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28/10/2006
Quizz de la nuit
Une infirmière m'a appelé parce qu'un greffé cardiaque « ancien » (c’est à dire loin du post-greffe immédiat) avait mal à la poitrine. Elle lui a fait un ECG.
Qu’est-ce que ça ne peut pas être ? (sauf bien sûr exception)
Et pourquoi?
07:50 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (7)
26/10/2006
A quoi rêve un cardiologue ?
Les autres, je ne sais pas, mais moi, depuis quelques semaines, je repasse mon internat ou le concours de P1 tous les soirs.
Les bâtiments sont toujours plus ou moins ceux de la fac Rockefeller à Lyon.
Chaque fois, la même chose.
Je stresse comme un fou toutes les nuits parce que je me perds, ou ne comprends pas l’énoncé qui est dans une langue étrangère, ou parce que j’ai fait l’impasse sur le sujet, qui peut être parfois franchement abracadabrant (genre exercice d’anglais).
J’ai donc des réveils assez moyens.
On sous estime le traumatisme profond de ces concours passés il y a tant de temps et qui viennent encore me hanter régulièrement (alors que je les ai eus !).
20:15 Publié dans ma vie quotidienne | Lien permanent | Commentaires (11)
25/10/2006
Nouvelle boucle
I Wish I Was A Punk Rocker (With Flowers In My Hair) Sandi Thom lyrics
Artist: Sandi Thom
Album: Smile... It Confuses People
Year: 2006
Title: I Wish I Was A Punk Rocker (With Flowers In My Hair)
°0°0°0°0°0°0°0°0°0°
Chorus
Oh I wish I was a punk rocker with flowers in my hair
In 77 and 69 revolution was in the air
I was born too late and to a world that doesn't care
Oh I wish I was a punk rocker with flowers in my hair
When the head of state didn't play guitar,
Not everybody drove a car,
When music really mattered and when radio was king,
When accountants didn't have control
And the media couldn't buy your soul
And computers were still scary and we didn’t know everything
Chorus
When popstars still remained a myth
And ignorance could still be bliss
And when God Saved the Queen she turned a whiter shade of pale
When my mom and dad were in their teens
and anarchy was still a dream
and the only way to stay in touch was a letter in the mail
Chorus
When record shops were on top
and vinyl was all that they stocked
and the super info highway was still drifting out in space
kids were wearing hand me downs,
and playing games meant kick arounds
and footballers still had long hair and dirt across their face
Chorus
I was born too late to a world that doesn't care
Oh I wish I was a punk rocker with flowers in my hair
20:19 Publié dans Musique | Lien permanent | Commentaires (2)
La deuxième pierre dans le jardin
Je ne vais pas vous en faire un tas, mais je suis tombé sur cet article du Monde qui relate les mésaventures d’Acomplia en Allemagne.
Le comité fédéral allemand de la santé a recommandé au ministre de la santé de placer l’Acomplia dans la peu enviable catégorie des « médicaments de confort », autrement dits non remboursés. Le ministre de la santé allemand a deux mois pour faire connaître sa décision.
A 80.23 euros la boite de 28 comprimés, en cas de non remboursement la pilule risque d’être amère pour les patients, qui outre Rhin, voudraient envers et contre tout suivre ce traitement.
Sans compter, comme il est dit dans l’article, l’effet dévastateur sur la crédibilité de cette molécule, qui n’en avait vraiment pas besoin.
Le chiffre d’affaire annuel escompté par Sanofi-Aventis, avant que la baudruche se dégonfle était tout de même de 2,4 milliards d'euros.
19:25 Publié dans Prescrire en conscience | Lien permanent | Commentaires (2)
24/10/2006
Le papillon et la coloscopie.
Vous connaissez la théorie du chaos : « Prédictibilité : le battement d'ailes d'un papillon au Brésil peut-il provoquer une tempête au Texas ? ».
Dans mon histoire, ce n’est plus un papillon, mais un crabe, mais ça ne change pas beaucoup l’histoire.
Voilà donc ce que cela donne chez un patient de 50 ans, vu lundi matin pour son bilan cardiaque annuel.
Cancer colique opéré à l’âge de 22 ans en 1978, il échappe à la poche de colostomie, mais il en sort totalement impuissant.
Suivi par transits barytés, puis coloscopie.
Au cours d’une coloscopie, rupture du colon, septicémie, chirurgie en urgence puis des semaines de réanimation.
Primo, il se retrouve avec une poche définitive.
Secundo, il perd ses reins dans l’histoire.
Dialyse pendant 10 mois.
Puis greffe rénale.
Il y a vraiment des gens accablés sur Terre…
12:55 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (2)
Le staff.
Hier au soir, j’ai participé activement à un staff de chirurgie vasculaire.
Le plus souvent, je me contente d’écouter les présentations d’articles, mais lors de la dernière réunion, j’avais promis au patron de parler de la revue « Prescrire ».
Le déroulement est assez stéréotypé : le laboratoire qui finance le petit buffet fait sa publicité pendant 10 minutes, puis les deux PH/CCA présentent chacun un article, puis on termine en apothéose par la présentation de Jean-Paul.
Jean-Paul est mon idole.
Ce cardiologue, un peu dilettante il est vrai, a profité d’un petit accident de tennis l’an dernier pour apprendre le russe, le piano et surtout pour passer un diplôme de statistiques.
Les présentations sont un peu rêches (comme le sujet), mais il nous apprend à disséquer un article scientifique pour en estimer la valeur.
La non-infériorité, la supériorité, les écart-types, les risques relatifs et absolus virevoltent dans la pièce pendant environ 20 minutes.
