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20/02/2005

Le Roi des Aulnes.

medium_2070393887.08.lzzzzzzz.jpgCe poème de Goethe, que j’avais étudié au cours de mes calamiteuses études années d’allemand ne m’avait laissé aucun souvenir (je devais encore parler de la minijupe de la prof d’anglais avec mon voisin). Un petit mot sur lui, Lionel, je l’appréciais beaucoup, car lui seul évitait que je sois dernier dans cette matière, car il tenait fermement à cette place.
J’ai donc redécouvert ce poème, ainsi que son probable sens profond, en lisant le roman de Michel Tournier.
J’adore cet auteur, sa langue française impeccable, sa recherche constante du sens caché de la vie, et sa hauteur d’esprit.
Il met fréquemment en avant, dans ses écrits, sa préférence pour les relations homosexuelles, et « l’inversion », en général. Cela ne me pose pas de problème, chaque individu est différent, et je n’ai jamais fait de classement en fonction de l’orientation sexuelle.
Par contre, à plusieurs reprises dans ses romans (notamment dans une de ses nouvelles du « Medianoche amoureux»), il évoque, sans la condamner, bien au contraire, la pédophilie.
Est-il pédophile, ou pas, difficile de trancher…
Mais il en fait l’apologie dans ses romans, et cela me révulse.
Mais, comme je l’ai déjà dit, j’adore cet auteur, et « Le Roi des Aulnes », ou le personnage principal est pédophile dans ses pensées, si ce n’est dans ses actes (il est à un moment condamné pour tentative de viol d’une fillette, mais, in fine, il semble que la fillette ai tout inventé), est mon ouvrage favori.
La lecture de cette œuvre est assez éprouvante, mais envoûtante.
C’est là qu’est le problème, car il arriverait presque à rendre cette pratique acceptable. Il y parvient en intellectualisant totalement un acte horrible, en le rendant presque séduisant par des références littéraires (les ogres des contes pour enfants), artistiques (un Christophe en marbre au musée du Louvre) et étymologiques (le « phorisme »)
Toute aussi fascinante est sa description du nazisme (le roman se déroule avant et pendant la deuxième guerre mondiale, en France et en Allemagne). Il plonge dans les entrailles de ce mouvement pour y retrouver des éléments de mythologie germanique, et montrer pourquoi ce courant d’idées était/est si dangereux.
Tournier est un très fin germaniste, il présente le nazisme, non comme un mouvement politique, mais comme un Culte à part entière. Un Culte avec sa divinité (la « Race » germanique) , son prophète (A. Hitler), ses mythes, ses héros, et ses reliques (les congrès du NSDAP à Nuremberg en 1927 et 1929, un jeune nazi tué au cours d’une bagarre au début du mouvement dont le nom m’échappe, et le « blutfahne »). Les dirigeants nazis avaient donc eu le génie de créer ex nihilo un mouvement religieux avec tous ses attributs, afin de fanatiser, et d’instrumentaliser une vaste frange de la population allemande, déboussolée après la défaite de 1918 et la crise économique. Ce qui n’était qu’un groupuscule au début (les premières cartes du NSDAP portaient des numéros d’adhérents augmentés de 500, pour faire « plus nombreux »), est devenu une religion avec des milliers, voire des millions de croyants.
C’est bien le drame.
On déracine beaucoup plus difficilement une religion, qu’un parti, et une religion a tendance à repousser, plus loin, sous une autre forme.
Tournier m’a permis de comprendre que la lutte contre le totalitarisme, et la haine qu’il engendre, est une lutte de tous les instants ; et qu’il ne faudrait pas beaucoup d’ingrédients pour tout recommence à nouveau.
Ce roman est équivoque, mais permet de se rendre compte que l’homme peut être fondamentalement mauvais, et qu’il faut savoir éviter ses pièges et tentations.



