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20/03/2007

Une époque se termine.

Je les avais achetés en 1998 ou 1999.

Mais aujourd’hui, j’en ai acquis des neufs.

Ils sont devenus tellement peu présentables et usés, que je les cachais sous des surchaussures en tissu (surtout pas celles en matière plastique bleue, sauf pour les amateurs de Penicillium roqueforti).

 

Au début, j’étais totalement contre, trop dangereux en cas de course contre la mort dans les couloirs. Puis un soir, je devais avoir des ampoules aux pieds, et j’ai pris ceux de mon co-interne.

J’ai été conquis.

 

Ils m’ont accompagné pendant une grande partie de mon internat, mon séjour à Paris, mon assistanat et  encore maintenant pendant mes gardes de réanimation.

Je me suis toujours dit qu’ils pourraient me servir d’arme de jet à deux coups en cas de besoin. Heureusement le cas ne s’est jamais présenté, même dans le service d’accueil des urgences le plus chaud de la région.

 

J’ai aussi fait des bêtises avec : du genre passer la journée (et la nuit) dedans, sans chaussettes. Même remarque que pour les surchaussures, avec en plus une magnifique ampoule semi circulaire sur le cou de pied. D’où l’alternance Biafine/Amycor pendant les 10 jours suivants.

 

En cas de staff particulièrement pénible, il m’arrivait de jongler avec en faisant des mouvements de flexion/extension du gros orteil, ce qui immanquablement les faisaient chuter sur une surface dure de préférence. Vous savez, ce bruit caractéristique, bien biphasique : cloc-cloc (talon puis pointe, ou vice versa). D’un autre côté, ça avait l’avantage de réveiller tous les somnolents autour de la table (le patron compris).

Je ne me suis tordu (et encore, un peu) la cheville qu’une seule fois, en courant derrière mon interne (celui qui est devenu coronarographiste) pour l’arroser d’alcool en mesure de rétorsion d’un probable casus belli indiscutable. Mais en courant pour sauver un patient, jamais. Et pourtant, j’ai souvent couru.

 

Je vais les regretter.

Ils symbolisent toute ma vie hospitalière avec ce qu’elle a de magnifique : la camaraderie, de belles urgences, des drames qui se terminent bien.

Maintenant, c’est plus pépère. Je ne sais même pas pourquoi j’ai repris des sabots ; j’aurais dû m’acheter des charentaises. Peut-être pour les gardes, mais je compte en faire moins, car je n’ai plus la santé pour courir d’une garde à l’autre.

Je suis un cardiologue embourgeoisé.

Des confrères aigris, des urgences qui n’en sont pas (constipation opiniâtre, ou consultation « urgente » avant un bloc du lendemain 8h00), toujours des drames. Si je cours encore dans les couloirs, c'est pour assister à la nième réunion d'accréditation ou de codage PMSI.

 

Je regrette.

 

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Quizz ciné.

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(Je n’ai vraiment rien à raconter en ce moment, et je suis assez pris par la rédaction d’un article pour une revue de cardiologie de 3ème catégorie)

13:26 Publié dans Film | Lien permanent | Commentaires (5)

19/03/2007

Le mélanome

Il y a quelques semaines, je faisais une vacation hospitalière de döppler.

Alors que je dictais, l’infirmière, qui venait d’installer le patient suivant vient me voir la mine fermée.

« Tu verras, le prochain, c’est horrible… ».

En sachant qu’elle est en chirurgie vasculaire depuis 15 ans, et qu’elle  a probablement tout vu, du pied diabétique à la gangrène, j’étais un peu inquiet. Le service de dermatologie demandait un döppler veineux sous clavier pour éliminer une thrombose profonde chez un patient porteur d’un mélanome métastatique.

En fait, son mélanome et ses métastases cutanées couvraient l’ensemble de son torse : un immense champ martien (l’ensemble de la peau était inflammatoire) couvert de cratères et d’excroissances noirâtres et nécrosées. Un peu comme les moulages en cire  du XIXème que l’on n’ose pas trop montrer dans les musées médicaux de l’Assistance Publique. Mais en vrai, avec un homme dessous. Je lui fais son döppler en me concentrant sur l’écran.

Le patient est un éthylo-tabagique qui a dû laisser évoluer sa maladie.

En fin d’examen il me demande, la voix ferme mais les yeux humides du sevré récent si « on peut vivre longtemps avec ça ».

Que répondre ?

Ponce Pilate.

« Vous devriez le demander aux dermatos. Mon examen est normal, il n’y a pas de phlébite ».

Il remet son T-shirt, et l’infirmière le ramène dans la salle d’attente.

 

 

 

 

 

 

Lapsus corrigé ("je devriez...") le19/03 à 20h49