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23/10/2008

Exit, le rimonabant.

J’ai appris la triste nouvelle sur le blog de l’excellent JD Flaysakier.

 

Bon, je ne vais pas vous faire le coup des larmes de crocodile.

On a quand même mis 3 ans pour se rendre compte que cette molécule au mieux ne servait à rien. Quelques milliers de patients ont essuyé les plâtres, et beaucoup d’argent a été gaspillé par les différents organismes sociaux de part le monde, pour finalement aboutir à ce retrait.

La faute à qui ?

Vaste question, Mon Général…

Une seule question peut-être, pour orienter le débat.

Comment peut-on accorder une AMM à une molécule qui n’a apporté strictement aucun intérêt ni en terme de morbidité, ni en terme de mortalité ?

 

Je retiendrai quand même une chose de cette triste épopée, c’est qu’en matière de santé, il ne faut faire confiance ni aux médias, ni aux médecins leaders d’opinion.

 

Vous trouvez que je suis caricatural et un brin réducteur ?

Deux exemples :

 

Titre d’un article du journal « le Monde » daté du 27/07/2005 : « La pilule miracle de Sanofi Aventis contre le tabagisme et l'obésité ». Je n’ai plus accès au texte, mais l’article était dithyrambique.

 

Déclarations d’un leader d’opinion français, citée dans theheart.org le 19/03/2005 :

 

"Le message de RIO Europe qui recoupe celui de RIO NA est que la perte de poids se maintient, de même que la perte du tour de taille et les effets secondaires après une longue période sont pratiquement inexistants. Ils surviennent dans les premières semaines voire mois puis ils s'abaissent"

 

(RIO Europe et RIO NA sont les études sur lesquelles s’appuyaient en grande partie la demande d’AMM)

 

Pour se souvenir, j’ai parlé de cette molécule, notamment pour illustrer comment on vend des boites de médicaments à l’heure actuelle dans les notes suivantes :

 

Un problème de poids (1)

Un problème de poids (2)

La première pierre dans le jardin

RIP

Prescrire et le Canard, même combat ?

 

22:06 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (13)

Commentaires

La molécule a surtout apporté des sous au labo !!!!!! Quand on connait son prix de vente !!!.....

Écrit par : Minijupe | 23/10/2008

Mode capitaliste de base ON:
Si cette molécule n'a fait de mal à personne (à defaut de faire du bien) et si le labo ne redonne pas tout l'argent gagné grâce à ce miroir aux alouettes aux actionnaires mais, s'il en investi une partie non négligeable dans la recherche (le contraire serait idiot pour son avenir), on peut dire que les "différents organismes sociaux de part le monde" ont en fait subventionné la recherche médicale. C'est pas si mal.

Mode capitaliste de base OFF (mais je le pensais dans les grandes lignes).

De toutes façons, les autorités du médicamment auront toujours l'air achetées (par B*** par exemple) tant qu'elles ne diront pas clairement et par exemple que l'homéopathie est un pur placedo.
Il est temps de décider: Veut on une médecine moderne ou préfère-t-on prendre un pendule pour savoir si on molécule sera efficace dans son petit cas personnel.

Écrit par : xavier | 23/10/2008

Et oui " une pilule miracle" mais qui n etait qu en fait que ce qu on appelle ici a Me-too drug, du reste GSK avait deja retire Alli de la vente , c est maintenant en vente libre.Le probleme avec ces fameuses pilules miracle a faire maigrir c est non seulement leurs effets secondaires, mais surtout leurs effets immediats et tres colores si on peut dire...Vous avez deja eu une gastro et des diarrhees violentes? bon cette reaction explosive etait assuree avec cette pilule.
La firme pharmaceutique qui decouvrira les deux pilules miracle, celle qui fera repousser les cheveux et celle qui fera maigrir sans effort, aura trouve le graal. le blockbuster.
Pour perfre du poids: arretez donc de vous goinfrer et remuer vous, bruler les calories qui s accrochent comme des morpions au tissu adipeux...Bon je vais suivre mes bons conseils et je m en vais courir dans Central Park.
bonne soiree!!