Erlkönig
Johann Wolfgang Goethe

Wer reitet so spät durch Nacht und Wind ?
Es ist der Vater mit seinem Kind;
Er hat den Knaben wohl in dem Arm,
Er faßt ihn sicher, er hält ihn warm.
Mein Sohn, was birgst du so bang dein Gesicht ? -
Siehst Vater, du den Erlkönig nicht ?
Den Erlenkönig mit Kron und Schweif ? -
Mein Sohn, es ist ein Nebelstreif. -
»Du liebes Kind, komm, geh mit mir!
Gar schöne Spiele spiel ich mit dir;
Manch bunte Blumen sind an dem Strand,
Meine Mutter hat manch gülden Gewand.«
Mein Vater, mein Vater, und hörest du nicht,
Was Erlenkönig mir leise verspricht? -
Sei ruhig, bleibe ruhig, mein Kind;
In dürren Blättern säuselt der Wind. -
»Willst, feiner Knabe, du mit mir gehn?
Meine Töchter sollen dich warten schon;
Meine Töchter führen den nächtlichen Reihn
Und wiegen und tanzen und singen dich ein.«
Mein Vater, mein Vater, und siehst du nicht dort
Erlkönigs Töchter am düstern Ort? -
Mein Sohn, mein Sohn, ich seh es genau:
Es scheinen die alten Weiden so grau. -
»Ich liebe dich, mich reizt deine schöne Gestalt;
Und bist du nicht willig, so brauch ich Gewalt.«
Mein Vater, mein Vater, jetzt faßt er mich an!
Erlkönig hat mir ein Leids getan! -
Dem Vater grauset's, er reitet geschwind,
Er hält in den Armen das ächzende Kind,
Erreicht den Hof mit Mühe und Not;
In seinen Armen das Kind war tot.
Le Roi des Aulnes
Johann Wolfgang Goethe

Qui chevauche si tard dans la nuit dans le vent ?
C'est le père avec son enfant,
Il serre le garçon dans ses bras,
Il le tient fermement, il le garde au chaud
Mon fils, pourquoi caches-tu ton visage d'effroi ?
Père, ne vois-tu pas le Roi des Aulnes ?
Le roi des Aulnes avec couronne et traîne ?
Mon fils, c'est une traînée de brouillard.
Toi cher enfant, viens, pars avec moi !
Je jouerai à de bien jolis jeux avec toi,
Il y a tant de fleurs multicolores sur le rivage
Et ma mère possède tant d'habits d'or
Mon père, mon père, n'entends-tu pas
Ce que le Roi des Aulnes me promet doucement ?
Calme-toi, reste calme, mon enfant,
Le vent murmure dans les feuilles mortes
Veux-tu, petit garçon, venir avec moi ?
Mes filles doivent déjà d'attendre
Mes filles conduisent le Rhin nocturne,
Elles te berceront de leurs chants et de leurs danses
Mon père, mon père, ne vois-tu pas là-bas
Les filles du Roi des Aulnes cachées dans l'ombre ?
Mon fils, mon fils, je le vois bien,
Les saules de la forêt semblent si gris.
Je t'aime, ton joli visage me touche,
Et si tu n'es pas obéissant, alors j'utiliserai la force !
Mon père, mon père, maintenant il me saisit
Le Roi des Aulnes me fait mal.
Le père frissonne d'horreur, il chevauche promptement,
Il tient dans ses bras l'enfant gémissant
Il parvient au village à grand effort
Dans ses bras l'enfant était mort.

16:25 Publié dans Livres | Lien permanent | Commentaires (4)

Petits plaisirs simples (2)

medium_l1020489.jpgUn autre grand mystère de la nature: pourquoi les bébés n'éternuent que quand la cuillère de bouillie est en phase finale d'approche?

