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13/10/2008

Lettre d’externe ??

J’ai écrit une note, mais je n’arrive pas à remettre la main dessus, où je tentais d’imiter l’inimitable style épistolaire médical des jeunes externes.

Ou comment écrire un courrier médical quand on ne sait pas grand'chose. En gros je raconte tous les antécédents du patient et je copie consciencieusement le traitement pour meubler. Si je ne sais pas pourquoi on lui envoie ce patient, le destinataire arrivera bien à trouver une donnée qui l’intéresse !

J’ai celui-ci à vous proposer :

 

Cher confrère,

Merci de bien vouloir recevoir Mr XXXX, patient de XX ans admis pour anémie avec découverte d’un probable myélome multiple des os à IgG + hypercalcémie, sans lésion osseuse visible à l’imagerie.

Nous vous l’adressons pour bilan pré-thérapeutique de son myélome ainsi que pour définir le retentissement de ce myélome au niveau cardiaque.

 

En vous remerciant, bien confraternellement.

 

 

Bon, "Bilan pré thérapeutique de son myélome", d’accord.

"Définir le retentissement [...] au niveau cardiaque", là, ça devient moins évident.

Mais bon, je ne regarde pas le signataire, et je débute l’examen.

Le patient a une mince ligne blanche qui suit son sternum.

« Mais, vous avez été opéré du coeur ?

Ben oui, les deux valves !! »

 

En fait, une plastie mitrale et une bioprothèse aortique. Je m’en suis sorti avec l’échographie et l’interrogatoire.

Je vais voir la signature, le sourire aux lèvres, sacré externe !

En fait c’était l’interne.

J’ai été médisant…

22:55 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (11)

07/10/2008

Les lauriers de cendre.

C’est un roman (moyen) de Norbert Rouland, mais c’est aussi un phare dans ma vie. Un phare, car cette expression marque exactement l’emplacement de l’endroit que je veux éviter.

J’en ai aussi parlé avec l’agrégé de la note d’hier.

Il m’a dit qu’il avait sacrifié sa vie de famille à sa carrière universitaire et médicale. Il s’en rendu compte récemment de tout ce à côté de quoi il était passé en « découvrant » une vie de famille avec ses petits enfants. Sa voix s’est enrouée quand il m’a évoqué cela.

 

C’est exactement ce que je ne veux pas faire.

Tout en sachant que ce sera difficile, étant donné l’évolution de notre métier et la désertification médicale actuellement localisée, bientôt systémique.

Je n’ai pas envie de me retrouver à 50-55 ans, couronné de lauriers de cendre.

09:27 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (8)

06/10/2008

le coup de téléphone de Nine

Récemment, un agrégé de médecine proche de la retraite, est venu me consulter.

J’ai d’abord demandé à l’infirmière si il ne s’était pas trompé. En général, les agrégés ne se consultent qu’entre eux, comme les PH entre eux, les assistants entre eux.

Les internes consultent plus haut, pour plus de sûreté. Et enfin, les externes consultent auprès des internes, car ils sont ignorants et surtout inconscients.

Renseignement pris, il voulait voir un cardio, et pas moi en particulier.

J’étais un peu moins surpris, et il faut le dire, aussi un peu déçu.

 

Il vient pour une poussée tensionnelle peu sévère, mais qui survient quelques jours avant un voyage « cultuel et culturel » au Proche-Orient.

Il n’est pas hypertendu, par ailleurs.

Ce voyage, important pour lui, et sa foi, l’angoisse.

 

On discute religions, et notamment le fait que beaucoup utilisent des motifs répétitifs (mantras, incantations, mandalas…) qui permettent au croyant d’accéder à un niveau de conscience supérieur à celui dans lequel nous vivons tous les jours. Par exemple lorsque nous appuyons le matin sur la touche de la petite tasse de la machine à Nespresso.

 

Je lui donne deux conseils de prévention : apporter un tensiomètre, et une boite d’anti-hypertenseur.

 

Curieusement, il s’y est opposé, d’abord catégoriquement, puis plus mollement.

Je lui en ai demandé la raison, car c'est quand même curieux qu'un médecin refuse un conseil de prévention, alors que nous en ânonnons toute la sainte journée à nos patients fidèles.

Il n’a pas été très précis, j’ai un peu interprété, et il a acquiescé.

En introduisant ces objets médicaux dans sa valise, j’introduisais un doute, une hypothèque sur sa santé, et surtout une impureté par rapport au voyage "parfait" qu’il avait déjà idéalisé dans son esprit.

 

C’est alors qu’il m’a dit « J’aimerais être un pur esprit ».

Ah bon, original !

Il en est nettement moins loin que moi, il est neurologue, mais il lui reste néanmoins encore pas mal de route à faire sur le chemin de Damas…

22:36 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (3)