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06/06/2007

Les pensées du Dr. House (4)

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(cliché trouvé ici)

 

Un jour, il y a quelques mois, j’ai vu un sans-papiers roumain entrainé par 4 plantons à ma consultation pour répondre à la question suivante : « Peut-il prendre l’avion pour être reconduit à Bucarest ? ». J'aurais bien aimé répondre que pourquoi pas, car le temps était alors dégagé au dessus de l'Aeroportul Henri Coanda Bucaresti (temp. :15.4 C, pression atm. à 1024,7 mb), mais ce n'est pas ce que l'on me demandait.

Réponse délicate, d’autant plus qu’il a des douleurs dans la poitrine depuis la dizaine de jours ou il séjourne en centre de rétention et justement, quel hasard, depuis qu’on ne lui aurait plus donné aucun médicament. Car, pour couronner le tout, il a fait un infarctus inférieur en 2002.

L’individu est assez patibulaire (mais presque, comme le disait Coluche), comme son ECG qui montre une séquelle de nécrose inférieure, mais sans ischémie aiguë.

Je tergiverse longtemps, très longtemps, je téléphone au médecin du service pénitentiaire pour qu’il m’aide par son expérience. Il m'explique que la question n'est pas de savoir si on doit le traiter (sous entendu, en France), mais si il peut prendre l'avion. Je pense fugitivement aux sociétés totalitaires ou les basses besognes sont hyper fragmentées pour que l'individu qui y prend part ne se sente pas responsable. Je tergiverse encore et encore.

Je le réinterroge avec une lampe de bureau braquée sur son visage pour faire préciser ses douleurs : « tu vas parler, dis !? »

Puis il prononce la phrase de trop: « J’étais mieux soigné en Roumanie ! ».

Je l’ai donc exaucé.

20:40 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (3)

Les pensées du Dr House (3).

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Depuis quelques mois, quand je tourne autour de l’Hôpital pour trouver une place, je passe à chaque fois devant une BMW 318 de couleur indéfinissable, garée à la même place.

Deux questions.

Primo : Pourquoi ne pas se garer dans l’hôpital ?

Simple, j’ai bien un badge, mais il y a encore moins de place qu’à l’extérieur.

La preuve, les gens se garent dans les arbres et au pied de la cheminée de l’incinérateur des déchets hospitaliers et humains. Ils préfèrent enlever la cendre chaque fin d’après midi sur leur pare-brise plutôt que tourner durant des heures pour trouver une place.

Secundo : comment repère-t-on une BMW 318 de couleur indéfinissable sur les milliers garées dans le quartier ?

Simple, lisez la suite de l’histoire, au lieu de m’interrompre.

Cette BMW, qui n’a pas changé de place depuis au moins 6 mois est en fait un carton de luxe pour nouveau SDF (le monde change, comme dirait l’autre).C’est aussi probablement la seule BMW de toute la ville à ne pas avoir été volée alors qu’elle est garée depuis plus d’une nuit au même endroit.

La femme qui l’habite en sort tous les matins et traverse la rue en peignoir, tel une madame Culbuto, pour se faire payer le café par le garagiste d’en face. La cinquantaine, rondelette, les cheveux bouclés noirs (teintés, car elle le vaut bien), en bataille (normal quand on dort sur l’accoudoir toutes les nuits, me direz-vous), elle arbore tout un tas de tenues toutes plus dépareillées les unes que les autres, mais systématiquement trop petites ou trop grandes pour elle.

Ensuite, elle fait son linge dans la rue, entre sa voiture et celle de derrière, dans des bassines multicolores et innombrables. Le linge sèche ensuite sur le toit et le capot avant. Sur la voiture, la buanderie ; en dessous, le placard des produits d’entretien. Comme elle déborde un peu sur la chaussée, elle sort depuis quelques temps son triangle de signalisation. En plus d’un surcroit de sécurité, elle gagne assez de place pour loger une plante verte, un chaton ou un poisson rouge, au choix. Il ne manque plus qu’un petit coin cuisine sous l’accoudoir central,  et elle aura  sa petite stud. meubl. lum. bien placée, coin cuis, mezz. (au dessus des pare-soleil) et WC (il n’y a qu’à ouvrir la portière et profiter du flot dans le caniveau).

A chaque fois que je passe devant cette BMW, ça me démange d’appeler les flics. Ce n’est pas tellement que elle, elle me dérange, mais sa voiture si.

Elle occupe une place depuis des mois qui pourrait potentiellement être libre lorsque je passe devant pour la dixième fois.

Ou bien, je pourrais aussi lui offrir pendant quelques temps des caramels au sel de Guérande et quelques paquets de cigarettes sous des dehors solidaires, mais en lui glissant toutefois discrètement ma carte. Coup double : je rentabilise largement la dépense et à moyen terme je me débarrasse d’elle. Bonne cliente, mais pas pour longtemps.

20:10 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (1)

Les pensées du Dr. House (2)

Hier, je fais un döppler à un patient de 60-65 ans, tabagique, alcoolique et diabétique. Sa femme a une charmante façon de présenter les choses. Sa banale cirrhose d'éthylique chevronné devient une « hypertension dans les veines du ventre », suivie « de très prés par le Pr. Trucmuche ». Son artériopathie (sévère) des jambes ne viendrait-elle pas de cette hypertension dans les veines ? Je leur ai expliqué que ce n’était pas un facteur de risque cardiovasculaire classique, contrairement au tabac et au diabète. « Mais pourtant il marche beaucoup ! ». Je ne leur ai pas ressorti le coup du conducteur fou et de la glace à la vanille, mais j’ai failli.

Je l’ai sorti ce matin, en l’améliorant un peu à un diabétique qui fume, mais qui "le contrebalance en nageant beaucoup".

« Je conduis à contre sens sur l’autoroute, en fermant parfois les yeux pour mieux apprécier la dernière chanson de Christophe Willem, mais ma femme travaille pour la sécurité routière ».

Qui dit mieux ?

15:55 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (8)