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28/11/2005

Les Rois Maudits.

Après Harry Potter et la bio de Louis XVI, j’avais prévu de lire les deux dernières aventures de Nicolas Le Floch.

Mais « Le fantôme de la rue Royale » m’a paru tellement filandreux et indigeste, que j’ai arrêté page 164, à la nième recette de cuisine à la mode « Ancien Régime ».

J’ai commencé sans grande conviction l’épopée des « Rois Maudits ».

Je m’attendais à une langue « médiévaliste », un récit surchargé et pesant, académicien pour tout dire.

Et bien pas du tout.

Le trait est ferme, net et précis.

Je dévore « Le Roi de fer » le plus clair de mon temps libre, emporté par cette superbe épopée à la fois vaste et intime.

Bien évidemment, ce n’est pas très drôle.

Quoique.

J’attends avec impatience à chaque paragraphe l’apparition de Robert d’Artois.

Chaque fois que Druon décrit l’entrée en scène, souvent tonitruante de ce géant, avec une langue admirable :

« Un pas de deux cents livres ébranla le plancher.

L’homme qui entra avait six pieds de haut, des cuisses comme des troncs de chêne, des poings comme des masses d’armes. Ses bottes rouges, de cuir cordouan, étaient souillées d’une boue mal brossée ; le manteau qui lui pendait aux épaules était assez vaste pour couvrir un lit. Il suffisait qu’il eût une dague au côté pour avoir la mine de s’en aller en guerre. Dès qu’il apparaissait, tout semblait autour de lui devenir faible,  fragile, friable. Il avait le menton rond, le nez court, la mâchoire large, l’estomac fort. Il lui fallait plus d’air à respirer qu’au commun des hommes. Ce géant avait vingt-sept ans, mais son âge disparaissait sous le muscle, et on lui aurait donné tout aussi bien dix années de plus » 

, je vois Philippe Torreton sautiller sur le plateau, flottant dans son costume de cuir rouge…

  

23:40 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (7)

26/11/2005

Aurea mediocritas

medium_miroir.jpgJ’ai découvert par hasard (les générations futures diront « par Google ») qu’un site d’informations locales me citait.

 

Je suis bien évidemment ravi, et mon ego, souvent malmené, est au beau fixe ce soir.

La magie des blogs opère presque à tous coups.

De quidams anonymes dans la vie réelle, nous devenons partie intégrante, et agissante de la blogsphère.

D’où une des explications probables de son succès faramineux.

 

Lawrence Passmore donne des avis péremptoires sur l’Art, et quelques artistes, et clame sa haine des chats. Le moi réel qui tape ces mots est bien plus effacé, et n’éprouve pas grand-chose quand il croise un félin. Ma culture artistique est, il faut bien l’avouer, indigne même d’être citée.

 

Mais je ne suis pas dupe, Lawrence m’a considérablement apporté depuis sa création. Dernièrement, jamais je n’aurais écrit d’E-mail vengeur sur les plateaux repas à l’ensemble du CHU, si il n’avait pas été là, derrière moi à me pousser, pouffant de rire.

 

Merci à vous, auteur du « glaneur », que j’espère bien rencontrer à la soirée du 8 décembre.

D’autant plus que je vous ai emprunté l’idée de la planisphère indiquant la marche glorieuse du Soleil (je viens d’abandonner un roman historique se déroulant à l’époque de Louis XV, pour écrire cette note un peu ampoulée et brouillonne).

 

 

PS: Cette superbe psychée en fer forgé vient d'ici

23:05 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (0)

Google Earth

medium_grange_blanche.jpgQuel outil merveilleux!

Pour ceux qui connaissent pas, c'est ici.

J'ai pris une vue de "Grange Blanche", le nom que les initiés donnent au CH Edouard Herriot à Lyon.

Bien plus belle, même vue d'en haut, est la Mosquée Cathédrale de Cordoue:

medium_cordoue.jpg

 

 

 

 

On pourrait passer des heures à visiter le Monde...