Écrit par : therese Priest | 23/10/2008

Lawrence, il y a sur blog Tara Parker article TRES interessant sur
" planning surgery, bring a sharpie" et juste a l instant , article tout " chaud" sur " litterature et medecine" J ai lu recemment deux tres bons livres de medecins ecrivains, j en parle demain.Bon la , j y vais.

Écrit par : therese Priest | 23/10/2008

>Xavier: j'ai effacé le nom du labo que tu citais, afin d'éviter d'avoir des ennuis (pas de preuves, pas de nom).
Mais je pense que cela n'altère pas le sens de ton commentaire!

Écrit par : lawrence | 24/10/2008

Oups oui merci!
Si tu peux effacer jusqu'à l'initiale de ce labo et ma parenthèse, ce ne serait pas plus mal.
La prochaine fois je tournerais 7 fois mes doigts au dessus de mon clavier avant de taper.

Pas de preuve, pas de nom en effet. Pas d'AMM non plus...

Écrit par : xavier | 24/10/2008

VOICI UNE VERSION CORRIG22. PARDON !



Comme le dit l'excellent auteur de ce blog, il ne faut évidemment pas se fier aux médias et aux leaders d'opinion en matière de nouvelles molécules. D'ailleurs ces deux entités voyagent souvent de conserve lors de congrès internationaux et il n'est pas rare que les "leaders d'opinion" viennent en fin d'après-midi retrouver autour d'un point d'eau la gent médiatique qui n'a pas toujours suivi les travaux d'un congrès parce que les séances sont en anglais ou que les magasins ferment tôt.

Ainsi le leader vient dire ce qu'il convient de (bien) penser des essais cliniques et les medias rapportent.

La presse est devenue prescripteur de fait et l'industrie l'a bien compris qui sait qui inviter. La nouveauté c'est qu'à côté de la presse dite "spécialisée" se greffent de plus en plus souvent des journalistes de rubriques ou de titres économiques qui n'ont pas obligatoirement une maitrise totale de la clinique mais qui sont, eux aussi, des prescripteurs influents.

Le "Lourdes" médical et ses pilules miraculeuses ne se limitent pas au rimonabant. J'ai le souvenir d'un titre de Libération, il y a quelques années, portant le celecoxib (Celebrex) aux nues. L'auteur de l'article y citait un rhumatologue hospitalo-universitaire qui, selon le journaliste, était d'autant plus crédible que les registres de l'Afssaps le concernant ne dévoilaient quasiment aucun conflit d'intérêts potentiel.

Et j'ai en tête une discussion avec un prédécesseur de Roselyne Bachelot-Narquin qui voyait en la varenicline (Champix) "la "panacée » selon les chiffres que lui avait présentés le patron du labo.

Mais ce dernier avait parlé des résultats à 3 mois versus placebo et pas des résultats à un an versus bupropion (Zyban) qui ne montraient aucune différence significative.

Le problème c'est que la presse travaille trop souvent à partir de dossiers fournis clés en main par des agences de relations publiques. Ces dernières fournissent également les "experts" qui s'avèrent être, une coïncidence peut-être, les investigateurs du produit !

Je ne suis pas un partisan des vérités officielles mais je crois qu'il serait bien qu'à la sortie d'une molécule l'AFSSAPS, par exemple, dise quel est l'état des évaluations concernant le produit afin d'avoir une voix quelque peu différente de celle du marché.

Écrit par : JD Flaysakier | 24/10/2008

Gag !
J(ecris CORRIGEE et je me trompe en mettant CORRIG22 !

Quelqu'un a une adresse de psy ?