19/02/2005

Samira


medium_bbastou.3.jpgIl fait chaud dans ce hangar, à quelques kilomètres de Montpellier.
Les rayons du soleil balayent les nuques ou les visages des infortunés qui composent sur leur trajectoire.
Nous sommes 3500, il n’y aura que 1815 élus, et encore, mieux vaut ne pas être le 1815ième, pour pouvoir choisir sa spécialité et son affectation.
Malgré notre nombre, et la caisse de résonance du hangar, il règne un silence oppressé lorsque les correcteurs apportent la deuxième série de dossiers.
La nuit a été courte entre les deux jours d’épreuves, certains croient qu’ils ont perdu la partie, d’autres le savent, d’autres enfin, l’ignorent.
En me couchant (la veille du premier jour, ou celle du second, je ne me souviens plus), j’ai regardé 15 minutes de « L’année Juliette » avec Luchini. Je n’aime pas cet acteur, mais je l’ai quand même supporté un quart d’heure, car il y joue un anesthésiste (un SPECIALISTE…).
Je n’ai pas osé y lire un augure, même lorsqu’il a traversé l’écran de droite à gauche en coassant et en agitant ses bras de haut en bas.
Je n’étais pas très inquiet, dans ce hangar, j’avais perdu mon père quelques semaines auparavant, et malgré notre éloignement, mon potentiel de relativisation était à son maximum.
Delphine était là aussi, si proche et si lointaine à la fois.
Je lis et réponds aux dossiers, jusqu’à ce que je rencontre Samira.
Elle a 3 ans, et sa vie n’est déjà pas rose du tout, elle est même plutôt noire. Et elle a mal au ventre.
Sa couleur de peau est un piège, puisqu’il évoque, associé aux douleurs abdominales dont elle se plaint, une maladie génétique fréquente chez les sujets noirs : l’anémie falciforme (ou drépanocytose).
J’ai balayé cette hypothèse en un éclair.
Une autre image m’illuminait : elle vit dans un squat, avec ses parents et ses 5 ou 6 frères et sœurs, et elle mange les petites écailles de peinture blanche, qui se délitent d’un mur rongé par l’humidité.
Ces écailles, au goût sucré remplacent les friandises, que maman ne peut lui offrir.
Mais, ces écailles la tuent petit à petit, en lui faisant ingérer un poison insidieux : le plomb.
Cette fillette souffre de saturnisme.
C’était évident.
Même dans ce dossier, flottait l’image paternelle.
Au cours de mon externat, j’allais feuilleter au grenier des vieux numéros du « Lyon médical » (aujourd’hui disparu, je crois), qu’il avait laissés à son départ.
Un numéro comportait un dossier sur le saturnisme.
Il racontait que le plomb était jusqu’en 1904 le composant du « blanc de Céruse », des peintres de la Renaissance, mais aussi des peintres en bâtiment.
Cette peinture lentement mortelle en cas d’ingestion, avait la perversité d’avoir un goût sucré, comme pour mieux attirer ses petites victimes.
Il racontait aussi (c’était mon passage favori) que la chute de l’Empire Romain pouvait, en partie, être expliquée par le saturnisme.
Les « élites » romaines, en effet pouvaient se permettre le grand luxe de s’acheter des ustensiles de cuisine revêtus de plomb. A chaque repas, toute la classe dirigeante s’empoisonnait lentement mais sûrement. Quand on sait que les conduits des aqueducs étaient en partie plombés, on imagine bien que la quantité de toxique ingérée quotidiennement par un romain (encore plus si il était riche) devait être impressionnante.
Le saturnisme provoque entre autres des troubles psychiatriques, des malformations congénitales, des épilepsies, et une stérilité. Tous ces symptômes ont frappé plus ou moins durement le classes supérieures (l’adoption était alors très répandue pour empêcher les lignées de s’éteindre : par exemple César et son fils adoptif Brutus, qui le tuera aux ides de mars 44).
L’Empire Romain, conduit par des lignées dégénérées par la consanguinité et le saturnisme se serait effondré comme un château de carte, mais par le haut.
Bref, devant ma copie, j’ai eu une réminiscence qui m’a guidée. Heureusement, car à la base, j’avais très peu d’affinité pour la « Santé Publique », et encore moins pour le saturnisme.
Je ne me souviens plus combien j’ai eu à ce dossier, mais beaucoup de mes condisciples avaient posé le diagnostic de drépanocytose.
J’aime à penser que j’ai réussi l’internat grâce à ma passion pour l’histoire antique, et aux mânes paternelles.
Et ce, même si ce n’est pas tout à fait vrai.

