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17/11/2008

La personne âgée est perverse.

J’ai fait récemment un joli diagnostic dont je ne suis pas peu fier.

Que ceux qui trouvent le diagnostic évident se rappellent que je suis cardiologue…

 

Une première infection urinaire chez une dame de 75-80 ans qui passe sous Noroxine®.

Bon, pas de quoi se relever la nuit (sauf pour la patiente…).

Deuxième infection urinaire mais cette fois les urines sont marrons et sentent vraiment très mauvais, la merde, pour appeler un chat un chat.

Donc fécalurie, intermittente par ailleurs.

Notion de diverticulose colique.

Donc fistulisation d’un diverticule sigmoïdien dans la vessie.

 

Quand j’ai transféré la patiente aux urgences, elle s’était mise en choc septique.

Le scanner a confirmé l’hypothèse diagnostique.

J’espère qu’elle s’en sortira, car par ailleurs, son état cardiaque est très précaire.

 

A part la fécalurie, et in fine le choc septique, elle n’avait aucun symptôme. A l’examen, à la fin, un simple plastron sous ombilical.

 

J’avais déjà vu passer une patiente à peu près du même âge qui avait rompu un diverticule sigmoïdien. Heureusement, le mésentère avait joué son rôle de pompier du péritoine et avait bouché la brèche.

Hormis 24000 blancs sur la NFS et une vague douleur abdominale, elle ne se plaignait de rien.

Là encore, c’est le scanner abdominal (fait à la recherche d’un abcès profond) qui a fait le diagnostic. Méfiance, méfiance donc, chez la personne âgée où les signes cliniques sont souvent assourdis et noyés dans une cacophonie d'autres plaintes.

17:26 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (2)

12/11/2008

Sociétés savantes.

J’ai peut-être été un peu dur avec ces vénérables institutions, mais je vais vous raconter le seul contact que j’ai eu avec l’une d’entre elle.

Contact qui a durablement influencé la vision que j’en ai.

 

Entre la fin de mon internat, ma thèse, et ma prise de poste de CCA se trouvait, béant, un trou de 5 mois.

 

J’avais donc demandé l’année d’avant à mon patron de m’envoyer, si possible dans un service parisien, pour tenter d’approcher l’excellence.

Il m’a mis en contact avec un patron, un grand nom de la cardiologie française.

Je ne vais pas donner son nom, vous saurez de qui il s’agit quand je vous dirai qu’il allie trois qualités le plus souvent parfaitement incompatibles : un esprit brillant, une grande gentillesse et une grande simplicité. Last but not least, ce n’est pas une qualité, pas vraiment non plus un défaut, mais il est par ailleurs très tête en l’air.

 

Je le rencontre cinq, six mois avant mon arrivée, et nous arrangeons les modalités pratiques. Il n’a bien sûr pas de poste à m’offrir, mais il va réussir à m’obtenir un poste de praticien attaché en médecine nucléaire. Cela peut paraitre curieux, puisque je n’en ai jamais fait, mais ils cherchaient désespérément quelqu’un pour faire leurs épreuves d’effort, et mon arrivée tombait à point. Le reste de mes revenus proviendraient de mes gardes en soins intensifs.

 

Un peu plus tard, il m’envoie un appel à contribution pour briguer un prix d’environ 2000 euros. Il faut envoyer un projet de recherche et faire une mobilité sur Paris. Bref, ça me convenait parfaitement. Il me précise qu’il va réfléchir sur un sujet de recherche, et me l’envoyer pour que j’y travaille.

L’échéance pour envoyer le projet s’approche, et je n’ai aucune nouvelle, je lui envoie un mail.

Finalement, la veille ou l’avant-veille de la date limite, il me répond en m’envoyant un fichier word. Il me dit qu’il n’a pas trouvé de travail original, mais que je n’ai qu’à changer le nom du premier auteur, y coller le mien, et que ce « vieux projet », jamais abouti fera bien l’affaire.

Cette fois, exceptionnellement, j’ai fait confiance et j’ai déconnecté mes scrupules. J’ai donc mis mon nom sur ce travail et surtout n’ai pas lu le texte.

Heureusement que je n’ai pas lu ce fichier word avant de l’envoyer, vous allez voir pourquoi juste après.

 

Plusieurs semaines se passent, je reçois un courrier envoyé par la société savante qui octroyait le prix. Je l’avais obtenu !

Je ne me souviens pas trop des détails, mais le paiement se faisait en deux fois.