Écrit par : JD Flaysakier | 24/10/2008

Pas si dithyrambique que ca l'article du monde ! :

La pilule miracle de Sanofi Aventis contre le tabagisme et l'obésité

Le rimonabant s'annonce comme le prochain « blockbuster » du groupe français, numéro trois mondial de la pharmacie. Cette molécule, qui doit être lancèe début 2007 aux Etats-Unis, permettra de s'attaquer à deux fléaux sanitaires et de conquérir des marchés colossaux pour les laboratoires
Sanofi Aventis, le numéro trois mondial du médicament, fonde de GRANDS ESPOIRS dans le rimonabant, une nouvelle molécule qui permet de traiter à la fois l'obésité et le tabagisme. Ce produit, dont l'autorisation de mise sur le marché serait accordée fin 2006 ou début 2007 aux Etats-Unis, s'annonce comme un « BLOCKBUSTER » pour le groupe pharmaceutique français dont le portefeuille de grands médicaments est en partie menacé par les fabricants de GèNÉRIQUES. Une campagne de communication à destination des médecins a débuté pour le promouvoir. Un an après la fusion effective entre Sanofi et Aventis, appuyée par le gouvernement, les DOUTES se sont estompés : les structures ont été repensées et le groupe a affiché, en 2004, une croissance de 10 %, alors que celle du marché était de 7 %.
RIMONABANT. Retenez bien ce nom. C'est celui du probable prochain « blockbuster » de Sanofi Aventis. Ce futur médicament à plus d'1 milliard de dollars de chiffre d'affaires est destiné à traiter deux des fl»aux sanitaires de ce début de XXIe siècle : le tabagisme et l'obésité.

L'autorisation de mise sur le marché du rimonabant (sous le nom commercial d'Acomplia) ne sera pas accordée avant fin 2006 ou début 2007 aux Etats-Unis, dans le meilleur des cas. La Food and Drug Administration (FDA), l'autorité sanitaire américaine, a fait savoir, le 23 juin, qu'elle n'entendait pas donner un « caractère prioritaire » à l'examen du dossier. Pourtant, cette molécule fait déjà figure de star dans les milieux médicaux et commence à faire parler d'elle dans les médias, spécialisés ou non.

Forbes, Fortune, Business Week, le Financial Times, le New York Times, le Washington Post, ainsi que de nombreux sites Internet dédiés aux médicaments ont largement relayé les résultats - il est vrai spectaculaires - des études menées aux Etats-Unis et en Europe sur des milliers d'obèses et d'accros au tabac. Le Monde a parlé à huit reprises, depuis 2003, de la prometteuse molécule, « la pilule miracle -qui- permettrait d'arrêter de fumer sans prendre un gramme », comme le titrait La Tribune de Genève, le 31 mai.

Un pilonnage médiatique à la limite de la légalité : en France, comme dans l'Union européenne, la publicité directe et indirecte sur les médicaments de prescription est interdite. Santé publique et sécurité du patient obligent, les laboratoires pharmaceutiques ne peuvent communiquer qu'en direction d'une seule personne : le médecin prescripteur. Sanofi ne s'en est d'ailleurs pas privé : le groupe proclame fièrement que, depuis 2001, plus de 100 articles ont été consacrés chaque année au rimonabant dans des revues scientifiques.

« Le rimonabant ne peut être considéré comme une technique d'amaigrissement facile, prévenait certes Jean-François Dehecq dans Le Monde du 14 décembre 2004. C'est un vrai médicament à qui il faut conserver son statut de prescription. » Mais Sanofi Aventis piaffe de pouvoir enfin lancer ce qui s'annonce comme l'un de ses plus gros succès. Le marché du traitement de l'obésité est estimé à 10 milliards de dollars par an (8,30 milliards d'euros) dans les pays développés, où 15 % à 20 % de la population sont concernés. Quant au tabagisme, le marché potentiel est de 1,3 milliard de « patients », soit le nombre de fumeurs dans le monde...

