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15/06/2008

Fête des pères.

Pour la fête des pères, je me suis fais plaisir.

Je me suis offert une belle reproduction des « Cent vues du Mont Fuji » par Hokusai, aux éditions Hazan.

J’ai découvert plein d’estampes que je ne connaissais pas, c’est d’ailleurs l’intérêt d’avoir un recueil complet, par rapport aux sélections des meilleurs spécialistes de Hokusai, qui sont par définition incomplètes.

La présentation est très agréable aussi, elle rend les estampes bien plus proches que lorsqu’elles sont reproduites en petit, même sur papier glacé 90 g.


 

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Hokusai : Les 100 vues du Mont Fuji

Nelly Delay

Hazan

 

Pour 37.05 euros, je ne m’en suis pas privé…

18:59 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (9)

13/06/2008

Les yeux de Chimène.

Dans mon activité libérale, je « rends service » (expression cynique et consacrée par moi et quelques confrères cardiologues) à une maison de retraite voisine en leur faisant des dopplers et des consultations souvent au pied levé. 2 à 3 généralistes assurent le suivi, et il ne se passe pas une semaine sans que la surveillante m’appelle sur mon portable.

L’équipe médicale et para-médicale, que je n’ai jamais rencontrée est en tout cas adorable au téléphone. J’ai aussi un peu interrogé des patients, ou des familles qui m’ont confirmé que l’établissement était très bien.

C’est de la cardiogériatrie pure et dure, l’avenir de la profession (des deux côtés du stéthoscope, d’ailleurs) et aucun patient n’a moins de 80 ans. Mon record personnel étant une dame de 104 ans, qui avait eu l’honneur d’un article récent dans le journal local.

Le suivi médical semble correct, et je constate rarement de gros soucis. Parmi ceux là, je constate pas mal de polymédicamentation, de iatrogénie et de prescriptions biologiques qui me semblent abusives.

Combien ai je pu faire de dopplers sur des D-dimères positifs chez des patients de plus de 75 ans, ou porteurs d’un érysipèle, et d’échographies cardiaques sur des peptides natriurétiques élevés ?

J’ai quand même trouvé pas mal de phlébites, et quelques cardiopathies valvulaires.

En fait, la cause la plus fréquente de consultation est la chute, le malaise.

La cause principale ?

Le plus souvent un excès d’antihypertenseurs, éventuellement associés à des psychotropes, parfois trop de diurétiques. En général, j'arrête plus que je ne prescris.

Quand je trouve quelque chose de grave, je ne me mouille pas trop, je l’ai déjà dit. Je commence à connaître un peu les médecins généralistes, et ils aiment bien garder le contrôle. Par ailleurs, ils connaissent bien mieux la famille et le patient.

L’équipe semble être relativement satisfaite de mes services, car je vois toujours autant de patients.

Mais hier, je me suis enquis d’un patient de 85-87 ans que j’avais vu avant mes vacances, et qui faisait des épisodes paroxystiques de dyspnée.

A l’époque, j’avais écarté (?) une embolie pulmonaire récidivante, et je tablais plutôt sur une coronaropathie, ou un trouble conductif.

L’ECG était normal, mon examen aussi, les mollets étaient souples. Son échographie cardiaque ne montrait rien d’inquiétant.

Et c’est justement cela qui m’inquiétait. J’étais un peu embarrassé.

J’ai donc opté pour un traitement anti ischémique par bêta-bloquants en pariant sur une coronaropathie. Je ne voulais toutefois pas aller jusqu'à faire d’examens fonctionnels coronaires, ou pire, de coronarographie.

Mais bon, je suis parti en vacances pas très satisfait.

Donc hier, je demande à la surveillante ce qu’il est devenu.

«  - Qu’est devenu le patient que j’ai vu juste avant mes vacances ? Ses malaises se sont améliorés ?

- Ah, Monsieur XXX ! Il a fait un gros malaise, le directeur l’a un peu massé. Il a été intubé  et il est actuellement en réanimation polyvalente.

- …. Ah ! Sur le coup, j’ai donc été très mauvais !