Samira, fillette noire de 3 ans, présente depuis quelques heures, des douleurs abdominales vives, sans fièvre, sans point douloureux précis ni défense musculaire au palper de l'abdomen. On apprend par l'interrogatoire que depuis quelques semaines cette enfant s'est plaint du ventre à plusieurs reprises ; elle a souffert également de céphalées intermittentes ; elle est triste, apathique, sans entrain. Des radiographies simples de l'abdomen ont éliminé toute affection grave nécessitant un traitement chirurgical immédiat, mais elles ont révélé la présence de petits corps étrangers radio-opaques dans le côlon et des anomalies du squelette pelvien qui ont fait prescrire une radiographie du genou montrant des bandes denses métaphysaires le long des lignes d'ossification des fémurs et des tibias.
Q.1
En fonction de cette image radiologique et des données issues de l'observation, quel diagnostic proposez-vous ?
Q.2
Quel(s) argument(s) recherchez-vous par l'interrogatoire des parents pour étayer cette hypothèse ?
Q.3
Quels examens complémentaires demanderez-vous pour étayer ce diagnostic et qu'en attendez-vous ?
Q.4
Une nouvelle crise douloureuse abdominale survient. Un ASP est réalisé en urgence. Quelles images vous attendez-vous à retrouver ?
Q.5
Si les premiers examens biologiques ne vous permettent pas d'affirmer le diagnostic de la maladie causale, un test dynamique peut vous y aider. Lequel ?

12:00 Publié dans Mon passé | Lien permanent | Commentaires (3)

Lai Tai

« Lai Tai » signifie en thaïlandais « la mort qui survient durant le sommeil ».

Dans le nord de la Thaïlande, aux confins avec le Laos, le « Lai Tai » recoupe une réalité et des traditions ethnologiques millénaires.
Les jeunes hommes s’habillent en femmes pour dormir, afin de tromper les fantômes des veuves qui, sinon, les raviraient durant leur sommeil.
Ce phénomène est assez fréquent, pour que ce peuple ait créé une tradition pour le conjurer.

En 1999, on a résolu le mystère de ces veuves, revenues se chercher un mari la nuit.
Il s’agit d’une maladie génétique (pour les puristes, une mutation du gène SCN5A), qui provoque des épisodes de fibrillation ventriculaire (l’équivalent d’un arrêt circulatoire) nocturne. Cette mutation n’est effective que chez les hommes.
L’électrocardiogramme retrouve des anomalies assez spécifiques, qui signent le diagnostic.

Mine de rien, ce syndrome est la plus fréquente cause de mortalité subite chez l’homme jeune dans le sud-est asiatique (40/100.000 habitants par an).
Un article de 1999 (Circ Res 1999;85:1206-13.) raconte l'histoire d'une famille qui a perdu 25 membres, décédés de mort subite, dont 16 la nuit.

Mais, le "Lai Tai" touche, avec quelques variations, et de façon beaucoup plus rare, des hommes d’autres groupes ethniques, dont le notre.

Dormez tranquilles.

07:50 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (0)

18/02/2005

La soupe au Pistou

medium_soupe_20au_20pistou.jpgPetit matin en réa chir. Cardiaque.
J’ai dormi toute la nuit, dérangé que par un coup de fil à 1h00.
Le grand luxe.
Après la douche, j’arrive en réa pour faire un petit tour.
Une des infirmière m’accueille d’un retentissant « Ooooh, Pistou…. !)
Pourquoi ce surnom ?

