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24/01/2007

Le désastre de Cannes (2/3)

Episode précédent ici, le suivant ici.

 

 

 

 

Erratum :

Je me suis un peu emmêlé les pinceaux quand j’ai décrit l’ordre de bataille des romains. J’ai en fait inversé les deux ailes formées par la cavalerie.

L’ordre de bataille romain est donc le suivant :

  • Aile droite (CDt) : Cavalerie des citoyens romains (1600 cavaliers), commandée par Aemilius Paulus.
  • Centre : 4 lignes ou plus d’infanterie (devant l’infanterie légère, derrière l’infanterie lourde, puis enfin les vétérans), soient environ 60.000 hommes. Je les ai figurées par des lignes rouges épaisses.
  • Aile gauche (CG) : Cavalerie alliée (4800 cavaliers) commandée par Terentius Varro.
  • Tenus en réserve à l’arrière dans le camp : 10.000 hommes d’infanterie.

Je vous rappelle l’ordre de bataille des carthaginois :

  • Aile gauche (CG): 6.000 cavaliers “lourds” (2000 ibères et 4000 gaulois)
  • Infanterie lourde (IA) : 4.000-5.000 hommes (qui forment la fameuse « phalange africaine »)
  • Centre : 30.000 gaulois et ibères réparties sur des lignes très étroites
  • Deuxième partie de son infanterie lourde (toujours la phalange africaine, donc IA) : 4.000-5.000 hommes
  • Aile droite (CDt) : 4.000 cavaliers numides


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Les deux armées sont face à face, dans la petite plaine (pas beaucoup plus que 3 Kms de large) qui se situe entre les rives de la rivière Aufidus et les premières pentes du Monte Altino.

A un de ses officiers qui remarquait avec effroi l’immensité des armées romaines, Hannibal répondit : « Autre chose a échappé à ton regard, Gisgon, d’encore bien plus incroyable, c’est que malgré toute cette multitude, il n’y en ait aucun qui s’appelle Gisgon ! ».

Les deux premières lignes du centre, composées d’archers et de frondeurs engagent les hostilités. Puis les deux infanteries ennemies se rapprochent. En début de bataille, la première ligne carthaginoise, bien plus faible que la romaine s’avance en arc de cercle vers cette dernière, comme pour mieux la défier. Puis les formidables légions romaines avancent et repoussent les carthaginois dont les lignes ploient, dans un arc de cercle inverse cette fois.

Toutefois, comme vous avez pu le remarquer, l’ensemble du centre romain, près de 60.000 hommes est déployé très profondément, ce qui ne leur permet finalement pas d’écraser par leur nombre les 30.000 gaulois et ibères. Par ailleurs, il semble aussi que les consuls n’aient pas respecté un espace minimal entre chaque homme de ligne (réglementairement de 90 cm) afin qu’ils ne se gênent pas mutuellement.

Hannibal est derrière son centre pour l’encourager et contenir son recul devant la formidable poussée romaine.

A cause de tout cela, la ligne centrale carthaginoise ploie comme le roseau de la fable mais ne se rompt pas.

Les romains sont aussi gênés par le soleil et la poussière selon certains commentateurs (mais j’ai un peu avancé dans mes lectures depuis la première note, et ce point est en fait assez discuté).

Les légions africaines, un peu plus latérales ne bougent quasiment pas.

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L’aile gauche de la cavalerie carthaginoise (ibères et gaulois) fonce sur la cavalerie romaine alliée commandée par le Consul Aemilius Paulus située en face en se faufilant entre le centre romain et la rivière Aufidus.

Ils annihilent la cavalerie romaine et tuent le Consul.

Ils passent alors derrière le centre et prennent à revers la cavalerie commandée par le second Consul, Terrentius Varro qui avait déjà été fixée et décimée par la cavalerie numide de l’aile droite carthaginoise.

C’est une nouvelle fois la débandade, et Terrentius Varro s’échappe du massacre avec quelques cavaliers seulement.

Troisième et dernier mouvement de la fantastique cavalerie carthaginoise réunifiée: ils prennent à revers l’infanterie romaine située au centre du dispositif romain.

Mais même au centre, pourtant le point fort des romains, la catastrophe s’annonce inéluctable. En effet, le centre carthaginois a cessé de reculer en bon ordre (en « échelons »), et les fameuses phalanges africaines, un peu plus latérales ont pris en tenaille les flancs romains, après avoir effectué une impeccable conversion de 90 degrés.

C’est à ce moment que la cavalerie carthaginoise déboule sur les arrières des romains. La nasse est fermée.

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Imaginez des légionnaires romains carapaçonnés et se gênant mutuellement, assaillis de toute part. La panique les frappe et les auteurs anciens décrivent des scènes terribles. La boucherie va durer des heures. Les officiers carthaginois vont même faire passer la consigne à leurs troupes de se contenter de sectionner les jarrets des légionnaires romains pour pouvoir passer au suivant plus rapidement, puis de revenir les achever secondairement.