- Mais non ! Il allait beaucoup mieux après être allé vous voir. Il avait déjà pris des bêta-bloquants jusqu’à il y a quelques mois. Ce n’est pas de votre faute, c’est comme ça…

D’ailleurs, le service de réanimation est incapable de nous donner une raison à ce qu’il a fait.

- Ah… »

Donc pas un grand succès pour le Dr Passmore. Arrêt moins de 1 mois après m’avoir vu !

On n’aura probablement jamais le fin mot de l’histoire, mais je n’ai probablement pas été décisif dans ce cas, du moins pas dans le sens escompté.

J’ai été touché par le ton de cette surveillante, ils doivent vraiment manquer cruellement d’environnement cardiologique !

20:20 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (0)

Il faut savoir déraper.

En ce moment, j’ai de la chance, et les patients aussi.

Je croise à plusieurs reprises, depuis 5-6 ans, en consultation et en hospitalisation un patient privé du chef de service.

D’abord en temps qu’interne puis CCA, et je l’ai revu récemment en consultation, toujours à l’hôpital, du fait de l’absence du patron.

C’est un ancien gendarme, sans facteur de risque , mais qui a un terrain athéromateux très impressionnant : coronaropathie pontée, sténose d’une artère rénale dilatée, artériopathies des membres inférieurs avec sténose iliaque…

Je le vois aussi au doppler lors de ses contrôles annuels.

Au cours de notre dernière rencontre, je devais regarder ses iliaques et ses rénales.

Comme d’habitude, nous avons pas mal discuté pendant l’examen.

A la fin, je lui fais signe et il se redresse sur son séant. L’examen est parfaitement normal.

Une idée me traverse l’esprit.

« Ca fait longtemps que j’ai regardé vos carotides ?

- ce n’était pas vous, mais l’examen est récent, je crois…

- Rallongez vous, il y en a pour 5 secondes ».

En fait il y en eu pour un plus longtemps, il y avait une sténose serrée de la carotide interne droite, confirmée plus tard au scanner.

Il vient de consulter le chirurgien vasculaire.

Ouf ! Il faut savoir faire déraper sa sonde sur le gel glissant, et faire un bilan vasculaire un peu plus étendu que ce qui est demandé. Un coup d’œil aux carotides prend quelques secondes et peut s’avérer salutaire.

10:42 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (3)

Le Faucon Maltais.

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J’ai lu ce chef d’œuvre du roman noir de Dashiell Hammett.

Bon, ça se confirme, je ne suis pas un amateur du genre.

Je n’aime pas trop ces situations emberlificotées et à la vraisemblance toujours un peu limite. J’ai toujours l’impression que l’auteur de romans noirs pense que plus l’intrigue est complexe et à rebondissements, et plus son lecteur aura l’impression d’en avoir pour son argent.

Bon, je n’irais pas jusqu’à dire que je n’y ai pas pris de plaisir.

Le personnage de Sam Spade est très bien planté et équivoque à souhait. Ce personnage va être d'ailleurs à l'origine d'une immense lignée de privés durs à cuir et cyniques. Ce roman est aussi à l'origine du film culte de Huston avec Humphrey Bogart.

 

Et le faucon maltais dans tout ça.

Bien que l’on en parle tout au long du roman, son rôle est finalement minime, d’autant plus que… Je n’en dirais pas plus.

Au fait, connaissez-vous le nom que l’on donne à une situation ou un objet qui catalyse l’action d’un film, d’un roman, par exemple. C'est-à-dire qu’il a un rôle déclencheur, mais qu’il ne prend que peu ou pas part à l’action ?

 

La réponse ici.

07:05 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0)

12/06/2008

Géopolitique de bord de piscine.

Les bords de piscine m’inspirent, en général.

 

Notre hôtel à Malte était familial et « de charme ». Le « charme », comme pour les êtres humains est ce qui rend plaisant des imperfections qui seraient sinon rédhibitoires.

Son âge vénérable (1875) attire une clientèle régulière, tombée « sous le charme », ou des touristes comme nous, qui avons réservé trop tard pour obtenir une chambre dans un hôtel moderne et au bord de la mer.