Lors d’une garde précédente, je récupère un malade « médical » (ni en pré-op., ni en post-op.).
Il a fait un arrêt cardiaque à domicile, et comme il est connu du service, j’accepte de le prendre.
Je n’aurais jamais dû.
Le SAMU l’amène, conscient mais vaseux et dyspnéique
Il n’est pas du tout équipé (ni voie veineuse centrale, ni artère sanglante, ni sonde urinaire, ni sonde d’intubation…)
Bref, « nu » comme au premier jour (enfin, « nu », dans la conception d’un réanimateur).
Je « l’équipe » donc, selon les règles de l’art, mais un peu rapidement.
Il s’enfonce, je l’intube….
En appuyant sur la langue avec mon laryngoscope, je déclenche un réflexe nauséeux et…
Il me dégueule dessus son repas du soir : une soupe au Pistou probablement faite maison, vue la taille des haricots rouges, des courgettes et les peaux de tomates fraîches qui me tapissent, ainsi que les infirmières et aides soignantes qui m’entouraient.
AAAAAAAAAARGHHHHH.
J’aspire rapidement ce qui reste dans la bouche (sauf les morceaux de haricots, que je vire au doigt), et je l’intube vite (pour éviter que tous les petits légumes coulent dans ses bronches).
J’enlève vite mes vêtements souillés.
Mais c’est peine perdue, l’odeur de l’ail, du basilic, du parmesan, et des petits légumes prédigérés imprègne la chambre, et tous ses occupants.
La radio du thorax est catastrophique, il s’est déjà rempli les poumons à domicile.
Les infirmières vont aspirer du Pistou tout au long de la nuit, par la sonde d’intubation.
Nous passons la nuit au chevet de ce pauvre patient dans cette odeur horrible.
Au petit matin, je quitte le service après 1-2-3-4…. douches, qui ne font pas disparaître une odeur devenue « psychologique ».
Evidemment, l’équipe de nuit a raconté leur nuit à la relève, en me maudissant (j’ai une réputation tenace de « chat noir »).
Les filles de jour sont hilares.
Je ne mangerai plus jamais de soupe au pistou.
Par contre, j’y ai gagné un surnom.

Soupe au pistou

Recette Pour 6 personnes - Préparation : 30 mn - Cuisson : 40 mn environ..

Ingrédients
6 pommes de terre roseval, bintje…
2 oignons blancs
1 botte de carottes fanes
4 courgettes ou 6 petites courgettes de Nice
500 g de haricots coco frais
500 g de haricots verts
2 poireaux
Pour le pistou :
2 grosses tomates bien mûres
3 gousses d’ail
1 beau bouquet de basilic
Huile d’olive, sel

Préparation
Epluchez et lavez tous les légumes.
Coupez les en petits dés et écossez les haricots coco.
Dans une bonne quantité d’eau froide salée mettez d’abord les pommes de terre et les carottes à cuire.
Ajoutez 10 mn après les autres légumes.
Vérifiez la cuisson au bout de 15 mn, poursuivre, les légumes doivent
rester croquants.
Pendant ce temps passez les tomates dans l’eau bouillante 2 mn,
afin de les éplucher.
Faites bouillir les gousses d’ail épluchées et débarrassées de leur germe.
Lavez, égouttez le basilic.
Dans le bol d’un blender ou d’un robot préparez le pistou.
Introduisez les tomates, l’ail, le basilic, le sel.
Vous ajouterez l’huile d’olive au fur et à mesure, afin d’obtenir une
belle sauce épaisse.
Servez la soupe très chaude, le pistou à côté accompagné de parmesan râpé.








08:05 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (0)

17/02/2005

Dionysos

medium_id-dionysos-hieron.jpgEvidemment, « La petite maison au milieu des oliviers » a été une douche froide, mais qui finalement (il faut au moins en tirer quelque chose de « positif ») a nettement amélioré ma pratique (humilité, empathie, et toujours examiner un patient, même lorsque c’est le sixième aux urgences, au cours d’une matinée surchargée).

Il y a quand même de bons côtés.

Un, au cours de mon assistanat, me vient à l’esprit.

Un appel sur mon portable à 8h30, en plein staff :
« Viens vite à la réa poly, il y a un problème… »
Je suis très copain avec les réanimateurs, depuis que j’ai fait un choix d’interne en réa chir. Cardiaque en 99.
Je descends 4 à 4, les 10 étages (négligeant les ascenseurs, chroniquement hors service…).
En réa, tout le ban et l’arrière ban (du chef du département, à l’externe, et une partie des infirmières) est massé autour d’un patient, qu’un interne masse, pendant qu’un autre lui monte une sonde d’entraînement par voie veineuse fémorale droite.
En gros depuis ¾ d’heures, le patient est en asystolie (disparition de l’activité électrique du cœur), et comme les cuisses de grenouilles au lycée, le seul traitement vraiment efficace est de placer à la pointe du ventricule droit une sonde d’entraînement (une sorte de fil électrique à l’extrémité bipolaire de 1m-1m20 de long, alimenté par une simple pile 9V).
En théorie, il faut monter cette sonde sous radioscopie, afin de la placer grosso modo dans le ventricule droit. La coincer dans la pointe peut prendre 1 secondes ou 45 minutes (j’avais déjà eu droit à tous les cas de figure).
Mais là le patient est intubé, ventilé, et ne survit que parce qu’un interne suant lui appuie sur le sternum 70-90 fois par minute
On peut le faire aussi à l’aveugle, au lit du patient, dans les cas désespérés, mais c’est assez « sport ».

