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13/12/2005

L’OTS

J’ai regardé hier un docu-fiction de France 3 (c’est la mode) sur l’Ordre du Temple Solaire (OTS).

 

J’avais déjà vu, il y a longtemps, un documentaire remarquable en plusieurs parties, qui démontait la mécanique intime des mouvements sectaires.

 

Mais, là, un zapping heureux m’a conduit sur cette émission qui m’a intéressé et surpris.

 

Tout d’abord, le « cerveau » de cette histoire, Jo di Mambro, ressemble plus à une petite frappe mafieuse bedonnante, qu’à un gourou charismatique ayant eu sous sa coupe presque 500 adeptes à l’apogée de l’OTS.

Etait-il vraiment comme cela ?

Je pense qu’on touche là une des limites du docu-fiction ; les comédiens sont-ils l’exact reflet de la réalité ?

Deuxièmement, je suis atterré mais aussi fasciné de la facilité qu’ont les mouvements sectaires pour manipuler leurs ouailles. Une idéologie abracadabrante, presque plus par ses amalgames que par son contenu (St Bernard, les templiers, le Graal, des divinités égyptiennes, et j’en oublie, passés au mixer), servie par de mauvais effets spéciaux ont permis à di Mambro de régner en maître absolu durant des décennies.

 

Je me suis couché un peu perplexe.

 

Ce matin, j’ai fait une rapide recherche sur l’OTS.

Google ramène bien évidemment des milliers de pages, principalement québécoises sur ce sujet.

Je ne donnerai qu'un seul lien (ici) , car il n’y à qu’a se baisser pour trouver son bonheur.

Mais, j’ai pu vérifier, qu’hormis la personnalité de di Mambro, assez peu évoquée, l’ensemble du docu-fiction reposait sur des faits.

Notamment les dialogues, qui sont tirés d’écoutes téléphoniques, ou de documents internes.

A posteriori, la qualité de cette émission m’a donc paru tout à fait remarquable.

 

Enfin, dernier point, les personnes conduites à la mort étaient plutôt prospères et éduquées.

Le vécu, ou une personnalité ébréchée peut conduire une personne à rechercher une bouée de secours dans un mouvement sectaire, mais j’ai du mal à m’imaginer une telle perte de repères.

 

Mais justement, une des conclusions de cette émission est de ne pas céder à la facilité de prendre ces victimes pour des gogos, des illettrés ou des illuminés mystiques. Autrement dit, à nous sentir, nous et notre entourage invulnérable à l’endoctrinement et l’asservissement (sectaire ou politique).

 

11/12/2005

Le carreleur polonais.

Il n’était pas menaçant pour notre économie, je ne sais même pas si il a entendu parler du referendum.

 

Je le connaissais depuis 2-3 ans, la cinquantaine, il venait à ma consultation à l’Hôpital.

Il vivait dans un jardin public, ou près du centre de transfusion sanguine ; je le cherchais des yeux lorsque je tournais autour de l’Hôpital pour me garer.

Il avait une copine, polonaise elle aussi, décédée dans les suites d’un infarctus il y a quelques mois.

Je l’ai perdu de vue, puis l’ai retrouvé il y quelques semaines à la clinique.

Nous l’appelions « Monsieur Z », tant son nom était imprononçable.

Son cœur s’est considérablement dégradé en peu de temps, son destin était scellé.

Un soir de la semaine dernière, il s’est dégradé, j’ai appelé le SAMU pour le transférer en soins intensifs.

Je lui ai promis de venir le voir en lui serrant la main.

Il ne m’a pas attendu, il nous a quitté il y a cinq jours.

10/12/2005

Le vernissage.

Jeudi donc, vernissage d’une expo de peinture

 

Le peintre Giraudi était à l’honneur.

 

Sally et moi sommes donc sortis, en soi même évènement remarquable à l’échelle de notre couple.

Notre dernière sortie date de septembre.

Il faut trouver une nounou pour les petits, et pour mes patients à la Clinique (je termine habituellement à 20h00).

Une fois ces deux perles rares trouvées, en avant pour le centre de Marseille, aventure en soi même là aussi.

Les travaux du Tram, les modifications du sens de certaines rues ont rendu l’accès à l’hypercentre particulièrement laborieux.

 

La galerie était bondée, d’une population assez hétéro et homoclite.

La population habituelle des vernissages, en fait.

 

Deux hommes, étaient habillés, comment dire, de manière surprenante.

L’un portait un manteau sombre, une grande écharpe en fourure gris-beige, et sur le ventre, un sac à main recouvert de fourrure beige. Sur ce dernier s’étalait un large « LV » entrecroisé, en fourrure aussi, mais plus sombre et plus rase que le reste du sac.

Ils sont rentrés, jeté un coup d’œil un peu dégoûté aux autres invités, et on glissé un « nous reviendrons dimanche, quand il y aura moins de monde » à l’Hôtesse.

 

Plus loin, d’autres convives traçaient de grandes courbes, en parlant de façon animée devant telle ou telle toile, à la recherche d’une explication métaphysique sur l’inspiration de l’artiste.

 

De partout, des conversations, des joies de se retrouver en si bonne compagnie, des entrechoquements de coupes de Champagne.

 

Un couple, environ du même âge que nous, se fraye un chemin dans la foule ; la main de la jeune femme, qui tapote tel ou tel dos pour arriver aux petits fours, scintille d’un énorme solitaire.

 

Deux hommes parlent autour d’une sculpture.

L’un écoute depuis un certain temps les explications de l’autre.

Notre hôtesse nous demande si l’on désire rencontrer le sculpteur Gantelet., en nous désignant ces derniers.

« C’est celui qui écoute, je parie ».

Elle acquiesce en souriant.

 

 

Et l’artiste dans tout cela ?

 

Il est dans un coin, toujours l’air un peu las, en chandail gris-bleu un peu usé.

Nous parlons de sa façon de travailler, ses futures expos, son passé, nos présents.

Il est toujours aussi gentil, simple et abordable.

Globalement, il est totalement coupé des réalités du monde de l’art. Le coût de revient, la présentation, l’achat et la revente de ses toiles lui importent peu. Il sait qu’il ne peut plus vendre sur les marchés du dimanche, pour ne pas se dévaloriser, et il a conscience d’avoir perdu la majorité de ses premiers acheteurs en changeant radicalement de style.

Pour lui, ce changement est inéluctable et surtout irréversible.

Ce que j’aime bien en lui, c’est qu’il ne cherche pas à intellectualiser, ni à rendre plus vendables ses toiles. Il peint par besoin, ce qu’il ressent ; toujours un peu surpris que l’on puisse acheter ses toiles.

 

En partant, nous croisons Sandrine Rollin.

J’avais déjà remarqué plusieurs de ses toiles.

Brune, les yeux verts, elle est pétillante et très sympathique.

Ses toiles, souvent fleuries, étaient douces et harmonieuses, avec une dominante vert d’eau, ou au contraire, plus toniques, avec un fond rouge vif et des fleurs blanches emportées par le vent. J’aime un peu moins ses dernières œuvres. J’attends donc de voir la suite.

On a parlé de la difficulté de peindre, puis de se séparer d’une œuvre qui a fait partie de soi.

Le plus difficile, pour elle, étant de ne pas connaître leur devenir, les gens qui l’ont aimé, le cadre dans lequel elles sont exposées.

Nous lui avons promis, qu’elle pourrait accrocher chez nous une de ses toiles.

Nous lui prêterons un marteau et un clou.

Nous sommes partis avec le souvenir d’un ravissant dernier sourire.

 

14:40 Publié dans Peinture | Lien permanent | Commentaires (0)