 

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La clientèle de classe moyenne était donc bigarrée, plutôt âgée, et européenne avec très peu de français.

Le service était typiquement le produit de la domination anglaise : gentil, particulièrement obséquieux, mais non dénué d’un certain humour pince sans rire.

 

 

L’atmosphère générale de cet hôtel m’évoquait une époque révolue et figée dans le temps. Kipling n’y aurait pas été dépaysé plus de 10 minutes.

Nous y avons rencontré une représentante d’un monde en voie de disparition, une grande bourgeoise havraise entrée gaillardement et franchement dans sa huitième décade. Toujours souriante, pomponnée et coquette, elle fréquente l’établissement depuis 20 ans.

Elle y a pris ses petites habitudes, appelle les serveurs par leurs prénoms, et a sa table réservée.

Nos conversations étaient plutôt agréables. Elle nous a souvent conseillé dans nos explorations, car depuis 20 ans, elle connaît bien sûr la moindre pierre de l’île. Elle nous a aussi dépeint un monde disparu, celui d’industriels du Nord, jetés au Havre par la guerre, et qui sont repartis de zéro.

Un monde de cannes, de gants blancs, de crinolines…

 

Evidemment, elle ne dépareillait pas avec le cadre victorien de l’hôtel. A posteriori, je me demande même si elle ne faisait pas partie de l’animation. En parlant d’animation, pas de jeux, de séances de gymnastique ou de boites de nuit dans l’hôtel, mais un Charlie Oleg maltais qui officie depuis 30 ans dans le même coin du fumoir devenu non fumeur.

 

Et puis, « ils» sont arrivés.

Une douzaine de chinois ont fait irruption dans notre monde d’encaustique et de naphtaline pour un séminaire de travail.

La barrière de la langue, ils parlaient presque plus mal anglais que nous, c’est dire, ne nous ont pas permis de savoir dans quel domaine ils travaillaient. Nous en sommes restés aux sourires sincères mais inexpressifs, à quelques cadeaux, dont une petite boite de baume du tigre et des petites galettes au goût bizarre (peut-être que ça ne se mangeait même pas !) et aux quelques mots de chinois que ma tendre et douce a sorti à mon immense étonnement.

Ils ne se sont donc jamais mélangés avec nous autres, européens. Après le premier soir, ils avaient d’ailleurs un menu différent du notre et des baguettes en couverts. Les dames descendaient à dîner avec leurs bigoudis roses, provoquant, vous l’imaginez bien l’étonnement moqueur des clients et du personnel.

Le lendemain, séance photo avec mon fils de 4 ans qui sortait de l’eau, au bord de la piscine.

Ils se sont photographiés les uns les autres avec un Thomas ravi d’être l’objet de tant d’attentions. J’étais amusé mais aussi un peu gêné par la proximité de mon fils en maillot de bain et de ces hommes en costume-cravate.

 

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Mais nous avons fait pareil depuis des décennies avec les peuples autochtones que nous avons conquis, et à l’époque, personne n’avait l’idée, non plus, de leur demander leur autorisation.

 

 

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Là se situe peut-être un symbole fort.

La Chine s’est finalement réveillée, elle a faim, et nous, nous vivons dans le passé.

La vieille dame a eu la même analyse que moi, sur d’autres observations. Mais moi, je suis bien plus fataliste qu’elle. Chaque civilisation a dominé, ou co-dominé en son temps sur un espace géographique plus ou moins vaste, sauf l’Afrique (allez savoir pourquoi). Et bien, le temps de la Chine est revenu.

Je me demande si je ne vais pas envoyer à Beijing ma demande d’adhésion au PC chinois.

On ne sait jamais.

 

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11/06/2008

La Méditerranée.

Kropotkine a lancé un débat qui me semble intéressant sur un sujet d’actualité.

J’avoue que je n’ai que très peu de notions sur le sujet.

Donc si vous voulez faire des commentaires éclairés, n’hésitez pas.