Photos plus grandes ici et ici

 

16:40 Publié dans Web | Lien permanent | Commentaires (1)

Plaisir d'automne

medium_the.jpg

EPU

Parfois, j’anime des « soirées EPU » (enseignement post universitaire) sur un marqueur utilisé dans l’insuffisance cardiaque.

Le public est varié, généralistes, ou biologistes, entre 20 et 50 personnes.

En général, les cardiologues ne viennent pas à ce genre de soirées, ils se sentent peu ou pas concernés, ou estiment en savoir bien assez sur la question.

Le laboratoire qui me rétribue vend des appareils et les kits pour doser ce marqueur.

J’essaye de garder une certaine objectivité, et une liberté de ton dans ma présentation.

Ce n’est pas toujours facile car les sommes en jeu sont considérables, mais pour l’instant mon employeur ne m’a jamais censuré.

Donc hier soir, soirée dans un hôtel huppé.

Le bar est particulièrement accueillant, un feu crépite dans un foyer pyramidal au centre de la pièce aux murs sombres. Un couple s’enlace dans un canapé de cuir noir, deux coupes de Champagne attendant que leurs lèvres se libèrent. Un barman sourit derrière trois rangées de bouteilles illuminées par un retro-éclairage doux.

Le commercial de la firme est là, de même que le patron du labo de biologie à l’initiative de la soirée.

Ce dernier, 55-60 ans, habillé impeccablement, a un côté vieille France sportive marqué. Imaginez Ernest-Antoine Sellières en pilote de rallye automobile.

L’aisance financière émane de cet homme, mais pas de façon vulgaire et m’as-tu-vu. Une certaine classe bourgeoise.

Le patrimoine des biologistes est incomparablement plus important que celui, déjà conséquent des cardiologues ; on ne boxe pas dans la même catégorie.

On me présente son fils.

Là, changement de décor.

Blouson de cuir, mal rasé, un peu négligé, pas une remarque intelligente durant notre quart d’heure de conversation.

Je glisse un discret « Qu’est-ce qu’il fait ? » au commercial.

« Oh, je ne sais pas, il n’est pas biologiste, il fait de la gestion dans le laboratoire. »

Uhmm, j’espère qu’il a d’autres enfants.

Le public, donc composé de généralistes, ou de biologistes, n’a pas du tout les mêmes attentes, ou les mêmes questions.

Hier soir, Oscar de la question saugrenue d’un généraliste : « Avez-vous déjà dosé ce peptide chez des patients pré mortem ?

- Euh, chez des patients en réa cardio, en insuffisance cardiaque terminale…

- Non, je veux dire chez des patients agoniques, mais sans pathologie cardiaque

- Euuuuuuh, non, il faudrait faire une étude ».

Deux ans d’assistanat m’ont appris cela, toujours répondre à une question sans réponse, par « il faudrait faire une étude ».

24/11/2005

Arrière saison.


medium_minerve.jpgRetour de 5 jours de vacances en famille à Carcassonne, dans le Minervois, les gorges de l’Hérault, et enfin le Pont du Gard.

La Nature nous a été favorable ; ciel bleu, débauche d’ocres dans les arbres, vert émeraude de l’Hérault en contrebas du « pont du diable ». Nous étions quasiment les seuls à déambuler sur les différents sites plus ou moins sauvages, sauf à Carcassonne, plus fréquentée.

Nous avons fait comme d’habitude, c'est-à-dire sans vraiment avoir un itinéraire bien défini.

C’est le site de Minerve qui m’a fait la plus grande impression, comme il y a 8 ans, pour notre premier voyage avec Sally.

Peut-être que l’épisode sanglant de la croisade contre les Cathares en 1210 est pour quelque chose dans la profonde tristesse qui émane de ce site.

Il ne reste rien de ces « Parfaits », qui ont été impitoyablement éradiqués, pour le bien ou le mal, je ne sais pas.

Rien, si l’on excepte le mercantilisme ambiant qui promeut le catharisme à tout bout de champ.