21:00 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (0)

Vers l’infini et au-delà.

Voila la suite et fin de ma quête du cartable parfait.

 

Je suis donc allé chez Hermès hier.

5 vendeurs et vendeuses pour moi tout seul.

Accueil courtois à défaut d’être chaleureux. Jusqu’à présent, je n’avais rien acheté chez eux à part deux cravates et mon eau de toilette.

Je demande à voir les serviettes pour hommes. Petite précision de la vendeuse, ici on nomme cela un « sac à dépêches ».

J’aime bien un peu le nom suranné, mais une petite lampe s’allume au fond de mon cerveau. En général, plus les noms sont choisis pour avoir l’air d’être polis par le temps et plus ce qu’ils désignent est cher.

Mais ne parlons pas d’argent d’abord.

Elle me montre un cartable à un soufflet puis deux, qu’elle est allée faire chercher dans les combles.

Le cuir est « liégé » à la main (une deuxième petite lampe s’allume), ce qui donne son aspect à la fois granuleux et étonnamment souple.

La fermeture est assez imposante, du genre qui ne se casse pas.

A l’intérieur rien, strictement rien. Aucun rangement, ni poches pour stylos, ni poches à fermeture éclair.

Une pièce épurée en somme.

Et non, il n’y a pas d’autres modèles car celui-ci est « intemporel ».

Je fini par demander le prix.

Accrochez vous, car j’ai quand même été surpris.

4000 euros pour le 2 soufflets et 4900 euros pour le 3.

Mazette !

Mais on me précise que la maison offre la gravure de la serrure « gracieusement ».

Ah ! Ca change tout !

Non, je plaisante…

Je quitte cette gracieuse assemblée avec en main une petite carte de visite ou s’étale le nom de la vendeuse : une « machin du machin ».

 

Direction Louis Vuitton

5 vendeurs et vendeuses pour moi tout seul (il pleut)

Accueil courtois qui devient assez rapidement chaleureux.

Elle me déballe un cartable deux soufflets qui semble être dans le même cuir grainé que celui que j’ai déjà vu.

A l’intérieur, un myriade de petits rangements et deux soufflets généreux « dont un pour l’ordinateur portable ».

Le cuir est un cran en dessous, car bien moins souple.

La fermeture me semble aussi un peu « fluette ». Mais en comparaison de celle du « sac à dépêches » d’Hermès, toutes ont l’air bien fragiles.

Belle pièce, mais un peu "froide", orientée nettement vers la fonctionnalité.

Prix ?

1470 euros.

Mais c’est donné !

Non, je plaisante aussi.

Hermès ferait presque passer Louis Vuitton pour le ED du coin si les niveaux de prix n’étaient pas aussi stratosphériques.

 

Je suis donc reparti avec une deuxième petite carte, anonyme celle-là.

 

Dés que j’ai un moment, j’irai porter mon cartable chez Lancel…

23/01/2007

Le désastre de Cannes (1/3)

Comme j’ai du temps (ni femme ni enfants), et que je nai pas envie de parler cardio, je vais essayer de vous raconter sans trop vous barber le déroulement d’une bataille de titans qui a opposée le 2 août -216 Rome et ses alliés contre le carthaginois Hannibal et les siens.

Comme ça, cette bataille parait bien obscure et empoussiérée car circonstances aggravantes, contrairement à ce que l’on peut croire, elle se déroule dans le sud-est de l’Italie et il y a donc près de 2223 ans, et non sur la croisette devant le Martinez et les caméras de Canal+.

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A l’époque il n’y avait donc pas de TV (j’en vois déjà parmi vous qui cherchent un autre blog à lire…) mais on connaît exactement son déroulement, car ce combat homérique a été relaté par de nombreux chroniqueurs, dont notamment le grec Polybe et l’historien romain Tite-Live.

Pourquoi cette bataille a donc « tant » d’importance ?

Tout d’abord car elle a bien failli conduire à la destruction pure et simple de la République Romaine, bien avant que cette dernière ait eu le temps de conquérir nos ancêtres les gaulois, puis d’évoluer en Empire sous Auguste et ses successeurs. Sans « Gallo-romains », nous ne serions probablement pas tels quels et notre langue aurait très bien pu dériver de celle du vainqueur carthaginois, qui est un idiome sémitique canéen. Le Christ ne serait pas né sous juridiction romaine, ce qui, vous l’imaginez bien aurait chamboulé toute la civilisation « judéo-chrétienne ». Ces deux exemples m’ont sauté à l’esprit, mais il y en a des milliers d’autres.

Car il est clair que la guerre menée était « totale », et que l’adversaire anéanti a bien failli ne pas être Carthage.

