24/11/2005
Starsky et Hutch 2005
Un patient revient un soir passablement éméché, et un peu agressif. On appelle le commissariat du coin, pour le faire dégriser à l’ombre. Réponse négative des pandores, qui ont d’autres chats à fouetter.
La nuit se passe pas si mal, l’épisode est clos et pardonné (la clinique est un peu vide en ce moment).
Deux jours après, on fracture le casier d’une infirmière, et on vole sa voiture avec les clés trouvées dans son sac. Stupéfaction dans la clinique, on accuse les femmes de service (c’est une grande constante, totalement irrationnelle dans cet établissement), des « gens de passage ».
Bref, on ne sait pas qui sait qui c'est.
Le lendemain, appel de la police, qui nous demande si le patient ex-éméché est chez nous, on acquiesce.
Ne bougez pas, retenez le, on arrive.
Et en effet, ils arrivent en force.
Ils sautent à quatre sur le patient qui s’en grillait une sur le balcon, le menottent et le poussent dans leur voiture. Bien évidemment devant des patients effarés et inquiets (ils ont tous eu « la douleur » dans le quart d’heure qui a suivi).
En fait, notre patient, qui paraissait assez paisible, agissait en bande organisée et écumait la région depuis un certain temps. Il se servait de ses hospitalisations (justifiées, par ailleurs c’est un « vrai » malade), comme alibi.
Après avoir volé la voiture de l’infirmière, il est allé l’encastrer, complètement saoul, dans un autre automobiliste le soir même.
C’est en s’intéressant à cet accident que la police a fait la relation avec notre patient, et d’autres affaires.
Comme quoi, il faut se méfier de l’eau qui dort.
20:00 Publié dans Des patients... | Lien permanent | Commentaires (1)
03/11/2005
Les plis.
Histoire survenue lundi matin à la visite.
Je rentre dans la chambre d’un monsieur de 65-70 ans, opéré cardiaque récent.
Il attaque d’emblée :
« Docteur, ça ne marche pas…
Le « ça » ne peut que se référer qu’au dieu Priape, aucune confusion possible.
- Et bien, c’est un peu normal après une intervention comme la votre ; avant, « ça » marchait ?
- Des fois oui, des fois non, je peux prendre du viagra ?
- Attendez un peu, un mois ou deux, pour voir si « ça » revient.
-De toute façon, je ne peux déjà plus caresser ma femme debout.
Je sens que cette conversation va « partir sur le toit », je garde mon sérieux, imperturbable. J’imagine même fugitivement que « ça », ne pouvant plus vaincre l’apesanteur, son propriétaire ne peut plus l’utiliser que couché. Non, c’est encore plus grandiose…
- Ah bon, pourquoi ?
- Pour faire disparaître les plis
- Ehhhh ?
- Vous voyez, ma femme a pris de l’embonpoint, et je n’y arrive plus qu’en la caressant couchée, les plis tirés.
Je suis sorti rapidement pour rire dans le couloir.
Le surlendemain, un infirmier les a surpris sur le lit, en pleine expérimentation newtonienne.
19:48 Publié dans Des patients... | Lien permanent | Commentaires (2)
La maladie de Carré
Aujourd’hui, huitième et dernière lettre de sortie pour demain, après une bonne journée de travail.
Bien évidemment, je tombe sur un patient entré le 12 août 2005, soient près de 2 mois et demi de séjour.
"Cher confrère, merci de recevoir Monsieur..."
Peu motivé, je résume ce dossier pléthorique à la hache, passant sur tous les petits incidents minimes relatés par nos mots quotidiens inscrits sur le dossier médical.
"Il a présenté une anémie sévère, ayant nécessité une transfusion..."
La surveillante et l’infirmière discutent à mes côtés, pendant que je cause au dictaphone, de plus en plus amorphe.
"Actuellement son état s'est stabilisé..."
Tout a commencé par la phrase suivante :
« Nous avons réalisé la vaccination anti grippale le 18 octobre 2005 ».
Alors, le patient s’est mué instantanément en chien, un épagneul breton pour être plus précis.
« Nous lui avons aussi fait la maladie de Carré, un tatouage à l’intérieure de l’oreille droite, une vermifugation et mis un collier anti tiques »
Puis 10 minutes de rires, de pleurs, de contorsions sur nos sièges.
Ca va mieux, j’ai pu terminer ma lettre, en laissant nos délires sur l’enregistrement pour que la secrétaire en profite aussi demain matin.
Ouarff !
19:30 Publié dans Des patients... | Lien permanent | Commentaires (2)