Après un excellent cassoulet, retour dans nos pénates exceptionnellement enneigées!

 

Dans la voiture, en rentrant, Sally cherche mon portefeuille pour règler le péage.

"C'est quoi ces dragibus dans tes poches, savais pas que tu aimais ça...

- des quoi?

- des dragibus blancs

- fais voir ? Euhh, ce sont des boules de naphtaline!!"

Ouarff

 

Starsky et Hutch 2005

A la clinique, on a rejoué Starsky et Hutch la semaine dernière.

Un patient revient un soir passablement éméché, et un peu agressif. On appelle le commissariat du coin, pour le faire dégriser à l’ombre. Réponse négative des pandores, qui ont d’autres chats à fouetter.

La nuit se passe pas si mal, l’épisode est clos et pardonné (la clinique est un peu vide en ce moment).

Deux jours après, on fracture le casier d’une infirmière, et on vole sa voiture avec les clés trouvées dans son sac. Stupéfaction dans la clinique, on accuse les femmes de service (c’est une grande constante, totalement irrationnelle dans cet établissement), des « gens de passage ».

Bref, on ne sait pas qui sait qui c'est.

Le lendemain, appel de la police, qui nous demande si le patient ex-éméché est chez nous, on acquiesce.

Ne bougez pas, retenez le, on arrive.

Et en effet, ils arrivent en force.

Ils sautent à quatre sur le patient qui s’en grillait une sur le balcon, le menottent et le poussent dans leur voiture. Bien évidemment devant des patients effarés et inquiets (ils ont tous eu « la douleur » dans le quart d’heure qui a suivi).

En fait, notre patient, qui paraissait assez paisible, agissait en bande organisée et écumait la région depuis un certain temps. Il se servait de ses hospitalisations (justifiées, par ailleurs c’est un « vrai » malade), comme alibi.

Après avoir volé la voiture de l’infirmière, il est allé l’encastrer, complètement saoul, dans un autre automobiliste le soir même.

C’est en s’intéressant à cet accident que la police a fait la relation avec notre patient, et d’autres affaires.

 

Comme quoi, il faut se méfier de l’eau qui dort.

 

 

 

 

12/11/2005

12/11/05

medium_train.jpgLendemain d'un jour de repos, dimanche demain (même pas le courage de trouver un titre...).

Pas de garde, pas d'astreinte.

Tout va bien.

Crêpes et jeux avec les enfants

11/11/2005

11/11/05.

medium_1111.3.jpgCe matin, Guillaume participait aux cérémonies du 11/11.

 

Lui, et son inséparable copain Ryan font partie de la petite chorale du quartier.

 

J’ai donc suivi cette cérémonie, chose que je n’avais pas faite depuis…l’école primaire.

 

L’élu du coin a choisi Ryan et Guillaume pour déposer une gerbe commémorant tous les soldats ayant donné leur vie pour notre pays.

 

 

La grand-mère maternelle de Guillaume est italienne, son grand père maternel issu d’une vieille famille noble du Cantal (venue d’Espagne au VIème siècle), de mon côté, un mélange jurassien, italien, peut-être suisse.

 

 

 Ryan, musulman, premier de la famille né en France est 100% berbère.

 

 

Ce symbole m’a touché en ces temps troublés.

09/11/2005

Vanitas vanitatum, et omnia vanitas

medium_songe.3.jpgJournée tranquille hier.

J'ai fait une vacation express de döppler à l'hôpital.

 

La surveillance m'annonce un repas de service pour discuter du futur département de chirurgie vasculaire (qui comprend les explorations vasculaires).

Je m’excuse, car je termine tard à la clinique ce jour là.

Je lui dis que mon compère Stéphane ira, et me représentera ; car « lui ou moi, c’est pareil ».

Elle s’étonne, un peu goguenarde.

En m’éloignant, je laisse par-dessus mon épaule un sonore « Parce que c'était lui, parce que c'était moi. ».

