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24/08/2007
Petite pause.
Je vais rejoindre ma petite famille pour quelques jours de vacances supplémentaires, un baptême et un mariage.
Autrement dit, je serai bien moins en forme dans une semaine que maintenant.
Mais bon, vous connaissez, c’est la loi du genre.
"Running up that hill" en deux versions, uhmmmm, très différentes.
08:20 Publié dans ma vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (6)
23/08/2007
Une nouvelle pandémie mondiale ?
Un article de theheart.org m’a laissé assez rêveur ce matin.
Cet article résume une série d’articles parus dans le dernier Lancet.
Les auteurs qui ont publié dans cette très prestigieuse revue estiment que 90% de la population des pays développés sont à risque de devenir hypertendus.
Ils précisent aussi que l’hypertension devient un problème dans les pays sous développés.
Diable, 90%, ça fait un paquet de monde…
Ils précisent aussi que la théorie des seuils qui a cours actuellement est dépassée : «The issue of prehypertension has stirred tempers to an extent that seems more suitable to medieval theologians than modern scientists ».
Diable bis, nous traitons donc nos patients comme le feraient des théologiens médiévaux. Qu’on aille me chercher un entonnoir et 18 litres d’eau !
En fait ces auteurs pointent le fait que dans des études épidémiologiques, notamment Framingham, le risque cardiovasculaire apparaît dès 115/75, et qu’il se majore au fur et à mesure de l’augmentation des chiffres tensionnels. Autrement dit, les recommandations actuelles sont peut-être à revoir dans le sens d’une plus grande sévérité. J’avais déjà remarqué cette tendance à diminuer ces seuils d’intervention, mais je me rends compte maintenant que la pression s’accentue (sans faire de mauvais jeu de mots), et que les toutes nouvelles recommandations de juin 2007 vont peut être devenir obsolètes plus rapidement que prévu (les 3 tableaux suivants en sont tirés). C'est clair qu'en abaissant autant les seuils qui définissent l'hypertension artérielle, on peut facilement obtenir 90% d'hypertendus au sein d'une population.
Autant vous le dire tout de suite, je ne fais pas partie de la secte des hypertensiologues que l’ont voit germer dans les CHU, mais cette tendance m’inspire tout de même quelques remarques.
- A-t-on des études fiables qui montrent l’intérêt de prendre en charge ces chiffres tensionnels bas par une adaptation du style de vie, ou par des traitement pharmacologiques (en dehors bien entendu des patients à très hauts risques- cardiovasculaire et rénal notamment-) ? Quand je dis fiables, j’entends non financées par l’industrie, et avec une architecture statistique robuste (étude de supériorité, critères "non mous", notamment).
- Peut-on encore qualifier de maladie un état qui touche 90% d’une population ? (Je sais, la question est provocatrice, mais je suis un cardiologue rebelle)
- A qui le « crime » profite ? (Même remarque)
- Comment pourrons-nous suivre ces nouvelles normes alors que nous avons déjà du mal à équilibrer nos patients avec les seuils actuels qui sont moins sévères ?
- Vais-je devoir me mettre au régime, voire me traiter, étant donné que ma tension artérielle oscille entre 120-125 de systolique et 70-80 de diastolique ?
- Va-t-il falloir développer des pantalons anti-G, ou des airbags portables afin de prévenir les conséquences des hypotensions orthostatiques que ces nouveaux chiffres tensionnels risquent d’induire ? Question corollaire, faut-il dès à présent acheter des actions des sociétés qui fabriquent des prothèses de hanche, le marché risquant d’exploser dans les prochaines années ?
Mais peut-être suis-je réellement, et sans en avoir conscience, un cardiologue médiéval ?
°O°O°O°O°O°O°O°O°
Petit addendum.
Je vais tacher de ne pas faire ironique, mais rester factuel (ça va être dur).
J’ai consulté la déclaration de conflits d’intérêts des auteurs de l’article du Lancet (Messerli FH, Williams B, Ritz E. Essential hypertension. Lancet 2007; 2007; 370:591-603).
La voici :
Autre fait « factuel », l’Hept-a-myl est un produit de Sanofi-Aventis.
AHAHAHAHAH ! OH ! OH ! AH ! AH ! AH ! HI ! HI ! HI ! WHA HA ! HA !
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Désolé, je n’ai pas pu m’empêcher…
08:55 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (7)
22/08/2007
Pour le meilleur et…
12:41 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (0)
Brèves de döppler.
