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03/11/2006

Question intéressante.

medium_CNOM.jpg« Est-il judicieux, voire possible, de dénoncer les déviations éthiques des médecins ? ».

 

C’est la question que pose une décision ordinale du CNOM d’Ile de France (histoire lue initialement sur formindep). Sans rentrer dans les détails, un médecin maître toile a ironisé sur les rapports étroits qu’entretenait un de ses confrères avec l’industrie pharmaceutique.

 

La réponse du CNOM est claire : Le premier a violé les règles de confraternité, il est donc condamné à un blâme et à régler les frais de la procédure. Par ailleurs, que ses allégations soient vraies ou fausses n’entre pas en ligne de compte (notion d'exceptio veritatis)

   

Plusieurs remarques.

 

Primo, le texte incriminé est paru uniquement sur la toile. Cela doit nous faire réfléchir sur ce que nous marquons dans nos notes. Le médecin incriminé a retrouvé son nom, cité dans le texte incriminé en utilisant Google. L’espace de liberté que représente le web n’est qu’une illusion, qu’on se le dise !

 

Secundo, bien que me sentant proche du condamné, je ne suis pas d’accord avec sa façon de faire.

 

Je comprends largement son dégoût devant la collusion médecins/industrie, mais je pense qu’il n’est pas de son ressort de jouer aux justiciers. La justice ne peut et ne doit pas être individuelle. Imaginez la foire d’empoigne dans un domaine aussi délicat que celui de la santé et des soins aux malades si chaque confrère avait le droit de dire du mal (même si c’est justifié) sur tel ou tel autre ! Pour le coup, les patients ne pourraient que perdre confiance en nous, à mon avis bien plus dégoûtés devant la cacophonie ordurière que devant le silence assourdissant imposé par la confraternité.

  

Si ce médecin mis en cause viole éhontément l’article 5 du code de déontologie, pourquoi ne pas avoir mis en route une procédure auprès du CNOM ?

 

Par ailleurs, tout se sait toujours et en général on n’adresse pas de patient à un mouton noir. Cette autorégulation est certes imparfaite, car d’infortunés patients vont toujours aller voir de mauvais médecins, mais à mon avis, nos remarques sur tel ou tel confrère ne doivent pas dépasser notre cénacle, voire même notre cercle de proches professionnels. Là est le prix, certes élevé, de notre crédibilité. Ensuite, cette dernière ne doit être utilisée que pour le bien de nos patients. Les autorités sanitaires cogitent pour mettre en place une sorte d’accréditation individuelle. Ce n’est pas pour demain, mais espérons qu’elles permettront d’éliminer un peu d’ivraie.

  

Tercio,  le texte incriminé étant toujours en ligne (notamment car il est cité in extenso dans l’arrêt du CNOM), le médecin mis en cause dans le forum n’a fait qu’amplifier ce qu’il voulait voir disparaître à jamais de la toile.

Une happy-end de cette histoire ?

22:40 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (4)

Recette de cuisine sur le net.

medium_nuclear.jpgMieux que marmiton.org ! Lu sur tf1.fr, et lemonde.fr, cette information fabuleuse. Le NYT a révélé aujourd’hui que le gouvernement américain a mis en ligne par négligence des instructions afin de fabriquer une bombe A.

Ces documents sensibles rédigés en arabe ont été publiés librement sur le net avec des milliers d’autres depuis mars dernier. Initialement cela devait permettre à des traducteurs amateurs d’aider les services américains à décrypter les centaines de milliers de documents saisis durant la deuxième guerre d’Irak. Le manque cruel de traducteurs officiels avait alors poussé la majorité républicaine à demander au Gouvernement de rendre public des documents non traduits. Le but étant bien sûr qu'un traducteur bénévole signale à ce dernier un document justifiant a posteriori l'invasion de l'Irak.

En théorie, un premier tri rapide devait permettre de ne pas mettre en ligne de documents confidentiels. De toute évidence, ce premier tri a été un peu trop superficiel….

