« 2006-05 | Page d'accueil
| 2006-07 »
06/06/2006
Les Sociétés de Sécurité.
Je pense que vous avez remarqué comme moi la prolifération d’agents de sécurité dans la plupart des lieux commerciaux. Ces agents sont souvent issus du même milieu que ceux qu’ils sont censés empêcher d’agir. Probablement deux intérêts à cela : couper court à toute accusation de racisme, et aussi stabilisation de la marmite sociale des banlieues en engageant des jeunes du coin.
En Afrique, ces sociétés ne boxent pas dans la même catégorie que les nôtres.
Armes de poing, impunité quasi-totale (les forces de l’ordre les engagent pour surveiller les parkings du personnel de certains commissariats !), ils forment de véritables armées privées.
Cet article du Monde m’a rappelé une anecdote.
Nous logions dans un quartier résidentiel de Nairobi, nommé Karen (en l’honneur de Karen Blixen dont la maison est proche).
Des patrouilles armées de fusils à pompe, en uniformes paramilitaires patrouillaient sans cesse.
L’amie chez qui nous logions nous raconta qu’un jour, un jeune homme chaparda le sac d’une vieille femme. Un agent de sécurité le pris immédiatement en chasse, et alerta ses collègues à l’aide d’un sifflet. Le jeune homme fut rapidement maitrisé. Les agents le ceinturèrent d’un vieux pneu et y mirent feu.
Comme ça, sans autre forme de procès.
La « justice » est tellement expéditive que les résidents appellent la police dès qu’ils entendent ces fameux coups de sifflet. Non pas pour appréhender le malfrat, mais pour le protéger !
Au moins, nous dit notre amie, il a une chance de survie si il arrive vivant au commissariat !
La première année ou nous sommes allés là-bas, en première page du « Nation », grand quotidien national, s’étendait une photo montrant des policiers posant devant trois cadavres à leurs pieds. Une photo digne des grandes chasses du siècle dernier. Tout juste si les policiers n’avaient pas le pied sur la tête d’un des hommes à terre.
Qu’avaient-ils donc fait de si terrible ? C'étaient de simples voleurs de voiture.
08:37 Publié dans Mon passé | Lien permanent | Commentaires (0)
04/06/2006
Lexilogos
J'ai trouvé récemment un excellent dictionnaire en ligne ici.
En cherchant un peu, il fait plein d'autres choses utiles!
13:30 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (1)
02/06/2006
Un problème de poids (2).
Je résume le billet précédent.
Un laboratoire sort un médicament qui améliore des critères intermédiaires (ou « mous »). Aucune étude n’est disponible sur les paramètres « durs » que sont la morbi-mortalité.
Qu’à cela ne tienne, rendons incontournable un critère mou, tel que le syndrome métabolique, pour faire prescrire des pilules. D’où de multiples publications, soudainement dans les journaux médicaux pseudo scientifiques.
Deuxième acte : le grand public.
Je ne citerai en exemple que cet article, publié dans « Le Monde » du 27/07/05, titré : « La pilule miracle de Sanofi Aventis contre le tabagisme et l'obésité ».
Article pour le moins favorable, vous imaginez....
Bien entendu, tout patient plus ou moins obèse va parler à son médecin de cette « pilule miracle ». Ce dernier sera d’autant plus enclin à la prescrire qu’il en aura entendu parler de manière dithyrambique ces 6 ou 7 derniers mois.
D’une certaine manière, c’est un bon moyen de faire de la publicité directe aux patients, sans contrevenir à la loi (contrairement aux EU, la publicité directe en temps que telle est interdite en France).
Donc, un plan marketing à mon avis parfait, étalé dans le temps, avec un lancement précédé d’une préparation psychologique intense en direction des médecins, et c’est plus nouveau, des patients.
Dernier succès en date ( le 27/04/2006), l'avis favorable de la comission d'AMM de l'Agence européenne du médicament:
« Traitement des patients obèses (IMC supérieur ou égal a 30 kg/m2 ), ou en surpoids (IMC > 27 kg/m2) avec facteurs de risque associés, tels que diabète de type 2 ou dyslipidémie en association au régime et à l'exercice physique »
L'AMM européenne ne devrait pas tarder.
Que vaut la molécule par elle-même ?
A l’heure actuelle, les données disponibles sont les suivantes :
Quatre études, portant sur près de 6500 patients ont été publiées dans de grandes revues scientifiques (la série des « RIO »).
Les résultats sont :
Perte de 4 à 5 kg en 1 an, en complément d’une alimentation hypocalorique (-2 kg dans le groupe placebo), sans gain supplémentaire si le rimonabant est poursuivi 1 an de plus. En cas d’arrêt, le poids initial est repris en 9 mois.
Le médicament augmente le HDL (le « bon cholestérol »), diminue les triglycérides, améliore l’équilibre glycémique (amélioration absolue de 0.7% du Hb A1c) et diminue la tension artérielle (-2.1 mm Hg pour la systolique, et -1.7 mm Hg pour la diastolique).
40% des patients ont abandonné le traitement au cours du suivi (même proportion dans le groupe placebo).
Un des quatre essais a inclus spécifiquement des diabétiques de type 2 (RIO diabète).
Les effets secondaires les plus fréquents sont : syndromes anxio-dépressifs, nausées et diarrhées. Aucune donnée de pharmacovigilance n’est disponible au-delà de 2 ans.
On peut interpréter ces chiffres en bien ou en mal, mais je trouve que par rapport aux incertitudes dues au manque de données de pharmacovigilance, le bénéfice attendu n’en vaut pas la chandelle.
Je ne prescrirai cette molécule que lorsqu’une amélioration indéniable de la morbi-mortalité aura été démontrée (étude CRESCENDO en cours, avec près de 17000 patients prévus).
Par contre, je suis certain qu’elle va faire un tabac.
Tout a été fait pour cela...
21:15 Publié dans Prescrire en conscience | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : carablogs, medecine et web