 

 

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"J'espère que vous ne m'en voudrez pas d'évoquer ici "ce machin" qu'on essaie de nous vendre depuis quelques temps: l'UPM [note de l’administrateur : Union Pour la Méditerranée]. En fait, le feuilleton offert par les deux rives depuis l’annonce par Paris de son projet d’Union pour la Méditerranée ressemble à ces documentaires animaliers où l’on voit un prédateur avancer à pas mouchetés pour fondre sur sa proie le moment opportun, avant que celle-ci avertie par quelques remugles naturels ne prenne ses jambes à son cou. Il est naturel que votre président d'origine hongroise tente naturellement d’imposer "à la hussarde" un projet sans contenu, depuis requalifié sous pression allemande pour y associer l’ensemble des pays de l’union européenne et faire étonnamment de la Scandinavie une région méridionale. Une sorte de "processus de Barcelone bis", les droits humains en moins pour toujours plus de main-mise. Servir de caution en offrant une alternative à une Europe ne voulant pas de la Turquie en son sein. Sous-traiter la politique d’immigration européenne en servant de poste avancé face à ceux qui ont faim. Brader nos ressources énergétiques et servir de marché à l'export. Normaliser nos relation avec Israël, pays aprtheid qui occupe encore le Golan et les fermes de Shebaa et fait fi des résolutions de l'ONU. Continuer ce rapport de dominants à dominés où la réciprocité de principe se heurte à la libre circulation des personnes. Et nous comme toujours, sclérosés dans notre immobilisme et notre passivité sans force de proposition ni capacité à entreprendre. Je me demande comment vous autres européens voyez les choses ? Mais bon, ce n'est peut-être pas l'endroit pour ce genre de sujet. Désolé."

 

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Ne soit pas désolé, Kropo. Pour te saluer, cette superbe chanson de Souad Massi, artiste algérienne que tu m’as fait connaître il y a peu :

Loin des yeux…

A Malte, le bouquet satellite laissait le choix entre la RAI 1, TVM (la chaine publique maltaise), une chaîne allemande surréaliste (j’y reviendrai), BBC World news et TV5 Monde.

Entre 2 ballades, nous zappions un peu.

La chaîne allemande était curieuse, puisque l’écran était divisé en deux moitiés égales : images parfois fixes en haut, et texte en bas. Une chaîne pour les nostalgiques de la presse écrite, en somme.

J’ai un peu regardé la RAI, malgré la barrière de la langue, ce qui m’a permis de voir pour la première fois en entier la version italienne d’un jeu que je n’ai jamais regardé en France, avec Arthur, des boites, un téléphone, et surtout de grosses sommes en jeu.

Le candidat, soutenu par son épouse et ses parents a quand même empoché 250.000 euros. Il avait tiré la boite à 500.000…

Pas de quoi attraper une méningite, sans le décorum, les gros plans sur les visages crispés par l’avidité et le blabla incessant de l’animateur, ce jeu pourrait facilement être achevé en 5 minutes chrono, coupure publicitaire comprise.

La mauvaise réception de la TV maltaise, un comble, la rendait non regardable longtemps, sous peine de conjonctivite !

Restent la BBC et TV5 Monde.

La comparaison est riche, tout est une question de point de vue.

Si vous voulez avoir l’impression d’assister, voire de faire partie du village global qu’est devenu le monde avec ses joies et ses misères, si vous voulez vous informer sur les tenants et les aboutissants des grandes nouvelles qui balayent le globe, sans raccourci et grâce à des débats lumineux, regardez la BBC.

L’augmentation du prix des denrées alimentaires y a été traitée de façon tout à fait remarquable.

Enfin, les journalistes, qui méritent bien leur nom, me semblent largement plus incisifs que chez nous. J’ai assisté à un entretien où un journaliste, toujours très correct sans un mot plus haut que l’autre, et très pointu dans ses connaissances, a secoué comme un prunier un ancien ambassadeur israélien.

Quand on se targue de l’impertinence supposée de certain(e)s de nos journalistes, je me gausse en repensant à cet entretien.

