Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/04/2005

Premières phrases.

medium_boy-books.gifJ’ai retrouvé dans ma cave six livres, six livres que j’ai aimés, parmi bien d’autres.

La première phrase d’un ouvrage est souvent sa quintessence.

Les (re)connaissez-vous ?

« Le propriétaire de la ferme du manoir, Mr. Jones, avait poussé le verrou des poulaillers, mais il était bien trop saoul pour s’être rappelé de rabattre les trappes. »


« Le 16 août 1968 on me mit dans les mains un livre dû à la plume d’un certain abbé Vallet, Le manuscrit de Dom Adson de Melk, traduit en français d’après l’édition de dom J. Mabillon (aux Presses de l’Abbaye de la source, Paris 1842). »


« 3 janvier 1938. »

« Bon, c’est parti. »

« L’adolescente est nue sur un podium. »


Ma préférée (quelle musicalité !) :
« J’ai rêvé l’autre nuit que je retournais à Manderley. »

19:47 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (1)

Les deux Corinne.

medium_hospitalgown.jpgDeux infirmières, la trentaine mais rien d’autre de commun.

La première travaillait dans une unité dont j’ai été l’interne.
Totalement dévouée à son travail, trop même.
Elle est rentrée dans son métier, comme on rentre en religion.
Gentille, attentionnée, discrète, jamais une faute professionnelle, même minime.
Une vie privée désertique, rien, même pas une petite histoire, malgré de nombreux prétendants, une éternelle célibataire, bien que mignonne, toute à sa Cause.

Sa perfection la rend inaccessible, on n’ose même pas l’imaginer dans des situations incongrues.
Une sorte de Sainte Thérèse de Lisieux, mais qui, au lieu d’avaler les crachats des tuberculeux, les soignerait.
Mais le mysticisme a un avantage, son objet est rarement mis à bas.
Ce qui n’est pas le cas pour Corinne.
Les fâcheux de toute sorte, notamment ses surveillantes, ont tout fait pour la faire craquer. Sa perfection les renvoyait à leur propre médiocrité.
Elles ont gagné, Corinne est passée de nuit.
J’espère qu’elle pensera ses plaies, et y apportera sa lumière.

Je connais à peine la seconde, elle est colorée rousse (j'ai un énorme faible pour les rousses, Sally l'est, mais pas pour les "fausses"), plutôt mignonne.
Elle aurait voulu que l’on fasse plus ample connaissance, bien plus.
Elle travaillait en réanimation polyvalente ou je descendais fréquemment pour faire des échographies cardiaques. Tous les réanimateurs étaient mes copains.

Je ne l’ai pas remarquée au début.

J’arrivais avec mon gros appareil en réa (Honni soit mal qui y pense !!), et j’échangeais deux mots avec le réa, puis l’infirmière du patient.

Grands sourires à chaque fois.
Rien vu venir.

Puis la bise.
Petit étonnement, j’ai toujours fait la bise à « mes » infirmières, mais rarement à celles des autres, mais sans plus.

Puis elle venait me voir, pour discuter, alors que je faisais l’écho d’un patient d’une autre infirmière.

« C’est toi qui t’en occupe ?
- Non, mais je suis venu te dire bonjour…
- C’est gentil »
Petit soupçon, mais « je me fais des idées… ».

Puis les autres infirmières, les kinés (que je connaissais à peine) commençaient à me dire :
« Corinne va être déçue, elle est de repos…
- Qui ça ??
- L’infirmière rousse (immenses sourires)
- Ah bon… ».

Gros doutes.

Puis : « Mon copain te connaît, il est infirmier au SAMU… »
Du genre, je ne suis pas jalouse, je partage…
Elle parle de moi à son copain ??

Enormes doutes.

Puis je me suis rendu compte que je ne faisais des échos plus qu’à ses patients !
Soit elle ne prenait que ceux qui allaient potentiellement avoir ma visite, ou elle traquait son interne pour contrôler la fraction d’éjection de tout le monde.
Pire, je l’imaginais pousser des nitrés à ses patients pour qu’ils aient une tension basse :
« Je sais pas ce qu’il a, je n’arrive pas à sevrer les amines, il faudrait contrôler son cœur… »

Puis, un jour, à l’office, se rapprochant doucement de moi, en pyjama vert échancré laissant voir un petit pan de dentelle blanche, mains croisées sur sa poitrine gonflée:
« Il faudrait que je te consulte, j’ai la poitrine qui me serre parfois…
- Ah bon ?… ».
A ce moment, un de ses collègues passe derrière elle, et lance à la volée, goguenard :
« C’est un massage des seins qu’il lui faudrait !! »
Elle recule, le fusille du regard, et j’en profite pour quitter la pièce.
C’est fou, j’avais alors encore des doutes, du genre tombé de la dernière pluie.

Evidemment, après cette scène, les sourires redoublaient à chacune de mes visites.
Imaginez une histoire bien croustillante de ce genre, dans le monde clos d’une réanimation…
Encore une fois, c’est fou, mais, j’en suis venu à descendre avec une de mes internes, pour tenir Corinne à distance (mon interne doit environ me rendre 40 Kg et 20 bons cm, mais c’était ma « garde du corps »).
Quand je lui expliqué pourquoi je voulais qu'elle vienne, elle a éclaté de rire.

J’en ai parlé à Sally, qui heureusement n’est pas très jalouse.
Elle sourit :
« Mon mimi est un grand séducteur… »
Etant donné le mal qu’elle a eu pour m’avoir en 1998, cette phrase est évidemment très ironique.
Elle poursuit :
« Tu n’as qu’à lui dire qu’elle ne t’intéresse pas… ».
Facile à dire, mais comment le dire à quelqu’un qui n’a rien formulé, rien demandé ?
Mon côté cancer me poussait à rentrer dans ma carapace, mais il fallait bien descendre voir les patients !

La « libération » est venue un peu par hasard.
Je commençais à prendre les sourires entendus avec philosophie.
Je passais d’abord la tête par la porte de la réa, pour vérifier qu’elle ne soit pas là, avant de rentrer.
Un jour, comme à son habitude, Corinne commence à minauder autour de moi, alors que je faisais une écho.
« Tu pars en vacances où, cette année ?
- Chez ma mère, probablement, tu sais, avec une femme et deux enfants en bas âge, tout trajet se transforme en expédition…
- … (petit blanc)
Elle repart s’occuper de son patient.

Depuis, plus rien, la bise quelques fois.
Elle m’a demandé de devenir le cardiologue de son grand-père.
J’ai accepté, et suis allé le voir à domicile (avec appréhension quand même…).
Elle était là, mais rien d’anormal ne s’est produit.

J’ai été un tout petit peu déçu…
(Pas sur la tête, Sally…).

16:55 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (6)

07/04/2005

Le Petit Prince

medium_al_st_exupery07_le_petit_prince.jpgJ’ai acheté ce petit livre dans le courant de l’été 1997, dans le grand magasin « Ogilvy », rue Sainte Catherine, à Montréal.
J’avais déjà lu une partie de l’œuvre de Saint-Exupéry, quelques années auparavant.
Mais pas le « Petit Prince ».
Cet récit est aussi court et limpide que touchant.
Il décrit la Vie humaine, à la fois sublime et ridicule, avec un trait net et désarmant de simplicité.
Si simple, pourtant si vrai.

« …Que signifie « apprivoiser »?
-C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ça signifie « créer des liens... »
-Créer des liens ?
-Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...
-Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur... je crois qu'elle m'a apprivoisé...
-C'est possible, dit le renard. On voit sur la Terre toutes sortes de choses. »


« On ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux. »

22:59 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (3)