Ensuite, car cette bataille a été un combat d’anéantissement tactiquement parfait. L’armée entière de l’adversaire a été mise échec et mat en un jour. Malgré les immenses progrès techniques, elle reste un modèle du genre. Vous vous souvenez de la première guerre du Golf et du fameux Général Schwartzkopf ? Et bien, sa tactique d’encerclement des armées irakiennes a été calquée sur celle de la bataille de Cannes. Il a appliqué un schéma tactique datant du troisième siècle avant J-C pour conduire une guerre du XXème.

Faisons un tour rapide des combattants.

Dans le coin bleu, le légendaire Hannibal, ses carthaginois et leurs alliés ibères, gaulois et numides. Entré depuis deux ans dans la péninsule italique (après l’épisode fameux du passage des Alpes), ils la dévastent en toute impunité après avoir déjà étrillé les romains à deux reprises (à la Trébie et non loin du lac Trasimène). Il faut bien dire ce qui est, ils tournent un peu en rond en cassant tout sur leur passage, mais il leur manque une victoire décisive pour s’ouvrir les portes de Rome. Hannibal hait les romains de toute son âme pour l’humiliation qu’ils ont infligé à sa patrie à l’issue de la première guerre punique en -241.

Sous ses ordres, on retrouve environ 50.000-55.000 hommes.

Son ordre de bataille au matin du 2 août était de son aile gauche à son aile droite :

Aile gauche (CG): 6.000 cavaliers “lourds” (2000 ibères et 4000 gaulois)

Infanterie lourde (IA) : 4.000-5.000 hommes (qui forment la fameuse « phalange africaine »)

Centre : 30.000 gaulois et ibères réparties sur des lignes très étroites (je les aies figurées ainsi, même si je pense qu'il y en avait plus de deux!)

Deuxième partie de son infanterie lourde (toujours la phalange africaine, donc IA) : 4.000-5.000 hommes

Aile droite (CDt) : 4.000 cavaliers numides

Les Gaulois et les Ibères du centre sont destinés à être de la chair à canon (bel anachronisme !). Ce sont des troupes inexpérimentées et sous équipées, pourtant Hannibal va prendre leur commandement. Leur rôle va être en effet fondamental.

Sa cavalerie surpasse largement celle des romains. Enfin, la « phalange africaine » regroupe des vétérans aguerris, les véritables troupes d’élite carthaginoises.

Hannibal s’est installé en premier sur le champ de bataille, il a choisi de combattre le soleil et le vent dans le dos. Ce petit détail n’est pas anodin, vous verrez.

Dans le coin rouge, près de 8 légions romaines nouvellement créées associées à des troupes un peu plus anciennes, sous les ordres alternés un jour sur deux des deux consuls de l’année: Aemilius Paulus et Terentius Varro (la démocratie absolue est bien la pire des choses, parfois).

Ces légions regroupent près de 80 à 90.000 hommes.

Ce rassemblement de troupes est le plus important depuis l’Urbe Condita. Le Sénat romain a décidé de frapper un grand coup en écrasant Hannibal sur une campagne. En effet, depuis deux ans, la stratégie romaine avait évolué de l’affrontement direct (mais qui avait conduit aux deux déculottées que j’ai déjà citées) à la stratégie de « l’évitement » sous l’impulsion du dictateur (ce terme désignait un office militaire sous la République romaine) Fabius Maximus. Les méchantes langues le surnommaient le « Cunctator », c'est-à-dire le « temporisateur ».

Au bout de deux ans, les blessures d’orgueil cicatrisées, le Sénat romain décide de passer à l’offensive. Il écarte donc le prudent F. Maximus pour les deux nouveaux et inexpérimentés consuls. Ces derniers ont bien évidemment le couteau entre les dents et ils sont morts de faim de gloire.

Leur ordre de bataille est moins évolué que celui d’Hannibal.

Aile droite (CDt) : Cavalerie des citoyens romains (1600 cavaliers), commandée par Aemilius Paulus.

Centre : 4 lignes ou plus d’infanterie (devant l’infanterie légère, derrière l’infanterie lourde, puis enfin les vétérans), soient environ 60.000 hommes. Je les ai figurées par des lignes rouges épaisses.

Aile gauche (CG) : Cavalerie alliée (4800 cavaliers) commandée par Terentius Varro.

Tenus en réserve à l’arrière dans le camp : 10.000 hommes d’infanterie.

La cavalerie est donc moins bonne que celle de l’adversaire, mais l’infanterie est de premier plan. Par ailleurs, le nombre (ratio de ½ environ) joue pour les romains.

Par contre, erreur technique importante, les 60.000 hommes du centre sont massés sur une faible longueur de front, mais sur une grande profondeur.

Cette particularité aura aussi de l’importance pour plus tard.

Situation le matin du 2 août -216. Vous pouvez oublier les camps respectifs et le village de Cannes (Cannae), ils n'ont aucune importance dans le déroulement de la bataille. Enfin, le cours d'eau a pour joli nom "rivière Aufidus" :

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(Le nord est vers le haut)

 

C’est tout pour ce soir !

On verra la suite plus tard (ici)

21:20 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (5)