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09/10/2006

Les Bienveillantes : fin.

medium_stundenull.jpgBon, rien de plus depuis la dernière note sur ce livre.

 

La fin se termine, comme prévu, par l’apocalypse berlinoise précédant la « Stunde Null ».

La fin est plus enlevée, les descriptions des méandres administratives sont moins longues (il faut dire que en se rapprochant de la fin il y a de moins en moins de structures bureaucratiques à décrire).

 

Je n’arrive pas vraiment à dire si ce livre est bon ou pas, il m’a laissé indifférent.

 

C’est certainement la pire chose que je puisse lui reprocher.

09:01 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0)

06/10/2006

Au commencement.

medium_Au_commencement.jpgSamedi 27 juin 1998, il faisait chaud.

Je rangeais des dossiers dans notre bureau (mon co-interne était un faisant-fonction syrien, quasiment inintelligible). C’était mon deuxième choix d’interne de cardio et je revenais d’un séminaire d’électrophysiologie à La Grande Motte.

Certes, j'étais à l’Hôpital un samedi matin, mais tout était calme et paisible.

Une infirmière apparut à l’encadrement de la porte.

« C’était bien, La Grande Motte ? 

- Uhmm, je n’ai jamais aimé l’électrophysiologie, mais on s’est baigné, et c’était très sympa.

- J’ai un problème, je suis attiré par quelqu’un, mais je n’arrive pas à le lui dire.

Une petite voix me dit alors que je vivais un moment seuil dans ma petite vie quotidienne bien morne et solitaire : "wait and see".

- Dis le lui ! (Je n'allais pas lui dire le contraire…. Je ne l’avais pas particulièrement remarquée, en plus je n’aimais pas trop les rousses à cette époque (!!), mais la situation pouvait devenir intéressante pour un mort-de-faim comme je l’étais)

-Bien voilà, c’est toi !

- Ah ! (Encore une fois "wait and see" ; surtout pas de parole inopportune, faire l'intéressé, mais pas trop. Bref du tact. En fait, ne rien dire du tout, c'est le mieux)

- Mais je suis ennuyée dans mon état…

- C’est quoi ton état ?

- Mais enfin (d’un coup très énervée), je suis mariée !

- Ah, et bien, ça ne me gène pas (manquerait plus que ça, pas de moralisme mal placé…), c’est juste pour le sexe ?! (Genre vieil habitué, un peu blasé, que je n’étais pas du tout)

- Ben oui, je ne vais pas quitter mon mari pour toi !

- Tant mieux (Heureusement ! La situation avait pris subitement une évolution potentielle un peu trop ambitieuse à mon goût. Saisir l’occasion qui me tombe toute cuite dans les bras, certes, mais surtout rien de plus). Tu termines quand ?

- Début d’après midi, on se retrouve devant la cathédrale. Tu vois ou c’est ?

- Oui (en fait non, mais j'ai demandé mon chemin), 15h30 ?

- OK.

 

Après son départ, je me revois tourner dans mon vieux fauteuil à roulettes, estampillé « Centre Hospitalier ». J’avais un peu le vertige, mais pas à cause de mes rotations.

"Bon, maintenant, va falloir déconnecter la substance blanche, et laisser conduire le système limbique...."

 

Huit ans et deux enfants plus tard, nous sommes toujours ensemble.

Alors que tout avait commencé par deux gros mensonges et dans l'immoralité la plus totale.

Le Paradis est parfois pavé de mauvaises intentions.

La buée dans les yeux.

medium_buee.jpgHier soir, j’ai accueilli un homme d’une cinquantaine d’année après un infarctus du myocarde assez important.

Je rentre dans sa chambre ; il est assis, entouré de sa femme et de sa fille.

Il est cadre supérieur dans une grande banque.

On discute de la rééducation et plus généralement de son séjour dans l’établissement.

Je lui fais remarquer que ce n’est pas le premier banquier que je vois avec un infarctus.

Malgré la totale absence de pertinence de cette remarque, l’atmosphère change brutalement dans la chambre. Ils se regardent, se figent imperceptiblement en baissant la tête.

« Peut-être vous souvenez vous de mon fils ? », les yeux embués et la voix cassée.

« Comme ça non, il travaillait avec vous ? »

« Oui, il n’est resté que deux jours ici, avant de retourner à l’Hôpital et … »

« Je comprends, je ne me souviens pas de lui, avez-vous une photo ? »

En disant ça, je me suis demandé pourquoi je l’avais fait. On agit parfois sur des impulsions mystérieuses.

La maman me tend un cliché : « C’est notre petit râleur ».

En le découvrant, je me suis remémoré : « Nous avons partagé un malheur commun. J’espère ne pas l’avoir fait resurgir  ».

« Vous savez, nous le ressassons tous les jours depuis 1 an et demi ».

Je suis sorti de la chambre avec le fantôme de ce qui s’était passé devant les yeux, je suis allé voir l’infirmière qui était aussi présente ce soir là.

Atteint d’une péricardite radique en stade terminal et inopérable, il n’avait pu quitter l’hôpital que deux jours pour venir s’échouer chez nous. Au bout de 48 heures, étouffant comme un poison hors de l’eau, il était reparti par le SAMU. Ils y étaient, moi aussi, il avait 20-25 ans. Tout m’est revenu progressivement, la tristesse au premier plan.

Ses proches en sont sortis brisés.

Ce matin, en faisant l’épreuve d’effort au papa, j’ai remarqué qu’il portait au cou le portrait de son fils gravé sur une médaille en or.

15:43 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (1)