Hier un couple de 40-45 ans rentre dans la salle.
Elle est assise sur un fauteuil roulant.
Je dois contrôler une phlébite du membre supérieur sur une voie veineuse centrale (en fait, un PICC-line, voir ci-dessous).
Au cours de l’examen, elle me dit qu’elle a rarement rencontré un médecin aussi gentil que moi. Bon, je suis un peu gêné, mais je me demande comment on peut ne pas être gentil avec une patiente adorable qui n’en a plus que pour quelques mois à vivre.
°0°0°0°0°0°0°0°0°0°0°
Juste j’écris cette note (entre 2 patients qui se font attendre), et je vois arriver un autre genre que les döppleristes craignent : la femme (surtout lorsqu'elle n'est plus de toute première fraîcheur), qui travaille à l’hôpital et le montre (ou un proche, le mari dans ce cas particulier), qui vient pour strictement rien (suspicion de phlébite sur un hématome au dessus de la malléole externe et une vague douleur de cuisse après qu’elle se soit pris une armoire dessus), et qui a les pieds qui sentent.
Un autre signe qui ne trompe pas : le tanga blanc hyper échancré en dentelle (quand il est noir ou rouge écarlate, c'est encore pire...). J'ai même eu un peu de mal à l'attraper pour glisser une serviette en papier dessous (ça évite de mettre du gel de partout). "Du sublime au ridicule il n'y a qu'un pas" disait Napoléon qui s'y connaissait. De l'érotisme à la vulgarité, aussi, je dirais même qu'il n'y a que la largeur d'un tanga
Bref, cet ensemble de signes est pathognomonique de la bêtise la plus crasse (comme ses pieds), comme les quelques mots échangés un peu plus tard avec elle et les yeux de mon aide-soignante levés au ciel me le confirmeront.
09:45 Publié dans Des patients... | Lien permanent | Commentaires (0)
21/08/2007
L’origine du Monde.
Non, pas le Courbet cher à Lacan, mais pas loin.
Dans Second Life, il existe des maternités.
Et oui, ça parait incroyable, mais on peut y accoucher d’un bébé virtuel, garçon ou fille, au choix.
Je connaissais vaguement cette histoire depuis assez longtemps, mais j’avais largement négligé SL depuis quelques mois, et je ne m’y étais donc jamais intéressé.
Aujourd’hui, j’ai visité une de ces maternités, et ça vaut le détour.
Lacan aurait trépigné pleurant et en claquant des mains si il avait connu SL.
L’endroit est vaste et clair (marbre blanc de partout) et on trouve aux murs des affiches ou l’on peut choisir et payer la grossesse et l’accouchement que l’on désire.
Par exemple pour une grossesse de 4 semaines et un bébé, il faut compter 2500 L$ (environ 6.50 euros).
On vous fournit aussi un test de grossesse « sûr à 99% » pour être certaine que vous êtes enceinte.
Votre avatar se retrouve affublé d’un ventre qui ressemble à un ventre de femme enceinte (en fait de 4 à 8 formes de ventre selon d’avancement de la grossesse).
Mais ce n’est pas tout, la maternité vous donne des rendez-vous de consultation de suivi et d’échographies morphologiques (on peut repartir avec autant de clichés que l’on veut). Ce ventre a aussi quelques fonctions « spéciales » qui sont compatibles avec une marque connue de jouets sexuels virtuels. Mais si cela ne vous tente pas du tout, il comporte aussi en pièce jointe un recueil de gentilles fables à lire à bébé.
Et bien sûr, le point culminant, c'est-à-dire l’accouchement dont je n’ai trouvé que cette vilaine photo sur le net.
Tout y est, le monitoring, le fauteuil avec les étriers, la perfusion, le tabouret de l’obstétricien…
Les salles ont toutes une décoration différente.
Personnellement, je trouve la carpette géante en peau de vache du dernier mauvais goût, et surtout peu adaptée aux normes d’hygiène.
Mais bon, on est dans SL…
Après l’accouchement, vous pouvez vous reposer dans un vaste lit, avec le/les petit(s) à vos côtés.
Vous repartez avec votre bébé qui est équipé de quelques fonctions de base (comme un vrai bébé, en somme) et un certificat de naissance.
La gynéco a l’air sympa et professionnelle, vous pouvez y aller en confiance. En plus, elle est rousse…
Pour 500$L de plus, on peut coucher avec (non, c’est pas vrai, en tout cas pas indiqué dans les tarifs !).