Je fais mon döppler a un patient amaigri et au teint grisâtre, il me sourit et me glisse en me quittant : « Montaigne et La Boétie. ».

« Pardon ?! »

« Parce que c'était lui, parce que c'était moi. ».

« Ah oui… ».

Je me souvenais de Montaigne (j’avais attaqué les Essais, il y a quelques années), mais je ne souvenais plus de La Boétie.

Je viens de retrouver le texte original ici:

« Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s'entretiennent. En l'amitié de quoi je parle, elles se mêlent et confondent l'une en l'autre, d'un mélange si universel qu'elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer qu'en répondant : «Parce que c'était lui, parce que c'était moi.»

Il y a, au-delà de tout mon discours, et de ce que j'en puis dire particulièrement, je ne sais quelle force inexplicable et fatale, médiatrice de cette union. Nous nous cherchions avant que de nous être vus, et par des rapports que nous entendions l'un de l'autre, qui faisaient en notre affection plus d'effort que ne porte la raison des rapports, je crois par quelque ordonnance du ciel; nous nous embrassions par nos noms. Et à notre première rencontre, qui fut par hasard en une grande fête et compagnie de ville, nous nous trouvâmes si pris, si connus, si obligés entre nous, que rien dès lors ne nous fut si proche que l'un à l'autre. Il écrivit une satyre latine excellente, qui est publiée, par laquelle il excuse et explique la précipitation de notre intelligence1, si promptement parvenue à sa perfection. Ayant si peu à durer, et ayant si tard commencé (car nous étions tous deux hommes faits, et lui de quelques années de plus)2, elle n'avait point à perdre de temps et à se régler au patron des amitiés molles et régulières, auxquelles il faut tant de précautions de longue et préalable conversation. Celle-ci n'a point d'autre idée que d'elle-même, et ne se peut rapporter qu'à soi. Ce n'est pas une spéciale considération, ni deux, ni trois, ni quatre, ni mille : c'est je ne sais quelle quintessence de tout ce mélange, qui, ayant saisi toute ma volonté, l'amena se plonger et se perdre dans la sienne; qui, ayant saisi toute sa volonté, l'amena se plonger et se perdre en la mienne, d'une faim, d'une concurrence pareille. Je dis perdre, à la vérité, ne nous réservant rien qui nous fût propre, ni qui fût ou sien, ou mien. »

1 - Notre intelligence : notre entente.
2 - Montaigne avait alors 25 ans, La Boétie 28.

Essais (1580-1595), livre Ier, chapitre XXVIII,
d'après l'édition de 1595.

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Puis je suis allé faire un tour en ville, notamment chez ma galériste favorite.

Elle a plein de nouveautés, et fort heureusement a vendu les deux seules qui m’intéressaient.

Elle a de petits bronzes très sympas d’une artiste nommée Catherine Ducreux.

Elle va organiser des « rétrospectives » mensuelles de ses quelques vingt artistes. La prochaine est sur Giraudi, le 08/12 ; je vais tout faire pour y aller avec Sally. Elle a aussi prévu d’en faire une sur Bocaj. Et là, elle m’a proposé de lui prêter mes deux toiles.

En effet, il semble qu’un collectionneur new-yorkais rafle tout ce qu’il trouve pour les exposer dans une galerie de la « Big Apple ». Donc, elle n’a plus grand’chose à exposer.

C’est bien bête et vain, mais ça m’a fait vraiment très plaisir. (J’ai bien évidemment aussi appelé de mes vœux une flambée de la côte de mes deux Bocaj, déjà que les grandes toiles de Giraudi prennent 500 euros tous les 6 mois…).

Et enfin, cerise sur le gâteau, un photographe du « Point » est venu tirer quelques clichés pour le numéro du premier décembre. Une reconnaissance très amplement méritée pour une professionnelle accessible et passionnée…

PS: La "guerre des plateaux repas" est déjà terminée (cf note précédente). L'administration a capitulé en rase campagne (pour l'instant).

"No pasaran"