Je ne parle pas de l’impertinence façon bouffon, et démagogique à la Karl Zéro, mais d’une impertinence liée à une connaissance profonde du sujet qui permet de l’éclairer.

 

TV5 Monde, c’est un autre univers.

Une sorte d’ « Histoires Naturelles » qui passerait 24 heures sur 24, entrecoupées par des rediffusions de journaux TV français, suisses et canadiens.

La nature, les petits oiseaux, le terroir, des escapades culinaires, parfois des sujets plus graves (un excellent reportage canadien sur la naissance de la troisième génération de séropositifs à Montréal)…

L’absence de mouvement est la caractéristique fondamentale de TV5 Monde.

Idéale donc pour les angoissés et les stressés : il ne se passe rien dans le monde, tout va bien, bonne nuit les petits…

Si un étranger veut se faire une idée des pays francophones en regardant TV5 Monde, il doit surtout avoir une impression de nonchalance, de point fixe dans le monde toujours en mouvement. La francophonie, un futur « Puy du fou » ?

 

Mais ne soyons pas injustes, c’est vrai aussi que c’est nettement moins stressant que la BBC, exemple de nouvelles à la une :

« 

-  Long era of cheap food is over.

- Oil prices near record highs, Europe fuel protests spread.

- Fashion guru Yves Saint Laurent dies. »

 

Ouf, enfin une nouvelle pas trop mauvaise !

 

 
Et France 24, c'est comment?

De l'art (13)

Que la médecine trouve facilement en elle les moyens de porter des secours efficaces, qu’elle ait raison de refuser le traitement des maladies incurables, et qu’elle soigne avec un succès infaillible celles qu’elle entreprend, c’est ce que l’on peut voir dans ce traité, c’est ce que les médecins habiles démontrent encore mieux par des faits que par des paroles. Ne s’étudiant pas à bien discourir, ils pensent en effet inspirer une confiance plus solide en parlant plutôt aux yeux qu’aux oreilles.

 

De l’Art

Hippocrate

 

(Fin)

 

08:04 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (0)

10/06/2008

Atterrissage.

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Deux consultations intéressantes depuis mon retour.

La première, une jeune femme de 19 ans, 3 mois post-partum d’un second accouchement qui s’est bien déroulé.

Au cours de sa grossesse, elle consulte un très distingué confrère pour des malaises, parfois avec perte de connaissance.

Ses malaises sont d’allure vagale, et n’ont pas de facteur déclenchant ou de chronologie particulière.

Le confrère fait une échographie cardiaque qui revient normale, et étiquette les malaises de fonctionnels.

Trois mois après son accouchement, elle continue à faire des malaises et l’inquiétude gagne le couple.

Ils reviennent voir les cardiologues à l’hôpital et tombent sur moi.

 

Les malaises ne me semblent pas inquiétants, en effet, mais j’essaye de tourner autour du problème pour trouver une ouverture et la cause de tout cela.

Ils sont sans emploi tous les deux, et elle allaite.

A première vue, elle mange convenablement. Je lui ai fait détailler un menu, car c’est incroyable le nombre de pathologies liées à une alimentation déséquilibrée chez des personnes en situation précaire, et il y en a de plus en plus.

 

Le menu n’est quand même pas fameux : boulettes de viande haricots verts en boite, ou viande et pâtes.

Je lui explique que ses malaises semblent sans gravité, mais que je vais faire un petit bilan complémentaire : NFS + ionogramme + bilan thyroïdien, afin de dépister un désordre en post-partum.

Je lui prévois un tilt test et un holter ECG, mais je ne suis pas convaincu.

Alors que je me lève pour lui prendre la tension couchée/debout, la chance me sourit enfin.

Elle me sort presque négligemment cette phrase : « Ah oui, je ne mange que le soir ! ».

« Ah bon ? Et Pourquoi ?

- Manger me dégoûte dans la journée, je fais ça depuis des années ».

C’est sûr, mais elle n’était ni enceinte, ni allaitante, ni occupée par deux enfants en bas âge avec toute la dépense énergétique que l’on peut imaginer.