Booooon…
On garde son calme.
«Gants 7.5 SVP…. »
Je prends la main de l’interne qui tentait de monter la sonde (au figuré, Ron…..)
Je retire la sonde du patient, je la courbe un peu (un peu empirique, mais j’ai appris comme çà..)
« Arrête de masser !»
Je remonte la sonde
Je regarde le scope, et en 2 secondes, j’obtiens un beau rythme cardiaque électro-entraîné….
Frissons dans la foule, et dans mon dos.
« C’est fait ».
Congratulations
« C’est rien, c’est quand même ma spécialité… »
Ces moments devraient durer éternellement.

Mais, je ne me suis pas fait d’illusions, ce magnifique geste technique n’est que le fruit du hasard.
Tous les cardiologues le savent, mais je me suis bien gardé de le dire à mes amis les réanimateurs.

Ils m’ont porté en triomphe, le long du couloir de la réa, jonché de pétales de roses fraîches, entouré d’une part par une haie de jeunes élèves infirmières court vêtues, battant la mesure sur leurs tambourins, pendant d’autre part, des externes prises de folie dionysiaque arrachaient leurs vêtements.

Bon, là, je brode un peu…. ;-)

Je suis encore de garde ce soir…..

11:30 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (0)

16/02/2005

La petite maison au milieu des oliviers.

Il n’y a pas si longtemps de cela (1998), aux urgences.
On m’avait appelé pour voir 5-6 patients, et du haut de mes 5 mois de cardio, j’avais fait le tri des patients, tel un petit Rhadamante : cardio/pas cardio.
Alors que je me retirai fatigué mais satisfait, l’interne des urgences, une mignonne petite dermato osa m’interpeller :
« - tu ne pourrais pas voir un dernier patient, je ne sais pas ce qu’il a…
- je veux bien
Je rentre dans un box où je trouve allongé, agité et geignard un jeune homme, d’environ 30 ans, cheveux longs et vêtements négligés.
Je fais le tour du chariot, sans le toucher
-qu’est-ce donc ? Montre moi l’électro(cardiogramme).
Je le juge normal
-Pas cardio, envoie le à « HB » (c’était un Hôpital, fermé maintenant, ou échouaient tous les vieux et les patients que le CHU ne pouvait/voulait pas recevoir ; une véritable cour des miracles).
J’avais dit.
Le lendemain, coup de fil du SAMU : infarctus antérieur étendu hors délai (le pire de tous, le grand requin blanc auquel les cardios vouent crainte et respect), chez un jeune homme, hospitalisé à HB.
Première réaction : « Ah, les cons, ils ont loupé un infarctus…. ».
Puis le doute surgit….
Je l’accepte dans mes soins intensifs, et je le reconnais immédiatement quand il arrive avec l’équipe du SAMU.
Enorme malaise.
L’électro est sans appel, c’est bien un « grand blanc » (je viens de créer cette expression, nous ne l’utilisons jamais usuellement).
Je retrouve l’électro de la veille, que j’avais jugé normal, et je le montre à TOUS les cardiologues du service (internes et seniors compris) : « c’était atypique, n’est-ce pas….? ».
« Euh, un peu…non, pas vraiment, enfin, c’était une forme très précoce » (la pire des réponses pour moi…)
Immense malaise.
Le petit Rhadamante est devenu un cloporte.