Le groupe dispose actuellement de huit « blockbusters » qui, promus par 33 000 visiteurs médicaux (dont 7 000 aux Etats-Unis), ont permis à eux seuls d'accroître le chiffre d'affaires consolidé de 2 milliards d'euros entre 2003 et 2004. Un portefeuille aujourd'hui en partie menacé par les fabricants de génériques.

Le Lovenox, son antithrombotique vedette (2,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires attendus en 2005), vient de voir ses brevets annulés par un juge californien. Le Plavix (2 milliards d'euros prévus en 2005) court le même risque, cet automne, devant un tribunal de New York. Les fabricants de génériques Apotex et Dr Reddy ont attaqué en justice les brevets du Plavix pour « conduite inéquitable » de Sanofi Aventis. Le groupe français, numéro trois mondial de la pharmacie, doit donc s'assurer d'autres relais de croissance.

COMMUNICATION SUR LE RISQUE

Or, avec 91 millions d'Américains souffrant d'obésité abdominale, l'avenir du rimonabant semble assuré outre-Atlantique. La société de Bourse Fideuram anticipe un chiffre d'affaires de 2,3 milliards d'euros en 2007 pour l'Acomplia, et de 3,1 milliards en 2008.

Dès lors, la consigne semble claire pour les cadres dirigeants de Sanofi Aventis : ils ne doivent rater aucune occasion de vanter la nouvelle molécule dans les congrès médicaux, colloques, rencontres avec les analystes financiers ou avec la presse...

Une technique de communication qui devient courante de la part des laboratoires classiques. « La concurrence s'accroissant avec les fabricants de génériques, ils ne peuvent plus se permettre de ne plus communiquer auprès du grand public », souligne Jean-Christophe Freche, de la société de conseil Alcimed.

Les laboratoires qui jouent la carte du contact direct avec le patient, par-dessus la tête du médecin, prennent un risque plus ou moins calculé. Que des problèmes de tolérance ou d'effets secondaires surgissent, et le retour de bâton peut se révéler catastrophique. Surtout sur le marché américain, où les patients ont la « plainte en nom collectif » ( class action) facile.

Bayer, Merck affrontent aujourd'hui un risque judiciaire de plusieurs milliards de dollars pour les périls que certains de leurs anticholestérols ont fait courir à des patients. « Une bonne gestion du risque passe aussi par une communication sur le risque et pas sur le seul bénéfice du médicament », dit Cherif Benattia, consultant en risk management. Une mission qui relève pour l'instant, en France, du monopole de l'Afssaps, l'Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé.

Pour contourner l'interdiction légale, certains laboratoires communiquent non pas sur les médicaments, mais sur les pathologies. Une publicité qui profite à tous les laboratoires. Mais l'expérience américaine montre que le leader du marché en profite plus que les autres. C'est là-dessus que compte Sanofi Aventis pour propulser le rimonabant en tête des ventes des traitements antitabac et anti-obésité.

Écrit par : Flamby | 24/10/2008

Excellent, merci!

Écrit par : lawrence | 24/10/2008

Allez un ptit slogan pour Acomplia
Avec Acomplia, perte de poids conteste, depression assuree.Quel acomplissement!

Écrit par : therese Priest | 24/10/2008

Merci pour ces informations toutes fraiches et ce regard critique.
Étant en stage en diabéto en ce moment, je suis particulièrement consternée par ces études et ces pratiques.
Mais bon, entre ça, les marges arrières des génériques, ou les essais thérapeutiques dans les pays en développement, j'ai pas fini d'être sidérée par l'industrie pharmaceutique.
Et au bout de l'ordonnance, j'y serai dans quelques années... quelle responsabilité !

Écrit par : Marie | 24/10/2008

Mon principe de précaution : ne jamais prescrire (sauf exception expresse) une molécule de moins d'un an, m'a encore servi, je n'ai jamais prescrit ce "truc".

Il semblerait que c'est le taux assez élevé de dépressions graves qui soit à l'origine du retrait.

Écrit par : Dr Sangsue | 25/10/2008

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