mouvement. La francophonie, un futur « Puy du fou » ?

 

Mais ne soyons pas injustes, c’est vrai aussi que c’est nettement moins stressant que la BBC, exemple de nouvelles à la une :

« 

-  Long era of cheap food is over.

- Oil prices near record highs, Europe fuel protests spread.

- Fashion guru Yves Saint Laurent dies. »

 

Ouf, enfin une nouvelle pas trop mauvaise !

 

 
Et France 24, c'est comment?

De l'art (13)

Que la médecine trouve facilement en elle les moyens de porter des secours efficaces, qu’elle ait raison de refuser le traitement des maladies incurables, et qu’elle soigne avec un succès infaillible celles qu’elle entreprend, c’est ce que l’on peut voir dans ce traité, c’est ce que les médecins habiles démontrent encore mieux par des faits que par des paroles. Ne s’étudiant pas à bien discourir, ils pensent en effet inspirer une confiance plus solide en parlant plutôt aux yeux qu’aux oreilles.

 

De l’Art

Hippocrate

 

(Fin)

 

08:04 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (0)

10/06/2008

Atterrissage.

Photobucket

 

Deux consultations intéressantes depuis mon retour.

La première, une jeune femme de 19 ans, 3 mois post-partum d’un second accouchement qui s’est bien déroulé.

Au cours de sa grossesse, elle consulte un très distingué confrère pour des malaises, parfois avec perte de connaissance.

Ses malaises sont d’allure vagale, et n’ont pas de facteur déclenchant ou de chronologie particulière.

Le confrère fait une échographie cardiaque qui revient normale, et étiquette les malaises de fonctionnels.

Trois mois après son accouchement, elle continue à faire des malaises et l’inquiétude gagne le couple.

Ils reviennent voir les cardiologues à l’hôpital et tombent sur moi.

 

Les malaises ne me semblent pas inquiétants, en effet, mais j’essaye de tourner autour du problème pour trouver une ouverture et la cause de tout cela.

Ils sont sans emploi tous les deux, et elle allaite.

A première vue, elle mange convenablement. Je lui ai fait détailler un menu, car c’est incroyable le nombre de pathologies liées à une alimentation déséquilibrée chez des personnes en situation précaire, et il y en a de plus en plus.

 

Le menu n’est quand même pas fameux : boulettes de viande haricots verts en boite, ou viande et pâtes.

Je lui explique que ses malaises semblent sans gravité, mais que je vais faire un petit bilan complémentaire : NFS + ionogramme + bilan thyroïdien, afin de dépister un désordre en post-partum.

Je lui prévois un tilt test et un holter ECG, mais je ne suis pas convaincu.

Alors que je me lève pour lui prendre la tension couchée/debout, la chance me sourit enfin.

Elle me sort presque négligemment cette phrase : « Ah oui, je ne mange que le soir ! ».

« Ah bon ? Et Pourquoi ?

- Manger me dégoûte dans la journée, je fais ça depuis des années ».

C’est sûr, mais elle n’était ni enceinte, ni allaitante, ni occupée par deux enfants en bas âge avec toute la dépense énergétique que l’on peut imaginer.

Il ne restait qu’à en faire la démonstration, et encore une fois j’ai eu de la chance.

Elle m’a fait une superbe perte de connaissance avec prodromes (heureusement !) qui a cessé en la resucrant. La tension artérielle et son ECG n’ont pas bougé d’un pouce. Je n’ai pas eu le réflexe de lui faire faire un dextro (je ne sais même pas si j’ai un appareil dans mes petites consultations).

J’étais tout content de moi, même si le sort m’a beaucoup aidé dans l’histoire ; mais pas eux.

J’ai eu toutes les peines du monde à leur faire comprendre que la cause de tout ses problèmes venait probablement de là. Ils ont discuté, pinaillé, et ergoté.

Quand les gens viennent voir le cardio, inconsciemment, ils veulent une vraie maladie cardiologique avec un nom compliqué, mais si possible pas trop grave. Et pas qu’un médecin leur fasse la morale en leur disant qu’ils mangent n’importe comment…

 

La seconde est en fait un doppler artériel et veineux pour un bilan d’ulcère chez un homme de 81 ans dynamique mais avec un état général un peu moyen.

En général, je ne trouve rien. Mais dans ce cas l’ulcère était clairement artériel, et mon espoir a grandit.

Je n’ai pas été déçu : un anévrysme de l’aorte abdominale de 73 mm de diamètre maximal, partiellement thrombosé, une occlusion de l’artère fémorale superficielle à droite, et une sténose serrée de la fémorale superficielle gauche, du côté de l’ulcère, donc.

Je pense qu’une dilatation à gauche pourra améliorer les choses.

J’aurais volontiers fait un scanner pour voir si un geste endovasculaire sur l’aorte était jouable. J’ai appelé le généraliste qui prône l’abstention pour l’anévrysme. Je n’ai pas insisté, ça se discute, et il le connaît bien mieux que moi.