Quelques mois plus tard, alors que j’étais de garde en pleine nuit, je reçois à nouveau le jeune homme pour insuffisance cardiaque (ou récidive douloureuse, je ne sais plus).
Je le reconnais, lui non (petite lumière tamisée des soins intensifs la nuit).
Je discute avec lui, et l’examine.
« - Alors, comment vous sentez-vous ?
- Mieux, mais je ne voulais pas venir ici
- Ah bon ?
- La dernière fois, ils se sont trompés, n’ont pas vu l’infarctus, et m’ont envoyé à HB.
- Uhmmmm (je suis un CLOPORTE)
- Et, ça a changé votre vie quotidienne…. ? (vite, détournons la conversation….)
- J’avais un petit boulot, une copine, et une petite maison au milieu des oliviers. Mais depuis ça, je suis essoufflé au moindre effort, j’ai perdu mon travail, ma copine, et je vivote dans un HLM
- … »

Depuis que j’ai brisé la vie de cet inconnu, je ne la ramène plus.

J’ai ensuite sauvé (comme tous les médecins, et personnels paramédicaux) des centaines de vies, fait des diagnostics brillants (comme beaucoup d’entre nous), je me trompe raisonnablement souvent.

Cet épisode reste néanmoins mon "Souviens-toi que le Capitole est proche de la Roche Tarpéienne".

Je me souviendrai toujours de la petite maison au milieu des oliviers.

15:05 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (2)

Petits plaisirs simples.

medium_guillaume_netb_600.jpgCe matin, une fois n’est pas coutume, je prends ma douche avec mon fils aîné (3 ans), pendant que Sally (ma compagne, ce pseudo me semblait assez naturel) lange notre second (8 mois demain).
Son regard amusé et plein de douceur, pendant que je frotte le dos du petit me fait déjà fondre.
Mon gant tombe, je le ramasse, comme à mon habitude, avec mon pied droit, en faisant une pince avec mes deux premiers doigts de pied (ils sont assez éloignés, et me permettent une utilisation pratique proche, disons…. de celle du chimpanzé).
Le petit laisse tomber le sien, et arrive à le ramasser comme papa, après 2 ou 3 tentatives.
Il est hilare, et moi aux anges.

Vanitas vanitatum, et omnia vanitas

medium_vanite.jpgTout n’est que vanité.
Pourtant j’aime les montres Rolex.
Cette marque, crée en 1904 a presque tout inventé dans le domaine du bracelet montre mécanique.
C’était avant que la montre à quartz arrive du Japon : incomparablement plus précise, plus solide, moins chère, et donc quasiment « jetable ».
L’industrie suisse de la montre a failli périr corps et bien dans les années 70-80, avant d’être sauvée par…..Swatch !
Rolex fabrique environ 800.000 montres par an, c’est énorme, plus que tous ses concurrents réunis (Seiko en fabrique environ dix fois plus).
Cette marque possède une image totalement brouillée : celle du luxe un peu tape à l’œil et arriviste, celle des années-fric.
On a fait bien pire depuis, en terme de tape à l’œil, sans aucune qualité intrinsèque.
Mais elle produit des montres qui sont virtuellement indestructibles, précises (+/- 4 secondes/j) et dont le design ne vieilli pas (beaucoup de modèles sont restés quasiment inchangés depuis leur création, parfois depuis 50 ans).
La marque possède des ambassadeurs aussi discrets qu’efficaces : James Bond (c’est LA seule marque que Ian Flemming avait mise autour du poignet de James, les suivantes ne sont que le produit de transactions commerciales), Sean Connery et Paul Newman à la ville, Yo-Yo Ma, Béjart, Renaud……
La liste est très longue.
Une des deux miennes est une « Datejust »
J’avais essayé de faire une « vanité », tentant de photographier le temps qui passe.

12:30 Publié dans Loisirs | Lien permanent | Commentaires (1)

15/02/2005

Sagesse hospitalière

medium_whopital_1.gifLes trois axiomes de base de l’Assistance Publique (ou Hospices civils de Lyon, ou autre) :

- je n’étais pas là hier quand ca c'est passé
- je ne connais pas ce patient
- Marchez pas dans le mouillé siouplais… (à dire un peu excédé, avec l'accent du cru)

C'est tellement vrai et universel...

18:51 Publié dans Médecine | Lien permanent | Commentaires (1)