Imaginons maintenant que vous désiriez avoir des cycles menstruels dans SL.
Et bien oui, ça manque dans le virtuel.
C’est possible pour la modique somme de 600 L$.
Il y a même un système de contrôle de l’ovulation.
Plus besoin de recettes de grand-mères, de thermomètre, ou d’une vague estimation temporelle pour tomber enceinte à coup sûr, le programme indique le moment exact ou il faut "le" faire.
Pour le prix, on vous fournit même des préservatifs au cas ou vous ne voulez pas tomber enceinte. Ce serait dommage, tout de même, d’avoir une grossesse non désirée dans SL…
Là, c'est moi.
Je ne me ronge pas les sangs dans la salle d'attente, mais moi aussi je profite de SL pour m'octroyer quelques plaisirs défendus...
19:55 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (11)
800ème note
07:50 Publié dans Divers et variés | Lien permanent | Commentaires (8)
20/08/2007
Cadeau.
Que font les cardiologues la majorité de leur temps de consultation ?
Et bien, nous pratiquons le difficile art de rassurer l’anesthésiste au cours de nos « avis cardiologiques pré opératoires ».
Les anesthésistes déclinent sans fin leurs angoisses existentielles à tous les temps :
- L’ai-je bien fait ?
- Le fais–je bien ?
- Le ferai-je ?
Ils ont souvent besoin d’un doudou qui les rassure, d’un parapluie qui leur évite d’être mouillés et d’une bassine en argent pour se laver les mains.
Si le cardio a dit qu’on pouvait l’endormir, ça me rassure (doudou).
De toute façon, si ça se passe mal, il a dit qu’on pouvait y aller (parapluie).
Ca c’est mal passé, mais le cardio avait donné son aval (bassine en argent).
Nous sommes tout cela à la fois.
Nous évaluons le patient et de notre pouce, indiquons si il pourra supporter une anesthésie en l’état, ou si nous demandons des examens complémentaires, voire le traitons de manière préventive.
Assez souvent, cette décision difficile nous est demandée la veille ou l'avant-veille de l’intervention, surtout si c’est un grand professeur qui officie et/ou si l’intervention est vitale (mais pas trop, sinon on se passe de notre avis).
Difficile de programmer une échographie dobutamine dans la nuit qui précède l’intervention, ou d’administrer 10 jours de bêta-bloquants sur 12 heures…
Par ailleurs, plus le temps passe, plus les indications de l’avis cardio s’élargissent.
Durant mon assistanat (2002-2004), c’était typiquement l’anévrysme de l’aorte abdominale chez un patient coronarien âgé et polyvasculaire.
Maintenant, je vois assez souvent des jeunes hommes ou femmes de 20-35 ans, sans antécédent, facteur de risque ou traitement particulier référés avant une anesthésie générale pour avulsion dentaire. D’ailleurs, curieusement, le courrier de l’anesthésiste se résume alors souvent à un formulaire pré rempli signé et complété par une infirmière (quand elle y pense).
Mais attention, pas de sarcasme facile, il ne faut pas sous estimer les risques cardiaques d’une telle intervention !
Ce sont tout de même des dents de sagesse ! De grosses quenottes, avec de très très grosses racines !
Le cœur pourra-t-il supporter l’induction puis l’effort de traction effectué par le stomatologue ?
Le plus simple est donc bien de demander au cardiologue.
Est-ce dû à un micro-climat spécifique aux anesthésistes de stomatologie dans mon CHU ?
J'espère que oui, sinon l’évolution de l’anesthésiologie risque d'être la suivante:
- D’abord l’avis cardio pré anesthésique à tout patient porteur d’un cœur. On ne sait jamais, tout patient à endormir est un cardiaque avéré ou potentiel.
- Puis dans quelques années, on nous demandera carrément de les endormir.
Ca me plairait pourtant bien d’endormir un anesthésiste du bloc de stomatologie pour une avulsion de 4 dents de sagesse.
J’utiliserai des doses homéopathiques de morphiniques/BZD.
On ne sait jamais, vous savez, les risques cardiaques…
Vous devez vous demander ou se trouve le cadeau dans cette note douce-amère ?
Il est là.
C’est tout ce qu’il faut savoir pour donner un avis cardiologique pré-opératoire.
22:00 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (4)