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05/05/2005

Histoire triste.

medium_the_sea-01.jpgUne histoire triste, pour relativiser tous ses petits tracas quotidiens.

Hier après midi, je vois les entrées de la clinique.
Je découvre le dossier médical d’un patient de 72 ans. Il vient de deux établissements privés, disons…, pas recommandables.
La lettre est succincte : hyperthermie, tableau d’IDM antérieur à coronaires saines. Deux coronarographies, pour bien vérifier que les coronaires soient bien saines, insuffisance rénale post injection d’iode, dialyse provisoire.
Amélioration progressive de la créatininémie, et de la fonction cardiaque. Il a quand même failli y passer. Globalement, l’histoire ressemble plus à une myocardite, qu’à un infarctus à coronaires saines. Passons.

Je rentre dans la chambre du patient, qui est accompagné de sa femme.
Grands sourires, ils sont ouverts, et appartiennent à un milieu aisé, mais sans tape à l’œil.

La conversation s’engage.
« Et, vous n’avez jamais eu de problème médical ?
- non, jusqu’à il y a 8 mois, ou on m’a découvert une maladie de Vaquez, depuis, je suis sous HYDREA.
- Ah bon ? (détail important, passé sous silence dans le courrier, sois disant médical)
- Je suis lucide, ça va dégénérer en leucémie aiguë, mais je voudrais avoir encore quelques années devant moi pour m’occuper de mes orphelines de 14 ans
- Vous avez adopté des orphelins ?
- Non, ce sont nos petits enfants, nous avons perdu notre fille à l’âge de 43 ans, d’une rupture d’anévrysme en 2003.
- Et le père ?
- Mort d’un cancer en 2000 à 41 ans, un homme remarquable….
- Vous n’avez pas de chance, vous n’avez pas eu trop de mal pour adopter vos petites filles ? La DASS a parfois une logique différente.
- Non, je suis leur tuteur, et puis notre fille était connue des services sociaux, donc les démarches ont été simples
- Ah bon ?
- Oui, elle buvait, et se droguait.
- C’est terrible, ce qui vous ait arrivé…
Ils se mettent à pleurer tous les deux
- Ce n’est pas le pire, nous avions trois petites filles, mais l’aînée de 18 ans s’est suicidée il y a 8 mois, elle ne s’est jamais remise de la mort de sa mère. Elle a rompu son anévrysme, alors qu’elle se baignait. La mer ne l’a rendue que quelques jours après. Seule l’aînée était présente, et elle a du reconnaître le corps décomposé. Cette image la hantait toutes les nuits. Elle ne l’a pas supportée…
- …….. »

21/04/2005

Cachez ce sein que je ne saurais voir.

medium_id13560.jpgLa nudité est toujours un problème en médecine.
Et encore, ma spécialité s’intéresse essentiellement à des personnes âgées, et au « haut ».
Mais bon, quel externe, et dans une moindre mesure au-delà, n’a pas bafouillé et rougi en demandant à un/une patiente de se déshabiller ?
C’est la pire des situations, car le/la patiente ressent immanquablement ce trouble, et la nudité envahit l’espace, étouffant par ses lourdes effluves un geste se voulant totalement asexuel.
Avec l’expérience, et la répétition, ça passe, rassurez vous petits Padawan.
La plupart de mes patientes sont âgées, et elles s’excusent souvent du triste spectacle qu’elles m’offrent.
Pour les trentenaires et en deçà, les choses se compliquent (je viens de remarquer que cette fourchette ne va pouvoir que s’élargir avec mon âge !)
Pour moi les choses sont claires, l’exercice de la médecine, et la sexualité sont totalement incompatibles. Un tabou absolu
Mais comme le dit si bien Tartuffe :
« Ah! pour être dévot, je n'en suis pas moins homme;
Et lorsqu'on vient à voir vos célestes appas,
Un cœur se laisse prendre, et ne raisonne pas.».


Heureusement/malheureusement les tentations sont rares.

Une fois seulement.
La fille d’un patient grec déprimé, qui ne faisait que syncoper.
Brune, sculpturale, très belle poitrine, beau sourire. Je l’imaginais volontiers en Déméter, ou plutôt Diane chasseresse, belle et généreuse. Une magnifique héllène, la Belle Hélène elle même, en fait.
J’écoutais son père d’une oreille distraite par sa contemplation.
Il parlait, parlait, parlait…
A la fin de l’entretien, ils se lèvent, et elle me dit « j’ai un souffle cardiaque, vous voudriez pas me voir en consultation ? ».
Je me suis alors dit que la Divinité (Aphrodite?) devait laisser traîner ses oreilles au dessus de ma salle de consultation juste à ce moment là.
Un don du ciel, une pomme d'or.
Pour une fois, pour moi.

« - Euuuh, prenez rendez-vous avec mon secrétariat, ou plutôt non, allongez vous, je vais vous ausculter ».

Comme son père était resté dans la pièce, il était de dos mais je n’ai même pas pensé à le faire sortir, je lui ai simplement fait remonter son petit pull-over noir, sans dégrafer son soutien-gorge en dentelle noire.
Moment délicieusement embarrassant, je n’ai même pas écouté son coeur au début.

J’ai un peu prolongé l’examen clinique : couchée sur le dos, sur le côté gauche, penchée en avant.
Je me disais : je n’entend rien d’anormal, est-ce que je la convoque pour une échographie ?

Evidemment, ce n’est pas l’envie qui m’en manquait : petite salle sombre, l’examen rend nécessaire d’enlever tout le haut…
Et puis, ce n’ai pas tout à fait une patiente, mais la fille d’un patient (je sais, c’est un argument un peu jésuitique…).

Uhmmmm.
Soyons fou ?

« Vous n’avez rien, c’était probablement un souffle fonctionnel, courant dans l’enfance ».

Ainsi passa le rêve de Lawrence.

20/03/2005

Paroles de patients.

medium_doctor-strange-169-cgc-8.0.jpgRéponses d’un médecin le lendemain d’une garde difficile (ou grognon, un mauvais jour)

Docteur, quand je fais ça (il mime un geste assez peu naturel), j’ai mal à la poitrine.
Ben, ne le faites plus…

Bonjour Monsieur, pardon, Docteur…

Ce n’est pas grave, je suis né Monsieur, et je mourrai Docteur.

Docteur, je vais mourir ?
Oui.
Comme nous tous…

Docteur, c’est grave ?

Non, oui, ça dépens…

Docteur, désormais, je peux faire quoi ?

Tout, sauf sauter à l’élastique d’un pont, et devenir cascadeur.
Et j’oubliais, baiser….

Votre traitement, ça va marcher ?

Non, c’est pour ça que je vous le donne…

Je vais vous chercher les pouls [fémoraux]
Des poux?!
Vous me prenez pour qui, je suis propre moi...