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17/01/2007

Döppler breakdown (2).

Aujourd'hui.

« Monsieur X ! » appelle l’infirmière qui me demande ensuite comment elle peut m’installer le patient.

« Laisse, je me débrouille ».

L’infirmière me précise qu’il faut lui faire un döppler des troncs supra aortiques dans le cadre du suivi de l’étude EVA3S (le service y a participé et elle a été publiée dans le NEJM, d’ailleurs).

Je me lève quitte la salle de döpplers et rentre dans le secrétariat qui se trouve de l’autre côté du mur.

« Tu pourrais me sortir le dernier döppler de Monsieur X ? 

- Uhmm, bien sûr mon biquet, tu veux seulement le döppler ou le compte rendu opératoire en plus ? »

- Seulement le döppler, s’il te plait ».

Je retourne dans ma salle et débute l’examen.

Un peu plus tard, le responsable des explorations döppler passe la tête par la porte.

« Salut Lawrence ! Tout va bien ? On va avoir en prêt le dernier ALOKA pour un essai

- L' Alpha 10 ? Mazette !

- Et puis, avant que j’oublie, tu dois bloquer une date en juin pour venir à mon congrès de médecine vasculaire. Cette année, j’ai invité Goldhaber.

- LE Goldhaber ? Samuel Z ?

- Lui-même, il vient faire un petit topo sur l’embolie pulmonaire, ça va être sympa… »

 

Rêve ?

Cabinet ?

Grosse clinique privée ?

 

Non. CHU, mais un autre service dans un autre Hôpital.

11:42 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (0)

16/01/2007

Döppler breakdown

Aujourd'hui.

« Monsieur X ! »

 

Un petit monsieur tout rouge et tout voûté se lève et me tend la main. De son oreille droite sort un sonotone, ou plus pompeusement « prothèse auditive ».

Après un bref salut, je lui demande de quoi je dois lui faire un döppler, et pourquoi.

Il me répond en criant un peu : « C’est un contrôle annuel ! ».

D’accord, on n’est pas plus avancé.

 

Une infirmière, la mine d’Iphigénie poussée au bûcher chuchote un « On n’a pas le dossier, les filles d’en haut (le secrétariat) n’ont pas voulu le descendre ! ».

 

Je grogne et me résigne, je fais déshabiller le patient.

Et manque de chance, il est balafré de partout : cicatrice abdominale médiane sus et sous ombilicale, cicatrices le long des deux jambes.

Arghhhh, un polyvasculaire multi opéré dont il devient absolument nécessaire d’avoir les comptes-rendus opératoires !

 

Je retourne voir Iphigénie.

« Pourquoi on n’a pas le dossier ?

- Ce n’est pas le jour, il manque aussi celui de Monsieur Y. Les filles d’en haut (idem) n’ont pas voulu le descendre parce qu’elles ont trop de boulot.

- Passe moi le téléphone, je vais les appeler !

- Qui ?

- Et bien, les secrétaires

- Mais ce ne sont pas elles qui ont le dossier !

- Ah bon, c’est qui ?

- Et bien les filles des consultations !

- Passe les moi !

- Mais elles ne savent pas ou est le dossier !

- Mais tu viens de me dire que les filles du secrétariat ne voulaient pas le descendre…

- Non, elles l’ont cherché partout, il doit être dans une des salle de consultation, mais on ne sait pas où. Et puis je me suis trompé. Elles ont perdu le dossier de Monsieur X et elles se sont trompées en descendant celui de Monsieur Y. Et elles ne veulent pas nous descendre le bon car elles ont trop de boulot ».

 

Ce CHU se dégrade de plus en plus au fil des jours. Démotivation, bordel généralisé dans les archives, dilution homéopathique des responsabilités, je-m’en foutisme galopant…

J’ai retranscris cette conversation telle que je m’en souviens. Je n’ai rajouté aucun effet comique.

C’est bien ça qui est le plus triste.

L’instant blonde.

Cet après-midi, je m’apprêtais à ouvrir le portail de ma maison quand j’entendis un « Monsieur ! » plaintif

Je me retournai et vis une blonde colorée passablement agitée, engoncée dans une robe noire simili cuir assez moulante; environ 45-55 ans.

 

« Monsieur, vous connaissez le quartier ? »

« Euh, oui, un peu », lui fis-je en faisant tourner la clef dans la serrure de mon petit portail vert.

« Surtout ce coin là », m’empressai-je de rajouter en montrant la petite clôture verte squelettique qui borde mon jardin cachectique.

« Tant mieux, j’ai garé ma voiture tout à l’heure, et je ne la retrouve plus ! C’est une Nissan grise ! ».

 

Que répondre ?

« Ah oui, LA Nissan grise qui s’est garée tout à l’heure dans le quartier ! Non, je ne sais pas où elle est ! ».

« Dans quelle rue ? Parce que des rues, il y en a pas mal ici… ».

« Vous avez essayé de revenir sur vos pas ? ».

 

Comme je ne pouvais pas résoudre son problème, je lui ai souhaité bonne chance, et je suis rentré.

 

Il fait nuit maintenant, il me semble bien apercevoir par intermittence les balancements saccadés du rayon lumineux d’une lampe torche que l’on porte à bout de bras.

La nuit, toutes les Nissan sont grises.