27/01/2008
Gaifu kaisei
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29/10/2007
Abe no nakamaro.
Abe no nakamaro était un fin lettré, diplomate et poète japonais qui a vécu de 698 à environ 770.
Il fut ambassadeur en Chine à la cour des Tang.
A un moment de tension entre les deux pays (ça ne date donc pas d’hier…), il a même été retenu prisonnier. A l'issue de cet épisode pénible, il a composé ce tanka qui fait partie de la célèbre compilation « Ogura Hyakunin Isshu » ou « 100 poèmes par 100 poètes » qui est aussi célèbre au Japon que le sont les Fables de Jean de la Fontaine chez nous.
Je n’aurais jamais entendu parler de cette compilation si Hokusai, dont vous connaissez l’intérêt que je lui porte, ne l’avait magnifiquement illustrée( "Hokusai cent poètes" de Peter Morse, éditions Anthèse).
J'ai trouvé assez récemment ce site qui propose une très belle traduction en français de ce poème composé en 726 et aussi des autres, petit à petit.
Jusqu’à présent, je n’en avais trouvé qu’en anglais (si j'excepte la traduction française très lourde proposée dans le livre de Peter Morse).
L’original :
La traduction :
Lorsque je contemple
la large étendue du ciel,
Lune, es-tu celle
Qui se levait sur le Mont
Mikasa à Kasuga ?
(P.S. pour la traductrice , si vous passez par là : d’abord merci beaucoup pour votre travail de traduction, et ensuite si vous ne désirez pas que je le reprenne ici, n’hésitez pas à me le faire savoir !).
Le temple de Kasuga se situe au pied du Mont Mikasa, à Nara, ville chère au coeur d'Abe no nakamaro.
Passons maintenant à l’interprétation faite par Hokusai :
On y voit Abe no nakamaro perdu dans la contemplation de la lune alors qu’il est bloqué au sommet d’une colline et que des soldats chinois (on devine les chapeaux et l’étendard derrière le paravent au premier plan) attendent respectueusement de se saisir de lui.
Les paravents qui l’encerclent au premier et au troisième plans rendent bien l’idée d’étreinte, d’enfermement. L’estampe, comme le tanka expriment l’immense mal du pays qui vous étreint lorsque vous êtes loin de chez vous.
C’est cela qui me touche le plus dans ces deux œuvres.
Petite remarque : Hokusai a voulu s’affranchir des conventions en ne représentant que le reflet de la lune sur la mer, et non la lune elle-même. Il s'agit d'un "second jet" bien réfléchi (sans jeu de mots) car j’ai pu voir dans l'ouvrage de Peter Morse une esquisse préparatoire où Hokusai avait initialement placé la lune dans le ciel.
Ce poème rédigé dans une langue archaïque d'une civilisation radicalement différente de la notre a donc 1281 ans cette année. Pourtant sa signification reste intemporelle et universelle. Le lecteur contemporain peut remplacer "Mont Mikasa" et "Kasuga" par n'importe quel lieu de son choix, voire même par une personne.
Nous avons tous regardé ou nous regarderons tous un jour la lune en nous disant qu'elle veille au loin sur un lieu ou un être cher qui nous manque.
11:25 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (1)
14/10/2007
Inspirations
La Chine est partout, même sur le marché de l’art contemporain.
« Execution » de l’artiste Yue Minjun, né en 1962 a atteint l’enchère record de 4 210 300 euros vendredi dernier chez Sotheby’s.
Execution
Yue Minjun
Cette œuvre semble faire référence aux évènements de Tienanmen. Je dis « semble », car elle a été vendue comme telle, mais l’artiste a minimisé cette relation au cours d’un entretien téléphonique avec CNN (il vit toujours en Chine…).
Un premier acheteur l’avait achetée pour environ 22000 euros à une galerie à Hong-Kong vers la fin des années 90.
Si la filiation avec les évènements de Tienanmen est (diplomatiquement) incertaine, celle avec les deux œuvres suivantes est incontestable :
L’exécution de Maximilien (Manet. 1867)
Tres de Mayo (Goya. 1814)
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"It's nice to be in a place where people have money, and are willing to spend it."
Le marché de l'art est depuis toujours une girouette qui indique le sens des flux financiers internationaux et donc ou se trouve le pouvoir.
Cours de l'action Sotheby's (Source: Big Charts). On peut y lire la prospérité des années 96-99, puis l'éclatement de la bulle internet et enfin l'irrésistible montée depuis 2003. J'imagine que cette dernière est essentiellement due à la croissance en Asie.
Indice du marché de l'art (Source: Boursorama)
Il est assez probable que l'acheteur soit asiatique, voire chinois étant donné le caractère transgressif très spécifique de cette oeuvre. Cette vente est donc aussi probablement un des (nombreux) indices qui tendent à montrer la formidable ascension de l'Asie. Il va donc falloir s'habituer (et se préparer) à la domination de L'Asie et notamment de la Chine sur un nombre toujours plus important de domaines.
L'Europe (XVème-début XXème), les EU (début XXème-début/milieu XXIème), l'Asie (Début/milieu XXIème-?).
Chacun son tour (A quand l'Afrique ??).
Pour donner une idée du dynamisme asiatique, le graphique suivant compare l'évolution d'une SICAV française basée sur des valeurs chinoises et du CAC 40 depuis le 01/01/07:
Bien sûr, je suis intimement persuadé que "plus dure sera la chute" et qu'une bulle est destinée à éclater, mais ce petit graphique résume assez bien, quoique très partiellement la situation actuelle.
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L’aurais-je achetée ?
C’est toujours la question que je me pose devant une enchère record d’art contemporain.
L’aurais-je achetée si je l’avais vue chez un galeriste et si elle avait été dans mon budget ?
Mon record personnel est de 4000 euros pour « relation amoureuse » de Bernard Giraudi (170*100 cm), mais en moyenne je consacre 1555 euros à l’achat d’une œuvre.
Je dépensais bien plus quand j’étais assistant-chef de clinique. Depuis que je suis en libéral, avec des revenus supérieurs mais aussi une imposition bien plus lourde, je suis (bien obligé) d'être beaucoup plus sage.
Depuis le premier janvier 2007, mon budget « art » a été de 1900 euros.
L’aurais-je donc achetée ?
Et bien non.
Je trouve les visages hilares intéressants (c’est la marque de fabrique de Yue Minjun), mais cette œuvre ne me parle pas du tout.
Heureusement que je n’ai pas choisi d’être galeriste ou courtier en art contemporain ! Pourtant, cela ne m’aurait pas déplu.
Par contre, j'aurais volontiers craqué sur un tableau de Jack Vettriano ou même Edward Hopper.
En ce moment, je suis attiré par l’œuvre de Maurice Tan qui va bientôt être exposé sur Paris à l’« Addict Galerie ». Je n’ai absolument aucune idée du prix des toiles (d'aillleurs, si l'un de vous a une idée...) et si elles sont à ma portée (du moins les petits/moyens formats) mais j’ai bien envie de me faire un petit séjour sur Paris pour y faire un tour.
08:30 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (6)