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13/10/2005

Le conflit israélo-palestinien.


medium_250px-nagasakibomb.jpgLes tueries mêmes lointaines ont parfois des échos jusqu’à la paisible clinique dans laquelle je travaille.

La multiplicité des ethnies, parfois antagonistes est un casse tête pour la gestion des chambres doubles.

On essaye, autant faire ce peut de ne pas faire de « mélange ».

Pourquoi ne pas les favoriser, au contraire, pour faciliter la connaissance de l’autre, me direz-vous.

C’est bien mon avis, mais malheureusement il est inapplicable en pratique.

La chambre double est déjà en soi même très souvent vécue comme une agression, un huis clos sordide et oppressant.

Autrement dit, pas un lieu pour faire connaissance, et s’ouvrir à l’autre. Bien sûr, les choses sont plus faciles dans le gymnase, ou à la salle à manger. Encore, que j’y ai remarqué peu de réels échanges.

Les surveillantes, qui gèrent ce casse tête chinois (lui, s’immisce dans toutes les chambres…) placent donc tout ce petit monde en fonction de leur origine ethnique/religieuse.

Tout se passe bien le plus souvent, mais un nom est parfois trompeur, et l’irréparable peut se produire à tout instant.

Ainsi, un matin, des éclats de voix proviennent d’une chambre, et un patient en sort en furie. Ce patient, auparavant sans histoire, né en Tunisie, israélite, mais au nom vaguement arabisant accusait son voisin (né en Tunisie, lui aussi) de le provoquer en sortant un énorme Coran à la couverture verte.

Grosse gène, accusations d’antisémitisme, beaucoup de temps (1/2 matinée) et de salive perdus (1/4 litre d’Evian).

Le plus simple était de les séparer, mais aucun des deux n’a voulu laisser « sa » chambre à l’autre.

Cela ne vous rappelle pas quelque chose ?

 

Le Monde est vraiment fou…

07/10/2005

La vieillesse est un naufrage (bis)

 

medium_roman_elder.jpgLe hasard quand même...

Le jour ou je tapais cette note sur la vieillesse, notamment sur la chance que nous avions de ne pas nous rendre compte de notre déchéance, je suis tombé sur cette phrase d'Erasme dans "L'éloge de la folie":

"Enfin, voici l'importune vieillesse, à charge à autrui comme à elle-même, et que personne ne pourrait supporter, si je ne venais encore secourir tant de misères."

et

"Ajoutez que les vieillards adorent les enfants et que ceux-ci raffolent d’eux, car qui se ressemble s’assemble.

Ils ne différent que par les rides et le nombre des années.

Cheveux clairs, bouche sans dents, corps menu, goût du lait, balbutiement, babillage, niaiserie, manque de mémoire, étourderie, tout les rapproche ; et plus s’avance la vieillesse, plus s’accentue cette ressemblance, jusqu’à l’heure où l’on sort des jours, incapable à la fois, comme l’enfant, de regretter la vie et de sentir la mort."

 

C'est la folie qui parle, et qui se vante d'apporter le réconfort par l'oubli.

06/10/2005

La vieillesse est un naufrage.

medium_vieux.jpgCe soir, je vais chercher une dame de 88 ans pour lui faire un doppler artériel des membres inférieurs.

Sa jambe droite est froide, et une ischémie est suspectée.

Le soleil se couche en rougeoyant comme un damné, au milieu de lambeaux de nuages mauves et orangés

Ma patiente s’agrippe comme une perdue à mon bras car elle est presque aveugle, la crainte de la chute chevillée au corps.

Sa marche, sa voix, ses idées tremblotent comme une flamme sur le point de s’éteindre, ou justement le soleil avant de disparaître.

Elle sent l’aigre, et des remugles me parviennent de sa couche.

Je me dépêche de faire le döppler, elle est à un âge ou même rester au repos sur un lit est une épreuve.

En fait, chaque instant est plus difficile que le précédent.

La nature, dans son immense sagesse nous prive de notre discernement à un âge où nous faisons naufrage heure après heure, minute après minute, seconde après seconde.

Si j’étais à sa place avec une parcelle d’entendement, je n’aurais pas vécu au-delà du dernier rayon orangé en cette belle fin de journée d’octobre.