J’ai du présenter ce travail, sous forme de poster lors d’un congrès sur Paris pour recevoir la première partie.

Afin de rédiger le poster, j’ai donc ouvert pour la première fois le fameux texte du projet que je n’avais même pas lu,

Et là, surprise, le texte s’interrompait brutalement au beau milieu de la discussion. J’avais envoyé un texte tronqué sans queue ni tête et quand même obtenu le prix…

J’ai donc brodé la fin pour lui donner un minimum de cohérence, affiché mon poster et encaissé le premier chèque.

A la fin de mes 5 mois, pour des raisons techniques, nous n’avions pas pu terminer notre recherche, décidément destinée à ne jamais être menée.

Pas grave m’a répondu le patron parisien, on va leur envoyer un autre vieux projet pour que tu puisses toucher le second chèque !

 

Je ne sais pas si j’étais le seul à concourir. En tout cas, une chose est claire, je l’ai eu uniquement sur un mot, le nom de mon mentor parisien.

20:30 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (3)

L’AHA tacle JUPITER.

J’ai trouvé ce texte émis par l’AHA (American Heart Association), une des deux sociétés savantes étasuniennes de cardiologie en lisant cette note de l'excellent Dr JD Flaysakier. Ce dernier tacle lui-même les sociétés savantes françaises de cardiologie pour leur absence de réaction après la parution de cette étude.

 

Bon tout d’abord, JD, mon ami, il faut que je t’explique plusieurs choses afin que tu ne commettes plus la même injustice à l’avenir:

 

  • La Nouvelle-Orléans, contrairement à ce que son nom semble indiquer est aux Etats-Unis, et pas à côté d’Orléans. Il faut donc laisser le temps au pigeon voyageur qui sert de moyen de communication à nos éminences grises de la cardiologie de faire le trajet. D’après mes calculs, il devrait arriver en vue de la côte basque vers le milieu de vendredi prochain. De plus, comme tu dois le savoir, puisque tu travailles à la TV, l’ouragan Paloma sévit dans le coin, et le volatile tricolore a été obligé de faire un détour.


  • L’article du NEJM est écrit dans une langue étrangère, l’anglais, il faut donc le traduire et se le faire expliquer, ça prend du temps.


  • Le seul gus qui cause un peu anglais est invité par Astra-Zeneca, alors tu comprends bien qu’il est un peu gêné pour donner son avis.


  • Enfin, la sous-commission qui gère la section « métabolisme et statines » ne se réunira que le jeudi 29 janvier prochain à 11h30 pour sa réunion décennale décentralisée en province à Lyon (lieu de réunion : Brasserie Georges).


  • Hier c’était le 11/11, c'est-à-dire que le monde s’arrête en France (de toute façon, la sténographe est en cure thermale pendant 3 semaines pour ses rhumatismes à Amélie-les-bains).

 

 

 

Pour redevenir sérieux, que dit ce texte de l’AHA ?

 

Statins lower both LDL cholesterol and hsCRP. Thus, the findings presented today cannot determine whether lowering cholesterol, reducing inflammation, or a combination of both is responsible for the effects seen in this paper.”

 

On ne sait pas ce qui a permis la réduction de mortalité.

 

In a study by Wilson, et. al., published today in Circulation: Cardiovascular Outcomes and Quality, researchers concluded that circulating levels of CRP do help to estimate risk for initial cardiovascular events and may be used most effectively in persons at intermediate risk for vascular events, offering moderate improvement in reclassification of risk. These results agree with the 2003 AHA/CDC scientific statement about the use of markers of inflammation such as hs-CRP. In the Wilson study, using the Framingham data, CRP did also offer some ability to reclassify individuals at lower risk.”

 

Dans une étude récente, la CRP-US peut être utile pour stratifier le risque dans une population à risque intermédiaire (ce n’est pas le cas de celle de JUPITER, qui est à bas risque), et cet intérêt est qualifié de modéré.

 

Enfin, le texte rappelle la conférence de consensus AHA/CDC de 2003 qui précise que le dosage de CRP-US ne doit pas être généralisé, et que sa prescription reste à la discrétion de chaque médecin pour les patients à risque intermédiaire.

 

In the 2003 statement the American Heart Association and the Centers for Disease Control and Prevention concluded that measurement of CRP is not useful for broad screening of the entire American adult population. Rather, at a physician’s discretion, it was suggested to be useful for people at intermediate risk, to determine the specific preventive measures that might be employed. For those at high risk, treatment should already be aggressive.

 

07:10 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (3)