L’histoire serait hilarante, si elle ne faisait pas autant froid dans le dos.

Morceaux choisis :

[...] 

Last March, the federal government set up a Web site to make public a vast archive of Iraqi documents captured during the war. The Bush administration did so under pressure from Congressional Republicans who had said they hoped to “leverage the Internet” to find new evidence of the prewar dangers posed by Saddam Hussein. But in recent weeks, the site has posted some documents that weapons experts say are a danger themselves: detailed accounts of Iraq’s secret nuclear research before the 1991 Persian Gulf war. The documents, the experts say, constitute a basic guide to building an atom bomb.” Last night, the government shut down the Web site after The New York Times asked about complaints from weapons experts and arms-control officials. A spokesman for John Negroponte, the director of national intelligence, said access to the site had been suspended “pending a review to ensure its content is appropriate for public viewing.” [...]

Officials of the International Atomic Energy Agency, fearing that the information could help states like Iran develop nuclear arms, had privately protested last week to the American ambassador to the agency, according to European diplomats who spoke on condition of anonymity because of the issue’s sensitivity. One diplomat said the agency’s technical experts “were shocked” at the public disclosures. [...]

The documents, roughly a dozen in number, contain charts, diagrams, equations and lengthy narratives about bomb building that nuclear experts who have viewed them say go beyond what is available elsewhere on the Internet and in other public forums. For instance, the papers give detailed information on how to build nuclear firing circuits and triggering explosives, as well as the radioactive cores of atom bombs.

[...]”

20:45 Publié dans Histoire | Lien permanent | Commentaires (3)

La religion et les soins.

medium_religion.jpgJ’ai reçu par mail une question soulevant un problème qui se pose de plus en plus fréquemment aux soignants.



"Je suis mal à l'aise depuis hier soir !J'ai vu un reportage sur un hôpital anglais dans lequel on fournit une burka verte aux femmes qui le désirent .Ne sont visibles que les yeux .Le médecin ne voit pas leur corps ,ne les touche pas ! Cela m'a révoltée et puis l'interview a continué avec une infirmière .Elle trouvait normal que chaque confession puisse vivre sa religion tranquillement ,même à l'hôpital..Là ,je me suis sentie mal à l'aise !Serais-je devenue si intolérante ou sont-ce les autres qui marchent sur la tête ? J'avoue douter très profondément et me poser des questions !Toute ma vie d'enseignante en milieux difficiles ,de citoyenne et de mère de famille ,j'ai combattu pour le respect de la personne ,pour l'égalité des chances,pour la parité etc..Est-ce un progrès pour la Femme que de la cacher totalement pour satisfaire l'interprétation erronée de textes sacrés ?Je précise que - travaillant dans une école avec 75% d'étrangers ,17 nationalités et de nombreuses confessions - j'ai acheté le Coran et l'ai lu . Je voulais pouvoir répondre sereinement aux familles musulmanes et me forger mon opinion .Et vous , qu'en pensez-vous? Moi,je sais plus !

M. (fidèle accompagnatrice de votre blog) :-)"

 

 Voici ma réponse :

  

C’est une question qui se pose de plus en plus fréquemment dans les hôpitaux, même si je n’ai jamais été directement confronté à ce problème.
 

 

Mon attitude générale est clairement laïque.

Si le/la patiente gène mes soins en arguant des motifs religieux, je lui prierai poliment de consulter quelqu’un d’autre et/ou de quitter le service.

La religion doit s’arrêter là ou commencent les soins. Par contre, je respecte totalement une pratique religieuse compatible avec l’état de santé du patient et l’environnement hospitalier.

Par ailleurs, les musulmans que l’on stigmatise pourtant beaucoup appliquent une attitude pleine de bon sens en ne suivant pas le jeûne du Ramadan lorsqu’ils sont malades.

A vrai dire, encore une fois, à part de vagues soucis avec un ou deux patients refusant toute transfusion sanguine à l’époque de mon externat, l’immense majorité des malades croyants comprennent et se plient aux contraintes de notre système de soins.

14:47 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (4)