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06/05/2007
A voté !
C’est fou comme ce geste est à la fois simple et incroyablement complexe de part ses motivations et ses conséquences.
Le taux de participation sera probablement encore plus élevé qu’il y a deux semaines.
Quel que soit le résultat ce soir, ce scrutin aura rapproché les français de leur démocratie.
Et c’est déjà une grande victoire.
16:55 Publié dans ma vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (0)
05/05/2007
Un éléphant et les aveugles
Tiré des Mangas d’Hokusai (1818)
Une fois, six aveugles vivaient dans un village. Un jour, ses habitants leur dirent " Hé ! il y a un éléphant dans le village, aujourd’hui "
Ils n’avaient aucune idée de ce qu’était un éléphant. Ils décidèrent que, même s’ils n’étaient pas capables de le voir, ils allaient essayer de le sentir. Tous allèrent donc là où l’éléphant se trouvait et chacun le toucha.
- " Hé ! L'éléphant est un pilier " dit le premier, en touchant sa jambe.
- " Oh, non ! C’est comme une corde, dit le second, en touchant sa queue.
- " Oh, non ! C’est comme la branche épaisse d’un arbre " dit le troisième, en touchant sa trompe.
- " C’est comme un grand éventail " dit le quatrième, en touchant son oreille.
- " C’est comme un mur énorme " dit le cinquième, en touchant son ventre.
- " C’est comme une grosse pipe " dit le sixième, en touchant sa défense.
Ils commençaient à discuter, chacun d’eux insistait sur ce qu’il croyait exact. Ils semblaient ne pas s’entendre, lorsqu’un sage, qui passait par-là, les vit. Il s’arrêta et leur demanda " De quoi s’agit-il ? " Ils dirent " Nous ne pouvons pas nous mettre d’accord pour dire à quoi ressemble l’éléphant" Chacun d’eux dit ce qu’il pensait à ce sujet. Le sage leur expliqua, calmement " Vous avez tous dit vrai. La raison pour laquelle ce que chacun de vous affirme est différent, c’est parce que chacun a touché une partie différente de l’animal. Oui, l’éléphant à réellement les traits que vous avez tous décrits "
" Oh ! " dit chacun. Il n’y eut plus de discussion entre eux et ils furent tous heureux d’avoir dit la réalité.
Vieux conte indien, dont j’ai trouvé une des nombreuses versions ici.
08:10 Publié dans Divers et variés | Lien permanent | Commentaires (3)
04/05/2007
Les bonnes questions.
Une femme de 50 ans arrive à la clinique et son pronostic est défavorable.
Coronaire droite occluse de façon chronique, gros infarctus antérieur récent revascularisé tardivement. Fraction d’éjection 30-35%.
Sur le coup, je n’avais pas de chiffre précis, mais je le savais. Après avoir vérifié, 10-15% de mortalité à 1 an et 4 mois dans une grosse étude assez récente (CAPRICORN).
Je vais la voir.
Elle est souriante et agréable.
D’emblée elle pose (malheureusement) les bonnes questions.
- Est-ce que ça va recommencer ?
Oui, c’est pour cela qu’il faudra vous surveiller.
- Quelle est mon espérance de survie ?
Euhh, normale si ça ne recommence pas.
Gros mensonge pour la deuxième réponse, donc. Ce qui n’est pas mon habitude. J'ai plutôt la réputation d'être un peu trop "factuel" avec les patients. J'ai une certaine inclinaison pour le vérisme.
J’étais terriblement gêné, mais comment répondre sincèrement à une question aussi directe un vendredi soir, au cours de notre première rencontre ? Elle m'a pris au dépourvu alors que j'avais abaissé mes défenses en cette fin de semaine.
On ne peut même pas louvoyer.
La notion d’espérance de survie est une notion purement statistique qui est peu applicable au niveau individuel. Si une maladie a une mortalité de 99% à un an, mais si votre patient appartient au 1% restant, pour lui, la survie est de 100%.
Je ne sais pas si je suis très clair, mais cette question d’espérance de survie est bien la pire que l’on puisse poser à un médecin (du point de vue du médecin).
Deux réponses possibles à une telle question : « normale » ou « abaissée ».
« Abaissée de combien ?
Et bien… ».
J’ai préféré mentir.
- Dernière question : Est-ce que mon cœur va récupérer ?
Il y a des chances, il faudra faire le point dans 6 mois.
Je retrouve un terrain plus stable ou la réponse ne tombe pas comme un couperet, et ou on peut moyenner. En plus, je renvoie la réponse à dans 6 mois (notion parfaitement vraie, par ailleurs). Comme dans les études, les critères intermédiaires sont plus faciles à manier (et manipuler) que les critères « durs » comme la mortalité, pour laquelle on ne peut pas tricher.
Je suis sorti en n'étant pas fier de moi et en regrettant les questions de la plupart des patients :
Je sors quand ?
Je pourrais avoir une permission ?
Comment je fais pour avoir la télé ?
Je peux continuer à boire du vin ? Je peux mettre du sel de régime?
Je peux continuer à… ? Enfin, vous voyez ce que je veux dire, Docteur….
Je pourrais continuer à jouer au foot ?
Quand je touche cet endroit, j'ai mal, c'est normal ?
Beati pauperes spiritu.
19:35 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (14)