C’est lui qui m’a fait découvrir l’envers du miroir, c'est-à-dire que de nombreuses études scientifiques sont déficientes méthodologiquement, voire carrément pipeautées.
Jean-Paul, c’est un peu ma pilule rouge.
Quand on sait que l’on s’appuie sur ces papiers scientifiques pour prescrire le traitement optimal à un patient donné, on se rend compte de l’importance d’avoir quelques notions de statistiques.
J’ai donc parlé avant Jean-Paul. Après, en général, tout le monde est dans le coma.
Je me suis trouvé très mauvais, par manque évident d’entraînement, mais passons.
Ce petit travail m’a permis de réfléchir sur ma revue médicale favorite.
Je ne peux pas mettre en ligne le fichier power-point, qui fait 5 Mega, mais voici le texte des trois dernières diapos :
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Discussion 1/2: points négatifs
• Fond (revue et site web) parfois ingrat
– Site web peu ergonomique
– Illustrations et charte graphique de la revue parfois peu attrayantes
• Certaine tendance à l’autosatisfaction et à l’auto congratulation.
• Dénigrement systématique de toute molécule « me too », même si sa classe thérapeutique est connue et reconnue.
• Pas vraiment d’apprentissage à la lecture d’articles scientifiques (Jean-Paul, qu’attends-tu pour postuler au comité de rédaction??)
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Discussion 2/2: points positifs
• Une quinzaine de procès en 25 ans, tous gagnés.
• La revue est citée pour son indépendance dans un rapport sénatorial «sur les conditions de mise sur le marché et de suivi des médicaments» déposé le 8 juin 2006.
• Très nombreuses sources bibliographiques (essais pré commercialisation, essais négatifs…).
• Focalisation sur les « critères durs » et le « principe de précaution ».
• Articles clairs nets et précis.
• INDEPENDANCE + CONTRE POUVOIR (contre mesures des labos)
• Fond un peu rebutant.
• Forme indiscutable mais parfois sans nuance.
• Seul contre-pouvoir par rapport aux firmes pharmaceutiques.
• 12 numéros par an
– Normal: 225/243/450 € (tranquillité/1 an/2 ans)
– Réduit: 165/183/330 €
– Etudiant: 115/133/230 €
09:05 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (3)
23/10/2006
Les Brûlés.
Je n’avais encore jamais parlé de cet endroit, ici, mais j’y suis allé ce matin.
Le service est fléché par de rares panneaux « Grands Brûlés ».
Sa nature et sa localisation précises sont indiquées presque comme à contre cœur, comme lorsque l’on évite de prononcer certains mots.
La double porte bleue n’est même pas renseignée, d’ailleurs, il n’y a pas de salle d’attente pour les familles.
Peut-être, en scrutant longtemps la bande de crépi crasseux au dessus d’elle, le visiteur pourrait y voir apparaître la phrase prémonitoire : « Lasciate ogne speranza, voi ch'intrate ».
Je sonne à l’interphone, la porte s’ouvre, j’y glisse mon appareil d’échographie.
Moi, je passe donc par un vestiaire spécial. En effet, contrairement aux autres services de réanimation, il faut se déshabiller afin d’enfiler un pantalon et un sarreau stériles, un masque et un calot jetables.
A l’entrée, on laisse vraiment tout.
Bien que le service soit situé au premier étage, la lumière du jour ne pénètre jamais ici ; pas de fenêtre, comme pour conjurer l’espoir. Une lumière un peu blafarde rend l’ambiance encore plus désespérante.
Un sas, premier cercle, le secteur « tiède ».
Encore une porte, deuxième cercle, le secteur « chaud ».
Ce n’est pas une vue de l’esprit, malgré la tenue légère il règne toujours une chaleur moite infernale ici. Surtout, il y fait encore plus sombre.
Les portes vitrées ouvrent sur les tourments de chaque malade.
Chaque chambre comporte un lit avec une sorte de baldaquin ou pendent des ridelles épaisses en plastique transparent. A côté, un respirateur, à côté encore une vaste baignoire surmontée d’un palan. Au fond de la baignoire repose une sorte de sommier en acier inoxydable. La chaleur humide provient de ces bains désinfectants.
Première chambre à gauche, une infirmière baigne un malade immergé presque entièrement. Seules surnagent une tête sans cheveux ni sourcils, et deux mains. Toutes trois sont couvertes de plaies sanguinolentes.
Première chambre à droite, deux médecins noirs massent et intubent un patient.
Je ne les avais jamais vus ; je souris en me rappelant que les anciens auteurs pensaient que la peau des éthiopiens était noire parce que brûlée par le char du soleil rendu fou par Phaéton. Des médecins à la peau brûlée gardent des brûlés sans peau.
Le patient qu’ils réaniment est celui pour lequel je suis venu.
Ils le récupèrent.
Je rentre mon appareil d’échographie dans la petite chambre exigüe.
Il y fait encore plus chaud, entre l’agitation de la réanimation et la chaleur émise par les appareils et les 6 êtres humains qui s’y entassent et se gênent.
Je me penche pour brancher mon appareil, à travers un fouilli de fils électriques .
Un gros bruit de déchirure me fait sursauter.
Je viens de craquer l’arrière de mon pantalon sur une bonne vingtaine de centimètres.
On éclate tous de rire (sauf le patient).
« Ca arrive souvent » me précise, hilare, un des deux médecins. J’accuse alors les infirmières présentes de détricoter les coutures pour favoriser les rencontres avec les médecins. Tout le monde rit en poursuivant son travail
Ouf, un peu d’air frais malgré l’atmosphère étouffante.
En moyenne, ici, une infirmière tient deux ans avant de demander sa mutation dans un autre service.
15:00 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (3)