Il ne restait qu’à en faire la démonstration, et encore une fois j’ai eu de la chance.

Elle m’a fait une superbe perte de connaissance avec prodromes (heureusement !) qui a cessé en la resucrant. La tension artérielle et son ECG n’ont pas bougé d’un pouce. Je n’ai pas eu le réflexe de lui faire faire un dextro (je ne sais même pas si j’ai un appareil dans mes petites consultations).

J’étais tout content de moi, même si le sort m’a beaucoup aidé dans l’histoire ; mais pas eux.

J’ai eu toutes les peines du monde à leur faire comprendre que la cause de tout ses problèmes venait probablement de là. Ils ont discuté, pinaillé, et ergoté.

Quand les gens viennent voir le cardio, inconsciemment, ils veulent une vraie maladie cardiologique avec un nom compliqué, mais si possible pas trop grave. Et pas qu’un médecin leur fasse la morale en leur disant qu’ils mangent n’importe comment…

 

La seconde est en fait un doppler artériel et veineux pour un bilan d’ulcère chez un homme de 81 ans dynamique mais avec un état général un peu moyen.

En général, je ne trouve rien. Mais dans ce cas l’ulcère était clairement artériel, et mon espoir a grandit.

Je n’ai pas été déçu : un anévrysme de l’aorte abdominale de 73 mm de diamètre maximal, partiellement thrombosé, une occlusion de l’artère fémorale superficielle à droite, et une sténose serrée de la fémorale superficielle gauche, du côté de l’ulcère, donc.

Je pense qu’une dilatation à gauche pourra améliorer les choses.

J’aurais volontiers fait un scanner pour voir si un geste endovasculaire sur l’aorte était jouable. J’ai appelé le généraliste qui prône l’abstention pour l’anévrysme. Je n’ai pas insisté, ça se discute, et il le connaît bien mieux que moi.

De l'art (12)

Quant à la médecine, dans les empyèmes, dans les maladies du foie ou dans celles des reins et dans toutes celles des cavités, ne pouvant faire d’observations directes (et cela est très évident pour tous), elle appelle en aide d’autres ressources ; elle interroge la clarté et la rudesse de la parole, la lenteur ou la célérité de la respiration, la nature des flux qui sont habituels à chacun et qui s’échappent par telle ou telle voie ; elle les étudie par l’odeur, la couleur, la ténuité, la consistance ; elle pèse la valeur de ces signes qui lui font reconnaître les parties déjà lésées et deviner celles qui pourront le devenir. Quand ces signes ne se montrent pas et que la nature ne les manifeste pas d’elle-même, le médecin a trouvé des moyens de contrainte à l’aide desquels la nature innocemment violentée produit ces signes. Ainsi excitée, elle montre au médecin habile dans son art ce qu’il doit faire. Tantôt, par l’acrimonie des aliments solides et des boissons, il force la chaleur innée à dissiper au dehors une humeur phlegmatique, en sorte qu’il distingue quelqu’une des choses qu’il s’efforçait de reconnaître ; tantôt, par des marches dans des chemins escarpés ou par des courses, il force la respiration de lui fournir des indices certains des maladies ; enfin en provoquant la sueur il jugera la nature de la maladie par celle des humeurs chaudes exhalées. Les matières excrétées par la vessie donnent plus de lumières sur les maladies que les matières excrétées par les chairs. La médecine a aussi découvert certains aliments et certaines boissons qui développant plus de chaleur que les matières dont le corps est échauffé, en déterminent la fonte et l’écoulement, ce qui n’aurait pas lieu si elles n’étaient pas soumises à l’action [de ces aliments et de ces boissons]. Toutes ces choses, qui réagissent les unes sur les autres et les unes par les autres, traversent le corps et dévoilent la maladie. Ne vous étonnez donc pas que le médecin apporte tant de lenteur à asseoir son jugement sur une maladie, tant de circonspection pour en entreprendre le traitement, puisqu’il n’arrive que par des voies si éloignées et si étrangères à la connaissance parfaite de la thérapeutique.

 

De l’Art

Hippocrate

08:03 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (0)